« Je n’aime pas cela », etc. — Le Maître raconta cette histoire, ainsi que celle d’un frère apostat, lors d’un séjour à Jetavana. Au cours de son discours, il dit : « Les femmes ne peuvent jamais être maintenues dans le droit chemin ; d’une manière ou d’une autre, elles pécheront et tromperont leurs maris. » Puis il raconta l’histoire suivante.
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Il était une fois, sous le règne de Brahmadatta, roi de Bénarès, le Bodhisatta, fils d’un chef de famille, né dans le royaume de Kāsi. Devenu majeur, il se maria et s’installa. Or, sa femme, une femme perverse, intrigue le chef du village. Le Bodhisatta, ayant eu vent de la situation, réfléchit à la manière de la mettre à l’épreuve. [135]
À cette époque, tout le grain avait été emporté pendant la saison des pluies, et il y eut une famine. Mais c’était l’époque où le blé venait de germer ; tous les villageois se réunirent et implorèrent l’aide de leur chef, en disant : « Dans deux mois, quand nous aurons récolté le grain, nous vous le paierons en nature. » Ils lui prirent donc un vieux bœuf et le mangèrent.
Un jour, le chef saisit l’occasion et, le Bodhisatta parti à l’étranger, se rendit à la maison. Alors qu’ils étaient heureux ensemble, le Bodhisatta entra par la porte du village et tourna le visage vers la maison. La femme, regardant vers la porte du village, le vit. « Mais qui est-ce ? » se demanda-t-elle en le regardant sur le seuil. « C’est lui ! » Elle le reconnut et le dit au chef. Il trembla de terreur.
[ p. 95 ]
« N’aie pas peur, dit la femme, j’ai un plan. Tu sais que nous avons mangé de la viande de ta part : fais comme si tu cherchais le prix de la viande ; je monterai au grenier et me tiendrai à la porte en criant : « Pas de riz ici ! » tandis que tu devras te tenir au milieu de la pièce et crier en insistant, encore et encore : « J’ai des enfants à la maison ; donne-moi le prix de la viande ! »
Ce disant, elle monta au grenier et s’assit à la porte. L’autre, debout au milieu de la maison, criait : « Donne-moi le prix de la viande ! » Elle répondit, assise à la porte du grenier : « Il n’y a plus de riz au grenier ; je te le donnerai quand la moisson sera là ; laisse-moi maintenant ! »
Le bonhomme entra dans la maison et vit ce qu’ils faisaient.
« Ce doit être le plan de cette méchante femme », pensa-t-il, et il appela le chef.
« Monsieur le Chef, quand nous avons mangé de votre vieux bœuf, nous vous avons promis de vous donner du riz en échange dans deux mois. Moins d’un demi-mois s’est écoulé ; alors pourquoi essayez-vous de nous faire payer maintenant ? Ce n’est pas la raison de votre présence ici : vous êtes sûrement venu pour autre chose. Je n’aime pas vos manières. Cette femme méchante et pécheresse là-bas sait qu’il n’y a pas de riz dans le grenier, mais elle est montée et elle est là, à crier : « Pas de riz ici ! » et vous criez : « Donnez ! » Je n’aime pas vos agissements, ni vous ni moi ! » Et pour bien comprendre, il prononça ces lignes :
« Je n’aime pas ceci, je n’aime pas cela ; je n’aime pas elle, dis-je,
Qui se tient à côté du grenier et crie : « Je ne peux pas payer ! »
« Ni vous, ni vous, Monsieur ! Écoutez maintenant : mes moyens et mon trésor sont modestes ;
Tu m’as donné une fois une vache maigre, et deux mois de grâce en plus ;
Maintenant, avant le jour J, tu m’as demandé de payer ! Ça ne me plaît pas du tout.
Ce disant, il saisit le chef par une mèche de cheveux, le traîna dans la cour, le jeta à terre et, s’écriant : « Je suis le chef ! », il se moqua de lui en ces termes : « Dommages et intérêts, s’il vous plaît, pour les dommages causés aux biens sous la surveillance d’autrui ! » tout en le rouant de coups jusqu’à ce qu’il perde connaissance. Puis il le prit par le cou et le jeta hors de la maison. Il saisit la méchante femme par les cheveux, l’éloigna du grenier, la renversa et la menaça : « Si jamais tu recommences, je t’en ferai souvenir ! »
À partir de ce jour, le chef n’osa même plus regarder cette maison, et la femme n’osa plus transgresser même en pensée.
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[137] Lorsque ce discours fut terminé, le Maître déclara les Vérités, à la conclusion desquelles le Frère apostat parvint au Fruit du Premier Sentier : « Le bonhomme qui a puni ce chef, c’était moi-même. »