Chapitre IV. Des œuvres de Dieu, considérées métaphysiquement | Page de titre | Chapitre I. Définition des offices saints et prophétiques |
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Division de l’univers en quatre sources. Les soufis et les unitariens divisent l’univers en quatre sources, dont la première est la nature de Dieu, la seconde l’esprit constructif, la troisième et la quatrième le monde invisible et le monde sensible. Cette division est contraire aux doctrines contenues dans le Coran et la Loi traditionnelle, bien que beaucoup même des Mollahs les plus stricts la reconnaissent. Ces derniers disent cependant que la première source, c’est-à-dire Dieu, a créé les trois autres à partir du néant et qu’il les réduira à néant quand il lui plaira. Les unitariens soutiennent qu’il est impossible que ce qui n’est pas soit et que ce qui est ne soit pas. Ce qui existe doit toujours exister et ce qui n’existe pas ne peut jamais exister.
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Comment donc, demandent les soufis, le monde s’est-il manifesté ?Et les unitariens répondent comme suit.
La première source, qui est Dieu, est un trésor caché, réconcilié avec le récit unitaire. Il désirait être connu [2]. Il apparut donc, venant de l’être intérieur à l’être extérieur ; ce fut le commencement de la seconde source ou esprit constructif. Celle-ci apparut de nouveau, et les troisième et quatrième sources furent de la même manière rendues manifestes ; ce sont les mondes invisible et sensible. La manière dont ces derniers sont venus à l’existence, et d’eux tous les objets matériels, a été racontée dans un chapitre précédent. Tout procède donc de la première source. La source donc qui était un trésor caché était la nature intérieure de Dieu, et tout être existant une manifestation de sa nature ; par conséquent, tout ce qui existe est la nature de Dieu, et il n’y a ni ne peut y avoir d’autre existence que la Sienne.
C’est à cette doctrine que ’Abdallah ibn ’Abbás [3] ’Abdallah ibn ’Abbás. faisait référence lorsqu’il disait : « Je serai accusé d’incrédulité si j’interprète correctement le verset : « C’est Dieu qui a créé les sept cieux et une terre semblable à eux, et Son commandement descend entre eux, afin que vous sachiez qu’Il a pouvoir sur toutes choses. » (Cor. cap. 65, v. 12.)
Les Unitaires disent en général que ces quatre sources ont toujours été exactement comme elles sont maintenant et n’ont aucune préséance l’une sur l’autre. [p. 40] Car affirmer que l’une d’elles a une telle préséance, serait supposer qu’elle doit avoir été imparfaite et avoir atteint la perfection, ou avoir été originellement parfaite et s’être détériorée par la suite ; mais toute notion de détérioration est incompatible avec l’existence, puisque cela doit être l’existence de Dieu.
Les initiés parmi eux, cependant, admettent que la Première Source a préséance sur la Seconde, et la Seconde sur la troisième et la quatrième, mais ils affirment qu’il s’agit d’une préséance d’ordre et d’esprit, non de lieu ou de temps, la préséance de l’astre solaire sur ses rayons, ou de la cause sur l’effet, chacune ayant été manifestée par la précédente.
Résumé de la théorie unitaire. La théorie unitaire peut se résumer ainsi : Dieu est la Première Source, Il est le trésor caché qui désire se faire connaître ; les autres sont des manifestations du Premier, et plus les manifestations ont lieu, plus le Premier devient connu.
Les soufis soutiennent que ces quatre sources ont une préséance l’une sur l’autre, à la fois dans le temps et dans l’espace, comme Adam sur Mahomet. L’origine de l’univers est placée par eux dans l’éternité (azal), celle de l’esprit constructif, la seconde source d’où il est issu, dans l’éternité des éternités (azal i azál), tandis que la nature de Dieu, la première source, est éternelle (lam yazul wa lá yuzál).
Le voyageur doit alors surmonter les contraintes du temps et du lieu, avant que ses pas puissent approcher le seuil de l’éternité.
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Il y a d’autres unitariens qui expliquent les quatre sources comme suit.
La Première Source, la Nature de Dieu, est appelée, selon une autre conception unitaire, une Lumière infinie et illimitée, une mer sans limites et insondable. La Seconde Source, l’Esprit Constructif, procédant de Lui, est également une Lumière infinie et illimitée et une mer sans limites et insondable ; elle comprend et englobe chaque atome existant, et gouverne et administre l’Univers entier. Les deux autres sources sont des manifestations de cette Lumière infinie, et les phénomènes récurrents de la nature ne sont que des manifestations continues de celle-ci.
Les images variées que j’ai dessinées sur l’espace,
Voyez comme ces spectacles semblent beaux et bons !
Je leur ai donné un aperçu de mon visage glorieux,
Et voilà, c’est désormais le thème universel.
En cela, la théorie unitaire diffère peu de celle des soufis, mais les premiers disent que le seul but de cette manifestation était que Dieu, le trésor caché, puisse se faire connaître. C’est comme le miroir de Dieu, le miroir dans lequel se reflètent sa majesté et sa perfection, le miroir dans lequel il se voit lui-même.
Ne regardez pas de travers, le Saint sera toujours le même,
Le Dieu de tous, bien que souvent invoqué sous des noms différents.
L’Univers est le miroir de Dieu et le cœur de l’homme est le miroir de l’Univers. Si le voyageur veut connaître Dieu, il doit regarder dans son propre cœur. S’il veut connaître la lumière, il doit regarder dans son propre cœur. Bref, s’il désire éviter [p. 42] le péché et l’ignorance, et atteindre la sainteté et la sagesse, le guide qui le conduira sur son chemin est là, « une petite voix douce », qui lui ordonne toujours « d’éviter le mal et de choisir le bien ».
J’ai parcouru toute la terre à la recherche du phare,
Je ne m’attardais jamais dans la journée, je ne cherchais jamais le repos la nuit ;
Jusqu’à ce que j’entende un révérend prédicateur déclarer tout le mystère,
Puis j’ai regardé dans ma poitrine, et elle brillait vivement là.
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