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Les dictons et les proverbes de l’Antiquité et des temps modernes, dans toutes les langues que je connais ou auxquelles j’ai eu accès par des traductions, ont toujours eu pour moi un grand attrait. Tirés de l’expérience et de l’étude de la vie humaine, ils ont été réduits par des hommes sages à des phrases courtes et concises, généralement exprimées sous une forme pittoresque ou frappante, destinées à transmettre de saines vérités morales. Ils sont destinés à être des maximes de vie ou des règles de conduite, principalement destinées aux jeunes, mais peuvent être lus avec plaisir et profit aussi bien aux jeunes qu’aux vieux. C’est dans ce but que les éditeurs de la série Wisdom of the East ont récemment publié un certain nombre de petits livres sur ce sujet, soigneusement [12] traduits par des spécialistes compétents, et qui ont été très appréciés par la presse et le public anglais. Leur désir principal, cependant, semble être « que ces livres soient les ambassadeurs de la bonne volonté et de la compréhension entre l’Orient et l’Occident », et aussi que « les grands idéaux et la noble philosophie de la pensée orientale puissent aider à une renaissance de ce véritable esprit de charité qui ne méprise ni ne craint les nations d’une autre croyance et d’une autre couleur. » (Voir Note éditoriale.)
C’est aussi pour ces motifs, mais bien avant d’avoir vu ces livres, que j’ai employé une partie de mes heures de loisir à traduire en arabe quelques-unes des meilleures paroles de M. Aurelius, de Shakespeare, de Tennyson, des proverbes anglais et autres, et, tout récemment, des sélections de L’Instruction de Ptah-Hotep et du Parchemin de Sagesse de _Sadi. Ces livres ont été publiés dans les meilleures revues arabes et ont été lus par de nombreux chrétiens, musulmans et juifs en Égypte, en Syrie et dans d’autres pays ; et certains de ces lecteurs orientaux m’ont dit qu’ils y ont trouvé beaucoup de matière à réflexion et d’instruction, tandis que leurs vues sur la communauté et les liens de la nature humaine entre toutes les nations et dans toutes les parties du monde se sont élargies et développées.
La langue arabe est particulièrement riche en ce genre de littérature, et ses proverbes sont souvent introduits de manière appropriée dans les conversations, les lettres et les livres, et ajoutent beaucoup de force à ce qui est dit ou écrit. Beaucoup sont légers et familiers, et font sourire ou rire à la fois l’orateur et l’auditeur ; [13] mais beaucoup se distinguent aussi par leur forme classique et les idées sérieuses et pesantes qu’ils véhiculent ou inculquent. Il a donc été facile de trouver une matière abondante pour ce petit livre, mais il a été quelque peu difficile de faire une sélection judicieuse, de classer les différents sujets sous des rubriques appropriées et de traduire les idiomes arabes en bon anglais. D’autres difficultés se sont présentées lorsque le proverbe en arabe est formé de deux parties qui s’assonent ou qui riment, lorsque le piquant d’une courte phrase dépend tellement de la bizarrerie de son expression, lorsqu’un calembour ou un jeu de mots intraduisible est utilisé, ou lorsque la phrase est trop elliptique ou trop orientale dans sa référence pour être facilement comprise par les lecteurs anglais. La traduction que j’ai faite est généralement littérale, parfois libre, mais toujours fidèle à l’original. J’ai laissé certaines traductions dans leur forme orientale pour montrer la tendance de pensée et le mode de vie arabes. Les traductions du Coran sont toutes de moi et j’en suis seul responsable. Tout ce que j’ai essayé de faire était pour les lecteurs ordinaires – et pour eux seuls.
Beaucoup de proverbes sont communs à toutes les langues, et dans toutes, notamment chez les nations sémitiques, il y a souvent une exagération, [1] ou une vision unilatérale, [2] [14] ou un paradoxe, [3] qu’il faut prendre avec une certaine latitude et avec les limitations naturelles qu’exige le bon sens. On remarquera aussi que beaucoup de proverbes arabes ont une grande ressemblance avec les Proverbes de Salomon, et prennent souvent cette forme rhétorique ou ce parallélisme dont abonde la poésie hébraïque lorsque la même idée est répétée en d’autres mots, ou lorsque ses côtés positifs et négatifs sont mis en contraste. La citation suivante, tirée du huitième chapitre de ce livre, peut servir d’exemple de ce qui vient d’être dit, et d’introduction appropriée à ce petit livre :
« La sagesse ne crie-t-elle pas,
Et la compréhension fait entendre sa voix ?
À vous, ô hommes, je fais appel;
Et ma voix s’adresse aux fils des hommes.
Car ma bouche proclamera la vérité;
Et la méchanceté est une abomination à mes lèvres.
Car celui qui me trouve trouve la vie,
Et obtiendra la faveur du Seigneur.
Mais celui qui pèche contre moi fait tort à son âme.
Tous ceux qui me haïssent aiment la mort.