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Les circonstances qui ont donné lieu à la traduction des parties suivantes de la Mishna méritent un bref récit dans les annales de l’histoire juive et sont les suivantes :
Lors d’une discussion publique qui eut lieu à la sacristie de la synagogue Sphardim, au sujet de la révision de la liturgie en usage dans cette synagogue et de l’amélioration de son culte public, les opposants à cette modification se réfugièrent sous l’autorité de la Mishna, ce qui conduisit les partisans de l’amélioration à exprimer leurs doutes de longue date quant à la divinité de la Loi orale. Ces messieurs, raillés pour avoir utilisé des arguments tirés d’extraits partiels fournis par des auteurs chrétiens, insistèrent sur la nécessité de se procurer une traduction anglaise rédigée par des personnes de leur propre foi. Suite à cette demande, l’assemblée adopta une résolution autorisant le révérend DA De Sola à traduire la Mishna. M. De Sola, ayant été autorisé à faire appel à un coadjuteur, choisit le révérend MJ Raphall, et la traduction suivante (comprenant les parties de l’ouvrage les plus directement liées à Israël dans sa dispersion actuelle) est le fruit de leurs travaux conjoints. [1]
Il ne fait aucun doute que pour l’Israélite qui croit à la divinité d’une Loi Orale, qui pense que le salut de son âme dépend d’une telle croyance, mais pour qui la Mishna en hébreu est un livre scellé, il ne fait aucun doute que pour un tel homme, s’il est rationnel autant que pieux, la présente traduction doit être hautement acceptable, car la simple croyance au contenu d’un livre non compris ne peut conférer aucun droit à une récompense céleste. Pour son coreligionnaire, tout aussi ignorant de l’hébreu, qui pense qu’une doctrine impliquant le salut ou la perdition de l’âme devrait reposer non sur des preuves présomptives mais démonstratives, et dont le scepticisme repose sur le silence expressif de Dieu, de Moïse et des Prophètes quant à l’existence de deux codes divins, il doit également accepter une publication éclairant un sujet d’un tel intérêt spirituel. Et comme la Mishna a été traduite intégralement en allemand par nos frères continentaux, il faut espérer qu’elle sera traduite en anglais pour l’édification du Juif britannique, qui pourra ainsi lire un livre censé contenir l’explication divine de la Loi écrite. Les pages saintes du Pentateuque, des Prophètes et de l’Hagiographie sont à sa disposition pour son instruction, son réconfort et sa consolation ; et le même libre accès devrait être accordé aux pages contenant une si large portion de la Loi orale, dont l’origine divine est également revendiquée.
Tebet, 5603.—Décembre, 1842.
iii:1 Le Traité Nidda n’étant pas adapté aux notions raffinées du lecteur anglais, il n’a pas été imprimé ; et pour la même raison, l’hébreu a parfois été substitué à l’anglais. Dans le Traité Yebamoth, il a été jugé nécessaire d’omettre, pour des raisons similaires, les chapitres VI et VIII, ainsi que plusieurs sections du même Traité ; les omissions étant indiquées par des astérisques. ↩︎