« Le cœur qui ressent une pitié sans bornes », etc. — Cette histoire, le Maître l’a racontée à Jetavana, à propos de l’Écriture sur la bonté.
Un jour, le Maître s’adressa ainsi à la Fraternité : « Frères, la charité pratiquée avec toute la dévotion de la pensée, méditée, accrue, transformée en véhicule de progrès, devenue votre unique objectif, pratiquée, bien commencée, peut être censée produire Onze Bénédictions [1]. Que sont ces onze ? Heureux il dort et heureux il s’éveille ; il ne voit pas de mauvais rêves ; les hommes l’aiment ; les esprits le protègent ; le feu, le poison et l’épée ne l’approchent pas ; il s’absorbe rapidement dans l’esprit ; son regard se calme ; il meurt sans être consterné ; sans avoir besoin de plus de sagesse, il va au ciel de Brahma. La charité, Frères, pratiquée avec renoncement à ses désirs » — et ainsi de suite — « peut être censée produire ces Onze Bénédictions. Louant la charité qui contient ces onze bénédictions, Frères, un frère doit faire preuve de bonté envers toutes les créatures, qu’on lui en ait expressément commandé ou non, il doit être l’ami des amicaux, oui, l’ami des hostiles, et l’ami des indifférents : ainsi, envers tous sans distinction, qu’on lui en ait expressément ordonné ou non, il doit faire preuve de charité : il doit montrer de la sympathie pour la joie et la tristesse et pratiquer l’équanimité ; il doit accomplir son œuvre au moyen des Quatre Excellences. Ce faisant, il ira au ciel de Brahma, même sans Chemin ni Fruit. Les sages d’autrefois, en cultivant la charité pendant sept ans, ont demeuré au ciel de Brahma sept âges, chacun avec sa période de croissance et sa période de décroissance [2]. » Et il leur raconta une histoire du passé.
_____________________________
[ p. 43 ]
Il était une fois, à une époque révolue, le Bodhisatta, né dans une famille de brahmanes. Grandi, il abandonna ses passions et embrassa la vie religieuse, atteignant les Quatre Excellences. Il s’appelait Araka, devint enseignant et vécut dans l’Himalaya, entouré d’un grand nombre de disciples. Exhortant son groupe de sages, il dit : « Un reclus doit faire preuve de charité, il doit être compatissant dans la joie comme dans la peine, et empreint d’équanimité ; car cette pensée de charité, atteinte par la résolution, le prépare au paradis de Brahma. » Et, expliquant les bienfaits de la charité, il répéta ces vers :
« Le cœur qui éprouve une pitié infinie pour toutes les choses qui naissent,
Dans le ciel d’en haut, dans les royaumes d’en bas et sur cette terre du milieu,
« Rempli d’une pitié infinie, d’une charité infinie,
Dans un tel cœur, rien d’étroit ou de confiné ne peut jamais exister.
[62] Ainsi le Bodhisatta parla à ses disciples de la pratique de la charité et de ses bienfaits. Et sans une seule interruption de sa transe mystique, il naquit au ciel de Brahma, et pendant sept âges, chacun avec son temps de croissance et de décroissement, il ne revint plus en ce monde.
_____________________________
Après avoir terminé ce discours, le Maître identifia la Naissance : « Le groupe des sages de cette époque sont maintenant les disciples du Bouddha ; et je suis moi-même celui qui était le Maître Araka. »
42:1 Les Onze Bénédictions sont discutées dans la Question de Milinda, iv. 4. 16 (trad. dans le S. BE, ip 279). ↩︎
42:2 Voir Childers, Dict. p. 185 b. Cette croyance est toujours vivante. Deux hommes qui rendirent visite au chef du lamaïsme chinois et au grand prêtre du bouddhisme à Pékin, en 1890, leur parlèrent du déclin du bouddhisme à notre époque. Tous deux l’admirent, le bouddhiste l’attribuant au manque de soutien gouvernemental, tandis que le lama pensait que c’était dû au déclin de la religion ; mais comme la croissance succède à la décroissance, il attendait avec impatience un renouveau. (Baptist Missionary Herald, 1890.) ↩︎