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« Celui qui est atteint de folie », etc. — Le Maître raconta cette histoire à Jetavana, à propos d’un confrère prêtre de l’Ancien Sāriputta. [421] Ce frère vint saluer l’Ancien et, s’asseyant à l’écart, lui demanda de lui expliquer comment on pouvait obtenir du gain, comment s’habiller et autres choses du même genre. L’Ancien répondit : « Ami, quatre qualités permettent à un homme de réussir à obtenir du gain. Il doit se débarrasser de toute pudeur, démissionner de ses ordres, paraître fou même s’il ne l’est pas ; calomnier ; se comporter comme un danseur ; employer partout des mots grossiers. » Il expliqua ainsi comment un homme obtient beaucoup. Le frère s’opposa à cette méthode et s’en alla. L’Ancien alla trouver son Maître et lui en parla. Le Maître dit : « Ce n’est pas la première fois que ce frère parle en dénigrant le gain ; il l’avait déjà fait » ; puis, à la demande de l’Ancien, il raconta une histoire ancienne.
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Il était une fois, alors que Brahmadatta était roi de Bénarès, le Bodhisatta naquit dans une famille brahmane. À seize ans, il maîtrisait déjà les trois Védas et les dix-huit accomplissements ; il devint un maître de grande renommée, qui éduqua cinq cents jeunes hommes. Un jour, un jeune homme, à la vie vertueuse, s’adressa à son maître et lui demanda : « Comment ces gens obtiennent-ils du profit ? »
Le maître répondit : « Mon fils, il y a cinq ou quatre qualités qui procurent du gain à ces gens-là » ; et il répéta la première strophe :
« Celui qui est fou, celui qui calomnie bien,
Celui qui a des tours d’acteur raconte de mauvaises histoires,
Tel est l’homme qui gagne la prospérité
Là où tous sont des fous : que telle soit votre maxime.
[422] L’élève, en entendant les paroles de son maître, exprima sa désapprobation du gain dans les deux strophes suivantes :
« Honte à celui qui gagne par le gain ou la gloire
Par une destruction terrible et par des péchés méchants.
« Avec un bol à la main, je mènerai une vie de sans-abri
Plutôt que de vivre dans la méchanceté et la cupidité.
[423] Ainsi le jeune homme loua la qualité de la vie religieuse ; et devint aussitôt un ermite, et implora l’aumône avec droiture, cultivant les Accomplissements, jusqu’à ce qu’il soit destiné au monde de Brahma.
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Lorsque le Maître eut terminé ce discours, il identifia ainsi la Naissance : « À cette époque, le frère qui désapprouvait le gain était le jeune homme, mais son maître était moi-même. »