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QUATRIÈME PARTIE.
SEIZIÈME CONFÉRENCE, DITE LA LIBÉRATION.
Les créatures n’atteignent qu’une résidence temporaire (dans l’un des quatre états d’être) ; en entendant cette vérité suprême (la doctrine du Tîrthakara), il faut méditer sur elle. L’homme sage doit se libérer des liens familiaux ; il doit renoncer sans crainte aux actes et aux attachements. (1)
Un mendiant, vivant ainsi [^515], maître de lui-même envers l’éternel (monde des êtres vivants), le sage incomparable, qui recueille ses aumônes, est insulté par les mots du peuple qui l’assaille, comme un éléphant dans la bataille avec des flèches. (2)
Méprisé par ces gens-là, le sage, à l’esprit serein, soutient leurs paroles et leurs coups, comme un rocher n’est pas ébranlé par le vent. (3) Méprisant (toutes les calamités), il vit avec les moines intelligents, insensibles à la douleur et au plaisir, ne blessant ni les êtres mobiles ni les êtres immobiles, ne tuant pas, supportant tout : ainsi est décrit le grand sage, un bon Sramana. (4)
Comme l’éclat d’une flamme ardente augmente, ainsi augmentent l’austérité, la sagesse et la gloire d’un sage inébranlable qui, avec des désirs vaincus, médite [ p. 212 ] sur la place suprême de la vertu [^516], bien qu’endurant la douleur [^517]. (5)
Les grands vœux qui sont appelés le lieu de la paix, les grands enseignants et les producteurs de désintéressement ont été, dans tous les coins de la terre, proclamés par l’infinie Gina, celle qui sait [^518], comme la lumière, illuminant les trois mondes, (repoussant) les ténèbres. (6)
L’homme libre, vivant parmi les hommes libres (c’est-à-dire les chefs de famille), doit mener une vie de mendiant ; sans attaches avec les femmes, il doit parler avec révérence. Ne désirant ni ce monde ni l’autre, l’homme instruit ne se mesure pas à l’aune de l’amour. (7)
La saleté (des péchés) autrefois commise par un mendiant ainsi libéré qui marche dans la sagesse (et la retenue), qui est constant et supporte la douleur, disparaît comme la saleté recouvrant l’argent (est enlevée) par le feu. (8)
Il vit, en vérité, selon la sagesse (et la retenue), et marche libre du désir et avec une sensualité conquise. Comme un serpent se débarrasse de sa vieille peau, ainsi le Brâhmane est libéré du lit de la douleur. (9)
De même qu’ils appellent le grand océan un flot d’eau sans limites, difficile à traverser avec les bras (seuls), ainsi le savant devrait le connaître (et y renoncer) (le samsâra) : ce sage est appelé « Créateur de la fin ». (10)
Ici, parmi les hommes, l’esclavage et la délivrance ont été déclarés ; celui qui, selon cette doctrine (de l’Église), connaît l’esclavage et la délivrance : ce sage est appelé « Celui qui crée la fin ». (11) Celui pour qui il n’y a aucun esclavage dans ce monde, et d’ailleurs dans les deux (autres continents, ou ciel et enfer), est en effet un (moine) n’ayant besoin d’aucun soutien ni d’aucun lieu d’appui ; il a quitté le chemin des naissances. (12)
Fin de la Seizième Leçon, dite de la Libération.
Fin du deuxième livre.
Fin du Âkârâṅga Sûtra.
[^522] : 211:1 Tahâgaya, c’est-à-dire tathâgata.