[ p. 125 ]
Cette lettre ne nous est connue que par le témoignage du Vénérable François de Gonzague, OFM, [^504] qui, parlant de la Province d’Aragon dans son ouvrage sur l’origine de l’Ordre Séraphique, [^505] mentionne que le bienheureux Jean Parenti, premier Ministre Général après saint François (1227-1232), en apporta une copie en Espagne. Sur la bonne foi de Gonzague, Wadding incluit cette lettre dans son édition des Opuscula, où elle figure sous le titre d’Épître XV. Le style de la lettre et les idées qu’elle contient correspondant si admirablement aux écrits de saint François, les éditeurs Quaracchi et le professeur Goetz, [^506] n’ont pas hésité à la considérer comme authentique. Aucune copie de la lettre autre que celle transcrite par Wadding n’a été retrouvée jusqu’à présent, et c’est d’après son texte de 1623 qu’elle est traduite ici :
A tous les podestats, consuls, juges et gouverneurs, en quelque partie du monde que ce soit, et à tous ceux à qui cette lettre parviendra, frère François, votre petit et méprisable serviteur, vous souhaite santé et paix.
Considérez et voyez que le jour de la mort approche. [1] Je vous demande donc, avec toute la révérence possible, de ne pas oublier le Seigneur à cause des soucis et des sollicitudes de ce monde et de ne pas vous détourner de ses commandements, car tous ceux qui l’oublient et s’en détournent sont maudits [2] et ils seront oubliés par lui. [3] Et lorsque le jour de la mort viendra, tout ce qu’ils pensent avoir leur sera enlevé. [4] Et plus ils auront été sages et puissants dans ce monde, plus grands seront les tourments qu’ils endureront en enfer. [5]
C’est pourquoi, messeigneurs, je vous conseille vivement de mettre de côté tout souci et toute sollicitude, et de recevoir avec empressement le Corps et le Sang très saints de notre Seigneur Jésus-Christ, en sa sainte commémoration. Et veillez à ce que le peuple qui vous est confié rende un si grand honneur au Seigneur, que chaque soir, un crieur ou un autre signe annoncera les louanges et les actions de grâces au Seigneur Dieu Tout-Puissant de la part de tout le peuple. Et si vous ne le faites pas, sachez que vous en aurez à rendre compte à votre Seigneur Dieu Jésus-Christ au jour du Jugement. Que ceux qui conservent cette écriture et l’observent sachent qu’ils sont bénis du Seigneur Dieu.
[^504] : 125 : 1 Ministre général de l’Ordre, 1579-1587, puis évêque de Mantoue (voir Acta Ordinis Minorum, 1904, p. 265).
[^505] : 125 : 2 De Origine Seraphicae Religionis Franciscanae (Venise 1603), p. 806.
[^506] : 125:3 Voir Quellen, etc., p. 535.