« Ce puits est un anchois des forêts, etc. — Cette histoire que le Maître raconta alors qu’il habitait à Isipatana, à propos d’un chacal qui souillait un puits.
On apprend qu’un chacal avait pour habitude de souiller un puits où les Frères puisaient de l’eau, puis de s’enfuir. Un jour, les novices le lancèrent des mottes de terre, le rendant inconfortable. Depuis, il ne revint plus jamais voir cet endroit.
Les Frères apprirent la nouvelle et commencèrent à en discuter dans la Salle de la Vérité. « Mon ami, le chacal qui souillait notre puits ne s’en approche plus depuis que les novices l’ont chassé à coups de mottes de terre ! » Le Maître entra et leur demanda de quoi ils parlaient. Ils le lui expliquèrent. Il répondit alors : « Mes frères, ce n’est pas la première fois que ce chacal souillait un puits. Il a déjà fait pareil auparavant. » Puis il raconta une histoire ancienne.
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Il était une fois, à Isipatana, près de Bénarès, un puits remarquable. Le Bodhisatta était alors issu d’une bonne famille. Grandi, il embrassa la vie religieuse et vécut à Isipatana avec une troupe de disciples. Un certain Chacal souilla le puits, comme nous l’avons décrit, et prit la fuite. Un jour, les ascètes l’encerclèrent et, l’ayant attrapé tant bien que mal, le conduisirent devant le Bodhisatta. Il s’adressa au Chacal dans les vers de la première strophe :
« Ce puits a été creusé par un anachorète forestier
Qui a longtemps vécu en ermite dans la clairière.
Et après tous ses ennuis et son travail
Pourquoi as-tu essayé, mon ami, de gâcher le puits ?
[355] En entendant cela, le Chacal répéta la deuxième strophe :
« C’est la loi de toute la race Chacal,
Se salir lorsqu’ils ont bu dans un endroit quelconque :
Mes pères et grands-pères ont toujours fait la même chose ;
Il n’y a donc aucune raison valable pour que vous soyez blâmé.
Alors le Bodhisatta répondit par la troisième :
« Si c’est la « loi » dans une politique chacal
Je me demande ce que peut bien être leur « anarchie » !
J’espère que je t’ai vu pour la dernière fois,
Vos actions, légales et illégales aussi.
Ainsi le Grand Être l’admonesta et lui dit : « N’y retourne plus. » Dès lors, il ne s’arrêta même plus pour le regarder.
Lorsque le Maître eut terminé ce discours, il déclara les Vérités et identifia la Naissance : « Le Chacal qui a souillé le puits est le même dans les deux cas ; et j’étais le chef de la bande ascétique. »