« Je viens, mon fils », etc. — Cette histoire que le Maître raconta alors qu’il vivait à Jetavana, à propos d’un frère qui était un rétrograde.
On raconte que le Maître lui demanda s’il était vraiment un rétrograde ; il répondit que oui. Lorsqu’on lui en demanda la raison, il répondit : « Parce que mes passions étaient éveillées à la vue d’une femme dans ses plus beaux atours. » Le Maître dit alors : « Frère, il n’y a pas de femmes qui surveillent. Autrefois, des surveillants étaient placés pour garder les portes, et pourtant ils ne pouvaient pas les garder ; même quand on les a, on ne peut pas les garder. » Et il raconta une histoire du vieux monde.
_____________________________
Il était une fois, alors que Brahmadatta était roi de Bénarès, le Bodhisatta vint au monde sous la forme d’un jeune perroquet. Il s’appelait Rādha, et son plus jeune frère Poṭṭhapāda. Alors qu’ils étaient encore tout jeunes, ils furent tous deux capturés par un oiseleur et remis à un brahmane de Bénarès. Le brahmane prit soin d’eux comme s’ils étaient ses enfants. [133] Mais la femme du brahmane était une femme perverse ; personne ne pouvait la surveiller.
Le mari devait partir en voyage d’affaires et s’adressa ainsi à ses jeunes perroquets : « Petits chéris, je pars en voyage d’affaires. Surveillez votre mère, en temps et en heure ; observez si un homme lui rend visite. » Il partit donc, laissant sa femme s’occuper des jeunes perroquets.
Dès son départ, la femme commença à mal agir ; nuit et jour, les visiteurs allaient et venaient sans cesse ; Poṭṭhapāda, constatant cela, dit à Rādha : « Notre maître nous a confié cette femme, et la voilà qui commet le mal. Je vais lui parler. »
« Ne fais pas ça », dit Rādha. Mais l’autre ne voulut pas l’écouter. « Mère », dit-il, « pourquoi commets-tu un péché ? »
Comme elle aurait voulu le tuer ! Mais, comme pour le caresser, elle l’appela à elle.
« Petit, tu es mon fils ! Je ne le ferai plus jamais ! Tiens donc, mon cher ! » Il sortit ; puis elle le saisit en criant :
« Quoi ! tu me fais la morale ! Tu ne sais pas te mesurer ! » Et elle lui tordit le cou et le jeta dans le four.
Le brahmane revint. Après s’être reposé, il demanda au Bodhisatta :
« Eh bien, ma chère, qu’en est-il de ta mère ? A-t-elle tort ou non ? » Et en posant la question, il répéta le premier couplet :
« Je viens, mon fils, le voyage est terminé, et maintenant je suis de nouveau à la maison :
Viens me dire : ta mère est-elle sincère ? Est-ce qu’elle fait l’amour à d’autres hommes ?
Rādha répondit : « Père bien-aimé, les sages ne parlent pas de choses qui ne conduisent pas à la bénédiction, qu’elles se soient produites ou non » ; et il expliqua cela en répétant le deuxième couplet : [134]
« Pour ce qu’il a dit, il est maintenant mort, brûlé sous les cendres là-bas :
Il n’est pas bon de dire la vérité, de peur de partager le sort de Poṭṭhapāda.
[ p. 94 ]
Ainsi parla le Bodhisatta au brahmane ; et il continua : « Ce n’est pas non plus un endroit où je puisse vivre » ; puis, faisant ses adieux au brahmane, il s’envola vers les bois.
_____________________________
Lorsque le Maître eut terminé ce discours, il déclara les Vérités et identifia la Naissance : à la conclusion des Vérités, le Frère rétrograde atteignit le Fruit du Premier Sentier : « Ānanda était Poṭṭhapāda, et moi-même j’étais Rādha. »