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[LE TROISIÈME MILLE ANS : DU DÉLUGE AU RÈGNE DE REU.]
[L’entrée de Noé dans l’Arche.]
L’entrée de Noé dans l’Arche eut lieu la veille du sabbat (vendredi), le dix-septième jour du mois béni d’Îyâr (mai). Le vendredi, au matin (c’est-à-dire à la troisième heure), les bêtes et le bétail montèrent à l’étage inférieur ; et à midi, tous les oiseaux et tous les reptiles montèrent à l’étage intermédiaire ; et au coucher du soleil, Noé et ses fils entrèrent dans l’Arche, du côté est du troisième étage, tandis que sa femme et les femmes de ses fils allèrent du côté ouest. Le corps d’Adam fut déposé au milieu de l’Arche, où furent également déposés tous les mystères de l’Église. Ainsi, les femmes à l’église seront du côté ouest. 2], et les hommes à l’orient, afin que les hommes ne voient pas le visage des femmes, et que les femmes ne voient pas le visage des hommes. Il en était de même dans l’Arche : les femmes étaient à l’occident, et les hommes à l’orient, et le corps de notre père Adam était placé entre eux, comme un trône. Et comme la paix règne dans l’Église entre les hommes et les femmes, de même la paix régnait dans l’Arche entre les bêtes sauvages, les oiseaux à plumes et les reptiles. Et comme les rois, les juges, les riches, les pauvres, les gouverneurs, les malades et les mendiants vivent en concorde, c’est-à-dire dans un lien général de paix, il en était de même dans l’Arche. Car les lions, les panthères et les bêtes de proie sauvages vivaient en paix et en harmonie avec le bétail ; et les bêtes féroces et fortes vivaient en paix avec celles qui étaient timides et faibles ; et le lion avec le bœuf, et le loup avec l’agneau, et le petit du lion [Fol. 17_b_, col. 1] avec le veau, et le serpent avec la colombe, et le faucon avec le moineau.
[Le Déluge.]
Et lorsque Noé et ses fils furent entrés dans l’arche, ainsi que sa femme et les femmes de ses fils, le dix-septième jour du mois d’Îyâr (mai), au coucher du soleil, la porte de l’arche fut fermée, et Noé et ses fils furent captifs dans l’obscurité. Et dès que la porte de l’arche fut fermée, les écluses du ciel s’ouvrirent, et les fondements de la terre se fendirent, et l’Océan, la grande mer qui entoure le monde entier, déversa ses flots. Et tandis que [ p. 113 ] les écluses du ciel étaient ouvertes, et que les fondements de la terre se fendaient, les greniers des vents firent éclater leurs verrous, et la tempête et les tourbillons se déchaînèrent, et l’Océan rugit et lança ses flots sur la terre. Les enfants de Seth, qui s’étaient souillés dans la boue de la fornication, coururent à l’entrée de l’Arche et supplièrent Noé de leur ouvrir. Voyant les flots d’eau qui tourbillonnaient autour d’eux et les engloutissaient de tous côtés, ils furent dans une grande tribulation et tentèrent de gravir les montagnes du Paradis, mais en vain. L’Arche fut fermée et scellée, et l’Ange de l’Éternel se tenait sur un côté pour en servir de pilote. Lorsque les flots d’eau s’emparèrent des enfants de Seth et qu’ils commencèrent à se noyer dans leurs vagues immenses et puissantes, alors s’accomplit ce que David avait dit à leur sujet : « J’ai dit : Vous êtes des dieux, et vous êtes tous des fils du Très-Haut. (Ps. lxxxii. 6.) Mais puisque vous avez fait cela, et que vous avez aimé la fornication des filles de Caïn, vous périrez comme elles, et vous mourrez comme elles ont fait.
Et lorsque l’arche fut soulevée de terre par la force puissante des eaux, tous les enfants des hommes, les bêtes sauvages, les oiseaux à plumes, le bétail, les reptiles et tout ce qui vivait sur la surface de la terre furent noyés. Et les eaux du déluge montèrent au-dessus de tous les sommets des hautes montagnes, quinze coudées, selon la mesure de l’Esprit. Le déluge devint plus fort, et ses eaux soulevèrent l’arche jusqu’à atteindre les bords de la montagne du Paradis. Et comme le déluge avait été béni par le Paradis (c’est-à-dire qu’il avait été sanctifié), il baissa la tête, embrassa les bords du Paradis et se retourna pour détruire toute la terre. Et l’Arche vola sur les ailes du vent au-dessus des eaux du déluge, d’est en ouest et du nord au sud, et elle traça une croix sur les eaux. Et l’Arche vola pendant cent cinquante jours, et elle s’arrêta sur les montagnes de Kardô (c’est-à-dire Ararat, le Jabal al-Jûdî des Arabes, près de Jazîrat ibn `Umar) au septième mois, c’est-à-dire au premier Teshrî (octobre), le dix-septième jour. Et Dieu ordonna aux eaux, et elles se séparèrent les unes des autres. Les eaux célestes furent enlevées et montèrent à leur place au-dessus de [Fol. 18_a_, col. 2] les cieux, d’où ils venaient. Les eaux qui s’étaient élevées de la terre retournèrent au plus profond abîme [sous la terre] ; et celles qui appartenaient à [ p. 115 ] l’Océan [qui entoure le monde entier] retournèrent à ses parties les plus profondes. Et les eaux qui avaient été sur la terre, et qui lui avaient été assignées par le Nod divin pour ses besoins depuis le commencement, y demeurèrent.
Les eaux diminuèrent peu à peu jusqu’au dixième mois, qui est Shebât (février), et le premier jour de ce mois, les sommets des montagnes apparurent. Quarante jours plus tard, le dixième jour du mois d’Âdhâr (mars), Noé ouvrit la fenêtre orientale de l’Arche et envoya un corbeau pour apporter des nouvelles ; mais le corbeau s’en alla et ne revint plus. Lorsque les eaux eurent un peu diminué de la terre, Noé envoya une colombe ; mais elle ne trouva pas de lieu où se poser, et elle retourna vers Noé dans l’Arche. Sept jours plus tard, il envoya une autre colombe, qui revint vers lui, portant dans son bec une feuille d’olivier. La colombe représente pour nous les Deux Alliances. Dans la Première Alliance [Fol. 18_b_, col. 1], l’esprit qui parlait par les Prophètes ne trouva pas de lieu de repos parmi ce peuple rebelle (c’est-à-dire les Juifs) ; et dans la Seconde Alliance, elle reposait sur les peuples par les eaux du baptême.
[NOTES.—La description ci-dessus du Déluge concorde substantiellement avec celle donnée dans le Livre d’Adam (chapitres ix et x) et dans le Livre de l’Abeille (chapitre xx).]
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[Noé quitte l’arche.]
L’an six cent un de la vie de Noé, le premier jour du mois de Nisan (avril), les eaux avaient séché de dessus la terre. Le deuxième mois, qui est Îyâr (mai), où Noé entra dans l’arche, le vingt-septième jour, le premier jour de la semaine (dimanche), leur sortie eut lieu ; lui et sa femme sortirent, et ses fils et leurs femmes les accompagnèrent. Lorsqu’ils entrèrent dans l’arche, ils entrèrent chacun par groupes, Noé et ses fils d’un côté, et sa femme et leurs femmes de l’autre ; et les hommes ne reconnurent les femmes qu’à leur sortie de l’arche. Tous les animaux sauvages, tout le bétail, tout l’avifaune et tous les reptiles sortirent de l’arche le premier jour de la semaine.
[Noé fonde Themânôn, la cité des « Huit ».]
Et lorsqu’ils furent sortis, Noé commença à travailler le sol [Fol. 18_b_, col. 2], et ils bâtirent une ville et l’appelèrent « Themânôn » (c’est-à-dire « Huit »), du nom des huit âmes qui étaient sorties de l’Arche. Noé bâtit un autel et y offrit des animaux purs et des oiseaux emplumés. Dieu fut apaisé par l’offrande de Noé, et il établit avec lui une alliance éternelle, et jura : « Je ne ferai plus jamais de Déluge. » Il retira la flèche de la colère de l’arc qui est dans les nuées, et il en retira le cordon de la colère, et le déploya (c’est-à-dire) dans les nuées. Car autrefois, lorsque l’arc était tendu dans le firmament contre cette génération des enfants de Caïn, le meurtrier, ils avaient l’habitude de voir la flèche de la colère placée en position sur la corde de la colère, mais après le Déluge, ils n’ont plus vu la flèche sur la corde.
[NOTE. — D’après le Livre d’Adam (iii. 11), les eaux s’assèchent dans la 607e année de la vie de Noé. L’autel sur lequel Noé sacrifia était celui sur lequel Adam, Caïn et Abel avaient déposé leurs offrandes ; il avait été endommagé par le Déluge, mais Noé le reconstruisit. La ville de Themânôn est identifiée à Sûbhâ (c’est-à-dire Nisîbis) dans le Livre de l’Abeille (chapitre xx), mais il s’agit d’une fausse identification. Français La « Cité des Huit », Themânôn, ne doit pas être identifiée avec la τὸ Θομάνων {grec : tò Ðománwn} de Théophylacte Simocatta (vol. ii. chap. 10, p. 86), qui se trouvait sur la rive droite du Tigre près de Hisn Kêfâ, mais avec la Sûk Thamânîn des géographes arabes, qui se trouvait à une journée de marche de Jazîrat ibn `Umar. Elle était située en haut des montagnes, et Khusraw Anôsharwân avait l’habitude d’y camper pendant les chaleurs de l’été. Près de Burzmihrân, et entre Jazîrat ibn `Umar et Thamânôn se trouvait Dêr Abbûn, qui, selon Yâkût, abritait le tombeau de Noé. Il est intéressant de noter que les Arabes appellent la ville de Noé Sûk Thamânîn (c’est-à-dire « Marché des Quatre-Vingts ») et non « Marché des Huit ». Pour plus de détails, voir Hoffmann, G., Auszüge aus syrischen Akten, page 174.]
[La vigne de Noé.]
Lorsqu’ils sortirent de l’arche, ils semèrent et plantèrent une vigne, et ils pressèrent le vin nouveau. Noé s’approcha, en but un peu ; et aussitôt après l’avoir bu, il s’enivra. S’étant endormi, sa honte apparut ; et son fils Cham, voyant la nudité de son père, ne la couvrit pas ; mais il se moqua de lui et se moqua de lui. Il courut appeler ses frères, afin qu’eux aussi se moquent de leur père. Sem et Japhet, l’ayant appris, furent saisis d’une grande frayeur. Ils se levèrent, prirent un manteau, et marchèrent à reculons, le visage tourné vers l’arrière, pour ne pas voir la nudité de leur père. Ils jetèrent le manteau sur lui et le couvrirent. Quand Noé se réveilla du sommeil causé par le vin, sa femme lui raconta tout ce qui était arrivé, et lui aussi comprit en lui-même ce qui lui était arrivé. Noé fut très irrité contre son fils Cham, et il dit : « Maudit soit Canaan ! Il sera l’esclave des esclaves de ses frères. »
Pourquoi, puisque toute la folie était de Cham, Canaan fut-il maudit, sinon que, lorsque le jeune homme grandit (Fol. 19a, col. 2) et atteignit la pleine mesure de sa compréhension, Satan entra en lui et devint pour lui un enseignant du péché ? Et il renouvela l’œuvre de la maison de Caïn, le meurtrier. Il construisit et fabriqua des instruments de roseau et des harpes, et les démons et les démons vinrent à eux et y habitèrent. Et aussitôt, le vent souffla à travers les roseaux, les démons chantèrent en eux et firent retentir des sons forts ; et lorsque les hommes frappèrent les harpes, les démons devinrent à l’œuvre en eux. Lorsque Noé apprit que Canaan avait fait cela, il fut profondément affligé, car l’œuvre d’erreur, par laquelle la chute des fils de Seth avait eu lieu, renouvela. Car, par le chant, les jeux obscènes et la folle lascivité des fils de Caïn, Satan avait précipité les hommes vaillants, les « fils de Dieu », dans la fornication. Et par la musique [ p. 120 ] des flûtes et des harpes, le péché s’était multiplié [Fol. 19_b_, col. 1] parmi les générations précédentes, jusqu’à ce que, finalement, Dieu se fâcha et provoqua le Déluge. Et Canaan fut maudit pour avoir osé faire cela, et sa descendance devint l’esclave des esclaves, c’est-à-dire des Égyptiens, des Éthiopiens, des Mûsâyê (Mysiens), [et des Indiens, et de tous les Éthiopiens, dont la peau est noire]. Et parce que Cham avait osé se moquer de son père, il fut traité de « vil » (ou « lascif ») tous les jours de sa vie.
Or, Noé, couché dans son sommeil et ayant bu du vin, symbolise la Croix du Christ, comme le chante le bienheureux David dans son psaume à son sujet : « Réveille-toi, Seigneur, comme un homme endormi, comme un homme que le vin a vaincu. » (Comparer Psaume 44 : 23, Psaume 44 : 23} ; lxxviii : 65.) Que les hérétiques qui disent : « Dieu a été crucifié » se taisent. Ici, David l’appelle « Seigneur », tout comme l’apôtre Pierre a dit : « Ce Jésus que vous avez crucifié, Dieu l’a fait Seigneur et Messie (Christ). » (Comparer Actes v. 30, 31.] Il n’a pas dit « Dieu » (Allâhâ), mais « Seigneur » (Mâryâ), [Fol. 19_b_, col. 2] faisant ainsi connaître l’unité (ou l’unicité) des Deux Personnes qui étaient unies dans une seule filiation. Or, lorsque Noé s’éveilla de son sommeil, il maudit Canaan, réduisit sa descendance en esclavage et la dispersa parmi les [ p. 121 ] nations. Et lorsque notre Seigneur ressuscita des morts, Il maudit les Juifs et les dispersa parmi les nations. Or, la descendance de Canaan, comme je l’ai déjà dit, ce sont les Égyptiens, et voici, ils sont dispersés sur toute la terre, et ont été réduits à l’esclavage des esclaves. Et de quelle sorte Est-ce là l’esclavage de l’esclavage ? Voici, les Égyptiens parcourent la terre, portant des fardeaux sur leur dos (littéralement, leur cou). Or, les hommes qui ne sont pas enchaînés sous le joug de l’esclavage, lorsqu’ils sont envoyés en voyage par leurs maîtres, ne marchent pas à pied et ne portent pas de fardeaux, mais montent des bêtes de somme avec honneur, comme leurs maîtres. La descendance de Cham, ce sont les Égyptiens qui portent des fardeaux, et ils marchent [Fol. 20_a_, col. 1] sur les routes, le dos et le cou brisés sous leurs fardeaux, et ils errent jusqu’aux portes des enfants de leurs frères. La descendance de Cham fut réduite, par la folie de Canaan, à subir ce châtiment, c’est-à-dire à devenir l’esclave même d’esclaves.
[NOTE.—Le Livre de l’Abeille (chapitre xx) dit à propos de la malédiction de Cham : « La raison pour laquelle il (Noé) maudit Canaan, qui n’était pas encore né et n’avait pas péché, était que Cham avait été sauvé avec lui dans l’Arche des eaux du Déluge, et avait reçu avec son père [ p. 122 ] la bénédiction divine, et aussi parce que les arts du péché — je veux dire la musique, la danse et toutes les autres choses odieuses — étaient sur le point d’être ressuscités par sa postérité, car l’art de la musique provenait de la semence de Canaan. » Le même ouvrage ajoute : « Après le Déluge, un fils naquit à Noé, et il appela son nom Yônatôn ; et il lui fit des dons et l’envoya dans le feu du soleil, à l’est. » Le Livre d’Adam (iii. 13) déclare simplement que Noé a épousé une autre femme, qui lui a donné sept enfants, et qu’il a continué à habiter sur cette montagne jusqu’à la fin de ses jours.]
[La mort de Noé.]
Noé vécut trois cent cinquante ans après sa sortie de l’arche. Lorsqu’il fut malade à la mort, Sem, Cham, Japhet, Arpakhshar (Arphaxad) et Schâla (Salah) se rassemblèrent auprès de lui. Noé appela Sem, son premier-né, et lui dit en secret : « Mon fils Sem, prends garde à ce que je te dis aujourd’hui. Quand je serai mort, entre dans l’arche où tu as été sauvé, et fais-en sortir le corps de notre père Adam, et que personne ne sache ce que tu fais. Prends de ce lieu des provisions pour le voyage, du pain et du vin, et prends avec toi Melchisédek, fils de Mâlâkh [Fol. 20_a_, col. 2], car Dieu l’a choisi parmi [ p. 123 ] parmi tous vos descendants, afin qu’il exerce son ministère devant lui, en ce qui concerne le corps de notre père Adam. Prenez le corps, placez-le au centre de la terre, et faites-y asseoir Melchisédek. L’Ange de Dieu marchera devant vous et vous indiquera le chemin par lequel vous devez aller, ainsi que le lieu où le corps d’Adam sera déposé, qui est, en effet, le centre de la terre. Là, les quatre coins de la terre s’embrassent. Car lorsque Dieu créa la terre, sa puissance la précédait, et la terre, de ses quatre coins, courait après elle, comme les vents et les brises rapides, et là (c’est-à-dire au centre de la terre), sa puissance s’arrêta et resta immobile. Là, la rédemption sera faite pour Adam et pour toute sa postérité. Or, cette histoire, ce mystère, nous a été transmise d’Adam à travers toutes les générations [Fol. 20_b_, col. 1]. Adam commanda à Seth, et Seth commanda à Ânôsh (Énos), et Ânôsh commanda à Kaïnan (Caïnan), et Kaïnan commanda à Mahlâlâîl, et Mahlâlâîl commanda à Yârêd, et Yârêd commanda à Énoch, et Énoch commanda à Mathusalem, et Mathusalem commanda à Lamech ; et voici, je te l’ordonne aujourd’hui. Et prends garde que cette histoire ne soit plus jamais mentionnée dans toutes tes générations. Lève-toi, prends le corps d’Adam, et dépose-le secrètement dans le lieu que Dieu te montrera [ p. 124 ] jusqu’au jour de la rédemption. Noé donna tous ces ordres à son fils Sem. Il mourut, âgé de neuf cent cinquante ans, au mois de mai, le deuxième jour, à la deuxième heure du premier jour de la semaine. Sem, son fils, l’embauma et l’enterra dans la ville qu’il avait bâtie. On le deuilla quarante jours.
[NOTES.—Selon le Livre de l’Abeille, Noé mourut le quatrième jour de la semaine (mercredi), le deuxième jour du mois de Nîsân (avril), à la deuxième heure du jour. Le Livre d’Adam dit qu’il fut enterré sur la montagne où reposait l’Arche. La même autorité affirme (iii. chapitre xiv) que l’Arche était fermée du temps de Noé, mais que Noé y entrait chaque soir pour allumer la lampe qu’il avait fabriquée et qui brûlait devant le corps d’Adam. Il est également dit que, lors de son dernier discours, Noé indiqua à chacun de ses fils quelle partie de la terre il devait habiter avec sa postérité. Le territoire de Sem s’étendait de Jérusalem vers l’est jusqu’à l’Inde, et vers le sud jusqu’aux montagnes qui séparaient l’Égypte du pays des Philistins. Il comprenait le mont Sion, le mont Sinaï et le jardin d’Éden. Le territoire de Cham s’étendait de [ p. 125 ] Aris vers le sud, jusqu’à Fardundan et Gadariun, et aussi jusqu’aux confins de l’ouest. La part de Japhet était très vaste et s’étendait de l’angle ouest jusqu’à Damatha au sud, et tout le nord jusqu’à Aris. Canaan, descendant de Cham, avait sept fils. Il s’empara de sept des grandes villes de Sem et les établit à leur tête ; il doubla ainsi la taille de sa part. Plus tard, Dieu rendit ces villes aux enfants de Sem et effaça la postérité de Canaan, Kebra Nagast (chapitre xii).]
[Le départ de Sem avec le corps d’Adam.]
Après la mort de Noé, Sem fit ce que son père lui avait ordonné. Il entra de nuit dans l’arche, en fit sortir le corps d’Adam, et scella l’arche du sceau de son père, sans que personne ne s’aperçoive de ce qu’il avait fait. Il appela Cham et Japhet, et leur dit : « Mes frères, mon père m’a ordonné de monter et de parcourir la terre, jusqu’à la mer (c’est-à-dire la Méditerranée), pour voir à quoi ressemblent les fleuves, puis je reviendrai vers vous. Et voici, ma femme et les enfants de ma maison sont avec vous (c’est-à-dire sous votre garde) ; que vos yeux soient sur eux. » Ses frères lui dirent : « Prends avec toi une troupe d’hommes du camp, car le [ p. 126 ] Le pays est un désert, sans habitants, et il y a des bêtes sauvages. Sem leur dit : L’ange de l’Éternel montera avec moi, et il me sauvera de tout mal. Ses frères lui dirent : Va en paix, et que l’Éternel, le Dieu de nos pères, soit avec toi. Sem dit à Mâlâkh (frère de Shâlâh (Salah), fils de [Caïnan] et [petit]fils d’Arphaxad), père de Melchisédek, et à Yozadhâk, sa mère : Donnez-moi Melchisédek [Fol. 21_a_, col. 1], afin qu’il monte avec moi et me console en chemin. Et Mâlâkh et Yôzadhâk, sa mère, dirent à Sem : « Prends-le et va en paix. » Et Sem donna des ordres à ses frères, et leur dit : « Mes frères, mon père m’a fait jurer que ni moi, ni aucun de vos descendants, n’entrerions dans l’Arche. » Et il scella l’Arche de son sceau, et leur dit : « Que personne n’en approche. »
[Shem porte le corps d’Adam au Golgotha.]
Sem prit le corps d’Adam et de Melchisédek, et sortit de nuit du milieu de son peuple. Et voici, l’Ange du Seigneur, qui marchait devant eux, leur apparut. Leur voyage fut très rapide, car l’Ange du Seigneur les fortifia jusqu’à leur arrivée à cet endroit. Lorsqu’ils arrivèrent à Gâghûltâ (Golgotha), qui est le centre de la terre, l’Ange du Seigneur montra à Sem l’emplacement du corps d’Adam. Lorsque Sem eut déposé le corps de notre père Adam à cet endroit, les quatre extrémités de la terre se séparèrent, et la terre s’ouvrit en forme de croix. Sem et Melchisédek y déposèrent le corps d’Adam (c’est-à-dire dans la cavité). Et dès qu’ils l’eurent déposé, les quatre coins de la terre se rapprochèrent et enfermèrent le corps de notre père Adam, et la porte du monde créé fut fermée. Et ce lieu fut appelé « Karkaphtâ » (c’est-à-dire « Crâne »), car la tête de tous les enfants des hommes y fut déposée. Et il fut appelé « Gâghûltâ », car il était rond (comme la tête), et « Resîphtâ » (c’est-à-dire une chose piétinée), car la tête du serpent maudit, c’est-à-dire Satan, y fut écrasée, et « Gefîftâ » (Gabbatha), car toutes les nations devaient y être rassemblées.
[NOTES.—Le Livre de l’Abeille consacre un chapitre (xxi) à Melchisédek, et dit que ni le père ni la mère de ce Melchisédek ne furent inscrits dans les généalogies ; non pas qu’il n’eut pas de parents naturels, mais qu’ils ne furent pas inscrits. La plupart des [ p. 128 ] docteurs disent qu’il était de la secte de Canaan, que Noé maudit. Dans le Livre de la Chronographie, cependant (l’auteur) affirme et dit qu’il était de la semence de Sem, le fils de Noé. Sem engendra Arphaxar, Arphaxar engendra Kaïnan, et Kaïnan engendra Shâlâh et Mâlâh. Shâlâh fut inscrit dans les généalogies ; Mais Mâlâh ne l’était pas, car ses affaires n’étaient pas suffisamment importantes pour être consignées dans les généalogies. Le Livre d’Adam (III, 16) dit que Caïnan était le père de Melchisédek, et que l’Ange de la Face, ou Michel, lui apparut et lui annonça qu’il allait renvoyer son fils. Ce même ange apparut également à Melchisédek et lui dit d’accompagner Sem et de servir le corps d’Adam au centre de la terre, ainsi que Sem. Après son entretien avec l’ange, Sem fabriqua un magnifique cercueil pour contenir le corps d’Adam, et prépara du pain et du vin pour le voyage. Lorsque Melchisédek et lui se rendirent à l’Arche pour en sortir le corps, ils découvrirent que la porte avait été verrouillée par Noé et qu’ils n’avaient pas de clé pour l’ouvrir. Dès que Melchisédek toucha la serrure, la porte s’ouvrit d’elle-même, et la voix d’Adam se fit entendre, s’adressant à lui comme au « prêtre du Dieu Très-Haut ». Melchisédek entra dans l’Arche, et Michel l’aida à sortir le corps d’Adam. Sem en sortit l’or, l’encens et la myrrhe. Sem déposa le corps dans le cercueil qu’il avait fabriqué, puis ferma la porte de l’Arche. Melchisédek avait quinze ans lorsqu’il partit avec Sem. La voix d’Adam annonça à Sem qu’ils arrivaient au centre de la terre, et dès que le cercueil toucha le rocher, celui-ci se fendit pour le recevoir. Le lendemain matin, Melchisédek construisit un autel de douze pierres et offrit dessus le pain et le vin que Sem avait apportés du Paradis.]
[Les commandements de Sem à Melchisédek.]
Et Sem dit à Melchisédek : « Tu seras sacrificateur du Dieu Très-Haut, car Dieu t’a choisi seul pour faire son service en ce lieu. Tu t’assiéras (c’est-à-dire tu habiteras) ici continuellement, et tu ne quitteras pas ce lieu tous les jours de ta vie. Tu ne prendras pas de femme, tu ne te raseras pas la tête, et tu ne verseras pas de sang [Fol. 21_b_, col. 1] en ce lieu. Tu n’offriras ni bêtes sauvages ni oiseaux à plumes, mais tu offriras continuellement du pain et du vin ; et tu ne bâtiras pas d’édifice en ce lieu. Et voici, l’Ange de l’Éternel descendra vers toi et te visitera continuellement. » Et Sem embrassa Melchisédek, le baisa, le bénit, et il retourna vers ses frères. Et Mâlâkh, le [ p. 130 ], père de Melchisédek, et Joseph, sa mère, dirent à Sem : « Où est le jeune homme ? » Il répondit : « Il est mort en voyage, et je l’ai enterré là » (c’est-à-dire là où il est mort) ; et ils le pleurèrent beaucoup.
[NOTES.—Une note d’un scribe dit que dans le manuscrit d’un certain Makbal, le père de Melchisédek était appelé « Harklêîm » et sa mère « Shêlâthîêl » (Budge, Livre de l’Abeille, page 34). Melchisédek portait une tunique de peau et une ceinture de cuir, et un ange demeurait avec lui, le protégeait et lui donnait de la nourriture (Livre d’Adam, iii. 21). Lorsqu’il fut vieux, les rois de la terre entendirent parler de lui, et onze d’entre eux se rassemblèrent et vinrent le voir ; et ils le supplièrent de les accompagner, mais il ne se laissa pas persuader. Et comme il ne se conforma pas à leurs souhaits, ils lui bâtirent une ville à cet endroit, et il la nomma Jérusalem ; et les rois se dirent l’un à l’autre : « Celui-ci est le roi de toute la terre et le père des nations. »]
[Les Générations de Sem.]
Et lorsque Sem eut vécu six cents ans, il mourut. Arphakhshar, son fils, et Shâlâh (Salah) et Abhâr (Eber), ses fils, l’enterrèrent.
Et Arphakhshar avait trente-cinq ans lorsqu’il engendra Shâlâh, et tous les jours de sa vie furent de quatre cent trente-huit ans [Fol. 21_b_, col. 2], et il mourut, et Shâlâh, son fils, et `Abhâr et Pâlâg (Peleg) l’enterrèrent à Arpakhsharath, la ville qu’il avait bâtie d’après son propre nom.
[NOTE. — Après Sem, le Livre d’Adam (iii. 22) insère le nom de Caïnan, père de Melchisédek (sic), qui vécut 589 ans. Les années de Sem sont données à 550.]
Salah avait trente ans lorsqu’il engendra Eber, et tous les jours de sa vie furent de quatre cent trente-trois ans [variante éthiopienne, 408 ans], et il mourut, et Eber, son fils, et Péleg, et Ar`ô (Reu) purifièrent la colline de Shelîhôn, la ville qu’il bâtit d’après son propre nom.
Eber avait trente-quatre ans lorsqu’il engendra Péleg ; et tous les jours de sa vie furent de quatre cent soixante-quatre ans ; et il mourut, et Péleg son fils, Reu et Sorôgh (Serug) l’enterrèrent à Ebhrîn, la ville qu’il avait bâtie d’après son propre nom.
Péleg avait trente ans lorsqu’il engendra Réou ; et tous les jours de sa vie furent de deux cent trente-neuf ans, et il mourut [et on l’enterra dans la ville de Péleg, qu’il avait bâtie d’après son propre nom].
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[La Migration vers le pays de Sêntar.]
Aux jours de Péleg, toutes les tribus et familles des fils de Noé se rassemblèrent et montèrent de l’Orient. Ils trouvèrent une plaine dans le pays de Sên’ar (Shinar ?), et ils s’y établirent tous. Depuis Adam jusqu’à ce jour, ils parlaient tous une même langue. Ils parlaient tous cette langue, le syriaque, qui est l’araméen, et cette langue est la reine de toutes les langues. Or, les auteurs anciens se sont trompés en affirmant que l’hébreu était la première langue, et en cela ils ont mêlé à leur écriture une erreur d’ignorance. Car toutes les langues du monde dérivent du syriaque, et toutes les langues des livres y sont mêlées. Dans l’écriture syrienne, la main gauche s’étend vers la droite, et tous les fils de la gauche (c’est-à-dire les païens) s’approchent de la droite de Dieu ; or, chez les Grecs, les Romains et les Hébreux, la main droite s’étend vers la gauche. L’hébreu et le syriaque s’écrivent de droite à gauche, tandis que le grec et le latin s’écrivent de gauche à droite.
[Fol. 22_a_, col. 2.] Et aux jours de Péleg, la tour qui est à Babel fut bâtie, et là les langues des hommes furent confondues. [Une note marginale dit : « la division des langues [ p. 133 ] eut lieu à minuit. »] Et de ce lieu, ils furent dispersés sur la surface de toute la terre ; et ce lieu fut appelé « Babel », parce que les langues y furent confondues.
[REMARQUE.—Le nom Babel ou Babylone n’a rien à voir avec les mots hébreux « mélanger, confondre ». « Babel » est une transcription des mots assyriens « Bâb-ilu », qui signifient « Porte de Dieu », et qui sont la traduction sémitique des mots sumériens KA-DINGIRRA-KI.]
Après la division des langues, Péleg mourut dans une grande tristesse, les larmes aux yeux et le chagrin au cœur, car de son temps la terre fut divisée. Son fils Réou, Serug et Nâhôr l’enterra à Péleghin, la ville qu’il avait bâtie d’après son nom. Il y avait soixante-douze langues sur la terre, et soixante-douze chefs de tribus (ou familles), et chaque tribu et chaque langue se donnèrent un chef comme un roi.
[La postérité de Japhet.]
Et la postérité de Japhet devint trente-sept nations et royaumes, savoir : Gâmâr (Gomer), Yâwân, Mâdhâi, Tûbîl, Mâshêkh [Fol. 22_b_, col. 1], Tîrês, et tous les royaumes des Alânâyê ; tous ceux-là sont les enfants de Japhet.
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[NOTES.—Une autre liste donne : Gomer (Goths), Magog (Galates), Madaï (Mèdes), Javan (Grecs), Tûbîl (Bithyniens), Méschec (Mysiens), Tîras (Thraces) et les Anshklâyê. De Gomer sont issus les Ashkénazes (Arméniens), les Danphars (Cappadociens), les Togarmahs (Asiatiques) et les Isauriens. De Javan sont issus Halles (Hellas), Tarsis, la Cilicie, Chypre, Kittim, les Doranim (voir Gen. x. 4), et les Macédoniens. Livre de l’Abeille (chapitre xxii).]
Français Et les fils de Hâm : Kûsh (Nubie), et Mesrîm (Égypte), et Pot, et Canaan, et tous leurs enfants. Et les fils de Sem : `Îlâm (Élamites), et Âshôr (Assyriens), et Arpakhshar (Perses ?), et Lôdh (Lud), et Ârâm (Araméens, Damascéniens et Harranites), et tous leurs enfants. Or les fils de Japhet s’attachèrent aux frontières de l’orient, depuis la montagne de Nôdh, qui est à l’extrémité de l’orient, jusqu’au Tigre et aux extrémités du nord, et depuis la Bactriane ? jusqu’à Gadhrîôn (Gadaréa ?). Et les fils de Sem s’étendirent depuis la Perse [à] l’orient jusqu’à la mer de Tadhrasnkôs à l’occident ; À eux appartient le milieu de la terre, et ils y exercent la domination et la domination. Les fils de Sem occupent tout le sud et une petite partie du côté occidental.
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Reu vécut trente-deux ans et engendra Serug. Du temps de Reu, dans sa cent trentième année, régna Nimrod, l’homme puissant, le premier roi de la terre, et il régna soixante-neuf ans ; et le commencement de son règne fut Babel. Ce Nimrod vit la forme d’une couronne dans le ciel, et il appela Sîsân, le tisserand, qui portait une couronne semblable, et il la mit sur sa tête. Et c’est à cause de cela que les gens disaient que la couronne lui était descendue du ciel.
[NOTE.—Nimrod devint si méchant qu’il se prit pour Dieu. Livre d’Adam (iii. 23).]
À L’ÉPOQUE DE REU, LE TROISIÈME MILLE ANS PRENAIT FIN.