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PARTIE III
[ p. 136 ]
PRIÈRES DE SAINT FRANÇOIS
[ p. 137 ]
Cet opuscule se compose de deux parties : une paraphrase du Notre Père et les Louanges proprement dites. Il est présent dans tous les premiers recueils de manuscrits de saint François [1], soit intégralement, comme ici, soit en partie, c’est-à-dire la Paraphrase sans les Louanges, ou vice versa. À l’exception d’un seul codex qui attribue la paternité de cette paraphrase au bienheureux frère Gilles, [2] troisième compagnon de saint François, les autorités manuscrites sont unanimes à attribuer l’ouvrage entier à saint François. Ce fait, combiné à l’argumentation interne en sa faveur, met hors de doute l’autorité des Louanges, de l’avis des éditeurs Quaracchi. M. Sabatier partage cet avis et regrette même [3] que le professeur Boehmer [^530] ait été [ p. 138 ] induit en erreur en classant les Louanges comme douteuses ou inauthentiques. Ceux qui acceptent les vues du critique français quant à la valeur de son Speculum Perfectionis trouveront dans cette œuvre remarquable un argument supplémentaire en faveur de l’authenticité de l’opuscule complet qui nous intéresse maintenant. En particulier, M. Sabatier applique aux présentes Louanges ce que dit le Speculum de la pénitence imposée par saint François aux frères de la Portioncule pour avoir prononcé des paroles vaines. [4]
Les Pères Quaracchi ont édité le texte des Louanges selon les manuscrits d’Assise, d’Antonio et d’Isidore (1/25) et ont collationné ces premières versions avec les éditions des Louanges données dans les Monumenta (fol. 275 v), les Firmamenta (fol. 18 v) et le Liber Conformitatum (fruct. xii, p. II, c. vi). [5] Le résultat de leurs travaux est traduit ici comme suit :
[ p. 139 ]
Ici commencent les Louanges que le très bienheureux Père François composa ; et il les dit à toutes les Heures du jour et de la nuit et avant l’Office de la Bienheureuse Vierge Marie, commençant ainsi : « Notre Père très saint, qui êtes aux cieux », etc., par : « Gloire au Père ». Puis on dira les Louanges, Saint, Saint, etc. [6]
Notre Père, très saint, notre Créateur, Rédempteur et Consolateur.
Toi qui es au ciel, dans les anges et dans les saints, les illuminant pour la connaissance, car Toi, ô Seigneur, tu es la lumière ; les enflammant pour l’amour, car Toi, ô Seigneur, tu es l’Amour ; demeurant en eux et les remplissant de béatitude, car Toi, ô Seigneur, tu es le Bien suprême, le Bien éternel de qui vient tout bien et sans qui il n’y a pas de bien.
Que ton nom soit sanctifié : que ta connaissance brille en nous afin que nous connaissions l’étendue de tes bienfaits, la longueur de tes promesses, la hauteur de ta majesté et la profondeur de tes jugements. [7]
Que ton règne vienne, afin que tu règnes en nous par grâce et que tu nous fasses parvenir à ton royaume, où il y a la claire vision de toi, [ p. 140 ] ton amour parfait, ta compagnie bénie, la jouissance éternelle de toi.
Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel, afin que nous t’aimions de tout notre cœur en pensant toujours à toi ; de toute notre âme en te désirant toujours ; de tout notre esprit en dirigeant toutes nos intentions vers toi et en recherchant ton honneur en toutes choses et de toutes nos forces, en dépensant toutes les forces et tous les sens du corps et de l’âme au service de ton amour et non à autre chose ; et que nous aimions notre prochain comme nous-mêmes, attirant tous les hommes à ton amour du mieux que nous pouvons ; nous réjouissant du bien des autres comme du nôtre, et compatissant dans leurs difficultés sans offenser personne.
Donne-nous aujourd’hui, par la mémoire, la compréhension et le respect de l’amour qu’il a eu pour nous et pour les choses qu’il a dites, faites et souffertes pour nous, notre pain quotidien, ton Fils bien-aimé, notre Seigneur Jésus-Christ.
Et pardonne-nous nos offenses, par ton ineffable miséricorde, en vertu de la Passion de ton Fils bien-aimé, notre Seigneur Jésus-Christ, et par les mérites et l’intercession de la très sainte Vierge Marie et de tous tes élus.
Comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés, et ce que nous ne pardonnons pas entièrement, fais-nous, Seigneur, pardonner entièrement, afin que, pour l’amour de toi, nous aimions vraiment nos ennemis et que nous intercédions pieusement pour eux auprès de toi ; afin que nous ne rendions pas le mal pour le mal, mais que nous nous efforcions en toi de faire le bien à tous.
[ p. 141 ]
Et ne nous induis pas en tentation, cachée ou visible, soudaine ou continue.
Mais délivre-nous du mal, passé, présent et à venir. Amen.
Gloire au Père, etc.
Saint, Saint, Saint, Seigneur Dieu Tout-Puissant, qui est, qui était et qui vient. [8] Louons-le et exaltons-le au-dessus de tout pour toujours. [9]
Tu es digne, Seigneur notre Dieu, de recevoir la louange, la gloire, l’honneur et la bénédiction. [10] Louons-le et exaltons-le au-dessus de tout pour toujours.
L’Agneau qui a été immolé est digne de recevoir puissance, divinité, sagesse, force, honneur et bénédiction. [11] Louons-le et exaltons-le au-dessus de tout pour toujours.
Bénissons le Père et le Fils par le Saint-Esprit. Louons-le et exaltons-le au-dessus de tout pour toujours.
Vous toutes, œuvres du Seigneur, bénissez le Seigneur. [12] Louons-le et exaltons-le au-dessus de tout pour toujours.
Louez Dieu, vous tous ses serviteurs et vous qui le craignez, petits et grands. [13] Louons-le et exaltons-le au-dessus de tout pour toujours.
Que les cieux et la terre le louent, lui, le Glorieux, ainsi que toutes les créatures qui sont dans les cieux, sur la terre, sous la terre, dans les mers, et tout ce qui s’y trouve. [14] Louons-le et exaltons-le au-dessus de tout pour toujours.
[ p. 142 ]
Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit. Louons-le et exaltons-le au-dessus de tout pour toujours.
Comme il était au commencement, maintenant et toujours, pour les siècles des siècles. Amen. Louons-le et exaltons-le au-dessus de tout, pour toujours.
Prière.
Dieu tout-puissant, très saint, très haut et suprême, souverain bien, tout bien, entièrement bon, toi seul es bon. À toi nous rendons toute louange, toute gloire, toute action de grâce, tout honneur, toute bénédiction, et nous te confierons toujours tout bien. Amen.
[^530] : 137:4 Voir Analekten, p. 75.
137:1 On le trouve dans le manuscrit d’Assise 338 et dans la compilation commençant par Fac secundum exemplar contenue dans les manuscrits de Berlin, Lemberg, Liegnitz et le codex du Vatican 4354, ainsi que dans l’autre famille de manuscrits représentée par les manuscrits d’Ognissanti et de Foligno et les codex de Saint Isidore (1/25) et du Vatican 7650. ↩︎
137:2 Un codex du XIVe siècle à Saint-Isidore de Rome (MS. 1/73, fol. 10 v). Mais je ne l’ai trouvé dans aucun des recueils de Dicta de frère Gilles que j’ai eu l’occasion de consulter pour préparer la nouvelle version anglaise de ce même codex que j’espère publier prochainement. ↩︎
137:3 Voir Opuscules, fasc. x, pp. 136-537. En post-scriptum à son Examen, M. Sabatier donne le texte de la paraphrase du Notre Père d’après la rare édition du Speculum (Morin). ↩︎
138:1 « Il a aussi ordonné et ordonné qu’il soit strictement observé que tout frère qui, soit en ne faisant rien, soit en travaillant avec les autres, a prononcé des paroles vaines, dira un Notre Père, louant Dieu au début et à la fin de la prière ; et si, conscient de sa faute, il s’accuse, il dira un Notre Père et les louanges du Seigneur pour son âme. . . . Et si, sur la base d’un témoignage digne de foi, il est démontré qu’il a utilisé des paroles vaines, il répétera les louanges du Seigneur au début et à la fin à haute voix afin d’être entendu et compris par les frères environnants », etc. Plus loin, nous lisons : « Les louanges du Seigneur, le très saint Père les disait toujours lui-même, et avec un ardent désir, il enseignait et inculquait aux frères qu’ils devaient les dire avec soin et dévotion. » Voir Spec. Perf. (éd. Sabatier), c. 82. J’ai cité ce passage de la traduction de Lady de la Warr, p. 121-122. Voir aussi Opuscules, fasc. x, p. 137, où M. Sabatier, parlant de la relation du Speculum aux Louanges, dit : « Les deux documents se correspondent, se corroborent et se garantissent l’un l’autre. » ↩︎
138:2 Les Conformités, édition de 1510, donnent le texte complet comme l’œuvre de saint François. ↩︎
139:1 Telle est la rubrique qui précède les Louanges dans le manuscrit d’Assise. ↩︎
139:2 Voir Eph. 3: 18. ↩︎
141:1 Voir Apoc. 4: 8. ↩︎
141:2 Voir Dan. 3: 57. ↩︎
141:3 Voir Apoc. 4: 11. ↩︎
141:4 Voir Apoc. 5: 12. ↩︎
141:5 Voir Dan. 3: 57. ↩︎
141:6 Voir Apoc. 19: 5. ↩︎
141:7 Voir Apoc. 5: 13. ↩︎