[265] « Tous ont vu, etc. — Cette histoire, le Maître la raconta pendant son séjour à Jetavana, au chapitre sur l’arbre de Judée [^151].
Quatre Frères, s’approchant du Tathāgata, lui demandèrent d’expliquer comment l’extase pouvait être induite. Il l’expliqua. Cela fait, ils se dispersèrent dans les différents lieux où ils passaient leurs nuits et leurs jours. L’un d’eux, ayant appris les Six Sphères du Toucher, devint saint ; un autre le devint après avoir appris les Cinq Éléments de l’Être, le troisième après avoir appris les Quatre Éléments Principaux, le quatrième après avoir étudié les Dix-huit Constituants de l’Être. Chacun d’eux raconta au Maître l’excellence particulière qu’il avait atteinte. Une pensée traversa l’esprit de l’un d’eux ; il demanda au Maître : « Il n’y a qu’un seul Nirvana pour tous ces modes de méditation ; comment se fait-il qu’ils mènent tous à la sainteté ? » Le Maître demanda alors : « N’est-ce pas comme les gens qui ont vu l’arbre de Judée ? » Comme ils le priaient de le leur raconter, il répéta une histoire d’autrefois.
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Il était une fois Brahmadatta, roi de Bénarès, qui avait quatre fils. Un jour, ils envoyèrent chercher le cocher et lui dirent :
« Nous voulons voir un arbre de Judée ; montrez-nous-en un ! »
[ p. 185 ]
« Très bien, je le ferai », répondit le cocher. Mais il ne le leur montra pas à tous. Il emmena aussitôt l’aîné dans la forêt en char et lui montra l’arbre au moment où les bourgeons commençaient à sortir de la tige. Au deuxième, il le montra quand les feuilles étaient vertes, au troisième quand il fleurissait, et au quatrième quand il portait des fruits.
Après cela, il arriva que les quatre frères étaient assis ensemble, et quelqu’un demanda : « Quel genre d’arbre est l’arbre de Judée ? » Alors le premier frère répondit :
« Comme une souche brûlée ! »
Et le deuxième s’écria : « Comme un banian ! »
Et le troisième : « Comme un morceau de viande [1] ! »
Et le quatrième dit : « Comme l’acacia ! »
Ils furent irrités par leurs réponses respectives et coururent trouver leur père. « Monseigneur, demandèrent-ils, quelle sorte d’arbre est l’arbre de Judée ? »
« Qu’avez-vous répondu à cela ? » demanda-t-il. Ils lui racontèrent leurs réponses. Le roi dit :
« Vous avez tous les quatre vu l’arbre. Seulement, lorsque le cocher vous l’a montré, vous ne lui avez pas demandé : « Comment est l’arbre à tel moment ? » [266] ou « à tel autre moment ? » Vous n’avez fait aucune distinction, et c’est là la raison de votre erreur. » Et il répéta la première strophe.
« Tous ont vu l’arbre de Judée —
Quelle est votre perplexité ?
Personne n’a demandé au cocher
Quelle forme prend l’année entière !
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Le Maître, après avoir expliqué la question, s’adressa alors aux frères : « Or, comme les quatre frères, parce qu’ils n’ont pas fait de distinction et n’ont pas demandé, sont tombés dans le doute au sujet de l’arbre, ainsi vous êtes tombés dans le doute au sujet du droit » : et dans sa parfaite sagesse, il prononça le deuxième verset :
« Qui connaît le droit avec une certaine déficience
« Ressentez le doute, comme ces quatre frères avec l’arbre. »
Lorsque ce discours fut terminé, le Maître identifia la Naissance : « À cette époque, j’étais le roi de Bénarès. »
[^151] : 184 : 1 Kiṁsuka = Butea Frondosa.
185:1 Il a des fleurs roses. ↩︎