« Une caille était dans son aire de nourrissage, etc. — Cette histoire, le Maître l’a racontée à Jetavana, à propos de sa signification dans la Prédication des oiseaux [1].
Un jour, le Maître appela les Frères et leur dit : « Quand vous demandez l’aumône, Frères, restez chacun dans votre district. » Et répétant le sutta du Mahāvagga qui convenait à la circonstance, [39] il ajouta : « Mais attendez un instant : autrefois, d’autres, même sous la forme d’animaux, refusaient de rester dans leur propre district, et en braconnant dans les réserves d’autrui, ils tombaient sur le chemin de leurs ennemis, puis, par leur propre intelligence et leurs propres ressources, se libéraient des mains de leurs ennemis. » Avec ces mots, il raconta une vieille histoire.
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Il était une fois, alors que Brahmadatta était roi à Bénarès, le Bodhisatta vint au monde sous la forme d’une jeune caille. Il se nourrissait en sautillant sur les mottes de terre laissées après le labour.
Un jour, il pensa quitter son aire de nourrissage pour en essayer une autre ; il s’envola donc vers la lisière d’une forêt. Alors qu’il y prenait sa nourriture, un faucon l’aperçut et, l’attaquant férocement, il le rattrapa rapidement.
Prisonnier de ce Faucon, notre Caille gémit : « Ah ! Quel malchanceux je suis ! Quel manque de bon sens je suis ! Je braconne sur les terres d’autrui ! Oh ! Si seulement j’étais resté chez moi, là où mes pères étaient avant moi ! Alors ce Faucon n’aurait pas été de taille, s’il était venu se battre ! »
« Mais, Quailie, dit le Faucon, quel est ton propre territoire, là où tes pères ont pâturé avant toi ? »
« Un champ labouré tout couvert de mottes ! »
À ces mots, le Faucon, relâchant ses forces, lâcha prise. « Va-t’en, Caille ! Tu ne m’échapperas pas, même là-bas ! »
La Caille revint en volant et se percha sur une immense motte de terre, et là, elle se tint là, appelant : « Viens maintenant, Faucon ! »
Remuant tous ses nerfs, brandissant ses deux ailes, le Faucon fondit férocement sur notre Caille. « Le voilà qui se venge ! » pensa la Caille. Dès qu’il le vit en pleine course, il se retourna et le laissa s’écraser de plein fouet sur la motte de terre. Le Faucon ne put s’arrêter et se frappa la poitrine ; cela lui brisa le cœur et il tomba raide mort, les yeux exorbités.
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[60] Après avoir raconté cette histoire, le Maître ajouta : « Vous voyez donc, Frères, comment même les animaux tombent entre les mains de leurs ennemis en quittant leur place ; mais lorsqu’ils s’y tiennent, ils vainquent leurs ennemis. Veillez donc à ne pas quitter votre propre place et à empiéter sur celle d’autrui. Ô Frères, lorsque les gens quittent leur position, Māra [2] trouve une porte, Māra prend pied. Qu’est-ce qu’un terrain étranger, Frères, et quel est le mauvais endroit pour un Frère ? Je veux dire les Cinq Plaisirs des Sens. Quels sont ces cinq-là ? La Convoitise de l’Œil… [et ainsi de suite]. [3] Ceci, Frères, n’est pas le bon endroit pour un Frère. » Puis, devenant parfaitement éclairé, il répéta la première strophe :
« Une caille se trouvait dans son lieu de nourrissage, lorsque, fondant d’en haut,
Un faucon est arrivé ; mais il est arrivé ainsi qu’il est mort.
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Lorsqu’il eut ainsi péri, la Caille sortit en s’écriant : « J’ai vu le dos de mon ennemi ! » et, se perchant sur la poitrine de son ennemi, il exprima son exultation dans les mots de la deuxième strophe :
« Maintenant, je me réjouis de mon succès : j’ai trouvé un plan intelligent
Pour me débarrasser de mon ennemi en gardant mon propre terrain.
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Ce discours terminé, le Maître déclara les Vérités et identifia la Naissance : — À la conclusion des Vérités, de nombreux Frères furent établis dans les Sentiers ou leur Fruit : — « Devadatta était le Faucon de ces jours-là, et la Caille était moi-même. »
40:2 Je n’ai pas pu retrouver ce Sakuṇovāda-sutta. Il se peut qu’il fasse référence à une parole du Bouddha sous la forme d’un oiseau ; cf. Kukkurovādo, ip 178 (pāli). ↩︎
41:1 Māra est la Mort, et est utilisé par Bouddha pour le Mal. ↩︎
41:2 Le passage est corrompu. Nous devons lire « cakkhu-ādi-viññeyā ». ↩︎