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(Hibah et Waqf)
« Quant à celui qui donne, se prémunit contre le mal et accepte le meilleur, Nous lui faciliterons la fin facile » (92:5).
« Malheur à ceux qui prient, qui ne se souviennent pas de leurs prières, qui font le bien pour être vus, et refusent les petits dons » (107:4-7).
Hibah est le fait de donner un cadeau, que ce soit à quelqu’un qui est dans le besoin ou à une personne aisée. Elle diffère donc de la sadaqah qui est destinée uniquement aux nécessiteux, même s’ils sont des proches. Le don de cadeaux (y compris la charité) est loué (v. 1), tandis que le refus de petits cadeaux est dénoncé comme contraire à l’esprit de l’Islam (v. 2). L’accent est mis sur le développement de l’esprit de fraternité par le don de cadeaux, grands ou petits, selon ce que l’on peut trouver (hh. 1, 2). Même un homme pauvre peut donner un cadeau provenant de la charité qu’il a reçue (h. 3). Une compensation pour un cadeau reçu est recommandée (h. 4). Faire un cadeau à un enfant serait une injustice envers les autres enfants, et n’est donc pas autorisé (h. 5). Un mari peut faire un cadeau à sa femme et vice-versa (h. 6). Une femme peut faire des cadeaux provenant des biens qu’elle a reçus de son mari (h. 7). Un don commun peut être fait à plusieurs personnes (h. 8), et un don peut être fait à partir d’un bien commun (h. 9). Un don peut être fait à un non-musulman et reçu d’un non-musulman (hh. 10. 11). Il est interdit de reprendre ce qui a été donné une fois en cadeau (h. 12). Un don à vie est reconnu sous certaines conditions (h. 13). Un bien peut être consacré comme waqf, devenant ainsi inaliénable, ou comme waqf’ala-l-aulād (h. 14). Celui qui reçoit un cadeau ou tout autre bien d’un autre doit exprimer sa gratitude (h. 15).
1 Abn Hurairah a rapporté ’
Le Prophète (paix et bénédiction d’Allah sur lui) a dit :
« Ô femmes musulmanes ! Qu’une voisine ne méprise pas [p. 326] pour sa voisine (un cadeau), même s’il s’agit des pieds d’une chèvre. »
(B. 51:l.)
2 'Ā’ishah a rapporté,
Le Prophète (paix et bénédiction d’Allah sur lui) a dit :
« Faites-vous des cadeaux les uns aux autres, car les cadeaux éloignent la rancune. »
(Tr-Msh. 12:17.)
3 Anas dit,
On apporta de la viande au Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut), et on dit qu’elle fut donnée à Barîrah en aumône. Il dit :
« Pour elle, c’est une charité, et pour nous, c’est un don. »[1]
(Bible 51:7.)
4 'A’ishah dit :
Le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) avait l’habitude d’accepter un cadeau et de donner une compensation en échange.[2]
(Bible 51:11.)
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5 Nu’mān dit :
Mon père m’a fait un cadeau. Amrah bint Rawahah dit : « Je n’accepterai pas tant que tu n’auras pas pris le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) comme témoin. » Il vint donc trouver le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) et dit : « J’ai fait un cadeau à mon fils de la part d’Amrah bint Rawahah, et elle m’a ordonné de te prendre comme témoin, ô Messager d’Allah ! »
Il dit : « As-tu donné à tous tes fils la même chose ? » Il dit : « Non. » Il dit : « Soyez prudents envers Allah et gardez l’équité entre vos enfants. » Il revint donc et reprit son cadeau.[3]
(Bible 51:13.)
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6 Ibrahim a dit :
Le don d’un cadeau par un homme à sa femme et par la femme à son mari est licite.
Et 'Umar ibn 'Abd al 'Azīz dit : Ils ne peuvent pas reprendre (les cadeaux).
(Bible 51:14.)
7 Asmā’ dit,
J’ai dit : Ô Messager d’Allah, je n’ai aucun bien, excepté ce que Zubair[4] m’a donné ; puis-je le donner en charité ?
Il a dit :
« Donne la charité (de cette part) et ne la refuse pas, de peur qu’elle ne te soit refusée. »
(Bible 51:15.)
8 Asmā’ dit à Qāsim ibn Muhammad et Ibn Abi 'Atīq,
J’ai hérité (de quelques biens) à Ghābah de [p. 329] ma sœur 'Ā’ishah, et Mu’āwiyah m’a offert cent mille pour cela, c’est maintenant pour vous deux.[5]
(Bible 51:22.)
9 Le Prophète, paix et bénédictions d’Allah sur lui, et ses compagnons donnèrent en cadeau aux Hawāzin ce qu’ils avaient gagné d’eux à la guerre et ce fut indivisible.[6]
(Bible 51:23.)
10 Abū Humaid a dit,
. . . . . . Le roi d’Aila envoya un cadeau au Prophète, paix et bénédictions d’Allah sur lui, une jument blanche, et il lui donna à porter un vêtement de dessus.[7]
(Bible 24:54.)
11 Asmā’ dit,
Ma mère est venue à moi à l’époque du Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut), et elle était une idolâtre. J’ai donc demandé au Messager d’Allah (sur [p. 330] lui la paix et le salut), je lui ai dit : « Elle n’est pas encline (à l’Islam), puis-je lui faire du bien ? ». Il a dit : « Oui, fais du bien à ta mère. »[8]
(Bible 51:29.)
12 Ibn 'Abbās a dit,
Le Prophète (paix et bénédiction d’Allah sur lui) a dit :
« L’homme qui reprend ce qu’il a donné est comme celui qui retourne à son vomissement. »
(B. 51:30.)
13 Jabir a dit,
Le Prophète, paix et bénédictions d’Allah sur lui, a décidé en matière de 'umra qu’elle est pour celui à qui elle a été donnée.[9]
(B. 51:32 )
Il y a une transaction similaire dans la ruqba (de raqaba, il a attendu), par laquelle un homme cédait à un autre une maison à condition que si le cédant mourait le premier, la maison devienne la propriété du cessionnaire, et si le cessionnaire mourait le premier, la maison revenait au cédant, comme si chacun attendait la mort de l’autre. Bukhārī ne parle pas de ruqba qui, selon la meilleure opinion, n’est pas autorisée en Islam. En ce qui concerne la 'umra, il est convenu que lorsqu’il est expressément stipulé que la propriété passera aux héritiers du cessionnaire ou lorsqu’aucune condition n’est posée, elle sera une donation à tous égards et ne reviendra pas au cédant ; mais lorsqu’une condition expresse est posée qu’à la mort du cessionnaire, elle reviendra au cédant ou à ses héritiers, il y a deux opinions ; premièrement, que la transaction prendra effet conformément à la condition posée, comme s’il s’agissait d’un prêt; et deuxièmement, qu’elle sera considérée comme un don, la condition étant considérée comme illégale et inapplicable.
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14 Ibn 'Umar a rapporté,
'Umar ibn al-Khattāb avait obtenu un terrain à Khaibar. Il vint donc consulter le Prophète (sur lui la paix et le salut) à ce sujet. Il dit : « Ô Messager d’Allah ! J’ai un terrain à Khaibar que je n’ai jamais obtenu de bien plus précieux. Que me conseilles-tu à ce sujet ? » Il dit : « Si tu veux, rends le bien inaliénable et donne-le en aumône. »
Alors 'Umar en fit une aumône à condition qu’elle ne soit ni vendue, ni donnée en cadeau, ni héritée, et en fit une aumône entre les nécessiteux et les proches, pour affranchir les esclaves, pour le sentier d’Allah, pour les voyageurs et pour recevoir des invités. Il n’y a aucun blâme pour celui qui l’a administrée s’il l’a fait.
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il en mangea et le fit manger (aux autres), sans pour autant accumuler de richesses.[10]
(Bible 54:19.)
15 Usāmah dit,
Le Messager d’Allah (paix et bénédiction d’Allah sur lui) a dit :
« Quiconque fait du bien et dit à celui qui le fait : « Qu’Allah te récompense », a fait de son mieux pour le louer. »[11]
(Tr-Msh. 12:17.)
Barīrah était une esclave affranchie. Elle envoya un cadeau au Saint Prophète à partir de la charité qu’elle avait reçue. Et le Saint Prophète l’accepta. ↩︎
Cela montre que le Saint Prophète a enseigné l’échange de cadeaux. ↩︎
Bukhārī rapporte ce hadith pour montrer qu’avoir un témoin lors d’un don était une bonne pratique. 'Amrah était la mère, et c’est son fils qui a reçu le don. Le Prophète a interdit ce don, précisant que tous les enfants doivent être traités de la même manière. ↩︎
Asmā’ était la femme de Zubair. ↩︎
C’est le cas d’un don fait à deux (ou plusieurs) personnes conjointement. ↩︎
Un don peut ainsi être fait à partir d’une part de propriété indivise. ↩︎
C’était un cadeau d’un non-musulman. ↩︎
Il s’agissait du cas d’un cadeau offert à un non-musulman. ↩︎
'Umrā (de 'amara, il a vécu) était une transaction préislamique, l’attribution par un homme à un autre d’une maison pour la vie de ce dernier, de sorte que lorsqu’il mourait, la propriété revenait aux héritiers du cédant. ↩︎
Le cas cité dans ce hadith est connu sous le nom de waqf (de waqafa, il s’arrêta). Le bien, généralement immeuble, ne peut dans ce cas être vendu ou cédé d’une autre manière, seuls les profits qui en découlent sont consacrés à des fins charitables. Mais comme dans ce cas les proches sont inclus parmi ceux qui partagent les profits même s’ils ne sont pas nécessiteux, cela est devenu la base de ce qui est plus particulièrement connu sous le nom de waqf 'ala-l-aulād, c’est-à-dire un waqf au profit des enfants d’un homme. Le bien est rendu inaliénable et ne peut être divisé entre les héritiers, et le profit qui en découle est dépensé au profit des enfants, bien qu’une partie doive nécessairement être destinée à des fins charitables. ↩︎
Jazāka-llāh (qu’Allah te récompense) est la meilleure forme de remerciement envers un homme pour tout bienfait ou cadeau reçu de lui. C’est à la fois une expression de gratitude envers lui et une prône pour lui, et c’est la forme courante par laquelle un musulman remercie un autre. ↩︎