[ p. 127 ]
Wadding semble avoir eu connaissance de cette lettre indirectement. Il nous en donne au moins une plus courte, adressée aux custodes. Le début de l’épître numérotée XIV est similaire à celui traduit ici et semble en être un résumé incomplet. Il est cependant difficile de trancher définitivement, car la forme originale de la lettre, traduite de l’espagnol par Wadding, fait défaut. La solution consisterait à déterminer de quelle source provient cette lettre espagnole.
La lettre fut publiée pour la première fois sous sa forme actuelle par M. Sabatier en 1900, à partir d’un manuscrit du XIVe siècle conservé à la bibliothèque Guarnacci de Volterra. [^512] Le texte de Quaracchi s’appuie également sur ce codex, dont on ne connaît aucune autre version. Des arguments internes pourraient cependant être avancés pour établir l’authenticité de la lettre, à savoir :
A tous les custode des Frères Mineurs à qui parviendra cette lettre, Frère François, votre serviteur et petit dans le Seigneur Dieu, vous envoie ses salutations avec de nouveaux signes du ciel et de la terre [1] qui, de la part du Seigneur, sont grands et très excellents et qui sont considérés comme les moindres de tous par beaucoup de religieux et par d’autres hommes.
Je vous prie, plus que s’il s’agissait de moi-même, que, lorsque cela sera convenable et opportun, vous suppliiez humblement les clercs de vénérer avant tout le très saint Corps et le Sang de notre Seigneur Jésus-Christ, ainsi que son saint Nom et les paroles écrites qui sanctifient le corps. [2] Ils doivent tenir pour précieux les calices, les corporals, les ornements de l’autel et tout ce qui se rapporte au Sacrifice. Et si le très saint Corps du Seigneur est mal conservé en quelque lieu que ce soit, qu’ils le déposent, conformément au commandement de l’Église, dans un lieu précieux, et qu’ils le portent avec une grande vénération et l’administrent aux autres avec discrétion. Les noms et les paroles écrites du Seigneur, partout où ils se trouvent dans des lieux impurs, doivent également être recueillis et déposés dans un lieu approprié.
Et dans toutes les prédications que vous faites, avertissez le peuple concernant la pénitence et que personne ne peut être sauvé, sauf celui qui reçoit le Corps et le Sang très sacrés du Seigneur. [3] Et tandis qu’il est sacrifié par le prêtre sur l’autel et qu’il est porté en un lieu quelconque, que tout le peuple, à genoux, rende louange, honneur et gloire au Seigneur Dieu Vivant et Vrai.
Et vous annoncerez et prêcherez ses louanges à tous les peuples de telle sorte qu’à chaque heure et lorsque les cloches sonnent, des louanges et des actions de grâces soient toujours rendues au Dieu Tout-Puissant par tous les peuples de la terre entière.
[ p. 129 ]
Et à tous mes frères gardiens qui recevront ce document, qu’ils le copient, le conservent et le fassent copier pour les frères qui ont la charge de la prédication et qui ont la charge des frères. Qu’ils prêchent jusqu’à la fin tout ce qui est contenu dans ce document. Qu’ils sachent qu’ils ont la bénédiction du Seigneur Dieu et la mienne. Et que cela leur soit accordé par une obéissance vraie et sainte.
[^512] : 127:1 Cod. 225, mentionné ci-dessus (p. 110). Voir Bartholi de Sabatier, p. 135.