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« Qui est assis ? », etc. — Le Maître raconta cette histoire à la Bambouseraie, à propos de Devadatta et Kokālika. À l’époque où Devadatta commençait à perdre ses biens et sa réputation, Kokālika allait de maison en maison, disant : « L’Ancien Devadatta est issu de la lignée du Premier Grand Roi, de la lignée royale d’Okkāka [1], d’une noble lignée ininterrompue, versé dans toutes les Écritures, empreint d’une sainteté extatique, d’une parole douce, un prédicateur de la loi. Donnez à l’Ancien, aidez-le ! » Par ces mots, il louait Devadatta. De son côté, Devadatta louait Kokālika, en des termes tels que : « Kokālika est issu d’une famille brahmane du nord ; il suit la vie religieuse ; il est instruit en doctrine, un prédicateur de la loi. Donnez à Kokālika, aidez-le ! » Ils allèrent donc s’entretenir, se félicitant mutuellement et se nourrissant dans différentes maisons. Un jour, les frères commencèrent à en parler dans la Salle de la Vérité. « Ami, Devadatta et Kokālika se louent mutuellement pour des vertus qu’ils n’ont pas, et reçoivent ainsi de la nourriture. » Le Maître entra et leur demanda de quoi ils parlaient, assis là. Ils le lui expliquèrent. Il dit : « Frères, ce n’est pas la première fois que ces hommes obtiennent de la nourriture en se félicitant mutuellement. Il y a longtemps, ils faisaient de même », et il leur raconta une histoire ancienne.
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Il était une fois, alors que Brahmadatta était roi de Bénarès, le Bodhisatta devint un esprit d’arbre dans un verger de pommiers roses. [439] 9 Un Corbeau se percha sur une branche de son arbre et commença à manger le fruit. Puis un Chacal arriva, leva les yeux et aperçut le Corbeau. Il pensa : « Si je flatte cette créature, peut-être pourrai-je manger un peu de fruit ! » Alors, par flatterie, il répéta la première strophe :
« Qui est assis dans un pommier-rosier ? »
Douce chanteuse ! dont la voix me parvient doucement ?
Comme un jeune paon, elle roucoule avec une grâce douce,
Et reste toujours assise à sa place.
Le Corbeau, dans ses éloges, répondit par le deuxième :
"Celui qui est noble par son éducation et sa naissance
Peut louer l’éducation des autres, sait ce qu’ils valent.
Tu sembles être comme un jeune tigre :
Viens, mange, Seigneur, ce que je te donne !
Avec ces mots, elle secoua la branche et fit tomber quelques fruits. [ p. 300 ] Alors l’esprit de l’arbre, voyant ces deux-là manger, après s’être flattés, répéta la troisième strophe :
« Les menteurs se rassemblent, je le sais très bien.
Ici, par exemple, une corneille charognarde,
Et le chacal mangeur de cadavres, avec un fracas puéril
Procédez les uns les autres pour vous flatter !
Après avoir répété cette strophe, l’arbre-esprit, prenant une forme effrayante, les fit tous deux fuir.
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Lorsque le Maître eut terminé ce discours, il résuma le récit de la Naissance : « À cette époque, le Chacal était Devadatta, le Corbeau était Kokālika, mais l’Esprit de l’Arbre était moi-même. »
299:1 Comparez le n° 295 et la fable d’Ésope du Renard et du Corbeau. ↩︎