[p. iii]
L’histoire du présent volume est bientôt racontée. J’étais occupé à rassembler des documents pour illustrer les migrations et les transformations des contes et fictions populaires européens, et, au cours de mes recherches, j’ai eu l’occasion de consulter les œuvres de Sir William Jones, où, rencontrant sa traduction des Mu’allaqāt, ou Sept poèmes arabes anciens primés, l’idée m’est venue qu’une réimpression de celle-ci serait acceptable pour quelques amis personnels, intéressés par la littérature asiatique. Le projet a été approuvé sans hésiter ; et il a été suggéré que ces poèmes pourraient intéresser une plus grande partie des lecteurs anglais. Un prospectus provisoire a ensuite été publié, proposant de réimprimer en privé la traduction de Sir W. Jones des Mu’allaqāt et des Spécimens de poésie arabe de Carlyle. Cette proposition a rencontré le soutien, non seulement des érudits anglais et des bibliothèques publiques, mais aussi de nombreux orientalistes distingués ; et il fut décidé d’ajouter au volume une sélection de la poésie contenue dans la [iv] traduction de Hamilton d’une partie du célèbre roman arabe d’Antar. La liaison de ces sélections avec un aperçu des principaux incidents du roman fut une idée de dernière minute. Même si les volumes de Hamilton étaient facilement accessibles, ce qui n’est pas le cas, peu de simples lecteurs anglais se soucieraient de parcourir sa traduction diffuse, qui est rendue encore plus illisible par la magnifique poésie imprimée sans interruption, souvent sur deux ou plusieurs pages à la fois. Mais l’épitomé inclus dans ce volume satisfera peut-être la curiosité des lecteurs en général concernant une œuvre dont assurément une traduction anglaise complète ne sera jamais tentée.
Les Shorter Arabian Poems, traduits par le Dr Carlyle et intitulés « Spécimens de poésie arabe », publiés pour la première fois en 1796, puis à nouveau en 1810, sont de toute évidence des paraphrases en vers anglais plutôt que des traductions. Les sélections, ainsi que les anecdotes du traducteur sur certains auteurs, fournissent néanmoins une histoire concise de la littérature arabe pendant la période la plus florissante de l’empire musulman.
Mais ce volume doit posséder un intérêt et une valeur bien au-delà de ce qui pourrait autrement lui être attaché, en contenant les célèbres poèmes Burda de K’Ab et El-Būsīrī, qui sont ici présentés pour la première fois en anglais, par MJW Redhouse, dont la haute réputation d’érudition sera une garantie suffisante pour le lecteur anglais que les traductions sont aussi précises qu’il est possible de rendre de telles compositions énigmatiques dans notre langue.
Il peut paraître étrange qu’un simple érudit anglais (car ma connaissance de l’arabe est [p. v] «rien, et moins que rien, et vanité») ait entrepris la tâche d’éditer un thésaurus de poésie arabe. Mais le plan initial était très simple et, pour être parfaitement franc, je ne me suis pas considéré comme totalement incompétent pour juger de ce qui pourrait intéresser des lecteurs anglais intelligents. Les lecteurs décideront bien sûr eux-mêmes de la manière dont la tâche a été accomplie.
Le manque d’uniformité dans l’orthographe des noms propres arabes dans les différentes sections du livre s’explique ainsi : la traduction des Mu’allaqāt par Sir W. Jones est réimprimée littéralement et textuellement ; il en a été de même pour Carlyle et d’autres dont les traductions ont été reproduites. Presque chaque arabisant anglais de renom a son propre système de translittération favori ; et lorsque les médecins diffèrent, qui décidera ? Dans l’introduction, cependant, j’ai généralement adopté le système de M. Redhouse, confiant que ce faisant, j’ai suivi un guide sûr.
Les sujets de l’introduction sont nécessairement traités avec brièveté : le volume dépasse en volume de deux tiers la limite initialement proposée ; mais les notes d’annexe se révéleront utiles pour combler une grande partie de ce qui peut sembler manquer dans le contenu introductif.
Je saisis cette occasion pour exprimer ma reconnaissance à M. Redhouse pour l’aide précieuse qu’il m’a apportée dans le cours de mes travaux : il m’a suffi de lui faire connaître mes difficultés pour qu’elles soient promptement levées, mais toutes les lacunes et les bévues doivent être imputées à moi seul.
[p. vi]
Je dois aussi exprimer mes plus vifs remerciements à tous ceux qui ont soutenu cette humble tentative de populariser la poésie arabe parmi les lecteurs anglais. Les membres de la Royal Asiatic Society en général ont chaleureusement encouragé ce projet et, bien que cela ne puisse rien ajouter à leur réputation, j’ai le grand plaisir de signaler que M. William Platt, le colonel W. Nassau Lees, Sir William Muir, le professeur E. B. Cowell, de Cambridge, le révérend professeur R. Gandell, d’Oxford, le professeur W. Wright, de Cambridge, le révérend professeur W. P. Dickson et le révérend professeur James Robertson, tous deux de l’université de Glasgow, ont été parmi les premiers à avoir aimablement manifesté leur intérêt pour cette petite entreprise. Je ne peux que regretter que le résultat, tel qu’il est présenté ici, soit si loin de ce qu’il aurait pu être entre des mains plus compétentes.
Il ne reste plus qu’à ajouter que, dans le cours de ce travail, j’ai dû rechercher beaucoup d’informations hors du commun, et j’ai dû cruellement mettre à rude épreuve la courtoisie de mes amis obligeants : MJT Clark, de la bibliothèque des avocats d’Édimbourg, M. James Lymburn, de la bibliothèque de l’université de Glasgow, et FT Barrett, de la bibliothèque publique Mitchell de Glasgow, qui m’ont fourni toute l’aide possible, en attirant mon attention sur des ouvrages peu connus et en me fournissant des notes bibliographiques utiles.
W. A. CLOUSTON.
Glasgow, décembre 1880.