« Chien stupide », etc. Cette histoire que le Maître racontait alors qu’il vivait à Jetavana, concernait un chien qui était nourri dans la salle de repos près de la tour d’Ambala.
On raconte que, tout petit, ce chien avait été élevé et nourri par des porteurs d’eau. Avec le temps, il y devint un grand chien. Un jour, un villageois le vit par hasard ; il l’acheta aux porteurs d’eau pour un vêtement et une roupie ; puis, l’attachant à une chaîne, il emmena le chien. Le chien fut emmené, sans résistance, sans faire de bruit, et suivit sans cesse le nouveau maître, mangeant tout ce qu’on lui offrait. « Il m’aime bien, sans aucun doute », pensa l’homme ; et il le libéra de la chaîne. Dès que le chien se trouva libre, il partit et ne s’arrêta plus jusqu’à son retour à son point de départ.
En le voyant, les Frères devinèrent ce qui s’était passé ; et le soir, réunis dans la Salle de la Vérité, ils commencèrent à en parler. « Ami, voilà le chien de retour dans notre salle de repos ! Comme il a dû être malin pour se débarrasser de sa chaîne ! À peine libre, il s’est enfui ! » Le Maître, entrant, leur demanda de quoi ils parlaient tous ensemble. Ils le lui expliquèrent. Il répliqua : « Frères, ce n’est pas la première fois que notre chien a été malin pour se débarrasser de sa chaîne ; il était toujours pareil. » Et il leur raconta une vieille histoire.
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Il était une fois, alors que Brahmadatta était roi de Bénarès, le Bodhisatta naquit dans une riche famille du royaume de Kāsi ; et, devenu adulte, il fonda sa propre maison. Il y avait à Bénarès un homme qui possédait un chien nourri au riz jusqu’à ce qu’il soit devenu gras. [247] Un villageois venu à Bénarès vit le chien ; il donna à son propriétaire un beau vêtement et une pièce d’argent pour le chien, qu’il emmena attaché par une courroie. Arrivé à la lisière d’une forêt, il entra dans une hutte, attacha le chien et s’y coucha pour dormir. À ce moment, le Bodhisatta entra dans la forêt pour une mission, et vit le chien attaché par une courroie ; il prononça alors la première strophe :
« Chien stupide ! Pourquoi ne mords-tu pas ?
À travers cette sangle qui te serre fort ?
En un clin d’œil tu serais libre,
« Je m’enfuis joyeusement ! »
En entendant cette strophe, le Chien prononça la seconde :
« Résolu, déterminé, je
Attends mon opportunité :
Je veille et garde attentivement
Jusqu’à ce que les gens s’endorment.
Il parla ainsi, et lorsque la compagnie fut endormie, il rongea la courroie et retourna à la maison de son maître tout joyeux.
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[248] Lorsque ce discours fut terminé, le Maître identifia la Naissance : « Les chiens sont les mêmes, et j’étais l’homme sage. »