« Certes ce garçon, etc. — Cette histoire que le Maître raconta alors qu’il résidait à Jetavana, à propos de l’Ancien Lāḷudāyi.
On raconte qu’un jour, les deux principaux disciples discutaient d’une question. Les Frères qui entendirent la discussion félicitèrent les Anciens. L’Ancien Lāḷudāyi, assis parmi les convives, fit la moue en se demandant : « Que sont leurs connaissances comparées aux miennes ? » Remarquant cela, les Frères le quittèrent. La compagnie se sépara.
Les Frères en parlaient dans la Salle de la Vérité. « Ami, as-tu vu comment Lāḷudāyi a retroussé ses lèvres en signe de mépris envers les deux principaux disciples ? » En entendant cela, le Maître dit : « Frères, autrefois comme aujourd’hui, Lāḷudāyi n’avait d’autre réponse qu’un clin d’œil. » Puis il leur raconta une histoire ancienne.
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[264] Il était une fois, alors que le roi Brahmadatta régnait à Bénarès, le Bodhisatta était son conseiller pour les questions spirituelles et temporelles. Le roi avait alors un soleil, Pādañjali, un paresseux et oisif. Peu après, le roi mourut. Ses obsèques terminées, les courtisans parlèrent de consacrer son fils Pādañjali comme roi. Mais le Bodhisatta dit :
« C’est un paresseux, un vagabond oisif, devrions-nous le prendre et le consacrer roi ? »
Les courtisans tinrent un procès. Ils firent asseoir le jeune homme devant eux et prirent une mauvaise décision. Ils attribuèrent une chose au mauvais propriétaire et lui demandèrent : « Jeune seigneur, avons-nous pris la bonne décision ? »
Le garçon retroussa sa lèvre.
« C’est un garçon sage, je pense », pensa le Bodhisatta ; « il doit savoir que nous avons pris une mauvaise décision » : et il récita le premier verset :
« Certes, le jeune homme est plus sage que tous les hommes.
Il fait la moue, il doit voir à travers nous, alors !
[ p. 184 ]
Le lendemain, comme la veille, ils organisèrent un procès, mais cette fois, ils le jugeèrent bon. Ils lui demandèrent à nouveau ce qu’il en pensait.
Il retroussa de nouveau les lèvres. Le Bodhisatta comprit alors qu’il était un aveugle et répéta le deuxième verset :
« Il ne distingue pas le bien du mal, ni le mal du bien :
Il fait la moue, mais il ne montre plus aucun bon sens.
Les courtisans se rendirent compte que le jeune homme Pādañjali était un imbécile et ils firent du Bodhisatta un roi.
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Lorsque le Maître eut terminé ce discours, il identifia la Naissance : « Lāḷudāyi était Pādañjali, et j’étais le sage courtisan. »