« Quand bien des arcs », etc. — Le Maître raconta cette histoire dans Jetavana, celle d’un Frère qui avait perdu toute énergie. Le Maître demanda s’il était vrai que ce Frère avait perdu toute énergie. Oui, répondit-il. « Pourquoi », demanda-t-il, « avez-vous relâché votre énergie après avoir adopté cette doctrine du salut ? Autrefois, les sages étaient énergiques même dans les domaines qui ne mènent pas au salut » ; et, en disant cela, il raconta une histoire du vieux monde.
_____________________________
[ p. 232 ]
Il était une fois, alors que Brahmadatta était roi de Bénarès, le Bodhisatta naquit dans la famille d’un forestier. Grandi, il prit la tête d’une troupe de cinq cents forestiers et vécut dans un village à l’entrée de la forêt. Il se louait pour guider les hommes.
Un jour, un homme de Bénarès, fils d’un marchand, arriva au village avec une caravane de cinq cents chariots. Il fit venir le Bodhisatta et lui offrit mille pièces pour lui servir de guide à travers la forêt. Il accepta et reçut l’argent des mains du marchand. En le prenant, il consacra mentalement sa vie à son service. Puis il le guida dans la forêt.
Au milieu de la forêt, cinq cents brigands surgirent. Quant au reste de la compagnie, à peine aperçurent-ils ces brigands qu’ils se prosternèrent sur le ventre. Le chef forestier, seul, criant, sautant et assénant des coups, mit en fuite les cinq cents brigands et conduisit le marchand à travers le bois en toute sécurité. Une fois la forêt traversée, le marchand installa sa caravane ; il offrit au chef forestier des mets de choix de toutes sortes, et, après avoir rompu son jeûne, s’assit agréablement à ses côtés et lui parla ainsi : « Dis-moi, dit-il, comment se fait-il que, même lorsque cinq cents brigands, les armes à la main, étaient dispersés tout autour, tu n’aies ressenti aucune crainte ? » Et il prononça la première strophe :
« Quand de nombreux arcs laissent voler leur flèche à toute vitesse,
Des mains tenant des lames d’acier trempé étaient proches…
Quand la Mort eut rassemblé toute sa redoutable armée,
Pourquoi, au milieu d’une telle terreur, n’as-tu ressenti aucune consternation ?
En entendant cela, le forestier répéta les deux couplets suivants :
« Quand de nombreux arcs laissent voler leur flèche à toute vitesse,
Des mains tenant des lames d’acier trempé étaient proches…
Quand la Mort eut rassemblé toute sa redoutable armée,
J’ai ressenti une joie grande et puissante ce jour-là.
« Et cette joie m’a donné la victoire ;
J’étais résolu à mourir, s’il le fallait ;
Il doit mépriser sa vie, celui qui voudrait l’accomplir
« Accomplis des actes héroïques et sois toujours un héros. »
[337] Ainsi il envoya ses paroles comme une pluie de flèches ; et après avoir expliqué comment il avait agi héroïquement en étant libre du désir de vivre, il se sépara du jeune marchand et retourna dans son propre village ; où après avoir fait l’aumône et fait le bien, il s’en alla pour s’en sortir selon ses mérites.
_____________________________
Lorsque le Maître eut terminé ce discours, il déclara les Vérités et identifia la Naissance : à la conclusion des Vérités, le Frère découragé atteignit la Sainteté : « À cette époque, j’étais le chef des forestiers. »