Brahman a dit :
Certains (pensent) au Brahman comme à un arbre ; d’autres (pensent) au Brahman comme à une grande forêt ; et d’autres (pensent) au Brahman comme inperçu ; et d’autres comme transcendant et sans misère [^1920] ; et ils [^1921] pensent que tout cela est produit et absorbé par l’inperçu. Celui qui, même pour (l’espace d’) une (seule) expiration, au moment de la fin (de la vie [^1922]), devient égal [^1923], atteignant le soi, devient apte à l’immortalité. Retenant le soi dans le soi [^1924], même pour (l’espace d’) un clin d’œil, il se rend à l’acquisition inépuisable [^1925] de ceux qui ont la connaissance, par la tranquillité du soi [1]. Et retenant à nouveau les vents de la vie et [ p. 373 ] de nouveau par le contrôle des vents de la vie [2], de dix ou douze [3] (modes), (il se rend à) ce qui est au-delà des vingt-quatre [4]. Ainsi, ayant d’abord un soi tranquille, il obtient tout ce qu’il désire. Lorsque la qualité de bonté prédomine dans l’invisible [5], cela prépare à l’immortalité. Les hommes de connaissance ne prônent rien d’autre que la bonté. Par inférence [6] nous comprenons que (l’atteinte de) l’être dépende de la bonté. Il n’est pas possible autrement [7] d’atteindre cet être, ô le meilleur des deux fois nés ! Le pardon, le courage, l’innocuité, l’équité, la vérité, la droiture, la connaissance, l’abandon [8], et aussi le renoncement sont définis comme (constitutifs) de la conduite [ p. 374 ] de la qualité de bonté. Par cette même déduction, les sages croient véritablement que l’Être et la nature ne font qu’un, cela ne fait aucun doute. Certains érudits, dévoués à la connaissance, affirment l’unité du Kshetragña et de la nature [9]. Mais cela est inexact. Qu’ils soient toujours distincts (l’un de l’autre) est également (dit) sans (juste) considération [10]. La distinction et aussi l’association [11] doivent être comprises avec précision. L’unité et la diversité [12] sont également établies. Telle est la doctrine des érudits. Entre le moucheron et l’udumbara [13], on observe également l’unité et la diversité. Comme un poisson dans l’eau est distinct (de l’eau), telle est leur relation ; (telle est) la relation des gouttes d’eau avec la feuille du lotus.
Le précepteur a dit :
Alors ces Brâhmanes, qui étaient les meilleurs des sages, ayant de nouveau éprouvé des doutes, interrogeèrent l’aïeul du peuple qui leur parlait ainsi.
372:3 Quant aux deux premières clauses, voir pp. 284-371 supra ; les deux dernières sont considérées par Arguna Misra comme représentant respectivement les doctrines Sânkhya et Yoga. ↩︎
372:4 Je suppose que cela désigne tous les maîtres. Mais Nîlakantha l’interprète comme désignant les Sânkhyas, et il considère les mots précédents comme indiquant deux points de vue fondés sur les textes de la Sruti, à savoir : le premier, que le monde est un développement du Brahman, et l’autre, que le Brahman ne subit ni développement ni changement. Il interprète Anâmaya comme signifiant immuable, et Brahmamaya comme développé à partir du Brahman. ↩︎
372:6 Celui qui voit le suprême comme la seule entité réelle, Arguna Misra. Nîlakantha considère que cela signifie celui qui s’identifie à tout. Voir Gîtâ, p. 65, et la note 4 ici. ↩︎
372:8 C’est-à-dire le but à atteindre. ↩︎
372:9 « Tranquillité » — l’original peut aussi être rendu par « faveur », p. 373, à ce propos cf. p. 234 supra, mais plus loin apparaît l’expression « avoir un soi tranquille », où ce dernier sens n’est pas tout à fait approprié. Voir Gîtâ, p. 51, et Yoga-sûtra I, 33. ↩︎
373:1 C’est-à-dire les modes spécifiques qui sont mentionnés pour contrôler les vents de la vie, par exemple dans la Gîtâ, p. 61, ou le Yoga-sûtra II, 49 seq. ↩︎
373:2 Nîlakantha propose deux interprétations de ceci. Il dit que les dix sont les huit mentionnés dans le Yoga-sûtra II, 29, plus tarka et vairâgya (à ce sujet, voir Yoga-sûtra I, 15 et 17). Pour constituer les douze, il substitue aux deux derniers les quatre nommés dans le Yoga-sûtra I, 33. Il suggère également que « dix ou douze » pourrait signifier vingt-deux, qu’il compose ainsi. Les cinq modes de yama (Yoga-sûtra II, 30), cinq de niyama (ibid. 32), les six restants dans le Yoga-sûtra II, 29, les quatre dans le Yoga-sûtra I, 33, et tarka et vairâgya comme précédemment. ↩︎
373:3 Les vingt-quatre sont les éléments selon le système Sânkhya. Voir Sânkhya-sâra, p. 11, et p. 368 supra. Ce qui est au-delà d’eux est Purusha. ↩︎
373:4 L’inperçu, il faut le noter, est composé des trois qualités ; la prédominance de la bonté indique l’illumination ou la connaissance. Cf. Gîtâ, p. 108. ↩︎