[449] « Le loup qui prend », etc. — Cette histoire, le Maître la raconta à Jetavana, au sujet d’une vieille amitié. Les circonstances étaient les mêmes, dans le détail, que dans le Vinaya [^239] ; en voici un résumé. Le révérend Upasena, un homme de deux ans, rendit visite au Maître en compagnie d’un homme de première année qui vivait dans le même monastère ; le Maître le réprimanda, et il se retira. Ayant acquis une vision spirituelle et atteint la sainteté, ayant acquis le contentement et des vertus similaires, ayant entrepris les Treize Pratiques d’un Reclus et les ayant enseignées à ses compagnons, pendant que le Bienheureux était reclus pendant trois mois, lui et ses frères, après avoir accepté le premier blâme pour paroles inconvenantes et non-conformisme, reçurent en second lieu l’approbation suivante : « Désormais, que tous les frères viennent me rendre visite quand ils le souhaitent, à condition qu’ils suivent les Treize Pratiques d’un Reclus. » Ainsi encouragé, il retourna et raconta cela aux frères. Après cela, les frères observèrent ces pratiques avant de venir rendre visite au Maître ; puis, lorsqu’il était sorti de sa réclusion, ils jetaient leurs vieux haillons et revêtaient des vêtements propres. Alors que le Maître et tous les frères faisaient le tour des pièces pour inspecter les lieux, il remarqua ces haillons qui traînaient et demanda ce que c’était. Quand ils le lui dirent, il dit : « Frères, la pratique entreprise par ces frères est de courte durée, comme le service du jour saint du loup » ; et il leur raconta une histoire du vieux monde.
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Il était une fois, alors que Brahmadatta régnait sur Bénarès, le Bodhisatta prit vie sous le nom de Sakka, roi des dieux. À cette époque, un loup vivait sur un rocher au bord du Gange. Les crues hivernales montaient et encerclaient le rocher. Il gisait là, sans nourriture ni moyen de s’en procurer. L’eau montait sans cesse, et le loup songea : « Pas de nourriture ici, et aucun moyen de s’en procurer. Je gît ici, sans rien faire. Autant observer un festin de sabbat. » Ainsi résolu à observer un sabbat, il prit solennellement la résolution, tout en restant allongé, d’observer les préceptes religieux. Sakka, dans ses méditations, perçut la faiblesse du loup. Il pensa : « Je vais le tourmenter. » Et prenant la forme d’une chèvre sauvage, il se tint près du loup et le laissa le voir.
« Je garderai le sabbat un autre jour ! » pensa le Loup en l’apercevant. Il se releva et bondit sur la créature. Mais la chèvre sauta de tous côtés, si bien que le Loup ne put l’attraper. Voyant qu’il ne pouvait l’attraper, notre Loup s’immobilisa et retourna sur ses pas, se disant en se recouchant : « Eh bien, mon sabbat n’est pas violé, finalement. »
Alors Sakka, par sa puissance divine, plana dans les airs ; il dit : « Qu’est-ce que vous, tous instables, avez à faire avec l’observance du sabbat ? Vous ne saviez pas que j’étais Sakka et que je voulais un repas de chair de chèvre ! » Et, le harcelant et le réprimandant ainsi, il retourna au monde des dieux.
« Le loup, qui prend des créatures vivantes pour sa nourriture,
Et se nourrit de leur chair et de leur sang,
Un jour, j’ai fait un vœu sacré à accomplir,
Il décida d’observer le jour du sabbat.
« Quand Sakka apprit ce qu’il avait décidé de faire,
Il s’est fait passer pour une chèvre aux yeux des autres.
Alors le buveur de sang sauta pour saisir sa proie,
Son vœu oublié, sa vertu rejetée. p. 308
[451] "De même, certaines personnes dans notre monde,
Qui prennent des résolutions qui dépassent leurs pouvoirs,
S’écarter de leur objectif, comme le loup l’a fait ici
Dès qu’il vit apparaître la chèvre.
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Lorsque le Maître eut terminé ce discours, il identifia la Naissance comme suit : « À ce moment-là, j’étais moi-même Sakka. »
FIN DU TROISIÈME LIVRE.
[^241] : 306 : 1 Mahāvagga, i. 31. 3 suiv. (trans. dans S. BE, ip 175); Folk-Lore Journal, 3. 359 ; Morris, _Contemp. Rév._xxix. 739.