[p. iii]
Le Dr. WEIL a déclaré, dans son introduction à ces légendes, qu’il les a extraites principalement de documents arabes originaux, qui sont toujours reçus par les musulmans comme les biographies inspirées des anciens patriarches et prophètes.
Il faut encore ajouter que les idées principales de ces légendes musulmanes, c’est-à-dire leurs récits historiques marquants, les doctrines et les préceptes qu’elles énoncent expressément ou impliquent, sont contenues dans le Coran. Dans certains cas, il en donne les détails les plus infimes. En fait, il semblerait que ces légendes fassent partie, au moins, de ce que le fondateur de la foi musulmane appelle « la mère du livre », indiquant qu’elles ont précédé son Coran dans l’ordre temporel et qu’elles contiennent le germe de cette foi qu’il a développée par la suite.
Cette idée est suggérée par le savant compilateur allemand, et est corroborée par le fait que [p. iv] les légendes étaient inconnues des Arabes avant que Mahomet ne commence à prêcher, alors que dans le Coran il les mentionne comme déjà familières à ses auditeurs.
Quoi qu’il en soit, il est certain que le fait que leurs idées principales se trouvent dans le Coran les investit d’une autorité divine pour le musulman fidèle, car c’est un article fondamental de sa foi que tout ce qui est contenu dans le Coran vient d’Allah. En lisant ces légendes pour la première fois, il est donc venu à l’esprit de l’écrivain qu’elles pourraient être une acquisition précieuse, comme résumé de la théologie et de la morale musulmanes. Et leur caractère particulier, leur allusion constante aux faits scripturaires, avec lesquels la plupart des lecteurs de la Bible s’identifient fortement, leurs inventions nouvelles et magnifiques, souvent sublimes, les conférant à la fois la fidélité des détails historiques et la fraîcheur et la fascination de la fiction orientale, semblent les rendre particulièrement aptes à l’instruction populaire. Si l’on demande quel avantage peut être tiré de la promulgation des principes d’un système prétendument erroné, on répond qu’il faut observer une distinction entre les faux systèmes auxquels on a cessé de croire, [v] et ceux qui sont toujours maintenus comme des vérités divines par une partie de l’humanité.
On peut se demander si la première classe doit être enseignée, bien qu’il y ait des raisons pour lesquelles même la mythologie éclatée des anciens devrait être connue ; mais concernant la seconde classe, à laquelle appartient la religion de Mahomet, il ne devrait y avoir qu’une seule opinion.
Notre Rédempteur nous a confié en partie la propagation de sa sainte foi, par laquelle seule il déclare que l’humanité atteindra cette sainteté, cette paix et cette gloire pour lesquelles elle a été créée. Par conséquent, la démonstration par les intendants de l’Évangile d’une fausse religion dans laquelle, comme dans le cas qui nous occupe, cent vingt millions de notre race immortelle jouent en ce moment même, ne peut qu’être importante, à la fois pour éveiller en nous des sentiments de charité profonde et active pour ces multitudes aveuglées, et pour nous fournir l’intelligence requise pour combattre efficacement leurs graves erreurs avec les armes de la vérité.
Si le public ressent un intérêt pour cet ouvrage, le traducteur propose, dans un prochain volume, [vi] de discuter en détail du principe légendaire et de montrer l’analogie de son fonctionnement pratique dans les systèmes religieux juif, mahométan et catholique romain.