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DEUXIÈME CONFÉRENCE. SUR LES TROUBLES [^72].
Ô toi qui vis longtemps (Gambûsvâmin) ! J’ai (Sudharman) entendu le discours suivant [1] du Vénérable (Mahâvîra) :
Ici [2], en vérité, le Vénérable Ascète Mahâvîra du Kâsyapa Gôtra a déclaré vingt-deux troubles qu’un moine doit apprendre et connaître, supporter et vaincre, afin de ne pas être vaincu par eux lorsqu’il vit la vie d’un mendiant errant. [ p. 9 ] Voici donc les vingt-deux troubles déclarés par le Vénérable Ascète Mahâvîra, qu’un moine doit apprendre et connaître, supporter et vaincre, afin de ne pas être vaincu par eux lorsqu’il vit la vie d’un mendiant errant :
1. digañkhâ (gugupsâ)-parîsahâ, faim;
2. pivâsâ (pipâsâ)-p., soif ;
3. sîya (sîta)-p., froid;
4. usina (ushna)-p., chaleur ;
5. damsamasaya (damsamasaka)-p., taons et moucherons [3] ;
6. akêla-p., nudité [4];
7. arati-p., être mécontent des objets de contrôle.
8. itthî (strî)-p., femmes ;
9. kariyâ (karyâ)-p., vie erratique ;
10. nisîhiyâ (naishêdhikî)-p., lieu d’étude ;
11. se.ggâ (sayyâ)-p., logement ;
12. akkôsa (âkrôsa)-p., abus ;
13. vaha (vadha)-p., châtiment corporel ;
14. gâyanâ (yâkanâ)-p., demander quelque chose ;
15. alâbha-p., être refusé ;
16. rôga-p., maladie ;
17. tana-phâsa (trinasparsa), piqûre d’herbe ;
18. galla-p., saleté;
19. sakkârapurakkâra (satkârapurahkâra)-p., traitement aimable et respectueux ;
20. pannâ (pragñâ)-p., compréhension ;
21. annâna (agñâna)-p., ignorance ;
22. sammatta (samyaktva)-p., justice.
[ p. 10 ]
[5]L’énumération des troubles a été livrée par le Kâsyapa [6], je vais vous les expliquer dans l’ordre. Écoutez-moi. (1)
1. Même si son corps est affaibli par la faim, un moine fort (dans la maîtrise de soi) et qui fait pénitence, ne doit pas couper ou faire couper (quoi que ce soit à manger), ni le cuire ou faire cuire (autrement). (2)
Bien qu’émacié comme l’articulation d’une patte de corbeau et couvert d’un réseau de veines, il devrait connaître la mesure permise de nourriture et de boisson, et se promener avec un esprit joyeux. (3)
2. Bien qu’il soit vaincu par la soif, il ne devrait pas boire d’eau froide, retenu par la honte et l’aversion (pour les choses interdites) ; il devrait essayer de se procurer de l’eau distillée [7]. (4)
Errant sur des chemins déserts, souffrant, assoiffé, la gorge sèche et angoissé, il devrait supporter ce trouble (de la soif). (5)
3. Si un ascète sobre et austère souffre occasionnellement de froid au cours de ses pérégrinations, il ne doit pas marcher au-delà du temps (prescrit), se souvenant de l’enseignement de la Gina. (6)
« Je n’ai ni abri ni couverture, je vais donc faire du feu pour me réchauffer » ; une telle pensée ne devrait pas être entretenue par un moine. (7) [ p. 11 ] 4. S’il souffre de la chaleur des objets chauds, de la chaleur de son corps ou de la chaleur de l’été, il ne devrait pas se lamenter de la perte de son confort. (8)
Un homme sage, souffrant de la chaleur, ne devrait pas désirer un bain, ni verser de l’eau sur son corps, ni s’éventer. (9)
5. Souffrant des insectes, un grand sage reste imperturbable. Comme un éléphant en tête de bataille tue l’ennemi, ainsi fait un héros (par sa maîtrise de soi, il triomphe de son ennemi intérieur). (10)
Il ne doit pas effrayer (les insectes), ni les éloigner, ni s’enflammer contre eux. Tolère les êtres vivants, ne les tue pas, même s’ils dévorent ta chair et ton sang. (11)
6. « Mes vêtements étant déchirés, je serai bientôt nu », ou « Je vais me procurer un nouveau costume » ; de telles pensées ne devraient pas être entretenues par un moine. (12)
Tantôt il n’aura pas de vêtements, tantôt il en aura ; sachant que c’est une règle salutaire, un sage (moine) ne devrait pas s’en plaindre. (13)
7. Un moine sans abri et pauvre qui erre de village en village peut se lasser de la vie ascétique : il devrait supporter cette peine. (14)
Un sage devrait se détourner de ce mécontentement ; il devrait errer libre de tout péché, gardé en lui-même, un tabernacle (pour ainsi dire) de la Loi, ne faisant aucune action et parfaitement sans passion. (15)
8. Dans ce monde, les hommes ont un penchant naturel pour les femmes ; celui qui les connaît (et les renonce) accomplira facilement ses devoirs de Sramana. (16)
Un homme sage qui sait que les femmes sont comme des bourbiers, ne subira aucun mal de leur part, mais errera à la recherche du Soi. (17) [ p. 12 ] 9. Seul, vivant de la nourriture permise [8], il devrait errer, supportant tous les ennuis, dans un village, une ville, un marché ou une capitale. (18)
Contrairement aux autres hommes, un moine doit errer, il ne doit acquérir aucune propriété ; mais n’étant pas attaché à des chefs de famille, il doit vivre sans résidence fixe. (19)
10. Dans un lieu de sépulture, dans une maison abandonnée ou sous un arbre, il doit s’asseoir seul, sans bouger, et il ne doit chasser personne. (20)
Assis là, il doit braver tous les dangers ; lorsqu’il est saisi de peur, il ne doit pas se lever et aller ailleurs. (21)
11. Un moine qui fait pénitence et qui est fort (dans la maîtrise de soi) ne sera pas affecté outre mesure par un bon ou un mauvais logement, mais un moine mal intentionné le sera. (22)
Ayant obtenu un bon ou un mauvais logement dans une maison vide [^81], il devrait y rester en pensant : « Qu’importe une nuit ? » (23)
12. Si un laïc insulte un moine, il ne doit pas se mettre en colère contre lui ; car il serait comme un enfant [9], un moine ne doit pas se mettre en colère. (24)
Si un moine entend des paroles mauvaises, cruelles et irritantes, il doit les ignorer en silence et ne pas les prendre à cœur. (25)
13. Un moine ne doit pas se mettre en colère s’il est battu, ni entretenir de pensées pécheresses ; sachant que la patience est le bien suprême, un moine doit méditer sur la Loi. (26)
[ p. 13 ]
Si quelqu’un frappe quelque part un Sramana retenu et résigné, il devrait penser : « Je n’ai pas perdu ma vie. » (27)
14. Il sera toujours difficile pour un moine sans abri d’obtenir tout par la mendicité, et rien sans mendier. (28)
La main (du donateur) n’est pas toujours tendre avec bienveillance à un moine lorsqu’il est en tournée de mendicité ; mais il ne devrait pas penser qu’il serait mieux de vivre comme un chef de famille. (29)
15. Il doit mendier de la nourriture au maître de maison lorsque son dîner est prêt ; un homme sage ne devrait pas se soucier de recevoir l’aumône ou non. (30)
« Je n’obtiens rien aujourd’hui, peut-être obtiendrai-je quelque chose demain » ; un moine qui pense ainsi ne sera pas attristé par son manque de succès. (31)
16. Si un malheur [10] arrive et qu’il souffre, il doit calmer son esprit et supporter les maux qui l’attaquent. (32)
Il ne doit pas aspirer à un traitement médical, mais il doit continuer à rechercher le bien-être de son âme ; ainsi, il sera un véritable Sramana en n’agissant pas lui-même ni en ne faisant agir les autres. (33)
17. Lorsqu’un ascète nu, rude et retenu s’allonge sur l’herbe, son corps sera blessé. (34)
Au soleil, sa douleur deviendra insupportable ; pourtant un moine, même blessé par l’herbe, n’utilisera pas de vêtements [11]. (35)
18. Lorsque, par la chaleur de l’été, son corps transpire et est couvert de saleté et de poussière, un moine sage ne devrait pas se lamenter de sa perte de confort. (36)
[ p. 14 ]
Il devrait supporter (tout cela), en attendant la destruction de son Karman [12], (et en pratiquant) la noble et excellente Loi ; il devrait porter la saleté sur son corps jusqu’à son expiration. (37)
19. Il se peut qu’un gentilhomme salue un moine, ou se lève de son siège à son approche, ou l’invite (à accepter l’aumône dans sa maison) : un moine ne doit manifester aucune prédilection pour des hommes de cette sorte, qui lui témoignent de telles marques de respect. (38)
N’étant pas rancunier, ayant peu de besoins, mendiant auprès des étrangers et n’étant pas délicat, un homme sage ne devrait pas désirer des choses agréables, ni regretter ensuite (de ne pas les avoir obtenues). (39)
20. « En vérité, j’ai autrefois commis des actes qui ont engendré l’ignorance, car je ne m’en souviens pas lorsque quelqu’un me les a demandés, où que ce soit [13]. » (40)
« Mais ensuite, les actions nées de l’ignorance produisent leurs effets. » Par conséquent, réconfortez-vous, sachant les conséquences de vos actions. (4 !)
21. « Il ne sert à rien de me détourner de la convoitise des sens et de vivre dans la retenue, car je ne sais pas distinguer le bien du mal. » (42)
« Bien que je vive selon des règles strictes en pratiquant des austérités et des observances religieuses, les obstacles à la connaissance ne disparaîtront pas. » (43)
22. Un moine ne doit pas penser : « Il n’y a, en effet, ni vie à venir, ni état élevé à acquérir par les pénitences ; bref, je me suis trompé. » (44)
Un moine ne devrait pas penser : « Ceux qui ont dit qu’il y avait, qu’il y a et qu’il y aura des Ginas ont menti. » (45)
[ p. 15 ]
Tous ces troubles ont été déclarés par le Kâsyapa. Un moine ne devrait pas être vaincu par eux, même s’il est attaqué, où que ce soit.
Ainsi je dis.
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[^81] : 12 : 1 Lâdha ; voir aussi la note sur XVII, 2.
8:3 Parîsaha, ce qui peut causer des ennuis à un ascète, et qui doit être supporté avec joie. ↩︎
8:4 Le commentateur (Dêvêndra) dit que lorsque Mahâvîra parlait, il était compris par toutes les créatures, quelle que soit leur langue. Il cite le verset suivant : dêvâ dêvîm narâ nârîm sabarâs kâpi sâbarîm | tiryañko pi ka tairaskîm mênirê bhagavadgiram || Les dieux, les hommes, les Sabaras et les animaux prirent pour leur propre langue le Seigneur. Cf. Actes ii. 11. ↩︎
8:5 Ie dans notre credo ou notre religion. C’est généralement le sens du mot iha, ici, en ouverture d’une phrase. ↩︎
9:1 Ceci inclut tous les insectes mordants ou piqueurs, comme les poux, etc. ↩︎
9:2 Ceci est obligatoire uniquement pour les Ginakalpikas, pas pour les moines ordinaires. ↩︎
10:1 La partie précédente de cette conférence est en prose, le reste est en slôka. Les numéros placés avant les versets se réfèrent à l’énumération ci-dessus des troubles. On verra que deux strophes sont attribuées à chacune d’elles. ↩︎
10:2 Ie Mahâvîra, qui appartenait au Gôtra de Kâsyapa. ↩︎
10:3 Vigada = vikrita. Cela signifie de l’eau qui, par ébullition ou par un autre processus, est devenue si altérée qu’elle peut être considérée comme sans vie. ↩︎
12:2 C’est-à-dire dans lequel il n’y a pas de femmes. ↩︎
12:3 Ou comme un homme ignorant, bâla. ↩︎
13:1 C’est-à-dire s’il tombe malade. ↩︎
13:2 Tantuga, ce qui est fabriqué à partir de fils. ↩︎
14:1 Nirgarâ. ↩︎