[382] « Ici dans les collines », etc. — Cette histoire fut racontée par le Maître à la Bambouseraie, à propos d’une tentative de meurtre. Les circonstances s’expliquent d’elles-mêmes.
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Un jour, alors que Brahmadatta était roi de Bénarès, le Bodhisatta devint un pigeon et, avec une grande volée de pigeons, il vécut au milieu des bois, dans une grotte des collines. Un ascète, un homme vertueux, lui avait construit une hutte près d’un village frontalier, non loin de l’endroit où se trouvaient les pigeons, et c’est là, dans une grotte des collines, qu’il vécut. Le Bodhisatta lui rendait visite de temps à autre et entendait de lui des choses dignes d’intérêt.
Après avoir vécu là longtemps, l’ascète s’en alla ; un faux ascète vint alors s’installer là. Le Bodhisatta, accompagné de sa volée de pigeons, lui rendit visite et le salua respectueusement. Ils passèrent la journée à sautiller dans la demeure de l’ermite et à ramasser de la nourriture devant la grotte, puis rentrèrent chez eux le soir. Le faux ascète vécut là plus de cinquante ans.
Un jour, les villageois lui donnèrent de la chair de pigeon qu’ils avaient cuisinée. Il fut séduit par le goût et demanda ce que c’était. « Du pigeon », dirent-ils. Il pensa : « Des nuées de pigeons arrivent dans mon ermitage ; il faut que j’en tue quelques-uns pour les manger. »
Il prit donc du riz, du ghee, du lait, du cumin et du poivre, et les mit de côté ; dans un coin de sa robe, il cacha un bâton et s’assit à la porte de la hutte, guettant l’arrivée des pigeons.
Le Bodhisatta arriva avec son troupeau et découvrit les agissements maléfiques de ce faux ascète. « Ce méchant ascète assis là agit sous de faux prétextes ! Peut-être s’est-il nourri de certains des nôtres ; je vais le découvrir ! »
Il se posa donc sous le vent et le flaira. « Oui », dit-il, « l’homme veut nous tuer et nous manger ; nous ne devons pas nous approcher de lui. » Et il s’enfuit avec son troupeau. Voyant qu’il se tenait à distance, l’ermite pensa : « Je vais lui dire des paroles mielleuses, me faire des amis, puis le tuer et le manger ! » et il prononça les deux premières strophes :
« Ici, dans les collines, depuis cinquante et un ans,
Ô volaille à plumes ! les oiseaux me rendraient visite,
Ne soupçonnant rien, ne connaissant rien des peurs,
En douce sécurité !
« Ces mêmes enfants des œufs semblent maintenant
Voler de manière suspecte vers une autre colline.
Ont-ils oublié toute leur ancienne estime ?
Sont-ce toujours les mêmes oiseaux ?
[384] Alors le Bodhisatta recula et répéta le troisième :
« Nous ne sommes pas des imbéciles, et nous vous connaissons ;
Nous sommes les mêmes, et vous aussi :
Vous avez des projets contre notre bien,
Alors, hérétique, cette peur nous la ressentons.
« Ils m’ont démasqué ! » pensa le faux ascète. Il lança son bâton vers l’oiseau, mais le manqua. « Va-t’en ! » dit-il. « Tu m’as manqué ! »
« Tu nous as manqués », dit le Bodhisatta, « mais tu ne manqueras pas les quatre enfers ! Si tu restes ici, j’appellerai les villageois et je les forcerai à te prendre pour un voleur. Sauve-toi, vite ! » Ainsi menaça-t-il l’homme et s’envola. L’ermite ne pouvait plus vivre là.
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L’Enseignant, ayant terminé ce discours, identifia la Naissance : « À cette époque, Devadatta était l’ascète ; le premier ascète, le bon, était Sāriputta ; et le chef des Pigeons, c’était moi-même. »