Les 95 thèses de Martin Luther Dispute du docteur Martin Luther sur la puissance et l’efficacité des indulgences par le Dr Martin Luther, 1517
Dispute du docteur Martin Luther sur la puissance et l’efficacité des indulgences par le Dr Martin Luther, 1517 Publié dans : Œuvres de Martin Luther Adolph Spaeth, LD Reed, Henry Eyster Jacobs, et Al., Trans. & Eds. (Philadelphie : AJ Holman Company, 1915), Vol. 1, pp. 29-38.
DISPUTATION DU DOCTEUR MARTIN LUTHER SUR LA PUISSANCE ET L’EFFICACITÉ DES INDULGENCES
31 OCTOBRE 1517
Par amour de la vérité et désir de la mettre en lumière, les propositions suivantes seront discutées à Wittenberg, sous la présidence du Révérend Père Martin Luther, Maître ès Arts et de Théologie Sacrée, et Maître de Conférences Ordinaire sur ce sujet en ce lieu. C’est pourquoi il demande que ceux qui ne peuvent être présents et débattre oralement avec nous, puissent le faire par lettre.
Au nom de notre Seigneur Jésus-Christ. Amen.
Notre Seigneur et Maître Jésus-Christ, lorsqu’il a dit Poenitentiam agite, a voulu que toute la vie des croyants soit repentance.
Ce mot ne peut pas être compris comme désignant la pénitence sacramentelle, c’est-à-dire la confession et la satisfaction, qui sont administrées par les prêtres.
Cependant, il ne signifie pas seulement la repentance intérieure ; bien plus, il n’y a pas de repentance intérieure qui n’opère extérieurement diverses mortifications de la chair.
La peine [du péché] continue donc aussi longtemps que la haine de soi persiste ; car c’est là la véritable repentance intérieure,et continue jusqu’à notre entrée dans le royaume des cieux.
Le pape n’entend pas remettre et ne peut remettre d’autres peines que celles qu’il a imposées soit de sa propre autorité, soit de celle des Canons.
Le pape ne peut remettre aucune faute, sauf en déclarant qu’elle a été remise par Dieu et en consentant à sa rémission ; il peut certes accorder la rémission dans les cas réservés à son jugement. Si son droit d’accorder la rémission en de tels cas était méprisé, la faute resterait entièrement impardonnable.
Dieu ne remet la faute à personne sans l’humilier en toutes choses et le soumettre à son vicaire, le prêtre. 8. Les canons pénitentiels ne s’imposent qu’aux vivants, et, selon eux, rien ne doit être imposé aux mourants.
C’est pourquoi l’Esprit Saint dans le pape est bienveillant envers nous, car dans ses décrets, il fait toujours exception à l’article de la mort et de la nécessité.
Ignorants et méchants sont les actes des prêtres qui, pour les mourants, réservent les pénitences canoniques au purgatoire.
Cette transformation de la peine canonique en peine de purgatoire est de toute évidence une des ivraies semées pendant le sommeil des évêques.
Autrefois, les peines canoniques étaient imposées non pas après, mais avant l’absolution, comme tests de véritable contrition.
Les mourants sont libérés par la mort de toute peine ; ils sont déjà morts aux règles canoniques et ont le droit d’en être libérés.
La santé imparfaite [de l’âme], c’est-à-dire l’amour imparfait, des mourants entraîne nécessairement une grande peur ; et plus l’amour est faible, plus grande est la peur.
Cette peur et cette horreur suffisent à elles seules (sans parler d’autres choses) à constituer la peine du purgatoire, car elles sont très proches de l’horreur du désespoir.
L’enfer, le purgatoire et le ciel semblent différer, tout comme le désespoir, le quasi-désespoir et l’assurance de la sécurité.
Pour les âmes du purgatoire, il semble nécessaire que l’horreur diminue et que l’amour augmente.
Il ne semble pas prouvé, ni par la raison ni par l’Écriture, qu’elles soient hors de l’état de mérite, c’est-à-dire d’amour croissant.
De même, il ne semble pas prouvé qu’elles, ou du moins qu’elles soient toutes certaines ou assurées de leur propre béatitude, bien que nous puissions en être tout à fait certains.
Par conséquent, par « rémission complète de toutes les peines », le pape n’entend pas « de toutes », mais seulement de celles qu’il a lui-même infligées.
Par conséquent, les prédicateurs des indulgences se trompent lorsqu’ils affirment que par les indulgences du pape, on est libéré de toute peine et sauvé ; 22. Or, il ne remet aux âmes du purgatoire aucune peine que, selon les canons, elles auraient dû payer en
cette vie. 23. S’il est possible d’accorder à quelqu’un la rémission de toutes les peines quelles qu’elles soient, il est certain que cette rémission ne peut être accordée qu’aux plus parfaits, c’est-à-dire au plus petit nombre.
Il est donc inévitable que la plus grande partie du peuple soit trompée par cette promesse aveugle et retentissante de libération de la peine.
Le pouvoir que le pape a, d’une manière générale, sur le purgatoire, est exactement comme le pouvoir que tout évêque ou curé a, d’une manière particulière, dans son propre diocèse ou paroisse.
Le pape fait bien lorsqu’il accorde la rémission aux âmes [du purgatoire], non par le pouvoir des clés (qu’il ne possède pas), mais par voie d’intercession.
Ceux qui disent que dès que le sou résonne dans la tirelire, l’âme s’envole [du purgatoire].
Il est certain que lorsque le sou résonne dans la tirelire, le gain et l’avarice peuvent augmenter, mais le résultat de l’intercession de l’Église ne dépend que de la puissance de Dieu.
Qui sait si toutes les âmes du purgatoire désirent en être rachetées, comme dans la légende des saints Séverin et Pascal ?
Personne n’est sûr de la sincérité de sa contrition ; encore moins d’avoir obtenu la rémission complète.
Aussi rare que soit l’homme véritablement pénitent, aussi rare est l’homme qui achète véritablement des indulgences ; de tels hommes sont extrêmement rares.
Ils seront condamnés éternellement, ainsi que leurs maîtres, qui se croient assurés de leur salut parce qu’ils ont des lettres de pardon.
Il faut se méfier de ceux qui disent que les pardons du pape sont ce don inestimable de Dieu par lequel l’homme est réconcilié avec lui ;
Car ces « grâces de pardon » ne concernent que les peines de satisfaction sacramentelle, et celles-ci sont instituées par l’homme.
Ceux qui enseignent que la contrition n’est pas nécessaire à ceux qui veulent racheter les âmes du purgatoire ou acheter des confessions ne prêchent aucune doctrine chrétienne.
Tout chrétien sincèrement repentant a droit à la rémission complète de sa peine et de sa culpabilité, même sans lettres de pardon.
Tout vrai chrétien, vivant ou mort, a part à tous les bienfaits du Christ et de l’Église ; et cela lui est accordé par Dieu, même sans lettres de pardon.
Néanmoins, la rémission et la participation [aux bienfaits de l’Église] accordées par le pape ne sont nullement à dédaigner, car elles sont, comme je l’ai dit, la déclaration de la rémission divine.
Il est très difficile, même pour les théologiens les plus zélés, de recommander au peuple à la fois l’abondance des pardons et [la nécessité] d’une véritable contrition.
La véritable contrition recherche et aime les peines, mais les pardons généreux ne font qu’atténuer les peines et les faire haïr, ou du moins, en fournir l’occasion.
Les pardons apostoliques doivent être prêchés avec prudence, de peur que le peuple ne les croie à tort préférables à d’autres bonnes œuvres d’amour.
Il faut enseigner aux chrétiens que le pape n’entend pas comparer l’achat de pardons à des œuvres de miséricorde.
Il faut enseigner aux chrétiens que celui qui donne aux pauvres ou prête aux nécessiteux fait une meilleure œuvre que d’acheter des pardons ;
Car l’amour grandit par les œuvres d’amour, et l’homme devient meilleur ; mais par les pardons, l’homme ne s’améliore pas, il s’affranchit seulement davantage de la peine.
Il faut enseigner aux chrétiens que celui qui voit un homme dans le besoin, passe outre et donne [son argent] pour des pardons, n’achète pas les indulgences du pape, mais l’indignation de Dieu.
Il faut enseigner aux chrétiens qu’à moins d’avoir plus que nécessaire, ils sont tenus de garder ce qui est nécessaire à leur famille et de ne jamais le gaspiller en pardons.
Il faut enseigner aux chrétiens que l’achat de pardons est une question de libre arbitre et non de commandement.
Il faut enseigner aux chrétiens que le pape, en accordant des pardons, a besoin, et désire donc, plus que l’argent qu’ils apportent, de leurs ferventes prières.
Il faut enseigner aux chrétiens que les pardons du pape sont utiles s’ils n’y placent pas leur confiance, mais tout à fait nuisibles s’ils perdent, par leur intermédiaire, la crainte de Dieu.
Il faut enseigner aux chrétiens que si le pape connaissait les exactions des prédicateurs du pardon, il préférerait que l’église Saint-Pierre soit réduite en cendres plutôt que d’être reconstruite avec la peau, la chair et les os de ses brebis.
Il faut enseigner aux chrétiens que le pape souhaiterait, comme c’est son devoir, donner de son propre argent à un grand nombre de ceux à qui certains colporteurs de pardons extorquent de l’argent, même si l’église Saint-Pierre devait être vendue.
L’assurance du salut par des lettres de pardon est vaine, même si le commissaire, et même si le pape lui-même, y mettait sa vie en jeu.
Ce sont des ennemis du Christ et du pape que de vouloir taire la Parole de Dieu dans certaines Églises, afin que les pardons soient prêchés dans d’autres.
On porte atteinte à la Parole de Dieu lorsque, dans le même sermon, on consacre autant ou plus de temps aux pardons qu’à cette Parole.
L’intention du pape doit être que si les pardons, qui sont une chose insignifiante, sont célébrés avec une seule cloche, avec des processions et des cérémonies uniques, alors l’Évangile, qui est la chose la plus importante, soit prêché avec cent cloches, cent processions, cent cérémonies.
Les « trésors de l’Église », sur lesquels le pape accorde les indulgences, ne sont pas suffisamment nommés ni connus parmi le peuple du Christ.
Qu’il ne s’agisse pas de trésors temporels, c’est une évidence, car beaucoup de vendeurs ne les déversent pas si facilement, mais les rassemblent seulement.
Ce ne sont pas non plus les mérites du Christ et des saints, car même sans le pape, ceux-ci produisent toujours la grâce pour l’homme intérieur, et la croix, la mort et l’enfer pour l’homme extérieur.
Saint Laurent disait que les trésors de l’Église étaient les pauvres de l’Église, mais il parlait selon l’usage du mot de son temps.
Sans témérité, nous disons que les clés de l’Église, données par le mérite du Christ, sont ce trésor ;
Car il est clair que pour la rémission des peines et des cas réservés, le pouvoir du pape suffit à lui seul.
Le véritable trésor de l’Église est le très saint Évangile de la gloire et de la grâce de Dieu.
Mais ce trésor est naturellement très odieux, car il fait que le premier est le dernier.
Au contraire, le trésor des indulgences est naturellement très agréable, car il fait que le dernier est le premier.
Les trésors de l’Évangile sont donc des filets avec lesquels on pêchait autrefois les riches.
Les trésors des indulgences sont des filets avec lesquels on pêche maintenant les richesses des hommes.
Les indulgences que les prédicateurs qualifient de « grandes grâces » sont reconnues comme telles, dans la mesure où elles favorisent le gain.
Pourtant, ce sont en vérité les plus petites grâces comparées à la grâce de Dieu et à la piété de la Croix.
Les évêques et les curés sont tenus d’admettre les commissaires des pardons apostoliques avec respect.
Mais ils sont encore plus tenus de tendre l’œil et d’écouter attentivement, de peur que ces hommes ne prêchent leurs propres rêves au lieu de la mission du pape.
Quiconque parle contre la vérité des pardons apostoliques, qu’il soit anathème et maudit !
Mais que celui qui se prémunit contre la concupiscence et la licence des prédicateurs du pardon soit béni !
Le pape tonne à juste titre contre ceux qui, par quelque artifice que ce soit, inventent le trafic de pardons
pour nuire à la sainte charité et à la vérité.
Penser que les pardons papaux sont si grands qu’ils pourraient absoudre un homme, même s’il avait commis un péché impossible et violé la Mère de Dieu, est une folie.
Nous disons, au contraire, que les pardons papaux ne peuvent effacer le moindre péché véniel, quant à sa culpabilité.
On dit que même saint Pierre, s’il était pape aujourd’hui, ne pourrait accorder de plus grandes grâces ; c’est un blasphème contre saint Pierre et contre le pape.
Nous disons, au contraire, que même le pape actuel, et n’importe quel pape, a à sa disposition de plus grandes grâces, à savoir l’Évangile, les pouvoirs, les dons de guérison, etc., comme il est écrit dans I Corinthiens XII.
Dire que la croix ornée des armes papales, dressée [par les prédicateurs d’indulgences], vaut la Croix du Christ est un blasphème.
Les évêques, les curés et les théologiens qui laissent de tels propos se répandre parmi le peuple devront rendre des comptes. 81. Cette prédication effrénée du pardon rend difficile, même aux hommes instruits, de préserver la révérence due au pape des calomnies, voire des questions perspicaces des laïcs.
À savoir : « Pourquoi le pape ne vide-t-il pas le purgatoire, par amour sacré et par égard pour les âmes qui s’y trouvent, s’il rachète une infinité d’âmes pour une somme dérisoire destinée à bâtir une Église ? La première raison serait très juste ; la seconde est très futile. »
Encore : « Pourquoi les messes mortuaires et anniversaires pour les défunts sont-elles maintenues, et pourquoi ne rétablit-il pas ou ne permet-il pas le retrait des fondations fondées en leur faveur, puisqu’il est mal de prier pour les rachetés ? »
Encore : « Quelle est cette nouvelle piété de Dieu et du pape, qui, contre de l’argent, permettent à un impie, leur ennemi, de racheter du purgatoire l’âme pieuse d’un ami de Dieu, et ne la libèrent pas plutôt, à cause du besoin de cette âme pieuse et aimée, par pur amour ? »
Encore : « Pourquoi les canons pénitentiels sont-ils depuis longtemps abrogés et morts, de fait et par désuétude, et maintenant satisfaits par l’octroi d’indulgences, comme s’ils étaient encore vivants et en vigueur ? »
Encore : « Pourquoi le pape, dont la richesse est aujourd’hui supérieure à celle des plus riches, ne construit-il pas cette seule église Saint-Pierre avec ses propres deniers, plutôt qu’avec l’argent des croyants pauvres ? »
Encore : « Que remet le pape, et quelle participation accorde-t-il à ceux qui, par une contrition parfaite, ont droit à une pleine rémission et participation ? »
Encore : « Quel plus grand bien pourrait-il arriver à l’Église que si le pape faisait cent fois par jour ce qu’il fait maintenant une fois, et accordait à chaque fidèle ces rémissions et participations ? »
« Puisque le pape, par ses pardons, cherche le salut des âmes plutôt que l’argent, pourquoi suspend-il les indulgences et les pardons accordés jusqu’ici, puisqu’ils ont la même efficacité ? »
Réprimer ces arguments et ces scrupules des laïcs par la seule force, et ne pas les résoudre en les motivant, c’est exposer l’Église et le pape aux railleries de leurs ennemis et rendre les chrétiens malheureux.
Si donc les pardons étaient prêchés selon l’esprit et la pensée du pape, tous ces doutes seraient aisément dissipés ; ils n’existeraient même plus.
Que disparaissent donc tous ces prophètes qui disent au peuple du Christ : « Paix, paix », et il n’y a pas de paix !
Bénis soient tous les prophètes qui disent au peuple du Christ : « Croix, croix ! » et il n’y a pas de croix !
Les chrétiens doivent être exhortés à suivre avec diligence le Christ, leur Chef, à travers les peines, la mort et l’enfer ;
Et ainsi, à avoir l’assurance d’entrer au ciel plutôt par de nombreuses tribulations que par l’assurance de la paix.
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« Disputatio pro Declaratione Virtutis Indulgentiarum. » par le Dr Martin Luther, 1483-1546 D. MARTIN LUTHERS WERKE : KRITISCHE GESAMMTAUSGABE. 1. Band (Weimar : Hermann Boehlau, 1883). pp. 233-238. PW #001-001La
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Amore et studio elucidande veritatis hec subscripta disputabuntur Wittenberge, Presidente R. P. Martino Lutther, Artium et S. Theologie Magistro eiusdemque ibidem lectore Ordinario. Quare petit, ut qui non possunt verbis presentes nobiscum disceptare agant id literis absentes. In nomine domini nostri Hiesu Christi. Amen.
Dominus et magister noster Iesus Christus dicendo `Penitentiam agite &c.’ omnem vitam fidelium penitentiam esse voluit. 2. Quod verbum de penitentia sacramentali (id est confessionis et satisfactionis, que sacerdotum ministerio celebratur) non potest intelligi.
Non tamen solam intendit interiorem, immo interior nulla est, nisi foris operetur varias carnis mortificationes.
Manet itaque pena, donec manet odium sui (id est penitentia vera intus), scilicet usque ad introitum regni celorum.
Papa non vult nec potest ullas penas remittere preter eas, quas arbitrio vel suo vel canonum imposuit.
Papa non potest remittere ullam culpam nisi declarando, et approbando remissam a deo Aut certe remittendo casus reservatos sibi, quibus contemptis culpa prorsus remaneret.
Nulli prorus remittit deus culpam, quin simul eum subiiciat humiliatum in omnibus sacerdoti suo vicario.
Canones penitentiales solum viventibus sunt impositi nihilque morituris secundum eosdem debet imponi.
Inde bene nobis facit spiritussanctus in papa excipiendo in suis decretis semper articulum mortis et necessitatis.
Indocte et male faciunt sacerdotes ii, qui morituris penitentias canonicas in purgatorium reservant.
Zizania illa de mutanda pena Canonica in penam purgatorii videntur certe dormientibus episcopis seminata.
Olim pene canonice non post, sed ante absolutionem imponebantur tanquam tentamenta vere contritionis.
Morituri per mortem omnia solvunt et legibus canonum mortui iam sunt, habentes iure earum relaxationem.
Imperfecta sanitas seu charitas morituri necessario secum fert magnum timorem, tantoque maiorem, quanto minor fuerit ipsa.
Hic timor et horror satis est se solo (ut alia taceam) facere penam purgatorii, cum sit proximus desperationis horrori.
Videntur infernus, purgaturium, celum differre, sicut desperatio, prope desperatio, securitas differunt.
Necessarium videtur animabus in purgatorio sicut minni horrorem ita augeri charitatem.
Nec probatum videtur ullis aut rationibus aut scripturis, quod sint extra statum meriti seu augende charitatis.
Nec hoc probatum esse videtur, quod sint de sua beatitudine certe et secure, saltem omnes, licet nos certissimi simus. 20. Igitur papa per remissionem plenariam omnium penarum non simpliciter omnium intelligit, sed a seipso tantummodo impositarum.
Errant itaque indulgentiarum predicatores ii, qui dicunt per pape indulgentias hominem ab omni pena solvi et salvari.
Quin nullam remittit animabus in purgatorio, quam in hac vita debuissent secundum Canones solvere.
Si remissio ulla omnium omnino penarum potest alicui dari, certum est eam non nisi perfectissimis, i.e. paucissimis, dari.
Falli ob id necesse est maiorem partem populi per indifferentem illam et magnificam pene solute promissionem.
Qualem potestatem habet papa in purgatorium generaliter, talem habet quilibet Episcopus et Curatus in sua diocesi et parochia specialiter.
[26] Optime facit papa, quod non potestate clavis (quam nullam habet) sed per modum suffragii dat animabus remissionem.
[27] Hominem predicant, qui statim ut iactus nummus in cistam tinnierit evolare dicunt animam.
[28] Certum est, nummo in cistam tinniente augeri questum et avariciam posse: suffragium autem ecclesie est in arbitrio dei solius.
[29] Quis scit, si omnes anime in purgatorio velint redimi, sicut de s. Severino et Paschali factum narratur.
[30] Nullus securus est de veritate sue contritionis, multominus de consecutione plenarie remissionis.
[31] Quam rarus est vere penitens, tam rarus est vere indulgentias redimens, i. e. rarissimus.
[32] Damnabuntur ineternum cum suis magistris, qui per literas veniarum securos sese credunt de sua salute.
[33] Cavendi sunt nimis, qui dicunt venias illas Pape donum esse illud dei inestimabile, quo reconciliatur homo deo.
[34] Gratie enim ille veniales tantum respiciunt penas satisfactionis sacramentalis ab homine constitutas.
[35] Non christiana predicant, qui docent, quod redempturis animas vel confessionalia non sit necessaria contritio.
[36] Quilibet christianus vere compunctus habet remissionem plenariam a pena et culpa etiam sine literis veniarum sibi debitam.
[37] Quilibet versus christianus, sive vivus sive mortuus, habet participationem omnium bonorum Christi et Ecclesie etiam sine literis veniarum a deo sibi datam.
[38] Remissio tamen et participatio Pape nullo modo est contemnenda, quia (ut dixi) est declaratio remissionis divine.
[39] Difficillimum est etiam doctissimis Theologis simul extollere veniarum largitatem et contritionis veritatem coram populo.
[40] Contritionis veritas penas querit et amat, Veniarum autem largitas relaxat et odisse facit, saltem occasione.
[41] Caute sunt venie apostolice predicande, ne populus false intelligat eas preferri ceteris bonis operibus charitatis.
[42] Docendi sunt christiani, quod Pape mens non est, redemptionem veniarum ulla ex parte comparandam esse operibus misericordie.
[43] Docendi sunt christiani, quod dans pauperi aut mutuans egenti melius facit quam si venias redimereet.
[44] Quia per opus charitatis crescit charitas et fit homo melior, sed per venias non fit melior sed tantummodo a pena liberior.
[45] Docendi sunt christiani, quod, qui videt egenum et neglecto eo dat pro veniis, non idulgentias Pape sed indignationem dei sibi vendicat.
[46] Docendi sunt christiani, quod nisi superfluis abundent necessaria tenentur domui sue retinere et nequaquam propter venias effundere.
[47] Docendi sunt christiani, quod redemptio veniarum est libera, non precepta.
[48] Docendi sunt christiani, quod Papa sicut magis eget ita magis optat in veniis dandis pro se devotam orationem quam promptam pecuniam.
[49] Docendi sunt christiani, quod venie Pape sunt utiles, si non in cas confidant, Sed nocentissime, si timorem dei per eas amittant.
[50] Docendi sunt christiani, quod si Papa nosset exactiones venialium predicatorum, mallet Basilicam s. Petri in cineres ire quam edificari cute, carne et ossibus ovium suarum.
[51] Docendi sunt christiani, quod Papa sicut debet ita vellet, etiam vendita (si opus sit) Basilicam s. Petri, de suis pecuniis dare illis, a quorum plurimis quidam concionatores veniarum pecuniam eliciunt.
[52] Vana est fiducia salutis per literas veniarum, etiam si Commissarius, immo Papa ipse suam animam pro illis impigneraret. 3. [53] Hostes Christi et Pape sunt ii, qui propter venias predicandas verbum dei in aliis ecclesiis penitus silere iubent.
[54] Iniuria fit verbo dei, dum in eodem sermone equale vel longius tempus impenditur veniis quam illi.
[55] Mens Pape necessario est, quod, si venie (quod minimum est) una campana, unis pompis et ceremoniis celebrantur, Euangelium (quod maximum est) centum campanis, centum pompis, centum ceremoniis predicetur.
[56] Thesauri ecclesie, unde Pape dat indulgentias, neque satis nominati sunt neque cogniti apud populum Christi.
[57] Temporales certe non esse patet, quod non tam facile eos profundunt, sed tantummodo colligunt multi concionatorum.
[58] Nec sunt merita Christi et sanctorum, quia hec semper sine Papa operantur gratiam hominis interioris et crucem, mortem infernumque exterioris.
[59] Thesauros ecclesie s. Laurentius dixit esse pauperes ecclesie, sed locutus est usu vocabuli suo tempore.
[60] Sine temeritate dicimus claves ecclesie (merito Christi donatas) esse thesaurum istum.
[61] Clarum est enim, quod ad remissionem penarum et casuum sola sufficit potestas Pape.
[62] Verus thesaurus ecclesie est sacrosanctum euangelium glorie et gratie dei.
[63] Hic autem est merito odiosissimus, quia ex primis facit novissimos.
[64] Thesaurus autem indulgentiarum merito est gratissimus, quia ex novissimis facit primos.
[65] Igitur thesauri Euangelici rhetia sunt, quibus olim piscabantur viros divitiarum.
[66] Thesauri indulgentiarum rhetia sunt, quibus nunc piscantur divitias virorum.
[67] Indulgentie, quas concionatores vociferantur maximas gratias, intelliguntur vere tales quoad questum promovendum.
[68] Sunt tamen re vera minime ad gratiam dei et crucis pietatem comparate.
[69] Tenentur Episcopi et Curati veniarum apostolicarum Commissarios cum omni reverentia admittere. 20. [70] Sed magis tenentur omnibus oculis intendere, omnibus auribus advertere, ne pro commissione Pape sua illi somnia predicent. 21. [71] Contra veniarum apostolicarum veritatem qui loquitur, sit ille anathema et maledictus.
[72] Qui vero, contra libidinem ac licentiam verborum Concionatoris veniarum curam agit, sit ille benedictus.
[73] Sicut Papa iuste fulminat eos, qui in fraudem negocii veniarum quacunque arte machinantur,
[74] Multomagnis fulminare intendit eos, qui per veniarum pretextum in fraudem sancte charitatis et veritatis machinantur,
[75] Opinari venias papales tantas esse, ut solvere possint hominem, etiam si quis per impossibile dei genitricem violasset, Est insanire.
[76] Dicimus contra, quod venie papales nec minimum venialium peccatorum tollere possint quo ad culpam.
[77] Quod dicitur, nec si s. Petrus modo Papa esset maiores gratias donare posset, est blasphemia in sanctum Petrum et Papam.
[78] Dicimus contra, quod etiam iste et quilibet papa maiores habet, scilicet Euangelium, virtutes, gratias, curationum &c. ut 1. Co. XII.
[79] Dicere, Crucem armis papalibus insigniter erectam cruci Christi equivalere, blasphemia est.
[80] Rationem reddent Episcopi, Curati et Theologi, Qui tales sermones in populum licere sinunt.
[81] Facit hec licentiosa veniarum predicatio, ut nec reverentiam Pape facile sit etiam doctis viris redimere a calumniis aut certe argutis questionibus laicorm.
[82] Scilicet. Cur Papa non evacuat purgatorium propter sanctissimam charitatem et summam animarum necessitatem ut causam omnium iustissimam, Si infinitas animas redimit propter pecuniam funestissimam ad structuram Basilice ut causam levissimam?
[83] Item. Cur permanent exequie et anniversaria defunctorum et non reddit aut recipi permittit beneficia pro illis instituta, cum iam sit iniuria pro redemptis orare?
[84] Item. Que illa nova pietas Dei et Pape, quod impio et inimico propter pecuniam concedunt animam piam et amicam dei redimere, Et tamen propter necessitatem ipsius met pie et dilecte anime non redimunt eam gratuita charitate?
[85] Item. Cur Canones penitentiales re ipsa et non usu iam diu in semet abrogati et mortui adhuc tamen pecuniis redimuntur per concessionem indulgentiarum tanquam vivacissimi?
[86] Item. Cur Papa, cuius opes hodie sunt opulentissimis Crassis crassiores, non de suis pecuniis magis quam pauperum fidelium struit unam tantummodo Basilicam sancti Petri?
[87] Item. Quid remittit aut participat Papa iis, qui per contritionem perfectam ius habent plenarie remissionis et participationis?
[88] Item. Quid adderetur ecclesie boni maioris, Si Papa, sicut semel facit, ita centies in die cuilibet fidelium has remissiones et participationes tribueret?
[89] Ex quo Papa salutem querit animarum per venias magis quam pecunias, Cur suspendit literas et venias iam olim concessas, cum sint eque efficaces?
[90] Hec scrupulosissima laicorum argumenta sola potestate compescere nec reddita ratione diluere, Est ecclesiam et Papam hostibus ridendos exponere et infelices christianos facere.
[91] Si ergo venie secundum spiritum et mentem Pape predicarentur, facile illa omnia solverentur, immo non essent.
[92] Valeant itaque omnes illi prophete, qui dicunt populo Christi `Pax pax,’ et non est pax.
[93] Bene agant omnes illi prophete, qui dicunt populo Christi `Crux crux,’ et non est crux.
[94] Exhortandi sunt Christiani, ut caput suum Christum per penas, mortes infernosque sequi studeant,
[95] Ac sic magis per multas tribulationes intrare celum quam per securitatem pacis confidant.
M.D.Xvii.
Fin du Projet Gutenberg Texte électronique des 95 thèses de Martin Luther