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[520] « Paire d’oiseaux jumeaux », etc. — Cette histoire, le Maître résidant à Jetavana la raconta au sujet d’un Frère avide. Il était, disait-on, avide des préceptes bouddhiques et, se défaisant de tous ses devoirs de maître et de pasteur, il entra à Sāvatthi de bonne heure, et après avoir bu un excellent gruau de riz servi avec de nombreux aliments solides chez Visākhā, et après avoir mangé pendant la journée diverses friandises, du riz, de la viande et du riz bouilli, il ne s’en contenta pas et se rendit de là [ p. 310 ] chez Culla-Anāthapiṇḍika, le roi du Kosala et plusieurs autres. Un jour, une discussion s’éleva dans la Salle de la Vérité au sujet de sa cupidité. Lorsque le Maître entendit ce dont ils discutaient, il fit venir ce Frère et lui demanda s’il était vrai qu’il était avide. Et lorsqu’il répondit « Oui », le Maître demanda : « Pourquoi, frère, es-tu avide ? Autrefois aussi, par cupidité, ne te contentant pas des cadavres d’éléphants, tu quittais Bénarès et, errant sur les rives du Gange, tu entrais dans l’Himalaya. » Et il raconta une histoire du passé.
Un jour, alors que Brahmadatta régnait à Bénarès, un corbeau avide se promenait en mangeant les cadavres d’éléphants. Insatisfait, il pensa : « Je mangerai la graisse des poissons sur les rives du Gange. » Après y être resté quelques jours à manger des poissons morts, il se rendit dans l’Himalaya et se nourrit de diverses espèces de fruits sauvages. Arrivé à un grand bassin de lotus regorgeant de poissons et de tortues, il y vit deux oies dorées qui vivaient sur la plante sevāla. Il pensa : « Ces oiseaux sont très beaux et appétissants : leur nourriture doit être délicieuse. Je vais leur demander ce que c’est, et en la mangeant, je deviendrai moi aussi doré. » Il alla donc vers eux et, après les salutations amicales d’usage, perchés au bout d’une branche, il prononça la première strophe en lien avec leurs louanges :
Paire de jumeaux d’oiseaux vêtus de jaune,
Tellement joyeux d’errer dans tous les sens ;
Quel genre d’oiseaux les hommes aiment-ils le plus ?
Voici ce que je voudrais savoir.
[521] L’oie rousse, en entendant cela, prononça la deuxième strophe :
Ô oiseau, le fléau de l’espèce humaine,
Nous sommes bénis plus que les autres oiseaux.
Toutes les terres avec notre anneau « dévotion [^184] »
Et les hommes et les oiseaux chantent nos louanges.
Sachez donc que nous sommes des oies rousses,
Et errez sans peur sur le siège [^185].
En entendant cela, le corbeau prononça la troisième strophe :
Quels fruits abondent sur la mer,
Et où trouver de la chair pour les oies ?
Dites de quelle nourriture céleste vous vivez,
Quelle beauté et quelle force à donner.
[522] Alors l’oie rousse prononça la quatrième strophe :
Il n’y a pas de fruits à manger sur la mer,
Et d’où les oies rousses pourraient-elles tirer leur viande ?
Plante Sevāla, dépouillée de sa peau,
Donne de la nourriture sans aucune trace de péché.
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Alors le corbeau prononça deux strophes :
Je n’aime pas, oie, les mots que tu utilises :
J’ai cru autrefois que la nourriture que nous choisissons
Pour nous nourrir, il faut s’accorder
Avec ce que pourrait être notre forme extérieure.
Mais maintenant j’en doute, car je mange
Riz, sel, huile, fruits et viande :
Alors que les héros se régalent de retour du combat,
Alors moi aussi, je suis dans la joie et la bonne humeur.
Mais même si je vis de mets délicats,
Mon apparence n’est peut-être pas comparable à la vôtre.
[523] Alors l’oie rousse expliqua la raison pour laquelle le corbeau n’avait pas réussi à atteindre la beauté personnelle, alors que lui-même y parvenait, et prononça les strophes restantes :
Pas satisfait des fruits, ou des déchets trouvés
Dans l’enceinte du charnier,
Le corbeau avide poursuit dans un vol effréné
La proie occasionnelle qui tente son appétit.
Mais tous ceux qui exerceront ainsi leur mauvaise volonté,
Et pour leur plaisir, des créatures inoffensives tuent,
Réprimandés par leur conscience, ils dépérissent,
Et voyez leur force et leur beauté décliner.
Des êtres si heureux qu’aucune créature ne leur fait de mal
Dans la forme, gagnez en vigueur et dans l’apparence, en charme,
Car la beauté doit sûrement être comprise
Cela ne dépend pas entièrement du type de nourriture.
[524] Ainsi l’oie rousse reprocha au corbeau de multiples manières. Et le corbeau, s’attirant ce reproche, dit : « Je ne veux pas de ta beauté. » Et en criant « Croa, croa », il s’envola.
Le Maître, sa leçon terminée, révéla les Vérités et identifia la Naissance : — À la conclusion des Vérités, le Frère avide parvint à la réalisation du Second Sentier : — « En ces jours-là, le corbeau était le Frère avide, l’oie était la mère de Rāhula, l’oie moi-même. »