Première règle. La première règle : Chez les personnes qui passent de péché mortel à péché mortel, l’ennemi est souvent utilisé pour leur proposer des plaisirs apparents, leur faisant imaginer des délices et des plaisirs sensuels afin de les retenir davantage et de les faire grandir dans leurs vices et leurs péchés. Chez ces personnes, le bon esprit utilise la méthode inverse, les piquant et mordant leur conscience par le processus de la raison.
Deuxième Règle. La seconde : Chez les personnes qui s’efforcent de purifier intensément leurs péchés et de s’élever du bien vers le mieux au service de Dieu notre Seigneur, la méthode est contraire à celle de la première Règle, car alors le mauvais esprit a pour habitude de mordre, d’attrister et de mettre des obstacles, en inquiétant par de fausses raisons, afin de les empêcher de continuer ; et il est propre aux bons de donner courage et force, consolations, larmes, inspirations et tranquillité, en allégeant et en écartant tous les obstacles, afin qu’ils puissent continuer à bien faire.
Troisième Règle. La troisième : DE LA CONSOLATION SPIRITUELLE. J’appelle consolation le fait qu’un mouvement intérieur se produise dans l’âme, par lequel elle s’enflamme d’amour pour son Créateur et Seigneur ; et qu’en conséquence elle ne puisse aimer en elle-même aucune créature sur la surface de la terre, mais seulement en leur Créateur.
De même, lorsqu’elle verse des larmes qui la portent à l’amour de son Seigneur, soit par douleur pour ses péchés, soit pour la Passion du Christ notre Seigneur, soit pour d’autres choses directement liées à son service et à sa louange.
Enfin, j’appelle consolation toute augmentation d’espérance, de foi et de charité, et toute joie intérieure qui appelle et attire vers les choses célestes et vers le salut de l’âme, la calmant et lui donnant la paix dans son Créateur et Seigneur.
Quatrième règle. La quatrième : DE LA DÉSOLATION SPIRITUELLE. J’appelle désolation tout ce qui est contraire à la troisième [1] règle, comme l’obscurité [2] de l’âme, son trouble, son attrait pour les choses basses et terrestres, l’agitation de diverses agitations et tentations, conduisant au manque de confiance, au manque d’espoir, au manque d’amour, lorsqu’on se trouve tout paresseux, tiède, triste, et comme séparé de son Créateur et Seigneur. Car, de même que la consolation est contraire à la désolation, de même les pensées qui naissent de la consolation sont contraires à celles qui naissent de la désolation.
Cinquième règle. La cinquième : En période de désolation, ne jamais changer d’avis ; mais rester ferme et constant dans les résolutions et la détermination qui étaient les siennes la veille de cette désolation, ou dans la détermination qui était la sienne lors de la consolation précédente. Car, de même que dans la consolation, c’est plutôt le bon esprit qui nous guide et nous conseille, de même dans la désolation, ce sont les mauvais qui nous empêchent de prendre les bonnes décisions.
Sixième règle. La sixième : Bien que dans la désolation nous ne devions pas changer nos premières résolutions, il est très utile de nous changer intensément contre cette même désolation, par exemple en insistant davantage sur la prière, la méditation, sur beaucoup d’examen, et en nous donnant plus de latitude pour faire pénitence de quelque manière appropriée.
Septième règle. La septième : Que celui qui est dans la désolation considère comment le Seigneur l’a laissé dans l’épreuve dans ses forces naturelles, afin de résister aux différentes agitations et tentations de l’ennemi ; puisqu’il le peut avec l’aide divine, qui lui reste toujours, bien qu’il ne s’en aperçoive pas clairement : car le Seigneur lui a retiré sa grande ferveur, son grand amour et sa grâce intense, lui laissant, cependant, la grâce suffisante pour le salut éternel.
Huitième règle. La huitième : Que celui qui est dans la désolation s’efforce d’être patient, ce qui est contraire aux vexations qui lui arrivent ; et qu’il pense qu’il sera bientôt consolé, en employant contre la désolation les ruses, comme il est dit dans la sixième règle. [3]
Neuvième règle. La neuvième : Il y a trois raisons principales pour lesquelles nous nous trouvons désolés.
La première raison est que nous sommes tièdes, paresseux ou négligents dans nos exercices spirituels ; et ainsi, à cause de nos fautes, la consolation spirituelle nous échappe.
La seconde, pour nous éprouver et voir combien nous sommes et combien nous nous laissons aller dans son service et sa louange sans une si grande récompense de consolation et de grandes grâces.
La troisième, de nous donner une véritable connaissance et une véritable connaissance, afin que nous puissions sentir intérieurement qu’il ne nous appartient pas d’obtenir ou de conserver une grande dévotion, un amour intense, des larmes ou toute autre consolation spirituelle, mais que tout est le don et la grâce de Dieu notre Seigneur, et que nous ne pouvons pas construire un nid dans une chose qui n’est pas à nous, élevant notre intellect dans quelque orgueil ou vaine gloire, nous attribuant la dévotion ou les autres choses de la consolation spirituelle.
Dixième règle. La dixième : Que celui qui est dans la consolation pense à ce qu’il sera dans la désolation qui viendra ensuite, reprenant de nouvelles forces pour alors.
Onzième règle. La onzième : Que celui qui est consolé veille à s’humilier et à s’abaisser autant qu’il le peut, pensant au peu qu’il est capable de faire au temps de la désolation sans une telle grâce ou une telle consolation.
Au contraire, que celui qui est dans la désolation pense qu’il peut faire beaucoup avec la grâce suffisante pour résister à tous ses ennemis, en puisant sa force dans son Créateur et Seigneur.
Douzième règle. Douzième : L’ennemi agit comme une femme, faible malgré sa vigueur et forte de volonté. Car, de même que la femme, lorsqu’elle se dispute avec un homme, perd courage et prend la fuite lorsque l’homme lui montre beaucoup de courage, et qu’à l’inverse, si l’homme, découragé, prend la fuite, la colère, la vengeance et la férocité de la femme sont immenses et sans limites, de même, l’ennemi faiblit et perd courage, ses tentations prenant la fuite, lorsque celui qui s’exerce aux choses spirituelles oppose une résistance courageuse aux tentations de l’ennemi, faisant diamétralement l’inverse. Et à l’inverse, si celui qui s’exerce commence à avoir peur et à perdre courage en subissant les tentations, il n’y a pas de bête aussi féroce sur terre que l’ennemi de la nature humaine, poursuivant ses intentions damnables avec une telle malice.
Treizième Règle. Treizième : De même, il agit comme un amant licencieux en voulant rester secret et ne pas se dévoiler. Car, comme l’homme licencieux qui, parlant dans un but malveillant, sollicite la fille d’un bon père ou la femme d’un bon mari, désire que ses paroles et ses persuasions restent secrètes, et le contraire lui déplaît vivement lorsque la fille révèle à son père ou la femme à son mari ses paroles licencieuses et ses intentions dépravées, car il comprend facilement qu’il ne pourra pas réussir dans l’entreprise commencée ; de même, lorsque l’ennemi de la nature humaine présente ses ruses et ses persuasions à l’âme juste, il désire et désire qu’elles soient reçues et gardées secrètes ; mais lorsqu’on les révèle à son bon confesseur ou à une autre personne spirituelle qui connaît ses tromperies et ses mauvaises intentions, cela lui est très pénible, car il comprend, en découvrant ses tromperies manifestes, qu’il ne pourra pas réussir dans sa méchanceté commencée.
Quatorzième règle. La quatorzième : De même, il se comporte comme un chef déterminé à conquérir et à piller ce qu’il désire : car, comme un capitaine et un chef d’armée, dressant son camp et considérant les forces ou les défenses d’une place forte, l’attaque par le côté le plus faible, de même l’ennemi de la nature humaine, errant çà et là, regarde tour à tour toutes nos vertus, théologiques, cardinales et morales ; et là où il nous trouve le plus faible et le plus nécessiteux de notre salut éternel, là il nous attaque et vise à nous prendre.
Première règle. La première : Il appartient à Dieu et à ses anges, par leurs mouvements, de procurer une véritable joie et une véritable allégresse spirituelle, en éliminant toute tristesse et tout trouble provoqués par l’ennemi. Il convient de combattre cette dernière en y apportant des raisons apparentes, des subtilités et des erreurs continuelles.
Deuxième règle. La seconde : Il appartient à Dieu notre Seigneur de donner la consolation à l’âme sans cause préalable, car il appartient au Créateur d’entrer, de sortir et de provoquer des mouvements dans l’âme, la faisant ainsi aimer entièrement sa divine Majesté. Je dis sans cause : sans aucune perception ni connaissance préalables d’un objet par lequel cette consolation pourrait venir, par nos actes d’entendement et de volonté.
Troisième Règle. La troisième : Avec raison, aussi bien le bon Ange que le mauvais peuvent consoler l’âme, pour des fins contraires : le bon Ange pour le profit de l’âme, afin qu’elle grandisse et s’élève du bien vers le meilleur, et le mauvais Ange, pour le contraire, et plus tard pour l’attirer à son intention damnable et à sa méchanceté.
Quatrième Règle. La quatrième : Il est du propre de l’Ange maléfique, qui se présente sous l’apparence d’un ange de lumière, d’entrer avec l’âme pieuse et d’en sortir avec lui-même : c’est-à-dire d’apporter de bonnes et saintes pensées, conformes à cette âme juste, puis peu à peu il s’efforce de sortir en attirant l’âme à ses tromperies secrètes et à ses intentions perverses.
Cinquième règle. Cinquièmement : Nous devons bien observer le cours des pensées, et si le début, le milieu et la fin sont tout bon, enclins au bien, c’est un signe du bon Ange ; mais si, dans le cours des pensées qu’il apporte, elles aboutissent à quelque chose de mauvais, de distrayant, ou de moins bon que ce que l’âme s’était proposé de faire auparavant, ou si elles l’affaiblissent, l’inquiètent ou la troublent, lui enlevant la paix, la tranquillité et la tranquillité qu’elle avait auparavant, c’est un signe clair qu’elles proviennent de l’esprit malin, ennemi de notre profit et de notre salut éternel.
Sixième règle. La sixième : Quand l’ennemi de la nature humaine a été perçu et connu par sa queue de serpent et la mauvaise fin à laquelle il conduit, il est utile à celui qui a été tenté par lui de considérer immédiatement le cours des bonnes pensées qu’il lui a apportées au début, et comment peu à peu il a cherché à le faire descendre de la douceur et de la joie spirituelles dans lesquelles il se trouvait, jusqu’à l’amener à son intention dépravée ; afin qu’avec cette expérience, connue et constatée, la personne puisse être en mesure de se prémunir pour l’avenir contre ses tromperies habituelles.
Septième Règle. La septième : Chez ceux qui progressent du bien vers le mieux, le bon Ange touche cette âme avec douceur, légèreté et délicatesse, comme une goutte d’eau qui pénètre dans une éponge ; et le mauvais la touche vivement, avec bruit et inquiétude, comme lorsque la goutte d’eau tombe sur la pierre.
Et les esprits susdits touchent de manière opposée ceux qui vont de mal en pis.
La raison en est que la disposition de l’âme est contraire ou semblable à celle des anges. Car, lorsqu’elle est contraire, ils entrent perceptiblement avec fracas et bruit ; et lorsqu’elle est semblable, ils entrent silencieusement, comme dans leur propre demeure, par la porte ouverte.
Huitième règle. Huitièmement : Quand la consolation est sans cause, bien qu’elle ne contienne aucune tromperie, car elle vient de Dieu notre Seigneur seul, comme nous l’avons dit, l’homme spirituel à qui Dieu donne une telle consolation doit, avec beaucoup de vigilance et d’attention, distinguer le temps même de cette consolation réelle du temps suivant, où l’âme reste chaude et favorisée par la faveur et les restes de la consolation passée. Car souvent, dans ce second temps, par ses propres habitudes et les conséquences des concepts et des jugements, ou par un bon ou un mauvais esprit, il forme diverses résolutions et opinions qui ne sont pas données immédiatement par Dieu notre Seigneur, et il faut donc les examiner attentivement avant de leur accorder tout crédit ou de les mettre à exécution.
Première règle. La première : Si je fais la distribution à des parents ou à des amis, ou à des personnes pour lesquelles j’ai de l’affection, j’aurai quatre choses à veiller, dont il a été fait mention, en partie, dans l’affaire de l’élection.
La première est que cet amour qui me pousse et me fait faire l’aumône, descende d’en haut, de l’amour de Dieu notre Seigneur, afin que je sente d’abord en moi que l’amour, plus ou moins, que j’ai pour de telles personnes, est pour Dieu ; et que dans la raison pour laquelle je les aime davantage, Dieu apparaît.
Deuxième règle. La seconde : Je veux me présenter un homme que je n’ai jamais vu ni connu, et désirant toute sa perfection dans le ministère et la condition qu’il a, comme je voudrais qu’il garde le juste milieu dans sa manière de distribuer, pour la plus grande gloire de Dieu notre Seigneur et la plus grande perfection de son âme ; faisant cela, ni plus ni moins, je garderai la règle et la mesure que je voudrais et jugerais justes pour l’autre.
Troisième Règle. La troisième : Je veux considérer, comme si j’étais à l’article de la mort, la forme et la mesure que je voudrais alors voir conservées dans l’office de mon administration, et me régler sur cela, pour les conserver dans les actes de ma distribution.
Quatrième règle. La quatrième : En considérant comment je me trouverai au Jour du Jugement, je dois bien réfléchir à la manière dont j’aurais alors voulu exercer cette charge et cette charge d’administration ; et la règle que j’aurais alors voulu observer, je dois la garder maintenant.
Cinquième règle. La cinquième : Quand quelqu’un se sent attiré par certaines personnes à qui il veut distribuer l’aumône, qu’il se retienne et médite attentivement sur les quatre règles mentionnées ci-dessus, examinant et testant son affection par elles ; et qu’il ne fasse pas l’aumône avant d’avoir, conformément à celles-ci, complètement rejeté et chassé son inclination désordonnée.
Sixième règle. La sixième : Bien qu’il ne soit pas fautif de prendre les biens de Dieu notre Seigneur pour les distribuer, lorsqu’une personne est appelée par Dieu notre Seigneur à un tel ministère, il peut néanmoins y avoir un doute quant à la quantité de ce qu’elle doit prendre et appliquer à elle-même sur ce qu’elle doit donner aux autres. Par conséquent, elle peut réformer sa vie et sa condition par les règles mentionnées ci-dessus.
Septième Règle. La septième : Pour les raisons déjà mentionnées et pour bien d’autres, il est toujours préférable et plus sûr, en ce qui concerne la personne et la condition de vie, d’épargner, de diminuer et de se rapprocher davantage de notre Grand Prêtre, notre modèle et notre règle, qui est le Christ notre Seigneur. Conformément à ce que le troisième Concile de Carthage, auquel participait saint Augustin, détermine et ordonne : que le mobilier de l’évêque soit bon marché et pauvre. Il faut en tenir compte dans toutes les manières de vivre, en considérant et en décidant selon la condition et l’état des personnes ; comme dans la vie conjugale, nous avons l’exemple de saint Joachim et de sainte Anne, qui, partageant leurs biens en trois parts, donnèrent la première aux pauvres, la seconde au ministère et au service du Temple, et prélevèrent la troisième pour leur subsistance et celle de leur maison.
Première remarque. La première : On appelle communément scrupule ce qui procède de notre propre jugement et de notre liberté : c’est-à-dire lorsque je décide librement que ce qui n’est pas péché est péché, comme lorsqu’il arrive qu’après avoir marché par hasard sur une croix de paille, quelqu’un décide par son propre jugement qu’il a péché.
Il s’agit bien d’un jugement erroné et non d’un véritable scrupule.
Deuxième remarque. La seconde : Après avoir marché sur cette croix, ou après avoir pensé, dit ou fait quelque autre chose, il me vient une pensée extérieure que j’ai péché, et d’un autre côté il m’apparaît que je n’ai pas péché ; cependant je ressens un trouble à cet égard ; c’est-à-dire dans la mesure où je doute et dans la mesure où je ne doute pas.
C’est un véritable scrupule et une véritable tentation que nous impose l’ennemi.
Troisième note. Troisièmement : Le premier scrupule — de la première note — est très abhorré, car tout cela est une erreur ; mais le second — de la deuxième note — car un certain espace de temps est d’un grand profit à l’âme qui s’adonne aux exercices spirituels ; [4] au contraire, il purifie et purifie grandement une telle âme, la séparant beaucoup de toute apparence de péché, selon ce mot de Grégoire : « Il convient aux bons esprits de voir une faute là où il n’y en a pas. »
Quatrième remarque. Quatrièmement : L’ennemi observe attentivement si une âme est grossière ou délicate, et si elle est délicate, il s’efforce de la rendre encore plus délicate, de la troubler et de l’embarrasser davantage. Par exemple, s’il voit qu’une âme ne consent ni au péché mortel, ni au péché véniel, ni à aucune apparence de péché délibéré, alors l’ennemi, lorsqu’il ne peut la faire tomber dans une chose qui paraît péché, cherche à lui faire croire au péché là où il n’y a pas péché, comme dans une parole ou une très petite pensée.
Si l’âme est grossière, l’ennemi essaie de la rendre plus grossière encore ; par exemple, si auparavant elle ne tenait pas compte des péchés véniels, il essaiera de lui faire tenir peu compte des péchés mortels, et si auparavant elle en tenait compte, il essaiera de lui faire en tenir beaucoup moins compte ou pas du tout.
Cinquième remarque. Cinquièmement : L’âme qui désire s’enrichir dans la vie spirituelle doit toujours procéder à l’inverse de l’ennemi ; autrement dit, si l’ennemi veut rendre l’âme grossière, qu’il s’efforce de la rendre délicate. De même, si l’ennemi tente de la rendre extrêmement fine, qu’elle s’efforce de s’établir dans ce juste milieu, afin de se calmer en toutes choses.
Sixième remarque. La sixième : Lorsqu’une telle âme bonne veut parler ou faire quelque chose dans l’Église, selon la compréhension de nos Supérieurs, et qui devrait être pour la gloire de Dieu notre Seigneur, et qu’une pensée ou une tentation extérieure lui vient de ne rien dire ni faire — lui apportant des raisons apparentes de vaine gloire ou d’autre chose, etc. — alors elle doit élever son intelligence vers son Créateur et Seigneur, et si elle voit que c’est son service dû, ou du moins que cela ne lui soit pas contraire, elle doit agir diamétralement contre une telle tentation, selon saint Bernard, qui répond à la même chose : « Je n’ai commencé ni pour toi, ni pour toi je ne m’arrêterai. »
Que les règles suivantes soient observées.
Première Règle. La première : Tout jugement mis de côté, nous devons avoir l’esprit prêt et prompt à obéir, en tout, à la véritable Épouse du Christ Notre Seigneur, qui est notre sainte Mère l’Église hiérarchique.
Deuxième Règle. La deuxième : Louer la confession à un prêtre et la réception du très saint Sacrement de l’autel une fois par an, et beaucoup plus chaque mois, et bien mieux de semaine en semaine, avec les conditions requises et dues.
Troisième Règle. La troisième : Louer l’ouïe fréquente de la Messe, de même [5] des hymnes, des psaumes et des longues prières, dans l’église et hors de celle-ci ; de même les heures fixées à l’heure fixée pour chaque Office Divin et pour toute prière et toutes les Heures Canoniques.
Quatrième règle. La quatrième : Louer beaucoup les ordres religieux, la virginité et la continence, et moins le mariage que n’importe lequel de ces ordres.
Cinquième règle. Cinquièmement : Louer les vœux de religion, d’obéissance, de pauvreté, de chasteté et autres perfections surérogatoires. Il est à noter que, comme le vœu porte sur des choses qui se rapprochent de la perfection évangélique, il ne faut pas le faire sur des choses qui s’en éloignent, comme être commerçant, se marier, etc.
Sixième Règle. Louer les reliques des saints, les vénérer et les prier ; louer les stations, les pèlerinages, les indulgences, les pardons, les croix et les cierges allumés dans les églises.
Septième règle. Louer les Constitutions sur les jeûnes et l’abstinence, comme celles du Carême, des Quatre-Temps, des Vigiles, du Vendredi et du Samedi ; de même que les pénitences, non seulement intérieures, mais aussi extérieures.
Huitième règle. Louer les ornements et les édifices des églises, ainsi que les images, et les vénérer selon ce qu’ils représentent.
Neuvième règle. Enfin, louer tous les préceptes de l’Église, en veillant à trouver des arguments pour les défendre et non contre eux.
Dixième règle. Nous devons être plus prompts à trouver du bien et des éloges, tant dans les Constitutions et les recommandations que dans les manières de nos Supérieurs. Car, bien que certains ne le soient pas ou ne l’aient pas été, les critiquer, que ce soit en prêchant en public ou en discutant devant le peuple, susciterait plutôt des critiques et des scandales que du profit ; et ainsi le peuple s’indignerait contre ses Supérieurs, qu’ils soient temporels ou spirituels. Ainsi, de même qu’il est nuisible de critiquer le peuple des Supérieurs en leur absence, il peut être profitable de dénoncer les mauvaises manières à ceux qui peuvent y remédier.
Onzième Règle. Louer la science positive et scolastique. Car, de même qu’il est plus propre aux Docteurs positifs, tels que saint Jérôme, saint Augustin et saint Grégoire, etc., d’émouvoir le cœur à aimer et à servir Dieu notre Seigneur en toutes choses ; de même il est plus propre aux Scolastiques, tels que saint Thomas, saint Bonaventure et le Maître des Sentences, etc., de définir ou d’expliquer pour notre temps [6] les choses nécessaires au salut éternel ; et de mieux combattre et expliquer toutes les erreurs et tous les sophismes. Car les Docteurs scolastiques, plus modernes, non seulement s’appuient sur la véritable intelligence de la Sainte Écriture et des Docteurs positifs et saints, mais aussi, étant éclairés et éclairés par la vertu divine, s’appuient sur les Conciles, Canons et Constitutions de notre sainte Mère l’Église.
Douzième règle. Nous devons être sur nos gardes lorsque nous comparons ceux d’entre nous qui sont vivants aux bienheureux défunts, car nous commettons une erreur considérable en affirmant que celui-ci en sait plus que saint Augustin ; qu’il est différent, ou plus grand que saint François ; qu’il est un autre saint Paul en bonté, en sainteté, etc.
Treizième règle. Pour être juste en toute chose, nous devons toujours considérer que le blanc que je vois est noir, si l’Église hiérarchique le décide ainsi, croyant qu’entre le Christ notre Seigneur, l’Époux, et l’Église, son Épouse, il y a le même Esprit qui nous gouverne et nous dirige pour le salut de nos âmes. Car c’est par le même Esprit et par le même Seigneur qui a donné les dix commandements que notre sainte Mère l’Église est dirigée et gouvernée.
Quatorzième règle. Bien qu’il y ait beaucoup de vérité dans l’affirmation selon laquelle nul ne peut se sauver sans être prédestiné et sans avoir la foi et la grâce, nous devons être très prudents dans notre façon de parler et de communiquer avec les autres sur tous ces sujets.
Quinzième règle. Nous ne devons pas, par habitude, parler beaucoup de la prédestination ; mais si, d’une manière ou d’une autre, on en parle, qu’on le fasse de manière à ce que le commun des mortels ne tombe pas dans l’erreur, comme cela arrive parfois, en disant : « Que je sois sauvé ou condamné, c’est déjà décidé, et rien d’autre ne peut l’être maintenant, que je fasse le bien ou le mal » ; et, de ce fait, devenant paresseux, ils deviennent négligents dans les œuvres qui conduisent au salut et au profit spirituel de leurs âmes.
Seizième règle. De même, il faut veiller à ce qu’en parlant beaucoup et avec beaucoup d’insistance sur la foi, sans distinction ni explication, on ne donne pas aux gens l’occasion d’être paresseux et indolents dans les œuvres, que ce soit avant ou après que la foi se soit formée dans la charité.
Dix-septième règle. De même, nous ne devrions pas insister sur la grâce au point de ne pas engendrer le poison du rejet de la liberté.
Afin que l’on puisse parler de foi et de grâce autant qu’il est possible avec l’aide divine pour la plus grande louange de sa divine Majesté, mais pas de telle manière, ni de telles manières, surtout dans nos temps si dangereux, que les œuvres et le libre arbitre reçoivent aucun dommage, ou soient tenus pour rien.
Dix-huitième règle. Bien que servir Dieu notre Seigneur par pur amour soit plus important que tout, nous devons louer la crainte de sa divine Majesté, car non seulement la crainte filiale est une chose pieuse et très sainte, mais même la crainte servile – lorsque l’homme n’atteint rien de meilleur ou de plus utile – l’aide grandement à sortir du péché mortel. Et une fois sorti, il en vient facilement à la crainte filiale, qui est tout à fait acceptable et reconnaissante à Dieu notre Seigneur, car elle est en harmonie avec l’Amour divin.
36 Le troisième est dans la main du Saint, remplaçant le premier. ↩︎
37 L’obscurité est peut-être dans l’écriture du Saint, remplaçant la cécité. ↩︎
38 La sixième Règle est écrite de la main de saint Ignace, remplaçant la quatrième Règle. ↩︎
39 Exercices sont ajoutés par saint Ignace. ↩︎
40 De même est ajouté de la main de saint Ignace. ↩︎
41 Ou expliquer pour notre temps est ajouté de la main du Saint ↩︎