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SIXIÈME LEÇON. LE FAUX ASCETE [^103].
Tous les hommes qui ignorent la Vérité sont sujets à la douleur ; dans le Samsâra sans fin, ils souffrent de nombreuses manières. (1)
C’est pourquoi un homme sage, qui considère bien les voies qui mènent à l’esclavage [1] et à la naissance, devrait lui-même rechercher la vérité et être bon envers toutes les créatures. (2)
« Ma mère, mon père, ma belle-fille, mon frère, ma femme et mes fils ne pourront pas m’aider, quand je souffrirai pour mes propres actes [2]. » (3)
Cette vérité doit être prise à cœur [3] par un homme de foi pure ; il doit (par conséquent) couper court à la cupidité et à l’amour, et ne pas désirer ses anciennes relations. (4)
Vaches et chevaux, bijoux et boucles d’oreilles, bétail, esclaves et serviteurs : vous devez abandonner tous ces biens pour obtenir le pouvoir de changer de forme à volonté. (5) [4]
Tout ce qui arrive à quelqu’un l’affecte personnellement ; c’est pourquoi, connaissant l’amour des créatures pour elles-mêmes, ne les privez pas de leur vie, mais cessez de les mettre en danger et de les combattre. (6)
Etant donné qu’accepter (des cadeaux) conduit à l’enfer, il ne faut pas accepter même un brin d’herbe ; seulement pour préserver sa vie [5] il faut manger la nourriture qui est mise dans son propre bol d’aumône. (7)
Ici, certains sont d’avis qu’ils seront délivrés de toute misère en suivant simplement l’enseignement [6], sans s’abstenir de péchés. (8)
[ p. 26 ]
Reconnaissant la vérité sur l’esclavage et la libération, mais parlant seulement, sans agir (conformément à ces principes), ils cherchent du réconfort pour eux-mêmes dans des paroles puissantes. (9)
Les discours intelligents ne mènent pas au salut ; comment l’enseignement philosophique y parviendrait-il ? Les insensés, bien que sombrant de plus en plus dans le péché, se croient sages.
Ils vont loin dans le Samsâra sans fin ; c’est pourquoi, en regardant attentivement, il faut errer prudemment [7]. (11)
En choisissant ce qui est au-delà et au-dessus (ce monde, à savoir la libération), on ne devrait jamais désirer (les objets du monde), mais soutenir son corps seulement pour pouvoir anéantir son Karman. (12)
Ceux-là récolteront des souffrances qui, en pensées, en paroles ou en actes, s’attachent à leur corps, aux couleurs et aux formes. (13)
Reconnaissant la cause du Karman, on devrait errer en attendant sa mort ; (connaissant) la quantité autorisée de nourriture et de boisson, on devrait manger (la nourriture qui a été) préparée (par les chefs de famille pour leur propre consommation). (14)
Un ascète ne doit pas accumuler de provisions, pas même la moindre quantité de graisse (collée à son bol d’aumônes) ; mais comme un oiseau avec son plumage [8], ainsi avec son bol d’aumônes, il doit errer sans désirs. (15)
[ p. 27 ]
Recevant l’aumône de manière à éviter les fautes [9], et se contrôlant, il faut errer dans un village (&c.) sans résidence fixe ; prudent parmi les insouciants, il faut mendier sa nourriture. (16)
Ainsi a parlé l’Arhat Gñâtriputra, le vénérable natif de Vaisâlî [10], qui possède la plus haute connaissance et qui possède la plus haute foi, qui possède (en même temps) la plus haute connaissance et la plus haute foi. (17)
Ainsi je dis.
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24:2 Khuddâganiyanthiggam = Kshullakanirgranthîyam. Kshullaka signifie à l’origine « petit, jeune », mais je ne vois pas que le contenu de cette conférence appuie cette traduction, bien que les commentateurs semblent la favoriser. ↩︎
24:3 Dêvêndra cite ici le verset sanskrit suivant : Kalatranigadam dattvâ na samtushtah pragâpatih | bhûyôऽpy apatyarûpêna dadâti galasriṅkhalam. Le créateur n’était pas satisfait lorsqu’il avait donné (à l’homme) la femme comme entrave, il a ajouté une chaîne autour de son cou sous la forme d’enfants. ↩︎
25:1 Ce verset revient dans le Sûtrakritâṅga I, 9, 5. ↩︎
25:2 Sapêhâê pâsê = svaprêkshayâ pasyêt, il doit le regarder avec son esprit ou de manière réfléchie. Cependant, sapêhâê est généralement le participe absolu samprêkshya. Le sens est le même dans les deux cas. ↩︎
25:3 Certains manuscrits insèrent ici le verset suivant : « Les meubles et les immeubles, le blé et les meubles ne peuvent délivrer de la douleur un homme qui souffre pour ses actes. » ↩︎
25:4 C’est selon les commentateurs le sens du mot dôguñkhî = gugupsin. ↩︎
25:5 Âyariyam vidittânam. Le commentateur explique, p. 26, qu’il faut seulement apprendre ce qu’est la bonne conduite (âkârikam), sans s’y conformer. Mais il est évident que l’auteur entend critiquer le Gñânamârga. ↩︎
26:1 Comme d’habitude, cette phrase signifie : on doit se conduire de manière à ne commettre aucun péché. ↩︎
26:2 Il y a un jeu de mots dans l’original sur le mot patta, qui signifie plumes (patra) et bol d’aumône (pâtra). ↩︎
27:1 Ceci est l’êshanâsamiti. Sur les samitis, voir ci-dessous, Douzième Leçon, 2. ↩︎