Quatorzième leçon. Ishukâra | Page de titre | Seizième leçon. Les dix conditions de la chasteté parfaite |
QUINZIÈME CONFÉRENCE. LE VRAI MOINE [^186].
Celui qui adopte la Loi dans l’intention de vivre comme un moine, doit vivre en compagnie (avec d’autres moines), droit et libre de désir ; il doit abandonner ses anciennes relations, et ne désirant pas les plaisirs, il doit errer comme un mendiant inconnu : alors il est un vrai moine. (1)
Il doit vivre libre de tout amour, modèle de droiture [1], s’abstenant de péchés, versé dans la science sacrée, protégeant son âme (de tout mal), sage, robuste, observant tout ; celui qui n’est attaché à rien est un vrai moine. (2)
Ignorant les abus et les blessures, un moine persévérant doit être un modèle de droiture, protégeant toujours son âme (des péchés), ni téméraire ni passionné ; quand il endure tout, alors il est un vrai moine. (3)
Celui qui se contente d’un lit et d’un logement modestes, qui supporte la chaleur et le froid, les mouches et les moucherons, qui n’est ni téméraire ni passionné, et qui endure tout, celui-là est un vrai moine. (4)
Il n’attend ni traitement respectueux, ni hospitalité, ni révérence, ni même louanges ; il se contrôle, garde ses vœux, pratique les austérités, vit avec d’autres moines, médite sur son âme ; c’est un vrai moine. (5)
S’il ne se soucie pas de sa vie, ou abandonne toute illusion, s’il évite les hommes et les femmes, pratique toujours des austérités et ne trahit aucune curiosité, alors il est un vrai moine. (6)
Celui qui ne professe pas et ne vit pas de divination à partir de coupures et de lambeaux [2], de sons sur la terre ou dans l’air, de rêves, de diagrammes, de bâtons et de [ p. 71 ] propriétés des bâtiments, de changements dans le corps, de la signification [3] des cris (des animaux) — celui-là est un vrai moine. (7)
Les sorts, les racines, toutes sortes de traitements médicaux, les émétiques, les purgatifs, les fumigations, les onctions des yeux et les bains, les lamentations du malade et sa consolation : celui qui s’abstient de toutes ces choses est un vrai moine. (8)
Celui qui ne loue pas ou ne prête pas attention aux guerriers, aux Ugras [4], aux princes, aux Brâhmanas, aux Bhôgas et aux artistes de toutes sortes, qui s’abstient de cela, celui-là est un vrai moine. (9)
Celui qui, pour un gain terrestre, n’améliore pas ses relations avec les chefs de famille avec lesquels il est tombé en tant que moine, ou avec lesquels il était en relation amicale avant cette époque, celui-là est un vrai moine.
Il est interdit à un Nirgrantha de prendre aux chefs de famille, s’ils ne le donnent pas eux-mêmes, le lit, le logement, [ p. 72 ] la boisson, la nourriture ou toute friandise ou épice ; celui qui ne se met pas en colère en de telles occasions est un vrai moine. (11)
Si un moine reçoit de la nourriture et des boissons, ou des friandises et des épices, et n’éprouve pas de compassion (pour un moine malade) dans ses pensées, ses paroles et ses actes, (alors il n’est pas un vrai moine) [5] ; mais s’il a ses pensées, ses paroles et ses actes sous une discipline stricte, alors il est un vrai moine. (12)
Eau de vaisselle [6], bouillie d’orge, gruau aigre froid [^193], eau dans laquelle l’orge a été lavée : il ne doit pas mépriser ces aliments et boissons répugnants, mais il doit les demander dans les maisons les plus humbles (pour l’aumône) ; alors il est un vrai moine. (13)
Il y a sur la terre de nombreuses voix, celles des dieux, des hommes et des bêtes, des bruits épouvantables, effrayants et terribles ; s’il les entend sans trembler, alors il est un vrai moine. (14)
Celui qui comprend toutes les disputes religieuses, [qui vit avec ses compagnons moines] [7], qui pratique l’autodiscipline [8], qui médite sur son âme, qui est sage, robuste et observe tout, qui [ p. 73 ] est calme et ne fait de mal à personne, celui-là est un vrai moine. (15)
Celui qui, ne vivant d’aucun art, sans maison,
sans amis, soumettant ses sens, libre de tout lien, sans péché, et mangeant peu, quittant la maison et vivant seul, il est un vrai moine. (16)
Ainsi je dis.
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[^193] : 72:2 Âyâmaga, il est rendu âkâmaka en sanskrit, et expliqué avasrâvana, c’est-à-dire avasrâvana. Voir aussi Leumann, Aupapâtika Sûtra, Glossar sv.
69:2 Le nom de cette conférence, sa bhikkhû, est dérivé du message qui la traverse tout entière et conclut chaque verset. ↩︎
70:1 Lâdhê, expliqué sadanushthânatayâ pradhânah. Lâdha est aussi le nom d’un pays du Bengale occidental, habité, à l’époque de Mahâvîra, par des tribus non civilisées, voir partie i, p. 84, note 1. L’étymologie des deux mots est douteuse. ↩︎
70:2 Comparez la note de la p. 161 de la partie i. Le 71e chapitre du Brihat Samhitâ de Varâha Mihira traite des vastrakhêda, loyers, etc. des vêtements ; le 51e, des aṅgavidyâ, pressentiments du corps ; et le 53e, des vâstuvidyâ, propriété des bâtiments ; les chapitres 88, 90 et 95 sont consacrés aux pressentiments des cris des oiseaux, des chacals femelles et des corbeaux. ↩︎
71:1 Traduction conjecturale de vigaya, qui ne peut être pris dans son sens ordinaire de « victoire ». Le commentaire l’explique subhâsubhanirûpanâbhyâsah. — Remarquez l’absence de l’astrologie dans la liste ci-dessus des arts prophétiques pratiqués par des moines ambulants apparemment pour s’insinuer dans les bonnes grâces des laïcs, hommes et femmes. Si la nativité grecque avait déjà pris de l’importance, elle aurait certainement été mentionnée. Car elle a depuis lors tenu fermement en place dans l’esprit hindou. — Cette remarque s’applique également à XX, 45. Mais dans Sûtrakritâṅga I, 12, 9, l’astrologie (samvakkhara) est mentionnée ; il s’agit cependant de l’astrologie ancienne des hindous, et non de celle des grecs. ↩︎
71:2 Les Ugras et les Bhôgas étaient des Kshattriyas. Les premiers étaient, selon les Gaïnas, les descendants de ceux que Rishabha, le premier Tîrthakara, avait nommés à la fonction de kôtwals ou préfets de villes, tandis que les Bhôgas étaient les descendants de ceux que Rishabha reconnaissait comme des personnes méritant d’être honorées. Comp. Hoernle, Uvâsaga Dasâo, Appendice, p. 58, et mon édition du Kalpa Sûtra, p. 103, note sur le § 18. ↩︎
72:1 Les commentateurs fournissent ces mots ; il faudrait quelque chose dans ce sens pour établir un sens cohérent, mais le texte lui-même n’en contient pas la moindre allusion. Dans l’état actuel des choses, le sens serait exactement l’opposé de celui donné par la traduction, qui est plus conforme à la coutume établie. ↩︎
72:3 Sauvîra, explique kâñgika, l’eau du riz bouilli en état de fermentation spontanée. ↩︎
72:4 Il s’agit d’un ajout ultérieur, prouvé tel par le mètre, bien que les commentateurs le commentent. ↩︎