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Les sages ont dit :
Quelle (forme de) piété est considérée comme la plus digne d’être accomplie ? Nous observons que les différents modes de piété sont pour ainsi dire contradictoires. Certains disent (qu’elle [^1939] demeure) après que le corps (soit détruit) ; d’autres disent que ce n’est pas le cas. Certains (disent) que tout [^1940] est douteux ; et d’autres qu’il n’y a aucun doute. Certains disent que le (principe) permanent est impermanent, et d’autres aussi qu’il existe, et (d’autres) qu’il n’existe pas [^1941]. Certains (disent qu’il est) d’une seule forme ou double, et d’autres (qu’il est) mixte [^1942]. Certains Brâhmanes aussi, qui connaissent le Brahman et perçoivent la vérité, croient qu’il est un ; d’autres distinct ; et d’autres encore (qu’il est) multiple [^1943]. Certains disent que le temps et l’espace (existent) [^1944], et d’autres que ce n’est pas le cas. Certains ont les cheveux et la peau emmêlés ; et certains (sont) rasés de près et sans voile. Certains sont pour le bain ; d’autres pour l’omission [^1945] du bain. Certains sont pour la prise de nourriture ; d’autres sont déterminés à jeûner. Certains prônent l’action, et d’autres la tranquillité. Certains prônent l’émancipation finale ; d’autres divers types de jouissances ; certains souhaitent la richesse, et d’autres l’indigence. Certains (disent) qu’il faut recourir à des moyens [^1946] ; d’autres que ce n’est pas le cas. Certains sont voués à l’innocuité, et d’autres à la destruction ; certains sont pour le mérite et la gloire ; et d’autres disent que ce n’est pas le cas. Certains sont voués à la bonté ; certains sont au milieu des doutes ; certains sont pour le plaisir, et d’autres pour la douleur [1]. Certains (disent) méditation [2], d’autres Brâhmanes (disent) sacrifice, et d’autres, dons ; mais d’autres prônent la pénitence, et d’autres l’étude sacrée ; certains la connaissance et le renoncement [3] ; et ceux qui méditent sur l’élément [4], la nature [5]. Certains prônent tout, et d’autres rien [6]. [ p. 377 ] Et, ô meilleur des dieux ! la piété étant ainsi confuse et abondante en contradictions, nous sommes égarés et ne parvenons à aucune détermination. Les gens agissent, (disant) ceci est bien, cela est bien. Et celui qui est attaché à une certaine (forme de) piété, l’estime toujours. Ici (donc) notre compréhension s’effondre et notre esprit est distrait. Nous souhaitons, ô meilleur (des êtres) ! être informé de ce qui est bon. Veuillez maintenant énoncer ce qui est si mystérieux et quelle est la cause du lien entre le Kshetragña et la nature. Ainsi interpellé par ces Brâhmanes, le vénérable, saint et talentueux créateur des mondes leur a répondu avec précision (ce qu’ils demandaient).
375:1 C’est-à-dire la piété, Arguna Misra, ; le soi, Nîlakantha. ↩︎
375:2 C’est-à-dire comme la piété, etc., Arguna Misra. ↩︎
375:3 suivez Arguna Misra, qui dit que « permanent » signifie âme, etc. L’expression correcte semble être « ce que d’autres appellent permanent est impermanent ». ↩︎
375:4 C’est le point de vue de ceux qui soutiennent la théorie du Parinâma, ou développement, dit Arguna Misra. ↩︎
375:5 ‘Être un’ = la connaissance doit être toute d’une seule description, ‘distinct’ = la connaissance doit avoir diverses entités pour objets distincts (c’est le point de vue des détenteurs du Vigñânavâda, dit Arguna Misra) ; multiple = que les sois sont innombrables. Les mots ici sont presque identiques à ceux de la Gîtâ, p. 83, voir note 4 ici. ↩︎
375:6 C’est-à-dire aider dans l’action, Arguna Misra. ↩︎