[447] « Autrefois, on vous a traités », etc. — Le Maître raconta cette histoire à Pubbārāma, à propos de Frères aux manières rudes et brutales. Ces Frères, qui vivaient à l’étage inférieur de celui du Maître, parlaient de ce qu’ils avaient vu et entendu, et se montraient querelleurs et injurieux. Le Maître appela Mahāmoggallāna et lui ordonna d’aller les effrayer. L’Ancien s’éleva et toucha les fondations de la maison du gros orteil. Celle-ci trembla jusqu’au bord de l’océan ! Les Frères, morts de peur, vinrent se poster dehors. Leur comportement brutal devint connu parmi les Frères. Un jour, ils en parlèrent dans la Salle de la Vérité. « Ami, il y a des Frères qui se sont retirés dans cette maison du salut, qui sont rudes et grossiers ; ils ne voient pas l’impermanence, la tristesse et l’irréalité du monde, et n’accomplissent pas leur devoir. » Le Maître entra et leur demanda de quoi ils discutaient. Ils le lui dirent. « Ce n’est pas la première fois, mes frères », dit-il, « qu’ils se montrent brutaux et impolis. Ils l’étaient déjà. » Et il leur raconta une histoire ancienne.
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Il était une fois, alors que Brahmadatta régnait à Bénarès, le Bodhisatta naquit fils d’un brahmane dans un village. On le nomma Komāyaputta. Peu à peu, il partit embrasser la vie religieuse dans la région de l’Himalaya. Des ascètes frivoles s’étaient établis en ermitage dans cette région et y vécurent. Mais ils ne cherchaient pas à provoquer l’extase religieuse. Ils allaient chercher des fruits dans les bois pour les manger ; puis ils passaient leur temps à rire et à plaisanter ensemble. Ils possédaient un singe, aussi grossier qu’eux, dont les grimaces et les facéties les amusaient sans cesse.
Ils vécurent longtemps en ce lieu, jusqu’à ce qu’ils dussent retourner parmi les hommes chercher du sel et des condiments. Après leur départ, le Bodhisatta vécut dans leur demeure. Le singe lui joua des tours comme il l’avait fait aux autres. Le Bodhisatta claqua des doigts et lui fit une sermon : « Celui qui vit avec des ascètes bien entraînés [448]` [ p. 306 ] doit se comporter correctement, être bien conseillé dans ses actions et se consacrer à la méditation. » Par la suite, le singe fut toujours vertueux et bien élevé.
Après cela, le Bodhisatta s’éloigna. Les autres ascètes revinrent avec leur sel et leurs condiments. Mais le singe cessa de leur faire des farces. « Qu’est-ce que c’est, mon ami ? » demandèrent-ils. « Pourquoi ne fais-tu pas du sport, comme tu le faisais autrefois ? » L’un d’eux répéta la première strophe :
« Autrefois, tu avais l’habitude de jouer
Où dans cette hutte nous restons, nous les ermites.
Ô singe ! comme fait un singe ;
Quand tu es bon, nous ne t’aimons pas.
En entendant cela, le Singe répéta la deuxième strophe :
« Toute sagesse parfaite par la parole
J’ai entendu parler du sage Komāya.
Ne me croyez pas maintenant car j’étais en retard
Maintenant, c’est mon amour de méditer.
Là-dessus, l’anachorète répéta le troisième :
« Si tu sèmes de la semence sur le rocher,
Même si la pluie tombe, elle ne poussera pas.
Vous pouvez encore entendre la sagesse parfaite ;
Mais tu ne méditeras jamais.
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[449] Lorsque le Maître eut terminé ce discours, il déclara les Vérités et identifia la Naissance : « À cette époque, ces Frères étaient les anachorètes frivoles, mais Komāyaputta, c’était moi-même. »