« Dites-moi, aurait-ce été un grand péché de la part des prêtres si, alors qu’ils transportaient l’arche du témoignage de Dieu, ils l’avaient laissée tomber à terre ? »
Les disciples tremblèrent en entendant cela, car ils savaient que Dieu avait fait mourir Uzza pour avoir touché l’arche de Dieu. Et ils dirent : « Un tel péché serait très grave. »
Alors Jésus dit : « Dieu est vivant ! C’est un plus grand péché que d’oublier la parole de Dieu, par laquelle il a créé toutes choses, et par laquelle il t’offre la vie éternelle. »
Et ayant dit cela, Jésus fit une prière, et après sa prière, il dit : « Demain, nous devons passer à Samarie, car ainsi m’a dit le saint ange de Dieu. »
Un jour, de bon matin, Jésus arriva près du puits que Jacob avait creusé et donna à Joseph son fils. Alors, fatigué du voyage, Jésus envoya ses disciples à la ville pour acheter des vivres. Il s’assit donc au bord du puits, sur la pierre du puits. Et voici, une femme samaritaine vient au puits pour puiser de l’eau.
Jésus dit à la femme : Donne-moi à boire. La femme répondit : Maintenant, n’as-tu pas honte de me demander à boire, à moi qui suis une femme samaritaine, qui es Hébreu ?
Jésus répondit : « Ô femme, si tu savais qui est celui qui te demande à boire, peut-être lui aurais-tu demandé à boire. »
La femme répondit : « Maintenant, comment me donnerais-tu à boire, puisque tu n’as ni récipient pour puiser l’eau, ni corde, et que le puits est profond ? »
Jésus répondit : « Femme, celui qui boit de l’eau de ce puits aura encore soif ; mais celui qui boit de l’eau que je lui donne n’a plus soif ; mais à ceux qui ont soif, ils donnent à boire, de sorte qu’ils parviennent à la vie éternelle. »
Alors la femme dit : « Seigneur, donne-moi de cette eau. » Jésus répondit : « Va, appelle ton mari, et je vous donnerai à boire à tous les deux. »
La femme dit : « Je n’ai pas de mari. »
Jésus répondit : « Tu as bien dit la vérité, car tu as eu cinq maris, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari.
La femme fut confondue en entendant cela, et dit : « Seigneur, par ceci je vois que tu es un prophète ; c’est pourquoi dis-moi, je prie : les Hébreux font des prières sur la montagne de Sion dans le temple construit par Salomon à Jérusalem, et disent que c’est là et nulle part ailleurs que les hommes trouvent grâce et miséricorde de Dieu. Et notre peuple adore sur ces montagnes, et dit que c’est seulement sur les montagnes de Samarie qu’il faut adorer. Qui sont les vrais adorateurs ? »
Alors Jésus poussa un soupir et pleura, disant : « Malheur à toi, Judée, car tu te glorifies en disant : « Le temple du Seigneur, le temple du Seigneur », et tu vis comme s’il n’y avait pas de Dieu, entièrement livré aux plaisirs et aux gains du monde ; car cette femme au jour du jugement te condamnera à l’enfer ; car cette femme cherche à savoir comment trouver grâce et miséricorde devant Dieu. »
Et se tournant vers la femme, il dit : « Femme, vous, les Samaritains, vous adorez ce que vous ne connaissez pas, mais nous, les Hébreux, nous adorons ce que nous connaissons. En vérité, je te le dis, Dieu est esprit et vérité, et c’est pourquoi il faut l’adorer en esprit et en vérité. Car la promesse de Dieu a été faite à Jérusalem, dans le temple de Salomon, et non ailleurs. Mais crois-moi, un temps viendra où Dieu fera miséricorde dans une autre ville, et en tout lieu il sera possible de l’adorer en vérité. Et en tout lieu Dieu aura accepté la vraie prière avec miséricorde. »
La femme répondit : « Nous attendons le Messie ; quand il viendra, il nous enseignera. »
Jésus répondit : « Sais-tu, femme, que le Messie doit venir ? »
Elle répondit : « Oui, Seigneur. »
Alors Jésus se réjouit et dit : « Pour autant que je vois, ô femme, tu es fidèle. Sache donc que c’est par la foi au Christ que seront sauvés tous les élus de Dieu. Il est donc nécessaire que tu saches la venue du Messie. »
La femme dit : « Ô Seigneur, peut-être es-tu le Messie. »
Jésus répondit : « Je suis envoyé comme prophète du salut à la maison d’Israël. Mais après moi viendra le Messie, envoyé par Dieu dans le monde entier, pour qui Dieu a fait le monde. Alors Dieu sera adoré dans le monde entier et miséricordieux, de sorte que l’année du jubilé, qui vient maintenant tous les cent ans, sera ramenée par le Messie à chaque année en tout lieu. »
Alors la femme laissa sa cruche et courut à la ville annoncer tout ce qu’elle avait entendu de Jésus.
Pendant que la femme parlait avec Jésus, ses disciples arrivèrent et s’étonnèrent de ce que Jésus parlait ainsi à une femme. Cependant, aucun ne lui dit : « Pourquoi parles-tu ainsi à une femme samaritaine ? »
Alors, lorsque la femme fut partie, ils dirent : « Maître, viens et mange. »
Jésus répondit : « Je dois manger autre chose. »
Alors les disciples se dirent entre eux : « Peut-être qu’un voyageur a parlé avec Jésus et est allé lui chercher de la nourriture. » Et ils interrogeèrent celui qui écrit cela, en disant : « Y a-t-il ici quelqu’un, ô Barnabas, qui aurait pu apporter de la nourriture au maître ? »
Alors celui qui écrit répondit : « Il n’y a eu ici personne d’autre que la femme que vous avez vue, qui a apporté ce vase vide pour le remplir d’eau. » Alors les disciples se tenaient là, stupéfaits, attendant la fin des paroles de Jésus. Alors Jésus dit : « Vous ne savez pas que la vraie nourriture, c’est de faire la volonté de Dieu ; car ce n’est pas le pain qui nourrit l’homme et lui donne la vie, mais plutôt la parole de Dieu, par sa volonté. C’est pourquoi les saints anges ne mangent pas, mais vivent nourris uniquement par la volonté de Dieu. Et ainsi nous, Moïse, Élie et encore un autre, avons été quarante jours et quarante nuits sans aucune nourriture. »
Et levant les yeux, Jésus dit : « À quelle distance est la moisson ? »
Les disciples répondirent : « Trois mois. »
Jésus dit : « Voyez maintenant que la montagne est blanche de blé. En vérité, je vous le dis, aujourd’hui il y a une grande moisson à faire. » Puis il montra la foule qui était venue le voir. En effet, la femme était entrée dans la ville et avait fait bouger toute la ville en disant : « Hommes, venez et voyez un nouveau prophète envoyé par Dieu à la maison d’Israël. » Et elle leur raconta tout ce qu’elle avait entendu de Jésus. Lorsqu’ils furent arrivés, ils prièrent Jésus de rester avec eux. Il entra dans la ville et y demeura deux jours, guérissant tous les malades et enseignant ce qui concerne le royaume de Dieu.
Alors les citoyens dirent à la femme : « Nous croyons plus à ses paroles et à ses miracles qu’à ce que tu as dit ; car il est vraiment un saint de Dieu, un prophète envoyé pour le salut de ceux qui croiront en lui. »
Après la prière de minuit, les disciples s’approchèrent de Jésus et il leur dit : « Cette nuit sera au temps du Messie, messager de Dieu, le jubilé annuel qui vient maintenant tous les cent ans. Je ne veux donc pas que nous dormions, mais prions, inclinant la tête cent fois, en rendant hommage à notre Dieu, puissant et miséricordieux, qui est béni pour toujours, et disons donc chaque fois : « Je te confesse, notre Dieu unique, qui n’as pas eu de commencement et qui n’aura jamais de fin ; car par ta miséricorde tu as donné à toutes choses leur commencement, et par ta justice tu donneras à toutes une fin ; tu n’as aucune ressemblance parmi les hommes, car dans ton infinie bonté tu n’es soumis ni au mouvement ni au hasard. Aie pitié de nous, car tu nous as créés, et nous sommes l’ouvrage de tes mains. »
Après avoir fait la prière, Jésus dit : « Rendons grâce à Dieu parce qu’il nous a accordé cette nuit une grande miséricorde ; parce qu’il a fait revenir le temps qui doit s’écouler cette nuit, parce que nous avons fait la prière en union avec l’envoyé de Dieu. Et j’ai entendu sa voix. »
Les disciples se réjouirent grandement en entendant cela et dirent : « Maître, enseigne-nous quelques préceptes cette nuit. »
Alors Jésus dit : « Avez-vous déjà vu du fumier mélangé avec du baume ? »
Ils répondirent : « Non, Seigneur, car personne n’est assez fou pour faire une telle chose. »
« Or, je vous dis qu’il y a dans le monde de plus grands insensés, dit Jésus, parce qu’ils mêlent au service de Dieu le service du monde. A tel point que beaucoup de gens intègres ont été trompés par Satan et, en priant, ont mêlé à leur prière des affaires mondaines, de sorte qu’ils sont devenus alors abominables aux yeux de Dieu. Dites-moi, lorsque vous vous lavez pour la prière, prenez-vous garde qu’aucune chose impure ne vous touche ? Oui, assurément. Mais que faites-vous lorsque vous faites la prière ? Vous lavez votre âme des péchés par la miséricorde de Dieu. Voudriez-vous donc, pendant que vous faites la prière, parler de choses mondaines ? Prenez garde de le faire, car toute parole mondaine devient de la fiente du diable sur l’âme de celui qui parle. »
Alors les disciples tremblèrent, parce qu’il parlait avec véhémence d’esprit; et ils dirent: «O maître, que ferons-nous si pendant que nous faisons la prière un ami vient nous parler?»
Jésus répondit : « Laissez-le attendre et terminez la prière. »
Barthélemy dit : « Mais que se passerait-il s’il était offensé et s’en allait, quand il verrait que nous ne lui parlons pas ? »
Jésus répondit : « S’il est offensé, croyez-moi, il ne sera ni votre ami ni votre croyant, mais plutôt un incrédule et un compagnon de Satan. Dites-moi, si vous alliez parler à un garçon d’écurie d’Hérode et que vous le trouviez en train de parler aux oreilles d’Hérode, seriez-vous offensé s’il vous faisait attendre ? » Non, assurément ; mais vous seriez consolé de voir votre ami en faveur auprès du roi. Est-ce vrai ? dit Jésus.
Les disciples répondirent : « C’est tout à fait vrai. »
Jésus dit alors : « En vérité, je vous le dis, quiconque prie parle à Dieu. Est-il donc juste que vous cessiez de parler à Dieu pour parler aux hommes ? Est-il juste que votre ami soit offensé à cause de cela, parce que vous avez plus de respect pour Dieu que pour lui ? Croyez-moi, s’il est offensé parce que vous le faites attendre, c’est un bon serviteur du diable. Car ce que veut le diable, c’est que Dieu soit abandonné à cause des hommes. Dieu est vivant ! celui qui craint Dieu doit, en toute bonne œuvre, se séparer des œuvres du monde, afin de ne pas corrompre cette bonne œuvre. »
« Quand un homme fait du mal ou parle mal, si quelqu’un vient le corriger et empêche son travail, que fait-il ? » dit Jésus.
Les disciples répondirent : « Il fait bien, car il sert Dieu, qui cherche toujours à empêcher le mal, comme le soleil qui cherche toujours à chasser les ténèbres. »
Jésus dit : « Et moi, je vous dis au contraire que lorsqu’un homme fait ou parle bien, quiconque cherche à l’en empêcher sous prétexte de quelque chose de moins bon, il sert le diable, et même il devient son compagnon. Car le diable ne s’occupe que d’empêcher tout bien.
« Mais que vous dirai-je maintenant ? Je vous dirai comme a dit Salomon, le prophète, saint et ami de Dieu : « Parmi les mille que vous connaissez, un seul sera votre ami. »
Alors Matthieu dit : « Alors nous ne pourrions aimer personne. »
Jésus répondit : « En vérité, je vous le dis, il ne vous est pas permis de haïr autre chose que le péché. En effet, vous ne pouvez pas haïr Satan, comme créature de Dieu, mais plutôt comme ennemi de Dieu. Savez-vous pourquoi ? Je vous le dirai : car il est une créature de Dieu, et tout ce que Dieu a créé est bon et parfait. Par conséquent, celui qui hait la créature hait aussi le créateur. Mais l’ami est une chose singulière, qui ne se trouve pas facilement, mais se perd facilement. Car l’ami ne souffrira pas de contradiction avec celui qu’il aime par-dessus tout. Prenez garde, soyez prudents, et ne choisissez pas pour ami quelqu’un qui n’aime pas celui que vous aimez. Savez-vous ce que signifie ami ? Ami ne signifie rien d’autre que médecin de l’âme. Et ainsi, de même qu’on trouve rarement un bon médecin qui connaisse la maladie et sache lui appliquer les remèdes, de même sont rares les amis qui connaissent les défauts et savent comment guider vers le bien. Mais il y a un mal, c’est qu’il y en a beaucoup qui ont des amis qui feignent de ne pas voir les fautes de leurs amis, d’autres les excusent, d’autres les défendent sous des prétextes terrestres, et, ce qui est pire, il y a des amis qui invitent et aident leurs amis à errer, dont la fin sera à la mesure de leur méchanceté. Prenez garde de ne pas recevoir de tels hommes pour amis, car en vérité ils sont des ennemis et des meurtriers d’âmes.
Que ton ami soit tel que, de même qu’il veut te corriger, il puisse recevoir la correction, et de même qu’il veut que tu abandonnes toutes choses pour l’amour de Dieu, de même il puisse de nouveau se contenter que tu l’abandonnes pour le service de Dieu.
« Dis-moi, si l’homme ne sait pas aimer Dieu, comment saura-t-il s’aimer lui-même ? Et comment saura-t-il aimer les autres, s’il ne sait pas s’aimer lui-même ? Assurément, cela est impossible. C’est pourquoi, lorsque tu choisis quelqu’un pour ami (car il est vraiment bien pauvre celui qui n’a pas d’ami), veille à ne considérer d’abord ni sa belle lignée, ni sa belle famille, ni sa belle maison, ni ses beaux vêtements, ni sa belle personne, ni encore ses belles paroles, car tu seras facilement trompé. Mais regarde comme il craint Dieu, comme il méprise les choses de la terre, comme il aime les bonnes œuvres, et par-dessus tout comme il hait sa propre chair, et alors tu trouveras facilement le véritable ami, s’il craint Dieu par-dessus tout, et méprise les vanités du monde, s’il s’occupe toujours de bonnes œuvres, et haït son propre corps comme un ennemi cruel. Tu n’aimeras pas un tel ami de telle manière que ton amour demeure en lui, car tu deviendrais alors un idolâtre. Mais aime-le comme un don que Dieu t’a fait, car ainsi Dieu l’ornera d’une plus grande faveur. En vérité, je vous le dis, celui qui a trouvé un véritable ami a trouvé l’un des délices du paradis ; non, telle est la clé du paradis.’
Thaddée répondit : « Mais si par hasard un homme a un ami qui n’est pas tel que tu l’as dit, ô maître ? Que doit-il faire ? Doit-il l’abandonner ? »
Jésus répondit : « Il doit faire comme le marin avec son navire, qui le conduit tant qu’il le juge profitable, mais qui, lorsqu’il le voit comme une perte, l’abandonne. Tu feras ainsi avec ton ami qui est pire que toi : dans les choses où il est pour toi une offense, quitte-le si tu ne veux pas être épargné par la miséricorde de Dieu. »
« Malheur au monde à cause des scandales. Il faut que le scandale arrive, car tout le monde gît dans la méchanceté. Mais malheur à l’homme par qui le scandale arrive. Il vaudrait mieux pour cet homme avoir une meule autour du cou et être plongé dans les profondeurs de la mer que de scandaliser son prochain. Si ton œil est pour toi un scandale, arrache-le ; car il vaut mieux pour toi entrer au paradis avec un seul œil que d’aller en enfer avec les deux. Si ta main ou ton pied te scandalisent, fais de même, car il vaut mieux pour toi entrer dans le royaume des cieux avec un seul pied ou une seule main, que d’aller en enfer avec tes deux mains et tes deux pieds. »
Simon, appelé Pierre, dit : « Seigneur, comment dois-je faire cela ? Il est certain que dans peu de temps je serai démembré. »
Jésus répondit : « Pierre, renonce à la prudence charnelle et tu trouveras aussitôt la vérité. Car celui qui t’enseigne, c’est ton œil, celui qui t’aide à travailler, c’est ton pied, et celui qui te sert, c’est ta main. C’est pourquoi, quand de telles choses te sont une occasion de péché, laisse-les ; car il vaut mieux pour toi aller au paradis ignorant, avec peu d’œuvres et pauvre, que d’aller en enfer sage, avec de grandes œuvres et riche. Tout ce qui peut t’empêcher de servir Dieu, rejette-le loin de toi, comme un homme rejette tout ce qui lui cache la vue. »
Et ayant dit cela, Jésus appela Pierre et lui dit : « Si ton frère a péché contre toi, va et reprends-le. S’il s’améliore, réjouis-toi, car tu as gagné ton frère. Mais s’il ne s’améliore pas, va et appelle deux témoins et reprends-le de nouveau. S’il ne s’améliore pas, va et rapporte-le à l’Église. S’il ne s’améliore pas, considère-le comme infidèle. C’est pourquoi tu n’habiteras pas sous le même toit qu’il habite, tu ne mangeras pas à la même table où il est assis, et tu ne lui parleras pas ; de sorte que, si tu sais où il met le pied en marchant, tu n’y mettras pas le pied. »
« Mais prends garde de ne pas te croire meilleur ; dis plutôt : « Pierre, Pierre, si Dieu ne t’aidait pas par sa grâce, tu serais pire que lui. »
Pierre répondit : « Comment dois-je le corriger ? »
Jésus répondit : « De la même manière que toi-même tu voudrais être corrigé. Et comme tu voudrais être supporté, supporte les autres. Crois-moi, Pierre, car en vérité je te le dis, chaque fois que tu corrigeras ton frère avec miséricorde, tu recevras la miséricorde de Dieu et tes paroles porteront du fruit ; mais si tu le fais avec rigueur, tu seras rigoureusement puni par la justice de Dieu et tu ne porteras aucun fruit. Dis-moi, Pierre : ces pots de terre dans lesquels les pauvres font cuire leur nourriture, les lavent-ils, par hasard, avec des pierres et des marteaux de fer ? Non, assurément ; mais plutôt avec de l’eau chaude. Les vases sont brisés en morceaux avec du fer, les objets en bois sont brûlés au feu ; mais l’homme est amendé par la miséricorde. C’est pourquoi, lorsque tu corrigeras ton frère, tu te diras : « Si Dieu ne m’aide pas, je ferai demain pire que tout ce qu’il a fait aujourd’hui. »
Pierre répondit : « Combien de fois dois-je pardonner à mon frère, ô Maître ? »
Jésus répondit : « Autant de fois que tu désires être pardonné par lui. »
Pierre dit : « Sept fois par jour ? »
Jésus répondit : « Tu lui pardonneras non seulement sept fois, mais soixante-dix fois sept fois chaque jour ; car celui qui pardonne, il lui sera pardonné, et celui qui condamne sera condamné. »
Alors celui qui écrit cela dit : « Malheur aux princes ! car ils iront en enfer. »
Jésus le réprimanda et lui dit : « Tu es devenu insensé, ô Barnabas, en parlant ainsi. En vérité, je te le dis, le bain n’est pas aussi nécessaire au corps, le mors au cheval et la barre au navire, que le chef l’est à l’État. Et pourquoi Dieu a-t-il donné Moïse, Josué, Samuel, David et Salomon, et tant d’autres qui jugeaient ? À de tels hommes Dieu a donné l’épée pour extirper l’iniquité. »
Alors celui qui écrit cela dit : « Maintenant, comment doit-on rendre le jugement, condamner et pardonner ? »
Jésus répondit : « Tout le monde n’est pas juge ; car c’est au juge seul qu’il appartient de condamner les autres, ô Barnabas. Et le juge doit condamner le coupable, comme le père ordonne qu’on retranche à son fils le membre corrompu, afin que tout le corps ne se corrompe pas. »
Pierre dit : « Combien de temps dois-je attendre pour que mon frère se repente ? »
Jésus répondit : « Aussi longtemps que tu voudras être attendu. »
Pierre répondit : « Ce n’est pas tout le monde qui comprendra cela ; c’est pourquoi parle-nous plus clairement. »
Jésus répondit : « Attends ton frère aussi longtemps que Dieu l’attend. »
« Ils ne comprendront pas cela non plus », dit Peter.
Jésus répondit : « Attendez-le jusqu’à ce qu’il ait le temps de se repentir. »
Alors Pierre et les autres furent tristes, parce qu’ils ne comprenaient pas ce que cela signifiait. Jésus répondit : « Si vous aviez un bon sens et saviez que vous êtes vous-mêmes pécheurs, vous ne songeriez jamais à détourner votre cœur de la miséricorde envers le pécheur. C’est pourquoi je vous le dis clairement : il faut attendre le pécheur pour qu’il se repente, aussi longtemps qu’il a une âme sous ses dents pour respirer. Car ainsi l’attend notre Dieu, le Puissant et le Miséricordieux. Dieu n’a pas dit : « À l’heure où le pécheur jeûnera, fera l’aumône, priera et ira en pèlerinage, je lui pardonnerai. » C’est pourquoi beaucoup ont fait cela et sont damnés éternellement. Mais il a dit : « À l’heure où le pécheur pleurera sur ses péchés, moi, je ne me souviendrai plus de ses iniquités. » Comprenez-vous ? dit Jésus.
Les disciples répondirent : « Une partie nous comprenons, et une autre partie non. »
Jésus dit : « Quelle est la partie que vous n’avez pas comprise ? »
Ils répondirent : « Beaucoup de ceux qui ont fait la prière avec le jeûne sont damnés. »
Alors Jésus dit : « En vérité, je vous le dis, les hypocrites et les païens font plus de prières, plus d’aumônes et plus de jeûnes que les amis de Dieu. Mais parce qu’ils n’ont pas la foi, ils ne peuvent pas se repentir par amour pour Dieu, et c’est pourquoi ils sont damnés. »
Alors Jean dit : « Enseigne-nous, pour l’amour de Dieu, la foi. »
Jésus répondit : « Il est temps de dire la prière de l’aurore. » Ils se levèrent alors, et après s’être lavés, ils prièrent notre Dieu, qui est béni éternellement.
Quand la prière fut achevée, les disciples s’approchèrent de nouveau de Jésus. Il ouvrit la bouche et dit : « Approchez-vous, Jean, car aujourd’hui je vous dirai tout ce que vous avez demandé. La foi est le sceau par lequel Dieu scelle ses élus ; il a donné ce sceau à son ange, de la main duquel tous les élus ont reçu la foi. Car, comme Dieu est un, ainsi la foi est une. C’est pourquoi Dieu, ayant créé avant toutes choses son ange, lui a donné avant toute autre chose la foi, qui est comme une image de Dieu et de tout ce que Dieu a fait et dit. Ainsi, le fidèle voit toutes choses par la foi mieux que ne voit l’homme avec ses yeux ; car les yeux peuvent se tromper ; ils se trompent presque toujours ; mais la foi ne se trompe jamais, car elle a pour fondement Dieu et sa Parole. Croyez-moi, c’est par la foi que sont sauvés tous les élus de Dieu. Et il est certain que sans la foi il est impossible à quiconque de plaire à Dieu. C’est pourquoi Satan ne cherche pas à anéantir le jeûne et la prière, l’aumône et le pèlerinage, mais il y incite les incrédules, car il prend plaisir à voir l’homme travailler sans recevoir de salaire. Mais il s’efforce avec toute la diligence de réduire à néant la foi, c’est pourquoi la foi doit être particulièrement gardée avec diligence, et le plus sûr sera d’abandonner le « pourquoi », vu que le « pourquoi » a chassé les hommes du paradis et a transformé Satan d’un très bel ange en un horrible diable.
Alors Jean dit : « Maintenant, comment abandonnerons-nous le « pourquoi » vu que c’est la porte de la connaissance ? »
Jésus répondit : « Non, c’est plutôt le « pourquoi » qui est la porte de l’enfer. »
Alors Jean garda le silence, quand Jésus ajouta : « Quand tu sais que Dieu a dit une chose, qui es-tu, ô homme, pour dire en vérité : « Pourquoi as-tu dit cela, ô Dieu, pourquoi as-tu fait cela ? » Le vase de terre dira-t-il à son auteur : « Pourquoi m’as-tu fait contenir de l’eau et non du baume ? » En vérité, je vous le dis, il est nécessaire, contre toute tentation, de vous fortifier par cette parole, en disant : « Dieu a ainsi dit » : « Ainsi a fait Dieu » : « Dieu le veut » ; car en agissant ainsi, vous vivrez en sécurité. »
En ce temps-là, il y eut une grande agitation dans toute la Judée à cause de Jésus. En effet, les soldats romains, par l’opération de Satan, soulevèrent les Hébreux, en disant que Jésus était Dieu venu les visiter. Il s’éleva alors une si grande sédition que, vers les quarante jours, toute la Judée fut en armes, de sorte que le fils se trouva opposé au père et le frère à son frère, car les uns disaient que Jésus était Dieu venu au monde ; d’autres disaient : « Non, mais il est un fils de Dieu » ; et d’autres disaient : « Non, car Dieu n’a pas de ressemblance humaine, et c’est pourquoi il n’engendre pas de fils ; mais Jésus de Nazareth est un prophète de Dieu. »
Et cela est arrivé à cause des grands miracles que Jésus a accomplis.
Pour calmer le peuple, il fallut donc que le grand-prêtre montât en procession, revêtu de ses habits sacerdotaux, avec le saint nom de Dieu, le teta gramaton (sic), sur son front, et de même que le gouverneur Pilate et Hérode.
Alors trois armées se réunirent à Mitspa, chacune composée de deux cent mille hommes portant l’épée. Hérode leur parla, mais ils ne se laissèrent pas apaisés. Alors le gouverneur et le grand-prêtre parlèrent et dirent : « Frères, cette guerre est suscitée par l’œuvre de Satan, car Jésus est vivant, et nous devons recourir à lui et lui demander de rendre témoignage de lui-même, et de croire en lui selon sa parole. »
Alors ils se turent tous, et ayant déposé les armes, ils s’embrassèrent tous, en se disant l’un à l’autre : « Pardonnez-moi, frère ! »
Ce jour-là donc, chacun mit en son cœur la ferme résolution de croire en Jésus comme il dirait. Et le gouverneur et le souverain sacrificateur offrirent des récompenses à celui qui viendrait annoncer où se trouvait Jésus.
En ce temps-là, nous allâmes avec Jésus au mont Sinaï, par la parole du saint ange. Et là, Jésus et ses disciples célébrèrent les quarante jours. Quand ces jours furent écoulés, Jésus s’approcha du Jourdain pour se rendre à Jérusalem. L’un d’eux, qui croyait que Jésus était Dieu, le vit. Alors, avec la plus grande joie de tous, il s’écria : « Notre Dieu vient ! » Lorsqu’il fut arrivé dans la ville, il fit bouger toute la ville en disant : « Notre Dieu vient, Jérusalem, prépare-toi à le recevoir ! » Et il attesta qu’il avait vu Jésus près du Jourdain.
Alors tous sortirent de la ville, petits et grands, pour voir Jésus, de sorte que la ville resta vide, car les femmes portaient leurs enfants dans leurs bras, et de sorte qu’elles oubliaient de prendre de la nourriture pour manger.
A cette nouvelle, le gouverneur et le grand-prêtre partirent et envoyèrent un messager à Hérode, qui partit à son tour à la recherche de Jésus afin d’apaiser la sédition du peuple. Ils le cherchèrent pendant deux jours dans le désert près du Jourdain, et le troisième jour ils le trouvèrent vers midi, alors qu’il se purifiait avec ses disciples pour la prière, selon le livre de Moïse.
Jésus fut très étonné en voyant la multitude qui couvrait le sol et dit à ses disciples : « Peut-être Satan a-t-il suscité une sédition en Judée. Plaise à Dieu d’enlever à Satan la domination qu’il a sur les pécheurs. »
Et quand il eut dit cela, la foule s’approcha, et quand ils le reconnurent, ils commencèrent à crier : « Sois le bienvenu, ô notre Dieu ! » et ils commencèrent à lui faire un grand accueil, comme à Dieu. Alors Jésus poussa un grand gémissement et dit : « Retirez-vous de devant moi, ô insensés, car je crains que la terre ne s’ouvre et ne me dévore avec vous à cause de vos paroles abominables ! » Alors le peuple fut rempli de terreur et se mit à pleurer.
Alors Jésus, ayant levé la main en signe de silence, dit : « Vous avez vraiment commis une grande erreur, ô Israélites, en m’appelant, moi, un homme, votre Dieu. Et je crains que Dieu ne fasse à cause de cela frapper d’une grande plaie la ville sainte, la livrant en servitude à des étrangers. Ô Satan mille fois maudit, qui vous a poussés à cela ! »
Et ayant dit cela, Jésus se frappa le visage des deux mains, et il y eut un tel bruit de pleurs que personne n’entendit ce que Jésus disait. Alors il leva de nouveau la main en signe de silence, et le peuple, apaisé de ses pleurs, parla de nouveau : « Je confesse devant le ciel et j’en prends à témoin tous les habitants de la terre, que je suis étranger à tout ce que vous avez dit, car je suis un homme, né d’une femme mortelle, soumis au jugement de Dieu, souffrant les affres du manger et du dormir, du froid et du chaud, comme les autres hommes. C’est pourquoi, quand Dieu viendra pour juger, mes paroles transperceront comme une épée tous ceux qui me croient plus qu’un homme. »
Et ayant dit cela, Jésus vit une grande multitude de cavaliers, par lesquels il comprit que le gouverneur arrivait avec Hérode et le souverain sacrificateur.
Alors Jésus dit : « Peut-être qu’eux aussi sont devenus fous. »
Lorsque le gouverneur arriva là, avec Hérode et le prêtre, tous mirent pied à terre et entourèrent Jésus, de sorte que les soldats ne purent retenir la foule qui désirait entendre Jésus parler avec le prêtre.
Jésus s’approcha du prêtre avec révérence, mais il voulait se prosterner et l’adorer, quand Jésus s’écria : « Prends garde à ce que tu fais, prêtre du Dieu vivant ! Ne pèche pas contre notre Dieu ! »
Le prêtre répondit : « Maintenant la Judée est si émue par tes signes et ta doctrine qu’elle crie que tu es Dieu. C’est pourquoi, contraint par le peuple, je suis venu ici avec le gouverneur romain et le roi Hérode. Nous te prions donc de tout notre cœur de vouloir bien mettre fin à la sédition qui s’est élevée à ton sujet. Car certains disent que tu es Dieu, d’autres disent que tu es fils de Dieu, d’autres disent que tu es un prophète. »
Jésus répondit : « Et toi, grand prêtre de Ged, pourquoi n’as-tu pas apaisé cette sédition ? Toi aussi, par hasard, aurais-tu perdu la raison ? Les prophéties et la loi de Dieu sont-elles tombées dans l’oubli, ô misérable Judée, trompée par Satan ! »
Et ayant dit cela, Jésus dit encore : « Je confesse devant le ciel et je prends à témoin tous les habitants de la terre que je suis étranger à tout ce que les hommes ont dit de moi, à savoir que je suis plus qu’un homme. Car je suis un homme, né d’une femme, sujet au jugement de Dieu, qui vit ici comme les autres hommes, sujet aux misères communes. Vive Dieu, en présence duquel se tient mon âme, tu as commis un grand péché, ô prêtre, en disant ce que tu as dit. Plaise à Dieu qu’il n’arrive pas sur la ville sainte une grande vengeance pour ce péché. »
Alors le prêtre dit : « Que Dieu nous pardonne, et priez pour nous. »
Alors le gouverneur et Hérode dirent : « Seigneur, il est impossible qu’un homme fasse ce que tu fais ; c’est pourquoi nous ne comprenons pas ce que tu dis. »
Jésus répondit : « Ce que vous dites est vrai, car Dieu fait du bien dans l’homme, comme Satan fait du mal. L’homme est en effet semblable à une boutique : quiconque entre de son plein gré y travaille et y vend. Mais dites-moi, gouverneur, et toi, roi, vous dites cela parce que vous êtes étrangers à notre loi. En effet, si vous lisiez l’alliance et le pacte de notre Dieu, vous verriez que Moïse, avec une verge, changea l’eau en sang, la poussière en puces, la rosée en tempête et la lumière en ténèbres. Il fit venir en Égypte les grenouilles et les souris qui couvraient la terre, il tua les premiers-nés, et ouvrit la mer, dans laquelle il noya Pharaon. Je n’ai rien fait de tout cela. Et de Moïse, tous reconnaissent qu’il est mort à présent. Josué arrêta le soleil et ouvrit le Jourdain, ce que je n’ai pas encore fait. Et de Josué, tous reconnaissent qu’il est mort à présent. Élie fit descendre visiblement du ciel du feu et de la pluie, ce que je n’ai pas fait. Et d’Élie tout le monde reconnaît qu’il est un homme. Et de même beaucoup d’autres prophètes, saints hommes, amis de Dieu, qui, par la puissance de Dieu, ont fait des choses que ne peuvent saisir les esprits de ceux qui ne connaissent pas notre Dieu tout-puissant et miséricordieux, qui est béni éternellement.
Alors le gouverneur, le prêtre et le roi prièrent Jésus de monter sur un lieu élevé pour parler au peuple, afin de calmer le peuple. Alors Jésus monta sur l’une des douze pierres que Josué avait fait enlever par les douze tribus au milieu du Jourdain, lorsque tout Israël y passait à pieds secs. Et il dit d’une voix forte : « Que notre prêtre monte sur un lieu élevé d’où il confirmera mes paroles. » Alors le prêtre monta là-haut. Jésus dit distinctement, afin que tous l’entendent : « Il est écrit dans l’alliance du Dieu vivant : Notre Dieu n’a pas de commencement et n’aura jamais de fin. »
Le prêtre répondit : « C’est ainsi qu’il est écrit. »
Jésus dit : « Il est écrit là que notre Dieu par sa seule parole a créé toutes choses. »
« C’est vrai, dit le prêtre.
Jésus dit : « Il est écrit ici que Dieu est invisible et caché à l’esprit de l’homme, car il est incorporel et incomposé, sans variation. »
« C’est vrai, en effet », dit le prêtre.
Jésus dit : « Il est écrit là que les cieux des cieux ne peuvent le contenir, puisque notre Dieu est infini. »
« Ainsi a dit Salomon le prophète, dit le prêtre. Ô Jésus. »
Jésus dit : « Il est écrit ici que Dieu n’a pas besoin, puisqu’il ne mange pas, ne dort pas et ne souffre d’aucune déficience. »
« C’est vrai », dit le prêtre.
Jésus dit : « Il est écrit là que notre Dieu est partout, et qu’il n’y a pas d’autre Dieu que lui, qui frappe et guérit, et fait tout ce qui lui plaît. »
« C’est ainsi qu’il est écrit », répondit le prêtre.
Alors Jésus, ayant levé les mains, dit : « Seigneur notre Dieu, voici ma foi avec laquelle je viendrai à ton jugement : en témoignage contre quiconque croirait le contraire. » Et se tournant vers le peuple, il dit : « Repentez-vous, car d’après tout ce que le sacrificateur a dit, écrit dans le livre de Moïse, l’alliance de Dieu pour toujours, vous reconnaîtrez votre péché. Car je suis un homme visible et un morceau de boue qui marche sur la terre, mortel comme le sont les autres hommes. Et j’ai eu un commencement et j’aurai une fin, et je suis tel que je ne puis recréer une mouche. »
Alors le peuple éleva la voix en pleurant et dit : « Nous avons péché contre toi, Seigneur notre Dieu ; aie pitié de nous ! » Et tous prièrent Jésus de prier pour la sûreté de la ville sainte, afin que notre Dieu, dans sa colère, ne la livre pas aux pieds des nations. Alors Jésus, ayant levé les mains, pria pour la ville sainte et pour le peuple de Dieu, chacun criant : « Qu’il en soit ainsi ! » « Amen ! »
Quand la prière fut terminée, le prêtre dit d’une voix forte : « Reste, Jésus, car nous avons besoin de savoir qui tu es, pour le apaisement de notre nation. »
Jésus répondit : « Je suis Jésus, fils de Marie, de la race de David, un homme mortel qui craint Dieu, et je cherche qu’à Dieu soient donnés honneur et gloire. »
Le prêtre répondit : « Dans le livre de Moïse, il est écrit que notre Dieu doit nous envoyer le Messie, qui viendra nous annoncer ce que Dieu veut, et apportera au monde la miséricorde de Dieu. C’est pourquoi, je te prie, dis-nous la vérité : es-tu le Messie de Dieu que nous attendons ? »
Jésus répondit : « Il est vrai que Dieu a promis ainsi, mais en vérité je ne le suis pas, car il a été créé avant moi et viendra après moi. »
Le prêtre répondit : « Par tes paroles et tes signes, au moins, nous croyons que tu es un prophète et un saint de Dieu, c’est pourquoi je te prie au nom de toute la Judée et d’Israël que, par amour de Dieu, tu nous dises de quelle manière le Messie viendra. »
Jésus répondit : « Dieu est vivant, en présence de qui se tient mon âme, je ne suis pas le Messie que toutes les tribus de la terre attendent, comme Dieu l’a promis à notre père Abraham, en disant : « Je bénirai toutes les tribus de la terre par ta postérité. » Mais lorsque Dieu m’enlèvera du monde, Satan suscitera de nouveau cette maudite sédition, en faisant croire aux impies que je suis Dieu et fils de Dieu, d’où mes paroles et ma doctrine seront souillées, de sorte qu’il restera à peine trente fidèles. Alors Dieu aura pitié du monde, et enverra son messager pour lequel il a fait toutes choses, qui viendra du midi avec puissance, et détruira les idoles avec les idolâtres, qui ôtera à Satan la domination qu’il a sur les hommes. Il apportera avec lui la miséricorde de Dieu pour le salut de ceux qui croiront en lui, et béni soit celui qui croira à ses paroles.
« Bien que je sois indigne de délier ses bas, j’ai reçu de Dieu la grâce et la miséricorde de le voir. »
Alors le prêtre, le gouverneur et le roi répondirent : « Ne te tourmente pas, ô Jésus, saint de Dieu, car de nos jours cette sédition n’aura plus lieu, puisque nous écrirons au sénat romain sacré de telle manière que, par décret impérial, personne ne t’appellera plus Dieu ou fils de Dieu. »
Jésus dit alors : « Vos paroles ne me consolent pas, car là où vous espérez la lumière, les ténèbres viendront ; mais ma consolation est dans la venue du messager, qui détruira toute fausse opinion à mon égard, et sa foi se répandra et s’emparera du monde entier, car ainsi Dieu l’a promis à Abraham notre père. Et ce qui me donne une consolation, c’est que sa foi n’aura pas de fin, mais sera préservée inviolable par Dieu. »
Le prêtre répondit : « Après la venue du messager de Dieu, d’autres prophètes viendront-ils ? »
Jésus répondit : « Il ne viendra plus après lui de vrais prophètes envoyés par Dieu, mais il viendra un grand nombre de faux prophètes, ce qui me désole. Car Satan les suscitera par le juste jugement de Dieu, et ils se cacheront sous le prétexte de mon Évangile. »
Hérode répondit : « Comment est-ce un jugement juste de Dieu que de tels hommes impies viennent ? »
Jésus répondit : « Il est juste que celui qui ne croit pas à la vérité pour son salut croie au mensonge pour sa condamnation. C’est pourquoi je vous dis que le monde a toujours méprisé les vrais prophètes et aimé les faux, comme on peut le voir au temps de Michée et de Jérémie. Car tout homme semblable aime son semblable. »
Alors le prêtre dit : « Comment sera appelé le Messie, et quel signe annoncera sa venue ? »
Jésus répondit : « Le nom du Messie est admirable, car Dieu lui-même lui a donné ce nom lorsqu’il eut créé son âme et l’a placée dans une splendeur céleste. Dieu dit : « Attends Mohammed, pour toi je veux créer le paradis, le monde et une grande multitude de créatures dont je te fais présent, de sorte que quiconque te bénira sera béni, et quiconque te maudira sera maudit. Quand je t’enverrai dans le monde, je t’enverrai comme mon messager du salut, et ta parole sera vraie, de sorte que le ciel et la terre failliront, mais ta foi ne faillira jamais. » Mohammed est son nom béni.
Alors la foule éleva la voix en disant : « Ô Dieu, envoie-nous ton messager ; Ô Mohammed, viens vite pour le salut du monde ! »
Après avoir dit cela, la multitude se retira avec le prêtre et le gouverneur avec Hérode, ayant de grandes discussions au sujet de Jésus et de sa doctrine. Le prêtre pria alors le gouverneur d’écrire au sénat de Rome toute l’affaire, ce que le gouverneur fit. Le sénat eut pitié d’Israël et décréta que, sous peine de mort, personne n’appellerait Jésus le Nazaréen, prophète des Juifs, Dieu ou fils de Dieu. Ce décret fut affiché dans le temple, gravé sur du cuivre.
Quand la plus grande partie de la foule fut partie, il restait environ cinq mille hommes, sans femmes ni enfants, qui étant fatigués du voyage, étant restés deux jours sans pain, car dans leur désir de voir Jésus ils avaient oublié d’en prendre, sur quoi ils mangèrent des herbes crues, et ne purent donc partir comme les autres.
Alors Jésus, voyant cela, eut pitié d’eux, et dit à Philippe : « Où leur trouverons-nous du pain, afin qu’ils ne périssent pas de faim ? »
Philippe répondit : « Seigneur, deux cents pièces d’or ne pourraient pas acheter assez de pain pour que chacun en goûte un peu. » Alors André dit : « Il y a ici un enfant qui a cinq pains et deux poissons, mais que sera-ce parmi tant d’autres ? »
Jésus répondit : « Faites asseoir la foule. » Et ils s’assirent sur l’herbe par cinquante et par quarante. Alors Jésus dit : « Au nom de Dieu ! » Et il prit le pain, et pria Dieu, puis il rompit le pain, le donna aux disciples, et les disciples le donnèrent à la foule ; ils firent de même avec les poissons. Tous mangèrent et tous furent rassasiés. Alors Jésus dit : « Ramassez ce qui reste. » Les disciples ramassèrent donc des morceaux et remplirent douze paniers. Alors chacun mit la main sur ses yeux, disant : « Suis-je éveillé ou est-ce que je rêve ? » Et ils restèrent tous pendant une heure comme hors d’eux-mêmes à cause du grand miracle.
Ensuite Jésus, ayant rendu grâces à Dieu, les renvoya, mais il y avait soixante-douze hommes qui ne voulaient pas le quitter : c’est pourquoi Jésus, connaissant leur foi, les choisit pour disciples.
Jésus se retira dans un creux du désert de Tiron, près du Jourdain. Il assembla les soixante-douze avec les douze, s’assit sur une pierre et les fit asseoir près de lui. Puis, ouvrant la bouche, il soupira et dit : « Nous avons vu aujourd’hui en Judée et en Israël une grande méchanceté, telle que mon cœur tremble encore dans ma poitrine de crainte de Dieu. Je vous le dis en vérité, Dieu est jaloux de son honneur, et il aime Israël comme un amant. Vous savez que lorsqu’un jeune homme aime une dame et qu’elle n’en aime pas lui, mais un autre, il est irrité et tue son rival. Je vous le dis, Dieu agit de même : lorsqu’Israël a aimé quelque chose qui l’ait fait oublier Dieu, Dieu l’a anéanti. Or, qu’est-ce qui est plus cher à Dieu sur la terre que le sacerdoce et le saint temple ? Néanmoins, au temps du prophète Jérémie, lorsque le peuple avait oublié Dieu et ne se vantait que du temple, car il n’y en avait pas de semblable dans tout le monde, Dieu éveilla sa colère par Nébucadnetsar, roi de Babylone, et avec une armée lui fit prendre la ville sainte et la brûler avec le temple sacré, de sorte que les choses sacrées que les prophètes de Dieu tremblaient de toucher furent foulées aux pieds par des infidèles pleins de méchanceté.
Abraham aimait son fils Ismaël un peu plus que ce qui était juste, c’est pourquoi Dieu ordonna, afin de tuer cet amour mauvais du cœur d’Abraham, qu’il tue son fils, ce qu’il aurait fait si le couteau avait été coupé.
« David aimait Absalom avec véhémence, et c’est pourquoi Dieu fit en sorte que le fils se révolta contre son père et fut pendu par les cheveux et tué par Joab. O jugement terrible de Dieu qu’Absalom ait aimé ses cheveux par-dessus tout, et qu’ils aient été transformés en corde pour le pendre !
« L’innocent Job était sur le point d’aimer [trop] ses sept fils et ses trois filles, lorsque Dieu le livra entre les mains de Satan, qui non seulement le dépouille de ses fils et de ses richesses en un seul jour, mais le frappa aussi d’une grave maladie, à tel point que pendant sept ans des vers sortirent de sa chair.
« Notre père Jacob aimait Joseph plus que ses autres fils, c’est pourquoi Dieu le fit vendre, et fit que Jacob fut trompé par ces mêmes fils, de sorte qu’il crut que les bêtes avaient dévoré son fils, et resta ainsi dix ans en deuil.
« Dieu est vivant, frères, je crains que Dieu ne s’irrite contre moi. C’est pourquoi il faut que vous alliez dans toute la Judée et dans tout Israël, prêchant la vérité aux douze tribus d’Israël, afin qu’elles ne soient pas trompées. »
Les disciples répondirent avec crainte et en pleurant : « Nous ferons tout ce que tu nous diras. »
Alors Jésus dit : « Pendant trois jours, prions et jeûnons, et désormais chaque soir, quand la première étoile paraîtra, lorsque nous prierons Dieu, prions trois fois, Lui demandant trois fois miséricorde, car le péché d’Israël est trois fois plus grave que les autres péchés. »
« Qu’il en soit ainsi », répondirent les disciples.
Le troisième jour étant passé, le matin du quatrième jour, Jésus convoqua tous les disciples et les apôtres et leur dit : « Il suffit que Barnabas et Jean restent avec moi ; et vous, parcourez toute la contrée de la Samarie, de la Judée et d’Israël, prêchant la repentance, car la cognée est mise près de l’arbre pour l’abattre. Et priez pour les malades, car Dieu m’a donné pouvoir sur toute maladie. »
Alors celui qui écrit dit : « Ô Maître, si l’on demande à tes disciples de quelle manière ils doivent faire preuve de pénitence, que répondront-ils ? »
Jésus répondit : « Quand un homme perd sa bourse, retourne-t-il seulement son œil pour la voir ? Ou sa main pour la prendre ? Ou sa langue pour demander ? Non, assurément, mais il retourne tout son corps et emploie toutes les forces de son âme pour la retrouver. Est-ce vrai ? »
Alors celui qui écrit répondit : « C’est tout à fait vrai. »