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« Chaud au sommet », etc. Voici une histoire racontée par le Maître à Jetavana, à propos d’un homme qui désirait ardemment sa femme perdue. Le Maître demanda au Frère en question s’il était vraiment malade d’amour. Oui, répondit-il, c’était vrai. « Pour qui ? » fut la question suivante. « Pour ma défunte épouse. » « Frère », dit le Maître, « cette même femme, autrefois, était méchante et t’a fait manger les restes de son amant. » Puis il raconta cette histoire du passé.
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Il était une fois, alors que Brahmadatta régnait à Bénarès, le Bodhisatta naquit dans une famille de pauvres acrobates qui vivaient de mendicité. Ainsi, en grandissant, il devint nécessiteux et misérable, et il vécut de mendicité.
Il y avait alors, dans un village de Kāsi, un brahmane dont la femme était mauvaise et perverse, et qui commettait des injustices. [168] Or, un jour, le mari partit en voyage pour une affaire, et son amant, surveillant son temps, alla lui rendre visite. Après l’avoir reçu, il dit : « Je vais manger un morceau avant de partir. » Elle prépara donc le repas, servit du riz chaud avec de la sauce et du curry, et le lui donna en l’invitant à manger. Elle-même se tenait à la porte, guettant l’arrivée du brahmane. Et pendant que l’amant mangeait, le Bodhisatta attendait un morceau.
À ce moment, le brahmane se tourna vers la maison. Sa femme le vit approcher et accourut précipitamment : « Debout, mon homme arrive ! » et elle fit descendre son amant dans le cellier. Le mari entra ; elle lui offrit un siège et de l’eau pour se laver les mains ; et, sur le riz froid laissé par l’autre, elle versa du riz chaud et le déposa devant lui. Il plongea la main dans le riz et sentit qu’il était chaud dessus et froid dessous. « Ce doit être les restes de quelqu’un d’autre », pensa-t-il ; il interrogea donc la femme à ce sujet, selon les termes de la première strophe :
« Chaud en haut et froid en bas, il ne semble pas y avoir la même chose :
Je vous en demande la raison : venez, ma dame, répondez-moi !
Il posa la question à plusieurs reprises, mais elle, craignant que son acte ne soit découvert, garda le silence. Puis une pensée traversa l’esprit de notre savant. « L’homme dans le cellier doit être un amant, et celui-ci est le maître de maison : la femme ne dit rien, de peur que son acte ne soit révélé. Soho ! Je vais tout raconter et montrer au brahmane qu’un homme est caché dans son garde-manger ! » [169] Et il lui raconta toute l’affaire : comment, lorsqu’il était sorti de chez lui, un autre était entré et avait fait le mal ; comment il avait mangé le premier riz, et la femme était restée près de la porte pour surveiller la route ; et comment l’autre homme s’était caché dans le cellier. Et ce disant, il répéta la deuxième strophe :
« Je suis un plouc, monsieur : je suis venu ici pour mendier avec intention ;
Celui que vous cherchez se cache dans le cellier où il est allé !
Par sa chignon, il tira l’homme hors du magasin et lui recommanda de prendre garde de ne plus recommencer. Puis il s’en alla. Le brahmane les réprimanda et les battit tous deux, leur infligeant une telle leçon qu’ils ne récidiveront probablement plus. Il mourut ensuite, suivant son sort.
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Lorsque le Maître eut terminé son discours, il déclara les Vérités et identifia la Naissance : à la conclusion des Vérités, le Frère amoureux atteignit le Fruit du Premier Sentier : « Votre défunte épouse était alors la dame du brahmane ; vous, le Frère amoureux, étiez le brahmane lui-même ; et j’étais le culbuteur. »