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« Qui pourrait croire à cette histoire ? » etc. — Le Maître raconta cette histoire à Jetavana, celle d’un marchand malhonnête. Les circonstances ont été relatées plus haut.
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Il était une fois, alors que Brahmadatta était roi de Bénarès, le Bodhisatta naquit dans la famille d’un propriétaire terrien.
En grandissant, il devint riche. Il avait un jeune frère. Leur père mourut plus tard. Ils décidèrent de régler les affaires de leur père. Cela les conduisit dans un village, où ils reçurent mille pièces de monnaie. Sur le chemin du retour, alors qu’ils attendaient le bateau au bord d’une rivière, ils mangèrent un repas dans un pot en feuille. Le Bodhisatta jeta ce qu’il restait dans le Gange pour les poissons, offrant ainsi le mérite à l’esprit du fleuve. L’esprit accepta cela avec satisfaction, ce qui augmenta son pouvoir divin. En réfléchissant à cette augmentation de son pouvoir, il prit conscience de ce qui s’était passé. Le Bodhisatta étendit son vêtement sur le sable, s’y allongea et s’endormit.
Or, le jeune frère était d’un naturel plutôt voleur. Il voulait dérober l’argent du Bodhisatta et le garder pour lui-même ; il prépara donc un paquet de gravier ressemblant à celui d’argent, et les rangea tous les deux.
Lorsqu’ils furent montés à bord et qu’ils furent arrivés au milieu du fleuve, le plus jeune trébucha contre le côté du bateau et laissa tomber par-dessus bord le paquet de gravier, comme il le pensait, mais en réalité l’argent.
« Frère, l’argent est par-dessus bord ! » s’écria-t-il. « Que faire ? »
« Que faire ? Ce qui est parti est parti. Laisse tomber », répondit l’autre.
Mais l’esprit de la rivière, se réjouissant du mérite reçu et de l’accroissement de son pouvoir divin, résolut de prendre soin de ses biens. Alors, par son pouvoir, elle força un poisson à grande bouche à avaler le paquet et s’en occupa elle-même.
De retour chez lui, le voleur rit du tour qu’il avait joué à son frère et défaisit le paquet restant. Il n’y avait plus que du gravier à l’horizon ! Son cœur se dessécha ; il tomba sur son lit et s’agrippa au sommier.
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Des pêcheurs jetèrent alors leurs filets pour pêcher. Par la puissance de l’esprit de la rivière, le poisson tomba dans le filet. Les pêcheurs l’emportèrent en ville pour le vendre. On leur demanda quel était le prix.
« Mille pièces et sept annas », dirent les pêcheurs.
Tout le monde se moquait d’eux. « On a vu un poisson vendu pour mille pièces ! » disaient-ils en riant.
Les pêcheurs apportèrent leur poisson à la porte du Bodhisatta et lui demandèrent de l’acheter.
« Quel est le prix ? » demanda-t-il.
« Tu peux l’avoir pour sept annas », dirent-ils.
« Qu’as-tu demandé aux autres pour ça ? »
« Nous avons demandé à d’autres personnes mille roupies et sept aumônes ; mais vous pouvez les avoir pour sept arènes », dirent-ils.
Il l’acheta sept arènes et l’envoya à sa femme. Elle l’ouvrit, et voilà le paquet d’argent ! [425] Elle appela le Bodhisatta. Il jeta un coup d’œil et, reconnaissant sa marque, la reconnut comme la sienne. Il pensa : « Ces pêcheurs ont demandé à d’autres le prix de mille roupies et sept annas, mais comme les mille roupies étaient à moi, ils me les ont cédées pour sept annas seulement ! Si un homme ne comprend pas le sens de cela, rien ne le fera jamais croire. » Puis il répéta la première strophe :
« Qui aurait pu croire l’histoire, si on le lui avait racontée,
Que des poissons pour mille soient vendus ?
Ils me coûtent sept pence : comme je pourrais le souhaiter
« Acheter tout un tas de ce genre de poisson ! »
Après avoir dit cela, il se demanda comment il avait pu récupérer son argent. À cet instant, l’esprit de la rivière plana invisiblement dans les airs et déclara :
« Je suis l’Esprit du Gange. Tu as donné les restes de ton repas aux poissons, et c’est à moi que revient le mérite. C’est pourquoi j’ai pris soin de tes biens. » Et elle répéta une strophe :
« Tu as nourri les poissons et tu m’as fait un cadeau.
Je me souviens de cela, ainsi que de votre piété.
[426] L’esprit raconta alors le mauvais tour que le jeune frère lui avait joué. Puis elle ajouta : « Il gît là, le cœur desséché. Point de prospérité pour le tricheur. Mais je t’ai apporté le tien, et je te préviens de ne pas le perdre. Ne le donne pas à ton jeune frère voleur, mais garde-le tout pour toi. » Puis elle répéta la troisième strophe :
« Il n’y a pas de bonne fortune pour le cœur méchant,
Et dans le respect des esprits, il n’a aucune part ;
Qui prive son frère de la richesse paternelle
Et accomplit de mauvaises actions par ruse et ruse. [ p. 290 ] Ainsi parla l’esprit, ne souhaitant pas que le perfide scélérat reçoive l’argent. Mais le Bodhisatta dit : « C’est impossible », et envoya néanmoins cinq cents au frère.
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Après ce discours, le Maître déclara les Vérités : à la fin desquelles le marchand entra dans la réalisation du premier chemin : et identifia la Naissance : « À cette époque, le frère cadet était le marchand malhonnête, mais l’aîné était moi-même. »