Livre XI — De la première année de Cyrus à la mort d'Alexandre le Grand | Page de titre | Livre XIII — De la mort de Judas Maccabée à la mort de la reine Alexandra |
CONTENANT L’INTERVALLE DE CENT SOIXANTE-DIX ANS.
COMMENT PTOLÉMÉE, FILS DE LAGUS, PRIS JÉRUSALEM ET LA JUDÉE PAR TROMPERIE ET TRAHISON, ET EN EMMENA DE NOMBREUSES PERSONNES, ET LES IMPLANTA EN Égypte.
1. Or, après qu’Alexandre, roi de Macédoine, eut mis fin à la domination des Perses et réglé les affaires de la Judée de la manière susmentionnée, il mit fin à ses jours. Et comme son gouvernement s’effondrait parmi de nombreux peuples, Antigone obtint l’Asie, Séleucus Babylone ; et parmi les autres nations qui s’y trouvaient, Lysimaque gouverna l’Hellespont, et Cassandre posséda la Macédoine ; de même que Ptolémée, fils de Lagus, s’empara de l’Égypte. Et tandis que ces princes luttaient avec ambition les uns contre les autres, chacun pour sa propre principauté, il arriva qu’il y eut des guerres continuelles, et ces guerres de longue durée ; et les villes souffrirent et perdirent un grand nombre de leurs habitants dans ces temps de détresse, à tel point que toute la Syrie, par l’intermédiaire de Ptolémée, fils de Lagus, subit le revers de la dénomination de Sauveur qu’il avait alors. Il s’empara également de Jérusalem, et à cette fin recourut à la tromperie et à la trahison ; Français car, comme il entrait dans la ville un jour de sabbat, comme s’il allait offrir des sacrifices [1], il gagna la ville sans aucun trouble, tandis que les Juifs ne s’opposaient pas à lui, car ils ne le soupçonnaient pas d’être leur ennemi ; et il la gagna ainsi, parce qu’ils étaient exempts de tout soupçon à son égard, et parce que ce jour-là, ils étaient en repos et en tranquillité ; et lorsqu’il l’eut conquise, il la gouverna d’une manière cruelle. Bien plus, Agatharchide de Cnide, qui a écrit les actes des successeurs d’Alexandre, nous reproche la superstition, comme si, par elle, nous avions perdu notre liberté ; où il dit ainsi : « Il y a une nation appelée la nation des Juifs, qui habite une ville forte et grande, nommée Jérusalem. Ces hommes n’ont pris aucune précaution, mais ont laissé tomber entre les mains de Ptolémée, comme ne voulant pas prendre les armes, et par là ils se sont soumis à un maître dur en raison de leur superstition intempestive. » Voici ce que rapporte Agatharchide de notre nation. Mais Ptolémée, après avoir fait un grand nombre de captifs, tant dans les régions montagneuses de Judée, que dans les environs de Jérusalem et de Samarie, et près du mont Garizim, les conduisit tous en Égypte et les y installa. Sachant que les habitants de Jérusalem étaient très fidèles à leurs serments et à leurs alliances, comme le confirmait la réponse qu’ils firent à Alexandre, lorsqu’il leur envoya une ambassade après avoir vaincu Darius, il en répartit un grand nombre en garnisons et, à Alexandrie, leur accorda les mêmes privilèges de citoyens que les Macédoniens ; il leur demanda de prêter serment de fidélité à la postérité de ceux qui leur avaient confié ces lieux. De nombreux autres Juifs se rendirent même volontairement en Égypte, invités par la richesse du sol et la générosité de Ptolémée. Cependant, il y eut des dissensions parmi leur postérité, à l’égard des Samaritains, à cause de leur résolution de conserver cette conduite de vie qui leur avait été transmise par leurs ancêtres, et ils se disputèrent alors les uns avec les autres,tandis que ceux de Jérusalem disaient que leur temple était saint, et résolurent d’y envoyer leurs sacrifices ; mais les Samaritains résolurent qu’ils seraient envoyés au mont Garizim.
COMMENT PTOLÉMÉE PHILADELPHE FUT TRADUIRE LES LOIS DES JUIFS EN LANGUE GRECQUE, LIBÉRA DE NOMBREUX CAPTIFS ET DÉDIA DE NOMBREUX DONS À DIEU.
1. Alexandre eut régné douze ans, et Ptolémée Soter quarante ans après lui. Philadelphe prit alors le royaume d’Égypte et le conserva quarante ans en un. Il fit interpréter la loi et libéra les cent vingt mille esclaves venus de Jérusalem en Égypte. La raison en était la suivante : Démétrius Phalère, bibliothécaire du roi, s’efforçait, si possible, de rassembler tous les livres de la terre habitée et d’acheter tout ce qui avait de la valeur ou qui convenait au roi (qui était très ardemment attaché à la collection de livres), désir auquel Démétrius se soumettait avec zèle. Ptolémée lui demanda un jour combien de dizaines de milliers de livres il avait rassemblés. Il répondit qu’il en possédait déjà environ vingt fois dix mille, mais que, dans peu de temps, il en aurait cinquante fois dix mille. Mais il dit qu’il avait été informé qu’il y avait parmi les Juifs de nombreux livres de lois dignes d’être étudiés et dignes de la bibliothèque du roi, mais qu’étant écrits en caractères et dans un dialecte qui leur est propre, leur traduction en grec demanderait beaucoup de peine ; [2] que le caractère dans lequel ils sont écrits semble être semblable à celui des Syriens, et que le son, lorsqu’il est prononcé, est également semblable au leur ; et que ce son semble leur être particulier. C’est pourquoi il dit que rien n’empêchait qu’ils fassent également traduire ces livres ; car, s’il ne manque rien de ce qui est nécessaire à cet effet, nous pouvons également avoir leurs livres dans cette bibliothèque. Le roi pensa donc que Démétrius était très zélé pour lui procurer une abondance de livres, et qu’il lui suggérait ce qu’il était tout à fait approprié de faire ; c’est pourquoi il écrivit au grand-prêtre juif pour qu’il agisse en conséquence.
2. Or, il y avait un certain Aristée, l’un des amis les plus intimes du roi, et sa modestie lui plaisait beaucoup. Cet Aristée avait souvent, et déjà déjà, décidé de demander au roi la libération de tous les Juifs captifs de son royaume ; et il pensait que l’occasion était propice pour le faire. Il s’entretint donc d’abord avec les capitaines des gardes du roi, Sosibius de Tarente et Andréas, et les persuada de l’aider dans sa démarche auprès du roi. Aristée partagea donc l’opinion de ceux mentionnés précédemment. Il alla trouver le roi et lui adressa le discours suivant : « Il ne convient pas, ô roi, de négliger les choses à la hâte ni de nous tromper, mais de révéler la vérité. Puisque nous avons décidé non seulement de faire transcrire, mais aussi d’interpréter, pour ta satisfaction, les lois des Juifs, comment pouvons-nous y parvenir, alors que tant de Juifs sont maintenant esclaves dans ton royaume ? Fais donc ce qui est conforme à ta magnanimité et à ta bonté : libère-les de la misère dans laquelle ils se trouvent, car ce Dieu, qui soutient ton royaume, est l’auteur de leurs lois, comme je l’ai appris par une enquête particulière. Car ces deux peuples, et nous aussi, adorons le même Dieu, l’auteur de toutes choses. Nous l’appelons, et c’est vrai, du nom de GREC, [ou vie, ou Jupiter], car il insuffle la vie à tous les hommes. C’est pourquoi, ramène ces hommes dans leur patrie, et Fais ceci pour l’honneur de Dieu, car ces hommes lui rendent un culte particulièrement excellent. Sache aussi que, bien que je ne sois pas leur parent de naissance, ni originaire du même pays, je désire néanmoins que ces faveurs leur soient accordées, car tous les hommes sont l’ouvrage de Dieu ; et je sais qu’il est satisfait de ceux qui font le bien. Je te demande donc de leur faire du bien.
3. Tandis qu’Aristée parlait ainsi, le roi le regarda d’un air joyeux et enjoué, et dit : « Combien de dizaines de milliers penses-tu qu’il y ait parmi ceux qui ont besoin d’être libérés ? » À quoi Andréas, qui était présent, répondit : « Un peu plus de dix fois dix mille. » Le roi répondit : « Et est-ce peu que tu demandes cela, Aristée ? » Mais Sosibius et les autres présents dirent qu’il devait offrir une offrande de reconnaissance digne de sa grandeur d’âme à ce Dieu qui lui avait donné son royaume. Cette réponse le réjouit beaucoup ; et il ordonna qu’au moment de payer la solde des soldats, ils donnent cent vingt drachmes [3] pour chacun des esclaves. Il promit de publier un décret magnifique concernant leur demande, qui confirmerait la proposition d’Aristée, et surtout ce que Dieu voulait qu’il soit fait ; Il déclara qu’il libérerait non seulement ceux qui avaient été emmenés captifs par son père et son armée, mais aussi ceux qui étaient auparavant dans ce royaume, et aussi, s’il y en avait, ceux qui avaient été emmenés depuis. Et lorsqu’ils dirent que leur rachat s’élèverait à plus de quatre cents talents, il l’accorda. J’ai décidé de conserver copie de ce décret, afin que la magnanimité de ce roi soit connue. Son contenu était le suivant : « Que tous ceux qui étaient soldats sous notre père, et qui, lorsqu’ils envahirent la Syrie et la Phénicie, et ravagèrent la Judée, capturèrent les Juifs, les réduisirent en esclavage, les amenèrent dans nos villes et dans ce pays, puis les vendirent ; ainsi que tous ceux qui étaient dans mon royaume avant eux, et s’il y en a qui y ont été récemment amenés, soient libérés par ceux qui les possèdent ; et qu’ils acceptent cent vingt drachmes pour chaque esclave. Et que les soldats reçoivent ce prix de rachat avec leur solde, mais le reste sur le trésor du roi ; car je suppose qu’ils ont été faits prisonniers sans le consentement de notre père, et contre l’équité ; et que leur pays a été harcelé par l’insolence des soldats, et qu’en les amenant en Égypte, les soldats en ont tiré un grand profit. Par respect pour la justice, et par pitié pour ceux qui ont été tyrannisés, contrairement à l’équité, je J’enjoins à ceux qui ont de tels Juifs à leur service de les libérer dès réception de la somme susmentionnée ; et que personne ne les abuse, mais obéisse aux ordres du présent décret. Je veux qu’ils se présentent dans les trois jours suivant la publication de cet édit à ceux qui sont désignés pour l’exécuter, et qu’ils présentent également les esclaves devant eux, car je pense que ce sera dans l’intérêt de mes affaires. Et que quiconque dénoncera ceux qui n’obéiront pas à ce décret, et je veux que leurs biens soient confisqués et versés au trésor royal. Après lecture de ce décret au roi,Il contenait d’abord le reste qui est inséré ici, et n’omettait que les Juifs amenés précédemment, et ceux amenés ultérieurement, qui n’avaient pas été clairement mentionnés. Il ajouta donc ces clauses par humanité et avec une grande générosité. Il ordonna également que le paiement, qui risquait d’être effectué à la hâte, soit réparti entre les ministres du roi et les fonctionnaires de son trésor. Une fois cette opération terminée, le décret du roi fut rapidement appliqué ; et ce, en moins de sept jours, le nombre de talents payés pour les captifs dépassant les quatre cent soixante, et ce, parce que leurs maîtres exigeaient également les cent vingt drachmes pour les enfants, le roi ayant, en effet, ordonné que ceux-ci soient payés, lorsqu’il précisa dans son décret qu’ils recevraient la somme susmentionnée pour chaque esclave.
4. Or, après que cela eut été fait d’une manière si magnifique, selon les inclinations du roi, il ordonna à Démétrius de lui faire part par écrit de ses sentiments concernant la transcription des livres juifs ; car aucune partie de l’administration n’est effectuée à la légère par ces rois, mais tout est géré avec une grande circonspection. C’est pourquoi j’ai joint une copie de ces épîtres et consigné la multitude des vases envoyés en don [à Jérusalem], ainsi que la construction de chacun, afin que la précision du travail des artisans, telle qu’elle est apparue à ceux qui les ont vus, et l’artisan qui a fabriqué chaque vase, soient mis en évidence, et ce, en raison de l’excellence des vases eux-mêmes. Or, la copie de l’épître avait pour objet : « Démétrius au grand roi. O roi, lorsque tu m’as donné des instructions concernant la collection des livres manquants pour remplir ta bibliothèque, et concernant le soin à apporter à ceux qui sont imparfaits, j’ai fait preuve de la plus grande diligence à cet égard. Je te fais savoir que nous avons besoin des livres de la législation juive, ainsi que de quelques autres ; car ils sont écrits en caractères hébreux et, étant dans la langue de cette nation, nous sont inconnus. Il leur est arrivé aussi d’être transcrits avec plus de négligence qu’ils n’auraient dû l’être, faute d’avoir bénéficié jusqu’ici des soins royaux. Il est maintenant nécessaire que tu en possèdes des copies exactes. Cette législation est en effet pleine d’une sagesse cachée et parfaitement irréprochable, car elle est la législation de Dieu. C’est pourquoi, comme le dit Hécatée d’Abdère, les poètes et les historiens n’en font aucune mention, ni des hommes qui la suivent, car c’est une loi sainte. et ne doit pas être publié par des bouches profanes. Si donc il te plaît, ô roi, tu peux écrire au grand prêtre des Juifs, afin qu’il envoie six anciens de chaque tribu, parmi les plus versés dans les lois, afin que par leur intermédiaire nous puissions apprendre le sens clair et cohérent de ces livres, et obtenir une interprétation exacte de leur contenu, et ainsi en avoir un recueil qui convienne à ton désir.
5. Lorsque cette lettre fut envoyée au roi, il ordonna qu’une lettre soit rédigée pour Éléazar, le grand prêtre juif, concernant ces questions ; et qu’on l’informe de la libération des Juifs qui avaient été esclaves parmi eux. Il envoya également cinquante talents d’or pour la fabrication de grands bassins, de coupes et de coupes, ainsi qu’une immense quantité de pierres précieuses. Il ordonna également à ceux qui avaient la garde du coffre contenant ces pierres de laisser les artisans choisir les sortes de pierres qu’ils désiraient. Il ordonna également que cent talents d’argent soient envoyés au temple pour les sacrifices et pour d’autres usages. Je donnerai maintenant une description de ces vases et de leur mode de fabrication, mais seulement après avoir mis par écrit une copie de la lettre écrite à Éléazar, le grand prêtre, qui avait obtenu cette dignité à la suite de la mort d’Onias, le grand prêtre, son fils Simon lui succéda. Il fut appelé Simon le Juste [4] à cause de sa piété envers Dieu et de sa bienveillance envers ceux de sa nation. Lorsqu’il fut mort, et qu’il laissa un jeune fils, appelé Onias, Éléazar, frère de Simon, dont nous parlons, devint souverain sacerdotal. C’est à lui que Ptolémée écrivit, et cela de la manière suivante : « Le roi Ptolémée, au grand prêtre Éléazar, salue. Il y a beaucoup de Juifs qui résident actuellement dans mon royaume, que les Perses, lorsqu’ils étaient au pouvoir, ont emmenés captifs. Ceux-ci étaient honorés par mon père ; il en plaça certains dans l’armée et leur versa une solde plus élevée que d’habitude ; à d’autres, lorsqu’ils arrivèrent avec lui en Égypte, il confia ses garnisons et leur garde, afin qu’ils soient une terreur pour les Égyptiens. Et après avoir pris le gouvernement, j’ai traité tous les hommes avec humanité, et en particulier tes concitoyens, dont j’ai libéré plus de cent mille esclaves, et payé le prix de leur rachat à leurs maîtres sur mes propres revenus ; et ceux qui sont en âge de servir, j’y ai admis un certain nombre de mes soldats. Et quant à ceux qui sont capables de me rester fidèles et dignes de ma cour, je les ai placés à un tel poste, considérant cette bonté comme accomplie. Pour eux, c’est un don précieux et agréable, que je consacre à Dieu pour sa providence envers moi. Désireux de faire ce qui sera reconnaissant envers eux et envers tous les autres Juifs de la terre habitable, j’ai décidé de me procurer une interprétation de votre loi, de la faire traduire de l’hébreu en grec et de la déposer dans ma bibliothèque. Tu feras donc bien de choisir et de m’envoyer des hommes de bonne conduite, maintenant âgés, au nombre de six par tribu. Ceux-ci, de par leur âge, doivent être compétents dans les lois et capables de les interpréter avec précision ; et lorsque cela sera terminé, je penserai avoir accompli une œuvre glorieuse. Je t’ai envoyé Andréas.le chef de ma garde, et Aristée, hommes que j’estime beaucoup ; par eux, j’ai envoyé les prémices que j’ai consacrées au temple, aux sacrifices et à d’autres usages, pour une valeur de cent talents. Et si tu nous envoies pour nous faire savoir ce que tu désires de plus, tu feras une chose que j’approuverai.
6. Lorsque cette épître du roi fut apportée à Éléazar, il y répondit avec tout le respect possible : « Éléazar, grand prêtre du roi Ptolémée, vous salue. Si toi, ta reine Arsinoé [5], et tes enfants, vous portez bien, nous sommes entièrement satisfaits. Lorsque nous avons reçu votre épître, nous nous sommes grandement réjouis de vos intentions ; et lorsque la multitude fut rassemblée, nous la lui avons lue, leur faisant ainsi prendre conscience de votre piété envers Dieu. Nous leur avons également montré les vingt coupes d’or et trente d’argent, les cinq grands bassins et la table des pains de proposition ; ainsi que les cent talents pour les sacrifices et pour la préparation des nécessités du temple ; ces choses nous ont été apportées par Andréas et Aristée, vos très honorables amis ; et ce sont vraiment des personnes d’un excellent caractère, d’une grande érudition, et dignes de votre vertu. Sache donc que nous vous ferons grâce de ce qui est pour vous. Tu es dans ton intérêt, même si nous faisons ce que nous ne faisions pas auparavant ; car nous devons te rendre la pareille pour les nombreux actes de bonté que tu as accomplis envers nos compatriotes. Nous avons donc immédiatement offert des sacrifices pour toi et ta sœur, ainsi que pour tes enfants et tes amis ; et la multitude a prié pour que tes affaires soient réglées, que ton royaume soit préservé en paix, et que la traduction de notre loi aboutisse à la conclusion que tu désires et soit à ton avantage. Nous avons également choisi six anciens de chaque tribu, que nous avons envoyés, et la loi avec eux. Ce sera ton devoir, par piété et par justice, de renvoyer la loi, une fois traduite, et de nous renvoyer ceux qui l’auront apportée en toute sécurité. Adieu.
7. Telle fut la réponse du grand prêtre. Mais il ne me semble pas nécessaire de citer les noms des soixante-douze anciens envoyés par Éléazar pour porter la loi, lesquels étaient pourtant mentionnés à la fin de l’épître. Cependant, j’ai jugé opportun de rendre compte de ces vases précieux et artificiellement fabriqués que le roi envoya à Dieu, afin que chacun puisse constater le grand respect qu’il avait pour Dieu. En effet, le roi autorisait des dépenses considérables pour ces vases, venait souvent voir les ouvriers et examinait leurs travaux, sans laisser aucune négligence ni négligence nuire à leurs opérations. Je raconterai leur richesse du mieux que je peux, bien que la nature de cette histoire ne l’exige peut-être pas ; mais j’espère ainsi recommander le goût élégant et la magnanimité de ce roi à ceux qui la liront.
8. Je vais d’abord décrire ce qui appartient à la table. Le roi avait en effet l’intention de la rendre extrêmement grande ; mais il ordonna ensuite qu’on s’informe de la taille de la table déjà à Jérusalem, de ses dimensions, et de la possibilité d’en fabriquer une plus grande. Lorsqu’on lui apprit la taille de celle qui s’y trouvait déjà, et que rien ne l’empêchait d’en fabriquer une plus grande, il se dit prêt à en faire fabriquer une cinq fois plus grande que la table actuelle ; mais il craignait qu’elle ne soit alors inutile à leurs offices sacrés en raison de sa trop grande taille ; car il désirait que les présents qu’il leur offrirait ne soient pas seulement là pour l’apparat, mais aussi utiles à leurs offices sacrés. C’est pourquoi, considérant que la table précédente était de taille modeste pour l’usage, et non par manque d’or, il résolut de ne pas la surpasser en taille, mais de la surpasser par la variété et l’élégance de ses matériaux. Et comme il était sagace dans l’observation de la nature de toutes choses, et qu’il avait une juste notion de ce qui était nouveau et surprenant, et que là où il n’y avait pas de sculptures, il en inventait qui étaient appropriées par sa propre habileté, et les montrait aux ouvriers, il ordonna que de telles sculptures soient maintenant faites, et que celles qui étaient délimitées soient formées le plus précisément possible par un souci constant de leur délimitation.
9. Lorsque les ouvriers eurent entrepris de fabriquer la table, ils la charpentèrent de deux coudées et demie de longueur, d’une coudée de largeur et d’une coudée et demie de hauteur ; toute la structure de l’ouvrage était en or. Ils firent également une couronne large d’une main tout autour, avec des ondulations enroulées autour, et une gravure imitant une corde, admirablement tournée sur ses trois parties ; car comme elles étaient de forme triangulaire, chaque angle avait la même disposition de ses sculptures, de sorte que lorsqu’on les retournait, la même forme était retournée sans aucune variation. Or, la partie de la couronne qui était enfermée sous la table avait ses sculptures très belles ; mais la partie qui faisait le tour à l’extérieur était plus richement ornée de très beaux ornements, car elle était exposée à la vue des spectateurs ; C’est pourquoi les deux côtés qui surplombaient les autres étaient aigus, et aucun des angles, dont nous vous avons déjà parlé au nombre de trois, ne paraissait plus petit qu’un autre, lorsque la table était retournée. Des pierres précieuses étaient insérées dans le cordon ainsi tourné, en rangées parallèles, enfermées dans des boutons d’or percés d’ouvertures. Les parties latérales de la couronne, exposées à la vue, étaient ornées d’une rangée de figures ovales, placées obliquement, en pierres précieuses de la plus haute qualité, imitant des tiges serrées et entourant la table. Sous ces figures ovales ainsi gravées, les ouvriers avaient placé une couronne tout autour, où étaient représentées toutes sortes de fruits, de sorte que les grappes de raisin pendaient. Après avoir fabriqué les pierres pour représenter tous les fruits mentionnés précédemment, chacun dans sa couleur propre, ils les fixèrent avec de l’or tout autour de la table. La même disposition des figures ovales et des tiges gravées était encadrée sous la couronne, afin que la table puisse, de chaque côté, montrer la même apparence de variété et d’élégance de ses ornements ; de sorte que ni la position des ondulations ni celle de la couronne ne puissent être différentes, bien que la table fût tournée de l’autre côté, mais que la perspective des mêmes dispositifs artificiels puisse être étendue jusqu’aux pieds ; car une plaque d’or de quatre doigts de large fut réalisée sur toute la largeur de la table, dans laquelle ils insérèrent les pieds, puis les fixèrent à la table par des boutons et des boutonnières, à l’endroit où se trouvait la couronne, afin que, de quelque côté de la table que l’on se tienne, on puisse voir exactement la même vue du travail exquis et des vastes dépenses qui lui étaient consacrées : mais sur la table elle-même, ils gravaient un méandre, y insérant des pierres très précieuses au milieu comme des étoiles, de différentes couleurs ; l’escarboucle et l’émeraude,Chacune d’elles projetait d’agréables rayons de lumière sur les spectateurs, ainsi que des pierres d’autres sortes, particulièrement curieuses et estimées, car très précieuses en leur genre. Tout près de ce méandre, un réseau l’entourait, dont le milieu ressemblait à un losange, dans lequel étaient insérés du cristal de roche et de l’ambre, qui, par leur grande ressemblance, procuraient un merveilleux plaisir à ceux qui les voyaient. Les chapiteaux des pieds imitaient les premiers bourgeons des lis, tandis que leurs feuilles étaient pliées et déposées sous la table, de sorte que la ciboulette y apparaissait dressée. Leurs bases étaient faites d’une escarboucle ; et l’emplacement du fond, qui reposait sur cette escarboucle, avait une profondeur d’une paume et une largeur de huit doigts. Ils y avaient gravé, avec un outil très fin et beaucoup de soin, une branche de lierre et des vrilles de vigne, produisant des grappes de raisin, si bien qu’on ne pouvait deviner qu’elles ne différaient en rien de véritables vrilles ; car elles étaient si fines et si étendues à leurs extrémités qu’elles étaient agitées par le vent, ce qui donnait l’impression qu’elles étaient le fruit de la nature et non une représentation artistique. Ils donnèrent également l’impression que la table était entièrement composée de trois parties, tandis que les joints des différentes parties étaient si unis qu’ils étaient invisibles, et que leurs points de jonction étaient indiscernables. L’épaisseur de la table n’était pas inférieure à une demi-coudée. Ainsi, ce don, par la grande générosité du roi, par la grande valeur des matériaux, par la variété de sa structure exquise, et par l’habileté de l’artisan à imiter la nature avec des outils grisonnants, fut enfin porté à la perfection, tandis que le roi était très désireux que, bien que dans sa grandeur, il ne soit pas différent de celui qui était déjà dédié à Dieu, cependant que dans l’exécution exquise, et la nouveauté des artifices, et dans la splendeur de sa construction, il le surpasse de loin, et soit plus illustre que ce qui était.Ils étaient mues par le vent et laissaient croire qu’elles étaient le fruit de la nature et non la représentation d’un art. Ils donnaient également l’impression que la table était entièrement fabriquée en trois parties, tandis que les joints des différentes parties étaient si bien unis qu’ils étaient invisibles, et leurs points de jonction étaient indiscernables. L’épaisseur de la table n’était pas inférieure à une demi-coudée. Ainsi, grâce à la grande générosité du roi, à la grande valeur des matériaux, à la variété de sa structure exquise et à l’habileté de l’artisan à imiter la nature avec des outils grisonnants, ce don fut enfin porté à la perfection. Le roi souhaitait vivement que, bien que sa taille ne fût pas différente de celle déjà consacrée à Dieu, elle la surpasse de loin par la finesse de son exécution, la nouveauté de ses dispositifs et la splendeur de sa construction.Ils étaient mues par le vent et laissaient croire qu’elles étaient le fruit de la nature et non la représentation d’un art. Ils donnaient également l’impression que la table était entièrement fabriquée en trois parties, tandis que les joints des différentes parties étaient si bien unis qu’ils étaient invisibles, et leurs points de jonction étaient indiscernables. L’épaisseur de la table n’était pas inférieure à une demi-coudée. Ainsi, grâce à la grande générosité du roi, à la grande valeur des matériaux, à la variété de sa structure exquise et à l’habileté de l’artisan à imiter la nature avec des outils grisonnants, ce don fut enfin porté à la perfection. Le roi souhaitait vivement que, bien que sa taille ne fût pas différente de celle déjà consacrée à Dieu, elle la surpasse de loin par la finesse de son exécution, la nouveauté de ses dispositifs et la splendeur de sa construction.
10. Il y avait deux citernes d’or, sculptées en écailles, de sa base jusqu’à son cercle en forme de ceinture, avec diverses sortes de pierres enchâssées dans des cercles en spirale. À côté se trouvait un méandre d’une coudée de hauteur, composé de pierres de toutes couleurs. À côté de celui-ci était gravé un ouvrage en forme de baguettes ; et à côté de celui-ci, un losange en forme de filet, s’étendant jusqu’au bord du bassin, tandis que de petits boucliers en pierres, beaux en leur genre et épais de quatre doigts, remplissaient les parties centrales. Autour du sommet du bassin étaient enroulées des feuilles de lys, de liseron et des vrilles de vigne en cercle. Telle était la construction des deux citernes d’or, chacune contenant deux firkins. Mais celles en argent étaient bien plus brillantes et splendides que des miroirs, et l’on pouvait y voir les images qui tombaient dessus plus clairement que dans les autres. Le roi commanda également trente fioles ; celles dont les parties en or, remplies de pierres précieuses, étaient ornées de feuilles de lierre et de vigne, gravées artificiellement. Ces vases furent portés à cette perfection extraordinaire, en partie grâce à l’habileté des ouvriers, admirables dans ce travail de qualité, mais surtout grâce à la diligence et à la générosité du roi. Non seulement il fournit généreusement aux artisans ce dont ils avaient besoin, mais il interdit les audiences publiques pour le moment, vint se tenir près des ouvriers et observa toute l’opération. C’est pourquoi les ouvriers étaient si précis dans leur travail : ils respectaient le roi et sa grande sollicitude pour les vases, et restaient donc d’autant plus fidèles à l’ouvrage.
11. Voici les présents que Ptolémée envoya à Jérusalem et qu’il consacra à Dieu. Après qu’Éléazar, le grand prêtre, les eut consacrés à Dieu, rendu hommage à ceux qui les apportaient et leur eut donné des présents à porter au roi, il les congédia. Arrivés à Alexandrie, Ptolémée apprit leur arrivée, ainsi que celle des soixante-dix anciens. Il fit aussitôt venir Andréas et Aristens, ses ambassadeurs. Ceux-ci vinrent le trouver et lui remirent la lettre qu’ils lui avaient apportée de la part du grand prêtre. Ils répondirent oralement à toutes les questions qu’il leur posait. Il se hâta alors d’aller à la rencontre des anciens venus de Jérusalem pour l’interprétation des lois ; il ordonna que tous ceux qui venaient en d’autres occasions soient renvoyés, ce qui était surprenant et qu’il n’avait pas l’habitude de faire ; car ceux qui étaient attirés à Alexandrie pour de telles occasions venaient le trouver le cinquième jour, tandis que les ambassadeurs venaient à la fin du mois. Mais après les avoir renvoyés, il attendit ceux envoyés par Éléazar. Mais lorsque les vieillards entrèrent avec les présents que le souverain sacrificateur leur avait donnés à apporter au roi, et avec les membranes sur lesquelles leurs lois étaient écrites en lettres d’or [6], il les interrogea sur ces livres ; et lorsqu’ils eurent ôté les couvertures qui les enveloppaient, ils lui montrèrent les membranes. Le roi resta là, admirant la finesse de ces membranes et l’exactitude des jonctions, qui ne pouvaient être perçues ; (tant elles étaient exactement reliées les unes aux autres) ; et il le fit pendant un temps considérable. Il dit alors qu’il les remerciait d’être venus à lui, et qu’il remerciait encore plus celui qui les avait envoyés, et, surtout, ce Dieu dont elles semblaient être les lois. Alors les vieillards et ceux qui étaient présents crièrent d’une seule voix et souhaitèrent tout le bonheur au roi. Sur quoi, il fondit en larmes, tant le plaisir était intense, car il est naturel aux hommes de faire les mêmes déclarations dans la joie que dans la tristesse. Après leur avoir demandé de remettre les livres à ceux qui étaient chargés de les recevoir, il les salua et dit qu’il était juste de leur parler d’abord de la mission qui leur était confiée, puis de s’adresser à eux-mêmes. Il promit cependant de faire de ce jour où ils vinrent à lui un jour remarquable et éminent chaque année de sa vie ; car leur arrivée et la victoire qu’il remporta sur Antigone par mer eurent lieu le même jour. Il ordonna également qu’ils soupent avec lui et leur confia la garde d’un excellent logement dans la partie haute de la ville.
12. Or, celui qui était chargé de l’accueil des étrangers, nommé Nicanor, fit venir Dorothée, chargé de leur fournir les provisions nécessaires, et lui ordonna de préparer pour chacun d’eux ce qui serait nécessaire à leur alimentation et à leur train de vie. Le roi ordonna ainsi : il veilla à ce que tous les habitants de chaque ville, qui ne pratiquaient pas le même mode de vie, soient préparés selon la coutume de ceux qui venaient le trouver, afin que, festoyant selon leur mode de vie habituel, ils soient plus satisfaits et ne soient pas gênés par ce qui leur était fait, ce qui leur était naturellement répugnant. C’est Dorothée qui s’en acquit pour ces hommes, nommé à cette fonction en raison de sa grande habileté dans les affaires de la vie courante. Car il s’occupait de tout ce qui concernait l’accueil des étrangers et leur assignait des sièges doubles, comme le roi le lui avait ordonné. Il avait ordonné que la moitié de leurs sièges soient placés à sa droite et l’autre derrière sa table, et il veillait à ce qu’aucun respect ne leur soit omis. Lorsqu’ils furent ainsi installés, il ordonna à Dorothée de servir tous ceux qui étaient venus de Judée, comme ils avaient coutume de l’être. C’est pourquoi il renvoya leurs hérauts sacrés, ceux qui immolaient les sacrifices et ceux qui récitaient les bénédicités. Il appela l’un de ceux qui étaient venus, nommé Éléazar, qui était prêtre, et lui demanda de réciter les bénédicités. [7] Celui-ci se tint alors au milieu d’eux et pria que toute prospérité soit accordée au roi et à ses sujets. Sur quoi, une acclamation de joie et un grand bruit retentirent dans toute l’assemblée ; et, après cela, ils se mirent à souper et à savourer ce qui leur était servi. Peu après, le roi estimant avoir disposé d’un délai suffisant, il commença à leur parler philosophiquement, et il posa à chacun d’eux une question philosophique [8], telle qu’elle pût éclairer leurs interrogations. Lorsqu’ils eurent exposé tous les problèmes que le roi avait proposés sur chaque point, il fut satisfait de leurs réponses. Cela prit les douze jours durant lesquels ils furent traités ; et celui qui le désire peut apprendre les questions particulières dans le livre d’Aristée, qu’il écrivit à cette occasion même.
13. Tandis que non seulement le roi, mais aussi le philosophe Ménédème, les admiraient et disaient que tout était gouverné par la Providence, et que c’était probablement de là que provenaient tant de force et de beauté dans leurs paroles, ils cessèrent alors de poser de telles questions. Mais le roi dit qu’il avait tiré un grand avantage de leur venue, car il avait tiré d’eux ce profit, celui d’avoir appris comment gouverner ses sujets. Il ordonna qu’on leur donne à chacun trois talents, et que ceux qui devaient les conduire à leur logement s’en chargent. En conséquence, au bout de trois jours, Démétrius les prit et traversa la chaussée longue de sept stades : c’était un banc de sable dans la mer qui menait à une île. Après avoir traversé le pont, il se dirigea vers le nord et leur indiqua le lieu de rendez-vous : une maison construite près du rivage, un endroit tranquille et propice à leurs discussions. Lorsqu’il les eut conduits là, il les pria (ils avaient maintenant tout ce dont ils avaient besoin pour l’interprétation de leur loi) de ne pas se laisser interrompre dans leur travail. Ils en firent donc une interprétation exacte, avec beaucoup de zèle et de grande peine, et ils continuèrent ainsi jusqu’à la neuvième heure du jour ; après quoi, ils se détendirent et prirent soin de leur corps, tandis que leur nourriture leur était fournie en abondance. De plus, Dorothée, sur l’ordre du roi, leur apporta une grande quantité de ce qui était prévu pour le roi lui-même. Mais au matin, ils arrivèrent à la cour et saluèrent Ptolémée, puis retournèrent à leur ancien poste. Où, après s’être lavés les mains [9] et purifiés, ils se mirent à l’interprétation des lois. La loi étant transcrite et le travail d’interprétation terminé, qui dura soixante-douze jours, Démétrius rassembla tous les Juifs à l’endroit où les lois avaient été traduites et où se trouvaient les interprètes, et les lut. La multitude approuva également les anciens qui interprétaient la loi. Ils félicitèrent Démétrius pour sa proposition, l’ayant trouvé pour leur plus grand bonheur ; et ils lui demandèrent d’autoriser leurs chefs à lire la loi. De plus, tous, le prêtre, le plus ancien des anciens et les principaux de leur république, demandèrent que, l’interprétation étant heureusement achevée, elle soit maintenue telle quelle et ne subisse aucune modification. Après avoir tous approuvé leur décision, ils ordonnèrent que si quelqu’un remarquait quelque chose de superflu ou d’omission, il la réexaminerait, la leur présenterait et la corrigerait. Ce qui était une sage décision de leur part, car, une fois jugée bonne, la loi pourrait perdurer à jamais.
14. Le roi se réjouit de voir son projet mené à bien et si avantageusement ; il fut particulièrement ravi d’entendre la lecture des lois ; il fut étonné de la profondeur et de la sagesse du législateur. Il commença à s’entretenir avec Démétrius : « Comment se fait-il que, malgré la beauté de cette législation, personne, ni poète ni historien, n’en ait parlé ? » Démétrius répondit : « Personne n’osait aborder la description de ces lois, car elles étaient divines et vénérables, et certains de ceux qui s’y étaient essayés étaient affligés par Dieu. » Il lui dit aussi que « Théopompe désirait écrire quelque chose à leur sujet, mais qu’il fut alors troublé dans son esprit pendant plus de trente jours ; et, après une interruption de son malaise, il apaisa Dieu par la prière, soupçonnant que sa folie provenait de cette cause. » Il vit en songe que son mal l’avait atteint alors qu’il s’était laissé aller à une trop grande curiosité pour les choses divines et qu’il désirait les publier parmi les gens ordinaires ; mais, après avoir abandonné cette tentative, il recouvra la raison. Il lui parla également de Théodectès, le poète tragique, dont on rapportait que, lors d’une représentation dramatique, il avait voulu mentionner des choses contenues dans les livres sacrés, et qu’il avait été affligé d’une obscurité dans les yeux ; et qu’après avoir pris conscience de la cause de son mal et avoir apaisé Dieu [par la prière], il en fut délivré.
15. Lorsque le roi eut reçu ces livres de Démétrius, comme nous l’avons déjà dit, il les adora et ordonna qu’on en prenne grand soin, afin qu’ils ne soient pas corrompus. Il demanda aussi que les interprètes de Judée viennent souvent le trouver, à la fois en raison des égards qu’il leur rendrait et des présents qu’il leur ferait. Car, disait-il, il était juste de les renvoyer maintenant, mais s’ils revenaient spontanément à lui, ils obtiendraient tout ce que leur sagesse pouvait légitimement exiger et ce que sa générosité pouvait leur donner. Il les renvoya donc et donna à chacun d’eux trois vêtements de la plus belle qualité, deux talents d’or, une coupe d’un talent, et les meubles de la salle où ils festoyaient. Voilà ce qu’il leur offrit. Mais par leur intermédiaire, il envoya au grand prêtre Éléazar dix lits avec des pieds d’argent et leurs ustensiles, une coupe de trente talents ; et, en outre, dix vêtements, de la pourpre, une couronne magnifique, cent pièces de fin lin retors, ainsi que des coupes, des coupes, des vases à liqueur et deux citernes d’or pour être consacrées à Dieu. Il le pria aussi, par une lettre, de permettre à ces interprètes de venir le trouver, car il appréciait beaucoup la conversation avec des hommes d’une telle érudition et serait très disposé à dépenser ses richesses pour de tels hommes. Et c’est ce qui arriva aux Juifs, et qui fut pour leur gloire et leur honneur, de la part de Ptolémée Philadelphe.
COMMENT LES ROIS D’ASIE ONT HONORÉ LA NATION DES JUIFS ET EN ONT FAIT CITOYENS DES VILLES QU’ILS ONT BÂTIES.
1. Les Juifs obtinrent également des honneurs des rois d’Asie lorsqu’ils devinrent leurs auxiliaires. Séleucus Nicator les fit citoyens des villes qu’il bâtit en Asie, en Basse-Syrie et dans la métropole même, Antioche. Il leur accorda des privilèges égaux à ceux des Macédoniens et des Grecs qui y habitaient, de sorte que ces privilèges perdurent encore aujourd’hui. Vous avez un argument en faveur de ceci : alors que les Juifs n’utilisent pas l’huile préparée par les étrangers, [10] ils reçoivent une certaine somme d’argent des officiers compétents appartenant à leurs exercices, comme valeur de cette huile ; cet argent, lorsque le peuple d’Antioche voulut les en priver lors de la dernière guerre, Mucien, alors président de Syrie, le leur conserva. Et lorsque les habitants d’Alexandrie et d’Antioche demandèrent par la suite, à l’époque où Vespasien et Titus, son fils, gouvernaient la terre habitable, que ces privilèges de citoyens leur soient retirés, ils n’obtinrent pas gain de cause. Français dans quelle conduite chacun peut discerner l’équité et la générosité des Romains, [11] spécialement de Vespasien et de Titus, qui, bien qu’ils aient eu beaucoup de peine dans la guerre contre les Juifs, et qu’ils aient été exaspérés contre eux, parce qu’ils ne leur avaient pas rendu leurs armes, mais ont continué la guerre jusqu’au tout dernier moment, cependant ils n’ont enlevé aucun de leurs privilèges susmentionnés qui leur appartenaient en tant que citoyens, mais ont contenu leur colère et ont surmonté les prières des Alexandrins et des Antiochiens, qui étaient un peuple très puissant, de sorte qu’ils ne leur ont pas cédé, ni par leur faveur pour ce peuple, ni par leur vieille rancune contre ceux dont ils avaient vaincu la méchante opposition dans la guerre ; et ils ne voulaient pas non plus modifier aucune des anciennes faveurs accordées aux Juifs, mais disaient que ceux qui avaient porté les armes contre eux et les avaient combattus avaient déjà subi un châtiment, et qu’il n’était pas juste de priver ceux qui n’avaient pas offensé des privilèges dont ils jouissaient.
2. Nous savons aussi que Marc Agrippa avait les mêmes dispositions envers les Juifs. En effet, les Ioniens, très irrités, implorèrent Agrippa de leur accorder, à eux seuls, les privilèges de citoyens que leur avait accordés Antiochus, petit-fils de Séleucus (que les Grecs appelaient le Dieu), et souhaitèrent que, si les Juifs partageaient leur vie avec eux, ils soient obligés d’adorer les dieux qu’ils adoraient eux-mêmes. Mais lorsque ces affaires furent portées devant le tribunal, les Juifs l’emportèrent et obtinrent la permission d’utiliser leurs propres coutumes, et ce sous le patronage de Nicolas de Damas ; Agrippa, en effet, déclara qu’il ne pouvait innover. Et si quelqu’un veut bien connaître cette affaire, qu’il lise les cent vingt-troisième et cent vingt-quatrième livres de l’histoire de ce Nicolas. Quant à la détermination d’Agrippa, elle n’est pas particulièrement admirable, car à cette époque notre nation n’avait pas encore fait la guerre aux Romains. Mais on peut s’étonner de la générosité de Vespasien et de Titus, qui, après de si grandes guerres et de si grands combats contre nous, ont fait preuve d’une telle modération. Je reviens maintenant à la partie de mon histoire d’où je viens de faire cette digression.
3. Or, sous le règne d’Antiochus le Grand, qui régnait sur toute l’Asie, les Juifs, ainsi que les habitants de Célésyrie, souffrirent beaucoup et leur pays fut durement ravagé. Car, pendant qu’il était en guerre contre Ptolémée Philopater et contre son fils, appelé Épiphane, ces nations souffrirent également, tant lorsqu’il fut vaincu que lorsqu’il vainquit les autres. Elles ressemblaient ainsi à un navire dans la tempête, ballotté de part et d’autre par les vagues ; et c’est précisément ainsi qu’elles se trouvaient, dans leur situation intermédiaire entre la prospérité d’Antiochus et son basculement dans l’adversité. Mais enfin, après avoir vaincu Ptolémée, Antiochus s’empara de la Judée ; et après la mort de Philopater, son fils envoya une grande armée sous le commandement de Scopas, son général, contre les habitants de Célésyrie. Ceux-ci prirent plusieurs de leurs villes, et en particulier notre nation ; celle-ci, lorsqu’il les attaqua, passa à lui. Peu de temps après, Antiochus vainquit Scopas lors d’une bataille aux sources du Jourdain et détruisit une grande partie de son armée. Par la suite, lorsqu’Antiochus eut soumis les villes de Célesyrie dont Scopas s’était emparé, ainsi que Samarie, les Juifs, de leur propre chef, se rallièrent à lui et le reçurent à Jérusalem. Ils fournirent d’abondantes provisions à toute son armée et à ses éléphants, et le secoururent avec empressement lorsqu’il assiégea la garnison de la citadelle de Jérusalem. C’est pourquoi Antiochus jugea juste de récompenser les Juifs pour leur diligence et leur zèle à son service. Il écrivit donc aux généraux de ses armées et à ses amis, témoignant de la bonne conduite des Juifs à son égard et les informant des récompenses qu’il avait décidé de leur accorder pour leur conduite. Je vais citer tout à l’heure les épîtres qu’il écrivit aux généraux à leur sujet, mais je citerai d’abord le témoignage de Polybe de Mégalopolis. Voici en effet ce qu’il dit au seizième livre de son histoire : « Scopas, général de l’armée de Ptolémée, se rendit en hâte dans les régions les plus avancées du pays et, en hiver, renversa la nation juive. » Il dit aussi, dans le même livre, que « lorsque Séopas fut conquis par Antiochus, Antiochus reçut la Batanée, Samarie, Abila et Gadara ; et que, peu après, les Juifs qui habitaient près du temple appelé Jérusalem vinrent à lui ; bien que j’aie davantage à dire à ce sujet, et notamment sur la présence de Dieu près de ce temple, je remets néanmoins cette histoire à une autre occasion. » C’est ce que rapporte Polybe. Mais nous reviendrons à la suite de l’histoire lorsque nous aurons produit les épîtres du roi Antiochus.
LE ROI ANTIOCHUS À PTOLÉMÉE, SALUT.
Puisque les Juifs, dès notre première entrée dans leur pays, nous ont témoigné leur amitié, et que, lorsque nous sommes arrivés dans leur ville [Jérusalem], ils nous ont accueillis avec faste, sont venus à notre rencontre avec leur sénat, ont donné des provisions abondantes à nos soldats et aux éléphants, et se sont joints à nous pour chasser la garnison égyptienne qui se trouvait dans la citadelle, nous avons jugé bon de les récompenser, de rétablir l’état de leur ville, fortement dépeuplée par les accidents qui ont frappé ses habitants, et de ramener ceux qui ont été dispersés. Et, en premier lieu, nous avons décidé, en raison de leur piété envers Dieu, de leur accorder, comme pension, pour leurs sacrifices d’animaux propres au sacrifice, pour le vin, l’huile et l’encens, la valeur de vingt mille pièces d’argent, et six artabres sacrés de fleur de farine, mille quatre cent soixante médimnes de froment et trois cent soixante-quinze Médimni de sel. Je voudrais que ces paiements soient entièrement réglés, comme je vous l’ai ordonné. Je voudrais aussi que les travaux du temple soient terminés, ainsi que ceux des cloîtres, et que toute autre reconstruction soit effectuée. Quant aux matériaux de bois, qu’ils soient importés de Judée, des autres pays et du Liban, en franchise d’impôt ; j’aurais également observé la même chose pour les autres matériaux nécessaires à la magnificence du temple. Que toute cette nation vive selon les lois de son pays ; que le Sénat, les prêtres, les scribes du temple et les chantres sacrés soient exemptés de la capitation, de la couronne et des autres impôts. Afin que la ville retrouve au plus vite ses habitants, j’accorde une exemption d’impôts pour trois ans à ses habitants actuels et à ceux qui viendront, jusqu’au mois d’Hyperheretus. Nous les exemptons également pour l’avenir d’un tiers de leurs impôts, afin de réparer les pertes qu’ils ont subies. Et à tous ces citoyens qui ont été emmenés et sont devenus esclaves, nous leur accordons, ainsi qu’à leurs enfants, la liberté, et ordonnons que leurs biens leur soient restitués.
4. Voici le contenu de cette épître. Il publia également un décret dans tout son royaume en l’honneur du temple, qui contenait ce qui suit : « Il ne sera permis à aucun étranger d’entrer dans les limites du temple tout autour ; ce qui est également interdit aux Juifs, sauf à ceux qui, selon leur coutume, se sont purifiés. Qu’on n’introduise dans la ville aucune chair de cheval, de mulet ou d’âne, qu’ils soient sauvages ou domestiques ; ni de léopard, de renard ou de lièvre ; et, en général, celle de tout animal dont la consommation est interdite aux Juifs. Qu’on n’y apporte pas leurs peaux ; et qu’on n’élève aucun animal de ce genre dans la ville. Qu’ils ne consomment que les sacrifices reçus de leurs ancêtres, par lesquels ils ont été obligés de faire des expiations agréables à Dieu. Et quiconque transgresse l’un de ces ordres paiera aux prêtres trois mille drachmes d’argent. » De plus, cet Antiochus témoigna de notre piété et de notre fidélité dans une épître qu’il écrivit lorsqu’il fut informé d’une sédition en Phrygie et en Lydie, alors qu’il se trouvait dans les provinces supérieures. Il y ordonna à Zenxis, le général de ses forces et son ami le plus intime, d’envoyer des membres de notre nation hors de Babylone en Phrygie. Cette épître était la suivante :
LE ROI ANTIOCHUS À ZEUXIS SON PÈRE, SALUT.
Si vous êtes en bonne santé, tant mieux. Je suis en bonne santé aussi. Ayant été informé qu’une sédition s’est élevée en Lydie et en Phrygie, j’ai pensé que l’affaire nécessitait une grande prudence. Après avoir consulté mes amis sur la marche à suivre, il a été jugé opportun de déporter deux mille familles juives, avec leurs biens, de Mésopotamie et de Babylone, vers les châteaux et les lieux les plus appropriés. Car je suis persuadé qu’ils seront de bons gardiens de nos biens, en raison de leur piété envers Dieu, et parce que je sais que mes prédécesseurs ont témoigné de leur fidélité et de leur empressement à faire ce qu’on leur demande. Je veux donc, bien que ce soit une tâche laborieuse, que tu expulses ces Juifs, sous promesse qu’ils seront autorisés à appliquer leurs propres lois. Et lorsque tu les auras conduits aux lieux mentionnés ci-dessus, tu donneras à chacune de leurs familles un terrain pour construire leurs maisons, une portion de terre pour leurs cultures et la plantation de leurs vignes. Français et tu les exempteras de payer les impôts sur les fruits de la terre pendant dix ans ; et tu leur donneras une quantité convenable de blé pour l’entretien de leurs serviteurs, jusqu’à ce qu’ils reçoivent du blé de la terre ; et qu’une part suffisante soit donnée à ceux qui leur fournissent les nécessités de la vie, afin qu’en profitant des effets de notre humanité, ils se montrent d’autant plus disposés et prêts à s’occuper de nos affaires. Prends également soin de cette nation, autant que tu le peux, afin qu’elle ne soit perturbée par personne. Or, ces témoignages que j’ai produits suffisent à démontrer l’amitié qu’Antiochus le Grand portait aux Juifs.
COMMENT ANTIOCHUS FAISAIT LIGUE AVEC PTOLÉMÉE, ET COMMENT ONIAS PROVOQUAIT PTOLÉMÉE ÉVERGÈTE À LA COLÈRE ; ET COMMENT JOSEPH RETABLIT TOUTES CHOSES ET SE lia D’AMI AVEC LUI ; ET QUELLES AUTRES CHOSES ONT ÉTÉ FAITES PAR JOSEPH ET SON FILS HYRCAN.
1. Après cela, Antiochus se lia d’amitié avec Ptolémée et lui donna sa fille Cléopâtre pour femme, et lui céda la Célésyrie, la Samarie, la Judée et la Phénicie en guise de dot. Après le partage des impôts entre les deux rois, tous les notables fixèrent les impôts de leurs pays respectifs et, après avoir perçu la somme qui leur était due, la payèrent aux deux rois. À cette époque, les Samaritains étaient dans une situation florissante et affligeaient les Juifs, leur arrachant des parties de leurs terres et emmenant des esclaves. Cela se produisit alors qu’Onias était grand prêtre ; car après la mort d’Éléazar, son oncle Manassé prit la prêtrise, et après sa mort, Onias reçut cette dignité. Il était le fils de Simon, surnommé le Juste, lequel Simon était le frère d’Éléazar, comme je l’ai déjà dit. Cet Onias était un homme de petite âme et un grand avide d’argent. C’est pourquoi, n’ayant pas payé l’impôt de vingt talents d’argent que ses ancêtres payaient pour ces choses sur leurs propres biens, il provoqua la colère du roi Ptolémée Évergète, père de Philopater. Évergète envoya un ambassadeur à Jérusalem pour se plaindre qu’Onias ne payait pas ses impôts, et menaça, s’il ne les recevait pas, de saisir leurs terres et d’y envoyer des soldats. Lorsque les Juifs entendirent ce message du roi, ils furent confondus ; mais Onias était si avide que rien dans la nature ne le rendait honteux.
2. Il y avait alors un certain Joseph, jeune, mais très réputé parmi les habitants de Jérusalem pour sa gravité, sa prudence et sa justice. Son père s’appelait Tobie ; sa mère était la sœur d’Onias, le grand-prêtre, qui l’informa de l’arrivée de l’ambassadeur ; car il séjournait alors dans un village nommé Phicol, [12] où il était né. Il arriva alors à Jérusalem et reprocha à Onias de ne pas avoir pris soin de la sécurité de ses compatriotes, mais d’avoir mis la nation en danger en ne payant pas cette somme. Pour cette sécurité, il lui dit qu’il avait reçu autorité sur eux et qu’il avait été nommé grand-prêtre ; mais que, s’il était si avide d’argent qu’il supporterait de voir son pays en danger à cause de cela, et que ses compatriotes subiraient les plus grands dommages, il lui conseilla d’aller trouver le roi et de lui demander de lui remettre tout ou partie de la somme demandée. Onias répondit qu’il ne se souciait pas de son autorité et qu’il était prêt, si possible, à abandonner son sacerdoce, et qu’il n’irait pas trouver le roi, car il ne se souciait pas de ces choses-là. Joseph lui demanda alors s’il voulait bien l’autoriser à aller en ambassade au nom de la nation. Il répondit qu’il le lui permettrait. Joseph monta alors au temple, rassembla la foule et l’exhorta à ne pas s’inquiéter ni s’effrayer de l’insouciance de son oncle Onias. Il les pria de se reposer et de ne pas s’effrayer à ce sujet. Il leur promit en effet d’être leur ambassadeur auprès du roi et de le persuader qu’ils ne lui avaient fait aucun tort. À ces mots, la foule remercia Joseph. Il descendit donc du temple et traita l’ambassadeur de Ptolémée avec hospitalité. Il lui offrit aussi de riches présents, et le régala magnifiquement pendant plusieurs jours, puis l’envoya devant le roi, et lui dit qu’il le suivrait bientôt ; car il était maintenant plus disposé à aller vers le roi, par l’encouragement de l’ambassadeur, qui le persuada sérieusement de venir en Égypte, et lui promit qu’il veillerait à obtenir tout ce qu’il désirait de Ptolémée ; car il était très satisfait de son caractère franc et libéral, et de la gravité de son comportement.
3. Lorsque l’ambassadeur de Ptolémée fut arrivé en Égypte, il informa le roi de l’insouciance d’Onias et lui fit part de la bonté de caractère de Joseph. Il lui dit qu’il venait le trouver pour excuser la multitude, affirmant qu’il ne lui avait fait aucun mal, car il était leur protecteur. Bref, il fut si généreux dans ses éloges pour le jeune homme qu’il persuada le roi et sa femme Cléopâtre de lui témoigner leur bienveillance avant son arrivée. Joseph envoya donc chercher ses amis à Samarie, leur emprunta de l’argent et prépara le nécessaire pour son voyage : vêtements, coupes et bêtes de somme, pour une somme d’environ vingt mille drachmes, et partit pour Alexandrie. À cette époque, tous les notables et les chefs des villes de Syrie et de Phénicie se rendirent aux enchères pour payer leurs impôts ; chaque année, le roi les vendait aux plus puissants de chaque ville. Ces hommes virent Joseph en chemin et se moquèrent de sa pauvreté et de sa bassesse. Arrivé à Alexandrie, il apprit que le roi Ptolémée était à Memphis et monta à sa rencontre. Le roi était alors assis sur son char, avec sa femme et son ami Athénion, qui avait été ambassadeur à Jérusalem et avait été reçu par Joseph. Dès qu’Athénion le vit, il le fit aussitôt connaître au roi et lui fit savoir combien il était bon et généreux. Ptolémée le salua le premier et le pria de monter sur son char. Joseph, assis là, se plaignit de la conduite d’Onias. Il répondit : « Pardonne-lui, à cause de son âge ; car tu ne peux ignorer que les vieillards et les enfants ont le même esprit ; mais tu recevras de nous, qui sommes des jeunes hommes, tout ce que tu désires, et tu n’auras aucun motif de te plaindre. » La bonne humeur et les plaisanteries du jeune homme ravirent tellement le roi qu’il commença déjà, comme s’il le connaissait depuis longtemps, à l’aimer encore davantage, au point de lui demander de prendre son repas au palais royal et d’être invité à sa table chaque jour. Mais lorsque le roi fut arrivé à Alexandrie, les notables de Syrie le virent assis à ses côtés et en furent très offensés.
4. Le jour où le roi devait louer les impôts des villes, et où les principaux notables de leurs pays devaient enchérir, le montant total des impôts de Célésyrie, de Phénicie, de Judée et de Samarie, selon les enchères, s’élevait à huit mille talents. Joseph accusa alors les enchérisseurs d’avoir convenu d’estimer la valeur des impôts à un taux trop bas ; il promit de donner lui-même le double pour eux ; mais pour ceux qui ne paieraient pas, il renverrait au roi tous leurs biens ; car ce privilège était vendu avec les impôts eux-mêmes. Le roi fut satisfait de cette offre ; et, comme elle augmentait ses revenus, il dit qu’il lui confirmerait la vente des impôts. Mais lorsqu’il lui demanda : « A-t-il des garants pour le paiement de l’argent ? » Il répondit très aimablement : « Je donnerai une telle caution, et celle de personnes honnêtes et responsables, et dont tu n’auras aucune raison de te méfier. » Et lorsqu’il lui demanda de les nommer, il répondit : « Je ne te donne d’autres personnes, ô roi, pour cautions que toi-même et ta femme ; et tu seras caution pour les deux parties. » Ptolémée rit donc de la proposition et lui accorda la ferme des impôts sans aucune caution. Cette procédure fut un grand chagrin pour ceux qui venaient des villes en Égypte, qui furent profondément déçus ; et ils retournèrent chacun dans leur pays, honteux.
5. Joseph prit avec lui deux mille fantassins envoyés par le roi, car il désirait obtenir de l’aide pour contraindre les réfractaires des villes à payer. Il emprunta cinq cents talents aux amis du roi à Alexandrie et retourna en toute hâte en Syrie. Arrivé à Ascalon, il exigea l’impôt des habitants d’Ascalon. Ceux-ci refusèrent de payer et l’outragèrent. Il fit alors arrêter une vingtaine d’hommes importants, les tua, rassembla leurs biens et envoya le tout au roi, où il l’informa de ses actes. Ptolémée admira la prudence de cet homme, le félicita et lui permit d’agir à sa guise. Les Syriens, ayant appris cela, furent stupéfaits ; ayant devant eux un triste exemple dans les hommes d’Ascalon tués, ouvrirent leurs portes, accueillirent Joseph et payèrent l’impôt. Les habitants de Scythopolis tentèrent de l’affronter et refusèrent de lui payer les impôts qu’ils payaient auparavant, sans les contester. Il tua également les principaux de la ville et envoya leurs biens au roi. Il amassa ainsi de grandes richesses et réalisa d’importants profits grâce à la gestion des impôts. Il utilisa les biens ainsi acquis pour consolider son autorité, estimant prudent de conserver ce qui avait été la cause et le fondement de sa bonne fortune actuelle. Il le fit en s’appuyant sur ses biens existants : il envoya secrètement de nombreux présents au roi, à Cléopâtre, à leurs amis et à tous les puissants de la cour, s’attirant ainsi leur sympathie.
6. Il jouit de cette bonne fortune pendant vingt-deux ans, et devint père de sept fils d’une même femme ; il eut aussi un autre fils, nommé Hyrcan, de la fille de son frère Solyme, qu’il épousa la fois suivante. Il vint un jour à Alexandrie avec son frère, qui avait avec lui une fille déjà en âge de se marier, afin de la donner en mariage à des Juifs de haut rang. Il soupa alors chez le roi, tomba amoureux d’une actrice d’une grande beauté et entra dans la salle où ils festoyaient. Il en informa son frère et le supplia, car la loi interdit à un Juif d’approcher un étranger, de cacher sa faute, de se montrer bon et soumis envers lui, et de lui donner l’occasion de satisfaire ses désirs. Sur quoi, son frère accepta volontiers la proposition de le servir, para sa propre fille, la lui amena de nuit et la coucha dans son lit. Joseph, ivre, ne savait pas qui elle était et coucha avec la fille de son frère. Il répéta cela à maintes reprises et l’aima profondément. Il dit à son frère qu’il aimait tant cette actrice qu’il risquerait sa vie s’il devait s’en séparer, et que le roi ne lui donnerait probablement pas la permission de l’emmener avec lui. Mais son frère lui recommanda de ne pas s’en préoccuper, et lui dit qu’il pouvait jouir de celle qu’il aimait sans danger, et la prendre pour épouse. Il lui révéla la vérité et l’assura qu’il préférait voir sa fille maltraitée plutôt que de le négliger et de le voir tomber en disgrâce. Joseph le félicita donc de son amour fraternel et épousa sa fille ; et d’elle il engendra un fils, nommé Hyrcan, comme nous l’avons déjà dit. Et comme son plus jeune fils montrait, à treize ans, un esprit à la fois courageux et sage, et était grandement envié par ses frères, comme étant d’un génie bien supérieur au leur, tel qu’ils pouvaient bien l’envier, Joseph voulut un jour savoir lequel de ses fils avait la meilleure disposition à la vertu. Et lorsqu’il les envoya séparément chez ceux qui avaient alors la meilleure réputation pour l’instruction de la jeunesse, les autres, en raison de leur paresse et de leur réticence à se donner la peine, revinrent vers lui insensés et ignorants. Après eux, il envoya le plus jeune, Hyrcan, et lui donna trois cents paires de bœufs, et lui ordonna d’aller deux jours de voyage dans le désert pour y ensemencer la terre, tout en gardant secrètement les paires des bœufs qui les attelaient. Quand Hyrcan arriva sur place et constata qu’il n’avait pas de paires avec lui, il s’enquit des conducteurs de bœufs, qui lui conseillèrent d’en envoyer à son père pour leur en apporter ; mais pensant qu’il ne devait pas perdre son temps pendant qu’on allait lui apporter les jougs, il inventa une sorte de stratagème, et qui convenait à un âge plus vieux que le sien ; car il tua dix paires de bœufs,Il distribua leur chair aux ouvriers, coupa leurs peaux en morceaux, fabriqua des jougs et attela les bœufs avec eux. Il ensemença ainsi autant de terre que son père lui avait assigné, puis retourna auprès de lui. À son retour, son père fut ravi de sa sagacité, loua la finesse de son intelligence et l’audace de ses actes. Il l’aimait encore davantage, comme s’il était son seul fils, tandis que ses frères en étaient profondément troublés.
7. Mais lorsqu’on lui apprit que Ptolémée venait de naître, que tous les notables de Syrie et des autres pays qui lui étaient soumis devaient célébrer une fête pour l’anniversaire de l’enfant, et qu’ils partirent en hâte avec une nombreuse suite pour Alexandrie, il fut lui-même empêché de partir par son âge ; mais il essaya ses fils pour voir si l’un d’eux serait disposé à aller trouver le roi. Les aînés s’excusèrent, déclarant qu’ils n’étaient pas assez courtisans pour une telle conversation, et lui conseillèrent d’envoyer leur frère Hyrcan. Il écouta avec joie ce conseil, appela Hyrcan et lui demanda s’il irait trouver le roi et s’il était d’accord. Sur sa promesse d’aller, et sur ses assurances qu’il n’aurait pas besoin de beaucoup d’argent pour son voyage, car il vivrait modestement, et que dix mille drachmes lui suffiraient, il fut satisfait de la prudence de son fils. Peu après, le fils conseilla à son père de ne pas envoyer de présents au roi de là, mais de lui remettre une lettre pour son intendant à Alexandrie, afin qu’il lui fournisse de l’argent pour acheter ce qui serait le plus excellent et le plus précieux. Pensant que la dépense de dix talents suffirait pour offrir des présents au roi, et félicitant son fils pour son bon conseil, il écrivit à Arion, son intendant, qui gérait toutes ses affaires financières à Alexandrie. Cette somme ne s’élevait pas à moins de trois mille talents sur son compte, car Joseph envoyait à Alexandrie l’argent qu’il avait reçu en Syrie. Le jour fixé pour le paiement des impôts au roi arriva, il écrivit à Arion de les payer. Le fils, ayant demandé à son père une lettre pour l’intendant, et l’ayant reçue, se hâta d’aller à Alexandrie. Après son départ, ses frères écrivirent à tous les amis du roi pour qu’ils le fassent périr.
8. Arrivé à Alexandrie, il remit sa lettre à Arion. Ce dernier lui demanda combien de talents il désirait (espérant qu’il n’en demanderait pas plus de dix, ou un peu plus) ; il répondit qu’il en voulait mille. L’intendant, irrité, le réprimanda, le traitant de quelqu’un qui avait l’intention de vivre dans l’extravagance. Il lui raconta comment son père avait amassé ses biens à force de peine et en résistant à ses inclinations, et souhaitait qu’il imite son exemple. Il l’assura en outre qu’il ne lui donnerait que dix talents, et ce, en cadeau au roi. Le fils, irrité, jeta Arion en prison. Mais lorsque la femme d’Arion en informa Cléopâtre, la suppliant de réprimander l’enfant pour ce qu’il avait fait, (car Arion était en grande estime auprès d’elle), Cléopâtre en informa le roi. Ptolémée fit venir Hyrcan et lui dit qu’il s’étonnait, lorsque son père l’avait envoyé auprès de lui, qu’il ne soit pas encore venu en sa présence, mais qu’il ait mis l’intendant en prison. Il ordonna donc qu’il vienne le trouver et lui explique la raison de son acte. On rapporte qu’il répondit au messager du roi : « Il avait une loi qui interdisait à tout enfant né de goûter au sacrifice avant d’être allé au temple et d’avoir sacrifié à Dieu. » Ainsi, il ne se présentait pas lui-même à lui dans l’attente du présent qu’il devait lui faire, comme à un bienfaiteur de son père ; et il avait puni l’esclave pour avoir désobéi à ses ordres, car peu importait qu’un maître fût petit ou grand. Ainsi, si nous ne punissons pas de tels hommes, tu peux toi aussi t’attendre à être méprisé par tes sujets. » En entendant cette réponse, il se mit à rire et s’émerveilla de la grandeur de l’âme de l’enfant.
9. Arion, informé des dispositions du roi et de son impuissance, donna mille talents à l’enfant et fut libéré. Trois jours plus tard, Hyrcan vint saluer le roi et la reine. Ils le virent avec plaisir et le régalèrent avec complaisance, en signe de respect pour son père. Il alla donc discrètement chez les marchands et acheta cent jeunes gens instruits et dans la fleur de l’âge, chacun à un talent pièce ; il acheta aussi cent jeunes filles, chacune au même prix. Invité à festoyer avec le roi parmi les notables du pays, il s’assit au dernier rang, car il était peu considéré, comme un enfant encore âgé ; et cela par ceux qui plaçaient chacun selon sa dignité. Alors que tous ceux qui étaient assis avec lui eurent déposé les os de chaque partie en tas devant Hyrcan (car ils avaient eux-mêmes emporté la chair qui leur appartenait), jusqu’à ce que la table où il était assis en fût pleine, Tryphon, qui était le bouffon du roi et qui était chargé des plaisanteries et des rires dans les fêtes, fut alors prié par les convives de l’exposer au rire. Il se tint donc près du roi et dit : « Ne vois-tu pas, mon seigneur, les os qui sont près d’Hyrcan ? À cette similitude, tu peux deviner que son père a mis toute la Syrie aussi à nu qu’il a mis ces os. » Le roi, riant de ce que disait Tryphon, demanda à Hyrcan : Comment se fait-il qu’il ait tant d’ossements devant lui ? Il répondit : « À juste titre, mon seigneur ; car ce sont des chiens qui mangent la chair et les os ensemble, comme l’ont fait tes invités (en regardant ces invités pendant ce temps), car il n’y a rien devant eux ; mais ce sont des hommes qui mangent la chair et jettent les os, comme moi, qui suis aussi un homme, je l’ai fait maintenant. » Sur quoi le roi admira sa réponse, qui était si sagement faite, et leur demanda à tous de pousser une acclamation, en signe d’approbation de sa plaisanterie, qui était vraiment facétieuse. Le lendemain, Hyrcan alla trouver chacun des amis du roi et des hommes puissants de la cour, et les salua ; mais il demanda encore aux serviteurs quel cadeau ils feraient au roi pour l’anniversaire de son fils ; et lorsque certains dirent qu’ils donneraient douze talents, et que d’autres, plus dignes, donneraient chacun selon la quantité de leurs richesses, il feignit à chacun d’eux d’être attristé de ne pouvoir apporter un présent aussi important ; Car il n’avait pas plus de cinq talents. Lorsque les serviteurs entendirent ce qu’il disait, ils le rapportèrent à leurs maîtres ; ils se réjouirent à l’idée que Joseph serait désapprouvé et provoquerait la colère du roi par la modicité de son présent. Le jour venu, les autres, même ceux qui apportèrent le plus, n’offrirent pas plus de vingt talents au roi ; mais Hyrcan donna à chacun des cent garçons et des cent jeunes filles qu’il avait achetés un talent, à porter.Il les présenta, les garçons au roi, et les jeunes filles à Cléopâtre. Tous, y compris le roi et la reine, s’émerveillèrent de la richesse inattendue des présents. Il offrit également à ceux qui entouraient le roi des présents valant de nombreux talents, afin qu’il échappe au danger qu’ils couraient ; c’est à eux que les frères d’Hyrcan avaient écrit pour le perdre. Ptolémée, admiratif de la magnanimité du jeune homme, lui ordonna de demander quel présent il désirait. Mais il ne désirait rien d’autre de la part du roi que d’écrire à son père et à ses frères. Après que le roi lui eut témoigné de grands respects, lui eut offert de généreux présents et écrit à son père, à ses frères, ainsi qu’à tous ses généraux et officiers, il le renvoya. Mais lorsque ses frères apprirent qu’Hyrcan avait reçu de telles faveurs du roi et qu’il revenait chez lui avec de grands honneurs, ils partirent à sa rencontre pour le tuer, et cela en secret avec leur père. Car il était irrité contre lui à cause de la somme importante qu’il avait donnée en présents, et ne se souciait donc pas de sa sécurité. Cependant, Joseph dissimula sa colère contre son fils, par crainte du roi. Et lorsque les frères d’Hyrcan vinrent le combattre, il tua beaucoup d’autres de ceux qui étaient avec eux, ainsi que deux de ses frères eux-mêmes ; les autres s’enfuirent à Jérusalem auprès de leur père. Mais lorsqu’Hyrcan arriva à la ville, où personne ne voulait l’accueillir, il prit peur et se retira au-delà du Jourdain, où il resta, obligeant les barbares à payer leurs impôts.ainsi que deux de ses frères eux-mêmes ; les autres s’enfuirent à Jérusalem auprès de leur père. Mais lorsqu’Hyrcan arriva à la ville, où personne ne voulait l’accueillir, il craignit pour lui-même et se retira au-delà du Jourdain. Il y resta, obligeant les barbares à payer leurs impôts.ainsi que deux de ses frères eux-mêmes ; les autres s’enfuirent à Jérusalem auprès de leur père. Mais lorsqu’Hyrcan arriva à la ville, où personne ne voulait l’accueillir, il craignit pour lui-même et se retira au-delà du Jourdain. Il y resta, obligeant les barbares à payer leurs impôts.
10. À cette époque, Séleucus, surnommé Soter, régnait sur l’Asie, fils d’Antiochus le Grand. Joseph, le père d’Hyrcan, mourut. C’était un homme bon et d’une grande magnanimité ; il fit sortir les Juifs de la pauvreté et de l’indigence pour les amener à une situation plus prospère. Il conserva la charge des impôts de Syrie, de Phénicie et de Samarie pendant vingt-deux ans. Son oncle, Onias, mourut également à cette époque, laissant la haute prêtrise à son fils Siméon. Après sa mort, son fils Onias lui succéda dans cette dignité. C’est à lui qu’Aréus, roi des Lacédémoniens, envoya une ambassade, accompagnée d’une lettre dont voici la copie :
"AREUS, ROI DES LACÉDÉMONIENS, À ONIAS, SALUT.
Nous avons trouvé un écrit qui nous a permis de constater que les Juifs et les Lacédémoniens sont de la même souche et descendent de la lignée d’Abraham [13]. Il est donc tout à fait juste que vous, qui êtes nos frères, nous fassiez parvenir vos affaires comme bon vous semble. Nous ferons de même, nous considérerons vos affaires comme les nôtres et nous les considérerons comme communes aux vôtres. Démotelès, qui vous apporte cette lettre, nous rapportera votre réponse. Cette lettre est carrée ; le sceau est un aigle tenant un dragon dans ses serres.
11. Voici le contenu de l’épître envoyée par le roi des Lacédémoniens. Mais, à la mort de Joseph, le peuple se souleva à cause de ses fils. Les anciens faisaient la guerre à Hyrcan, le plus jeune des fils de Joseph. La multitude était divisée, mais la plupart se joignirent aux anciens dans cette guerre, comme le fit Simon, le grand prêtre, en raison de sa parenté. Hyrcan, cependant, décida de ne plus retourner à Jérusalem. Il s’installa au-delà du Jourdain et mena une guerre perpétuelle contre les Arabes, tuant et capturant un grand nombre d’entre eux. Il érigea également un fort château, entièrement construit en pierre blanche jusqu’au toit, et y fit graver des animaux d’une taille prodigieuse. Il fit aussi creuser un canal d’eau large et profond autour. Il creusa des grottes de plusieurs stades de longueur en creusant un rocher qui lui faisait face, Il y fit aménager de vastes salles, certaines pour les festins, d’autres pour dormir et vivre. Il y fit également couler une grande quantité d’eau, qui agrémentait la cour et enjolivait la cour. Cependant, il rendit les entrées des grottes si étroites qu’une seule personne ne pouvait y entrer à la fois. La raison pour laquelle il les construisit ainsi était bonne : c’était pour sa propre sécurité, de peur d’être assiégé par ses frères et de courir le risque d’être capturé. De plus, il construisit des cours plus vastes qu’à l’ordinaire, qu’il orna de vastes jardins. Après avoir élevé le lieu à ce niveau, il le nomma Tyr. Ce lieu se trouve entre l’Arabie et la Judée, au-delà du Jourdain, non loin de Hesbon. Il régna sur ces contrées pendant sept ans, tout le temps que Séleucus régna sur la Syrie. Après sa mort, son frère Antiochus, surnommé Épiphane, lui succéda sur le trône. Ptolémée, roi d’Égypte, mourut également. Il s’appelait Épiphane. Il laissa deux fils, tous deux jeunes, l’aîné Philométreur et le cadet Physcon. Hyrcan, voyant qu’Antiochus avait une grande armée, craignit d’être capturé et puni pour ses actes envers les Arabes. Il se suicida et se tua de sa propre main. Antiochus s’empara de tous ses biens.
Comment, à la suite des querelles qui s’exerçaient les uns contre les autres au sujet du souverain sacerdoce, Antiochus lança une expédition contre Jérusalem, prit la ville, pilla les temples et affligea les Juifs. De même, beaucoup de Juifs abandonnèrent les lois de leur pays. Les Samaritains suivirent les coutumes des Grecs et nommèrent leur temple du mont Garizim le temple de Jupiter Hellénius.
1. Vers cette époque, à la mort d’Onias, le grand prêtre, ils donnèrent le grand prêtre à Jésus, son frère. Car le fils qu’Onias laissa [ou Onias IV.] n’était encore qu’un enfant ; et, en son temps, nous informerons le lecteur de toutes les circonstances qui arrivèrent à cet enfant. Mais ce Jésus, qui était le frère d’Onias, fut privé du grand prêtre par le roi, qui était irrité contre lui, et le donna à son frère cadet, qui s’appelait aussi Onias. Car Simon avait ces trois fils, à chacun desquels le sacerdoce échut, comme nous l’avons déjà dit au lecteur. Ce Jésus changea son nom en Jason, mais Onias s’appelait Ménélas. Or, comme Jésus, le grand prêtre précédent, suscita une sédition contre Ménélas, qui avait été ordonné après lui, la multitude se divisa entre eux. Les fils de Tobie prirent le parti de Ménélas, mais la plus grande partie du peuple soutint Jason. Ménélas et les fils de Tobie, affligés par cette situation, se retirèrent auprès d’Antiochus et lui annoncèrent qu’ils désiraient abandonner les lois de leur pays et le mode de vie juif, pour suivre les lois du roi et le mode de vie grec. Ils lui demandèrent donc la permission de leur construire un gymnase à Jérusalem. [14] Après qu’il leur eut donné cette permission, ils cachèrent aussi la circoncision de leurs parties génitales, afin que, même nus, ils puissent paraître grecs. Ils abandonnèrent donc toutes les coutumes de leur pays et imitèrent les pratiques des autres nations.
2. Or, Antiochus, vu la situation favorable de son royaume, résolut de lancer une expédition contre l’Égypte, à la fois par désir de la conquérir et parce qu’il méprisait le fils de Ptolémée, désormais faible et incapable de diriger des affaires d’une telle importance. Il arriva donc à Péluse avec de grandes forces, contourna Ptolémée Philométor par trahison et s’empara de l’Égypte. Il atteignit ensuite les environs de Memphis ; et, après les avoir pris, il se hâta d’aller à Alexandrie, espérant la prendre par un siège et soumettre Ptolémée, qui y régnait. Mais il fut chassé non seulement d’Alexandrie, mais de toute l’Égypte, par la déclaration des Romains, qui lui enjoignirent de laisser ce pays tranquille, comme je l’ai déjà déclaré ailleurs. Je vais maintenant raconter en détail ce qui concerne ce roi, comment il soumit la Judée et le Temple, car dans mon précédent ouvrage j’ai mentionné ces choses très brièvement, et j’ai donc maintenant pensé qu’il était nécessaire de revenir sur cette histoire, et cela avec une grande précision.
3. Le roi Antiochus, de retour d’Égypte [15] par crainte des Romains, lança une expédition contre la ville de Jérusalem. Lorsqu’il y fut, la cent quarante-troisième année du règne des Séleucides, il prit la ville sans combat, ses partisans lui en ouvrant les portes. Lorsqu’il eut pris possession de Jérusalem, il tua de nombreux ennemis ; et après avoir pillé la ville, il retourna à Antioche.
4. Deux ans plus tard, en l’an cent quarante-cinquième, le vingt-cinquième jour du mois que nous appelons Chasleu et que les Macédoniens appellent Apelleus, en la cent cinquante-troisième olympiade, le roi monta à Jérusalem et, sous prétexte de paix, il s’empara de la ville par trahison. Il n’épargna pas même ceux qui l’y avaient admis, à cause des richesses qui se trouvaient dans le temple. Mais, poussé par son inclination cupide (car il y avait dans le temple beaucoup d’or et de nombreux ornements de grande valeur qui lui avaient été consacrés), et pour piller ses richesses, il osa rompre l’alliance qu’il avait conclue. Il laissa donc le temple nu, et emporta les chandeliers d’or, l’autel d’or [des parfums], la table [des pains de proposition] et l’autel [des holocaustes], Il ne s’abstint pas même des voiles, qui étaient faits de fin lin et d’écarlate. Il la vida aussi de ses trésors cachés, et n’en laissa rien subsister. Par là, il jeta les Juifs dans de grandes lamentations, car il leur défendait d’offrir les sacrifices quotidiens qu’ils offraient à Dieu, selon la loi. Après avoir pillé toute la ville, il tua certains habitants, en emmena d’autres en captivité, avec leurs femmes et leurs enfants, de sorte que le nombre des captifs capturés vivants s’élevait à environ dix mille. Il brûla aussi les plus beaux édifices ; et, après avoir renversé les murailles, il construisit une citadelle dans la partie basse de la ville, [16] car l’endroit était élevé et dominait le temple ; c’est pourquoi il la fortifia avec de hautes murailles et des tours, et y installa une garnison de Macédoniens. Or, dans cette citadelle résidait la partie impie et méchante de la multitude juive, dont il était prouvé que les citoyens souffraient de nombreuses et douloureuses calamités. Le roi, après avoir construit un autel à idoles sur l’autel de Dieu, y fit immoler des porcs, offrant ainsi un sacrifice contraire à la loi et au culte juif en vigueur dans ce pays. Il les força également à abandonner le culte qu’ils rendaient à leur propre Dieu et à adorer ceux qu’il prenait pour des dieux ; il leur fit construire des temples, ériger des autels à idoles dans chaque ville et village, et y sacrifier des porcs chaque jour. Il leur défendit également de circoncire leurs fils et menaça de punir quiconque transgresserait ses ordres. Il nomma également des surveillants chargés de les contraindre à exécuter ses ordres. Nombreux furent les Juifs qui obéirent aux ordres du roi, soit volontairement, soit par crainte du châtiment qui leur était annoncé. Mais les meilleurs hommes et ceux des âmes les plus nobles ne le respectaient pas, mais accordaient plus de respect aux coutumes de leur pays qu’au châtiment qu’il menaçait les désobéissants ; c’est pourquoi ils subissaient chaque jour de grandes misères et d’amères tourments ; car ils étaient fouettés avec des verges,Leurs corps furent mis en pièces et crucifiés, vivants et respirant encore. Ils étranglèrent aussi les femmes et leurs fils qu’ils avaient circoncis, comme le roi l’avait ordonné, et pendirent leurs fils à leur cou, tandis qu’ils étaient sur des croix. Et si l’on trouvait un livre sacré de la loi, il était détruit, et ceux avec qui on les trouvait périrent aussi misérablement.
5. Voyant les Juifs souffrir ainsi, les Samaritains cessèrent de confesser leur parenté, ni que le temple du mont Garizim appartenait au Dieu Tout-Puissant. C’était dans leur nature, comme nous l’avons déjà montré. Ils se présentèrent alors comme une colonie de Mèdes et de Perses ; et en effet, ils étaient une colonie des leurs. Ils envoyèrent donc des ambassadeurs à Antiochus et une lettre dont le contenu est le suivant : « Au roi Antiochus, le dieu Épiphane, un mémorial des Sidoniens, qui vivent à Sichem. Nos ancêtres, lors de certaines épidémies fréquentes, et suivant une ancienne superstition, avaient coutume d’observer ce jour que les Juifs appellent le sabbat. [17] Et après avoir érigé un temple sur la montagne appelée Gerrizzim, bien que sans nom, ils y offrirent les sacrifices appropriés. Or, compte tenu du traitement équitable réservé à ces Juifs méchants, ceux qui gèrent leurs affaires, pensant que nous étions de leur famille et que nous pratiquions comme eux, nous rendent passibles des mêmes accusations, bien que nous soyons originaires de Sidon, comme le prouvent les archives publiques. Nous te supplions donc, notre bienfaiteur et Sauveur, de donner ordre à Apollonius, le gouverneur de cette partie du pays, et à Nicanor, le procureur de tes affaires, de ne nous causer aucun trouble, ni de nous perturber. Nous accuser des accusations portées contre les Juifs, car nous sommes étrangers à leur nation et à leurs coutumes. Mais que notre temple, qui n’a actuellement aucun nom, soit appelé Temple de Jupiter Hellénius. Si cela était fait, nous ne serions plus inquiétés, mais nous nous consacrerions plus tranquillement à nos occupations, ce qui te rapporterait davantage. » Les Samaritains ayant adressé cette requête, le roi leur envoya la réponse suivante, dans une épître : « Le roi Antiochus à Nicanor. Les Sidoniens, qui habitent Sichem, m’ont envoyé le mémorial ci-joint. Alors que nous en discutions avec nos amis, les messagers qu’ils nous ont envoyés nous ont fait savoir qu’ils ne se souciaient en rien des accusations portées contre les Juifs, mais préféraient vivre selon les coutumes des Grecs. En conséquence, nous les déclarons exempts de telles accusations et ordonnons que, conformément à leur requête, leur temple soit appelé Temple de Jupiter Hellénius. » Il envoya également la même lettre à Apollonius, gouverneur de cette partie du pays, la quarante-sixième année, le dix-huitième jour du mois d’Hécatorabéom.
COMMENT, APRÈS L’INTERDICTION D’ANTIOCHUS AUX JUIFS DE FAIRE USAGE DES LOIS DE LEUR PAYS, MATTATHIAS, FILS D’ASAMONEUS, MEPRISA SEUL LE ROI ET VAINCIT LES GENERAUX DE L’ARMÉE D’ANTIOCHUS ; AINSI QUE CONCERNANT LA MORT DE MATTATHIAS ET LA SUCCESSION DE JUDAS.
1. Or, en ce temps-là, il y avait à Modin un nommé Mattathias, fils de Jean, fils de Siméon, fils d’Asamonée, prêtre de l’ordre de Joarib et citoyen de Jérusalem. Il avait cinq fils : Jean, surnommé Gaddis, Simon, surnommé Matthès, Judas, surnommé Maccabée, [18] Éléazar, surnommé Auran, et Jonathan, surnommé Apphus. Mattathias déplora auprès de ses enfants la triste situation de leurs affaires, les ravages de la ville, le pillage du temple et les calamités que subissait la multitude ; et il leur dit qu’il valait mieux pour eux mourir pour les lois de leur pays que de vivre dans une telle infamie.
2. Lorsque ceux qui avaient été désignés par le roi arrivèrent à Modin pour contraindre les Juifs à faire ce qui leur était ordonné et pour enjoindre à ceux qui étaient présents d’offrir un sacrifice, comme le roi l’avait ordonné, ils demandèrent que Mattathias, un personnage de la plus haute considération parmi eux, à d’autres égards, et particulièrement à cause d’une famille nombreuse et si méritante, commence le sacrifice, afin que ses concitoyens suivent son exemple et qu’une telle procédure le rende honoré par le roi. Mais Mattathias répondit qu’il ne le ferait pas ; et que si toutes les autres nations obéissaient aux ordres d’Antiochus, soit par crainte, soit pour lui plaire, lui et ses fils n’abandonneraient pas le culte de leur pays. Mais dès qu’il eut terminé son discours, un Juif survint au milieu d’eux et sacrifia, comme Antiochus l’avait ordonné. Mattathias, furieux, se jeta sur lui avec ses fils armés d’épées. Il tua l’homme qui sacrifiait, ainsi qu’Apelle, le général du roi, qui les forçait à sacrifier, et quelques-uns de ses soldats. Il renversa l’autel des idoles et s’écria : « Si quelqu’un est zélé pour les lois de son pays et pour le culte de Dieu, qu’il me suive. » Après avoir dit cela, il se hâta de gagner le désert avec ses fils, laissant tous ses biens dans le village. Beaucoup d’autres firent de même et s’enfuirent avec leurs enfants et leurs femmes dans le désert, où ils habitèrent dans des cavernes. Les généraux du roi, ayant entendu cela, prirent toutes les forces qu’ils avaient alors dans la citadelle de Jérusalem et poursuivirent les Juifs dans le désert. Lorsqu’ils les eurent rattrapés, ils s’efforcèrent d’abord de les persuader de se repentir et de choisir ce qui était le plus avantageux pour eux, sans les obliger à les utiliser selon les lois de la guerre. Mais comme ils refusèrent de se soumettre à leurs persuasions et persistèrent dans leur divergence d’opinions, ils les combattirent le jour du sabbat et les brûlèrent dans les grottes, sans résistance ni même en boucher l’entrée. Ils évitèrent de se défendre ce jour-là, refusant de violer l’honneur qu’ils devaient au sabbat, même dans de telles détresses ; car notre loi exige que nous nous reposions ce jour-là. Environ mille hommes, avec leurs femmes et leurs enfants, périrent étouffés dans ces grottes ; mais beaucoup de ceux qui s’enfuirent se joignirent à Mattathias et le désignèrent comme chef, qui leur apprit à se battre, même le jour du sabbat. et leur dit que s’ils ne le faisaient pas, ils deviendraient leurs propres ennemis, en observant la loi si rigoureusement, tandis que leurs adversaires les attaqueraient encore ce jour-là, et qu’ils ne se défendraient alors pas, et que rien ne pourrait les empêcher, sinon qu’ils périraient tous sans combattre. Ce discours les persuada.Et cette règle subsiste encore aujourd’hui parmi nous : si nécessaire, nous pouvons combattre le jour du sabbat. Mattathias rassembla une grande armée autour de lui, renversa leurs autels d’idoles et tua tous ceux qui transgressaient les lois, tous ceux qu’il put saisir. Car beaucoup d’entre eux se dispersèrent parmi les nations environnantes, par crainte de lui. Il ordonna aussi que les garçons qui n’étaient pas encore circoncis le soient maintenant ; et il chassa ceux qui étaient chargés de les en empêcher.
3. Mais après avoir régné un an et être tombé dans la maladie, il appela ses fils, les rassembla autour de lui et dit : « Ô mes fils, je m’en vais par le chemin de toute la terre ; et je vous recommande ma résolution, et vous supplie de ne pas négliger de la garder, mais de vous souvenir des désirs de celui qui vous a engendrés et qui vous a élevés, et de conserver les coutumes de votre pays, et de retrouver votre ancienne forme de gouvernement, qui est en danger d’être renversée, et de ne pas vous laisser entraîner avec ceux qui, soit par leur propre inclination, soit par nécessité, la trahissent, mais de devenir des fils dignes de moi ; d’être au-dessus de toute force et de toute nécessité, et de disposer vos âmes de manière à être prêts, quand il le faudra, à mourir pour vos lois ; comme conscients de cela, par un juste raisonnement, que si Dieu voit que vous êtes ainsi disposés, il ne vous négligera pas, mais aura une grande estime pour votre vertu, et vous rendra ce que vous avez perdu, et Je vous rendrai cette liberté où vous vivrez tranquillement et profiterez de vos coutumes. Vos corps sont mortels et soumis au destin ; mais ils reçoivent une sorte d’immortalité par le souvenir de leurs actions. Et je voudrais que vous soyez si amoureux de cette immortalité que vous puissiez rechercher la gloire et que, après avoir traversé les plus grandes difficultés, vous n’ayez pas scrupule, pour de telles choses, à perdre la vie. Je vous exhorte, en particulier, à vous accorder les uns avec les autres ; et, dans la mesure où l’un de vous surpasse un autre, à lui céder autant, et ainsi à profiter des vertus de chacun. Considérez donc Simon comme votre père, car c’est un homme d’une prudence extraordinaire, et laissez-vous guider par lui dans les conseils qu’il vous donne. Prenez Maccabée pour général de votre armée, en raison de son courage et de sa force, car il vengera votre nation et se vengera de vos ennemis. Admettez parmi vous les justes et les religieux, et augmentez leur pouvoir.
4. Après que Mattathias eut ainsi parlé à ses fils et prié Dieu de les aider et de rendre au peuple son ancienne constitution, il mourut peu après et fut enterré à Modin ; tout le peuple le pleurait à chaudes larmes. Son fils Judas prit alors en charge l’administration des affaires publiques, en l’an cent quarante-six. Ainsi, avec l’aide de ses frères et d’autres, Judas chassa les ennemis du pays, mit à mort ceux de son propre pays qui avaient transgressé ses lois et purifia le pays de toutes les souillures qui s’y trouvaient.
COMMENT JUDAS RENVERSA LES FORCES D’APOLLONIUS ET DE SÉRON ET TUA LES GÉNÉRAUX DE LEURS ARMÉES EUX-MÊMES ; ET COMMENT, PEU DE TEMPS APRÈS, LYSIAS ET GORGIAS ÉTANT BATTUS, IL MONTA À JÉRUSALEM ET PURIFIA LE TEMPLE.
1. Apprenant cela, Apollonius, général des Samaritains, prit son armée et se hâta d’aller attaquer Judas. Celui-ci le rencontra, engagea le combat, le battit et tua plusieurs de ses hommes, dont Apollonius lui-même, leur général, dont l’épée, celle qu’il portait alors, fut saisie et gardée pour lui. Il blessa plus qu’il ne tua, prit un grand butin dans le camp ennemi et s’en alla. Séron, général de l’armée de Célesyrie, apprit que beaucoup s’étaient joints à Judas et qu’il avait autour de lui une armée suffisante pour combattre et faire la guerre. Il résolut de lancer une expédition contre lui, estimant qu’il lui appartenait de punir ceux qui transgressaient les ordres du roi. Il rassembla alors une armée aussi nombreuse que possible, y joignit les Juifs séditieux et méchants, et marcha contre Judas. Il arriva jusqu’à Beth-Horon, village de Judée, et y dressa son camp. Judas le rejoignit. Lorsqu’il voulut lui livrer bataille, il vit que ses soldats hésitaient à combattre, car ils étaient peu nombreux et manquaient de nourriture, car ils jeûnaient. Il les encouragea et leur dit que la victoire et la victoire sur les ennemis ne découlent pas de la multitude des armées, mais de la piété envers Dieu. Ils en avaient les exemples les plus évidents chez leurs ancêtres qui, par leur justice, s’efforçant de défendre leurs propres lois et leurs propres enfants, avaient souvent vaincu des dizaines de milliers d’hommes, car l’innocence est l’armée la plus forte. Par ce discours, il incita ses hommes à supporter la multitude ennemie et à fondre sur Séron. En engageant le combat avec lui, il battit les Syriens ; et lorsque leur général tomba parmi les autres, ils s’enfuirent tous en toute hâte, pensant que c’était leur meilleur moyen de s’échapper. Il les poursuivit donc jusqu’à la plaine, et tua environ huit cents ennemis ; mais le reste s’échappa dans la région qui était près de la mer.
2. Le roi Antiochus, ayant appris ces événements, fut très irrité. Il rassembla toute son armée, avec de nombreux mercenaires qu’il avait engagés dans les îles, et les emmena avec lui, et se prépara à pénétrer en Judée au début du printemps. Mais, après avoir rassemblé ses soldats, il s’aperçut que ses trésors étaient insuffisants et qu’il manquait d’argent, car tous les impôts n’étaient pas payés à cause des séditions qui avaient éclaté parmi les nations. Sa magnanimité et sa libéralité étant telles que ce qu’il possédait ne lui suffisaient pas, il résolut d’aller d’abord en Perse pour percevoir les impôts de ce pays. Il laissa alors un certain Lysias, qui jouissait d’une grande réputation, gouverneur du royaume jusqu’aux frontières de l’Égypte et de la Basse-Asie, jusqu’à l’Euphrate. Il lui confia une partie de ses forces et de ses éléphants, et lui ordonna d’élever son fils Antiochus avec le plus grand soin jusqu’à son retour, de conquérir la Judée, d’en réduire les habitants en esclavage, de détruire Jérusalem et d’anéantir toute la nation. Le roi Antiochus ayant confié ces affaires à Lysias, il se rendit en Perse. La cent quarante-septième année, il passa l’Euphrate et se rendit dans les provinces les plus importantes.
3. Lysias choisit alors Ptolémée, fils de Dorymène, Nicanor et Gorgias, hommes très influents parmi les amis du roi. Il leur livra quarante mille fantassins et sept mille cavaliers, et les envoya contre la Judée. Ceux-ci arrivèrent jusqu’à la ville d’Emmaüs et campèrent dans la plaine. Des auxiliaires de Syrie et des environs arrivèrent aussi, ainsi que de nombreux Juifs errants. De plus, des marchands vinrent acheter ceux qui devaient être emmenés captifs (ayant des obligations pour les prisonniers) avec l’argent et l’or qu’ils devaient payer pour leur prix. Judas, voyant leur camp et le nombre de leurs ennemis, persuada ses propres soldats de garder courage, et les exhorta à placer leur espoir de victoire en Dieu et à le supplier, selon la coutume de leur pays, vêtus de sacs. et pour montrer leur habitude de supplication dans les plus grands dangers, et ainsi convaincre Dieu de vous accorder la victoire sur vos ennemis. Il les plaça donc dans leur ancien ordre de bataille, celui de leurs ancêtres, sous leurs chefs de milliers et autres officiers, et congédia les jeunes mariés ainsi que ceux qui avaient récemment acquis des biens, afin qu’ils ne combattent pas lâchement, par amour de la vie démesuré, pour profiter de ces bénédictions. Ayant ainsi disposé ses soldats, il les encouragea au combat par le discours suivant : « Ô mes camarades soldats, il n’existe pas de moment plus propice que celui-ci au courage et au mépris des dangers ; car si vous combattez courageusement, vous pourrez recouvrer votre liberté, qui, si elle est agréable à tous, nous est bien plus précieuse, car elle nous offre la liberté d’adorer Dieu. Puisque vous êtes dans une telle situation, vous devez soit recouvrer cette liberté et ainsi retrouver un mode de vie heureux et béni, conforme à nos lois et aux coutumes de notre pays, soit vous soumettre aux souffrances les plus infâmes ; et il ne restera aucune descendance de votre nation si vous êtes vaincus dans cette bataille. Combattez donc courageusement ; et supposez que vous devez mourir, même si vous ne combattez pas ; mais croyez qu’outre les glorieuses récompenses que sont la liberté de votre pays, de vos lois et de votre religion, vous obtiendrez alors la gloire éternelle. » Préparez-vous donc et mettez-vous dans une posture si agréable que vous serez prêts à combattre l’ennemi dès qu’il fera jour demain matin.
4. Voici le discours que Judas prononça pour les encourager. Mais lorsque l’ennemi envoya Gorgias avec cinq mille fantassins et mille cavaliers pour fondre sur Judas de nuit, et qu’il avait pour cela des Juifs errants comme guides, le fils de Mattathias s’en aperçut et résolut de fondre sur les ennemis qui étaient dans leur camp. Or, leurs forces étaient divisées. Après avoir soupé à temps et laissé de nombreux feux dans leur camp, il marcha toute la nuit vers les ennemis qui étaient à Emmaüs. De sorte que, ne trouvant aucun ennemi dans leur camp, Gorgias soupçonna qu’ils s’étaient retirés et cachés dans les montagnes, il résolut d’aller les chercher où qu’ils soient. Mais, vers l’aube, Judas apparut aux ennemis qui étaient à Emmaüs, avec seulement trois mille hommes, mal armés à cause de leur pauvreté. Voyant l’ennemi bien fortifié et habilement retranché dans son camp, il encouragea les Juifs et leur dit qu’ils devaient combattre, même à corps nus, car Dieu avait autrefois donné de la force à de tels hommes, et cela contre des hommes plus nombreux et mieux armés, en considération de leur grand courage. Il ordonna donc aux trompettes de sonner pour le combat ; et, tombant ainsi sur les ennemis à l’improviste, les surprenant et les troublant, il tua beaucoup de ceux qui lui résistaient, et poursuivit les autres jusqu’à Gadara, les plaines d’Idumée, Asdod et Jamnia ; il en perdit environ trois mille. Judas exhorta cependant ses soldats à ne pas trop convoiter le butin, car ils devaient encore livrer bataille à Gorgias et aux forces qui l’accompagnaient ; mais une fois vaincus, ils pourraient piller le camp en toute sécurité, car ils étaient les seuls ennemis restants et ils n’en attendaient pas d’autres. Et tandis qu’il parlait à ses soldats, les hommes de Gorgias regardèrent l’armée qu’ils avaient laissée dans leur camp, et ils la virent renversée et incendiée ; car la fumée qui s’en élevait leur révéla, même à une grande distance, ce qui était arrivé. Lorsque ceux qui étaient avec Gorgias comprirent la situation et comprirent que ceux qui étaient avec Judas étaient prêts à les combattre, ils furent eux aussi effrayés et mis en fuite. Mais Judas, comme s’il avait déjà vaincu les soldats de Gorgias sans combattre, revint et s’empara du butin. Il prit une grande quantité d’or, d’argent, de pourpre et de bleu, puis retourna chez lui tout joyeux, chantant des hymnes à Dieu pour leur succès ; car cette victoire contribua grandement à leur rétablissement dans la liberté.
5. Alors Lysias fut confondu par la défaite de l’armée qu’il avait envoyée. L’année suivante, il rassembla soixante mille hommes d’élite. Il prit aussi cinq mille cavaliers et fondit sur la Judée. Il monta ensuite sur la montagne de Bethsur, village de Judée, et y établit son camp. Judas le rencontra avec dix mille hommes. Voyant le grand nombre de ses ennemis, il pria Dieu de lui venir en aide. Il engagea le combat contre les premiers ennemis qui apparurent, les vainquit et en tua environ cinq mille, devenant ainsi redoutable pour les autres. Lysias, voyant le courage des Juifs, leur enthousiasme à mourir plutôt que de perdre leur liberté, et craignant leur combat acharné, comme s’il s’agissait d’une véritable force, reprit le reste de l’armée et retourna à Antioche, où il enrôla des étrangers et se prépara à fondre sur la Judée avec une armée plus nombreuse.
6. Après que les généraux des armées d’Antiochus eurent été battus à plusieurs reprises, Judas assembla le peuple et leur dit qu’après les nombreuses victoires que Dieu leur avait accordées, ils devaient monter à Jérusalem, purifier le temple et offrir les sacrifices prescrits. Mais dès qu’il fut arrivé à Jérusalem avec toute la foule, et qu’il trouva le temple désert, ses portes incendiées, et les plantes qui y poussaient spontanément à cause de son abandon, lui et ceux qui étaient avec lui commencèrent à se lamenter et furent tout confus à la vue du temple. Il choisit donc quelques-uns de ses soldats et leur donna l’ordre de combattre les gardes qui étaient dans la citadelle, jusqu’à ce qu’il ait purifié le temple. Après l’avoir soigneusement purifié et avoir apporté de nouveaux ustensiles d’or, le chandelier, la table des pains de proposition et l’autel des parfums, il suspendit les voiles aux portes et y ajouta des battants. Il démonta aussi l’autel des holocaustes et en bâtit un nouveau avec des pierres qu’il avait ramassées, et non avec des pierres taillées au fer. Le vingt-cinquième jour du mois de Casleu, que les Macédoniens appellent Apeliens, ils allumèrent les lampes du chandelier, offrirent de l’encens sur l’autel des parfums, déposèrent les pains sur la table des pains de proposition et offrirent des holocaustes sur le nouvel autel des holocaustes. Or, il advint que ces choses se produisirent le jour même où leur culte divin avait disparu et était devenu un usage profane et commun, après trois ans. C’est ainsi qu’Antiochus rendit le temple désolé, et cela dura trois ans. Cette désolation eut lieu en l’an cent quarante-cinquième, le vingt-cinquième jour du mois d’Apeliens, à la cent cinquante-troisième olympiade. Mais il fut consacré de nouveau le même jour, le vingt-cinq du mois d’Apeliens, en l’an cent quarante-huitième, à la cent cinquante-quatrième olympiade. Et cette désolation se réalisa selon la prophétie de Daniel, donnée quatre cent huit ans auparavant ; il avait annoncé que les Macédoniens supprimeraient ce culte [pour un certain temps].
7. Judas célébra la fête du rétablissement des sacrifices du Temple pendant huit jours, sans omettre aucun plaisir. Il les régalait de sacrifices riches et splendides, honorait Dieu et les réjouissait par des hymnes et des psaumes. Ils furent si heureux du retour de leurs coutumes, après une longue interruption, lorsqu’ils retrouvèrent inopinément la liberté de leur culte, qu’ils imposèrent à leurs descendants une loi leur imposant de célébrer une fête pendant huit jours, en l’honneur du rétablissement de leur culte au Temple. Depuis lors, nous célébrons cette fête et l’appelons Lumières. Je suppose que la raison en est que cette liberté, au-delà de nos espérances, nous est apparue, et que c’est de là que vient le nom donné à cette fête. Judas reconstruisit également les murailles autour de la ville, éleva de hautes tours contre les incursions ennemies et y plaça des gardes. Il fortifia aussi la ville de Bethsura, afin qu’elle serve de citadelle contre toutes les détresses qui pourraient venir de nos ennemis.
Comment Judas soumit les nations environnantes ; et comment Simon battit le peuple de Tyr et de Ptolémée ; et comment Judas vainquit Timothée et le força à s’enfuir, et fit beaucoup d’autres choses après que Joseph et Azarias eurent été battus
1. Lorsque ces événements furent terminés, les nations qui entouraient les Juifs furent très inquiètes du regain de leur puissance. Elles se soulevèrent ensemble et en exterminèrent un grand nombre, car elles cherchaient à les surprendre en leur tendant des pièges et en ourdissant des complots secrets contre eux. Judas lança de perpétuelles expéditions contre ces hommes et s’efforça de les empêcher de commettre ces incursions et d’empêcher les dommages qu’ils causaient aux Juifs. Il fondit donc sur les Iduméens, descendants d’Ésaü, à Acrabattène, en tua un grand nombre et prit leurs dépouilles. Il enferma aussi les fils de Bèn, qui tendaient des embûches aux Juifs ; il s’assit autour d’eux, les assiégea, brûla leurs tours et en extermina les hommes. Après cela, il partit en hâte contre les Ammonites, qui avaient une armée nombreuse et nombreuse, commandée par Timothée. Après les avoir vaincus, il s’empara de la ville de Jazer, prit leurs femmes et leurs enfants captifs, brûla la ville et retourna en Judée. Les nations voisines, ayant appris son retour, se rassemblèrent en grand nombre dans le pays de Galaad et attaquèrent les Juifs qui étaient à leur frontière. Ceux-ci s’enfuirent alors vers le poste de Dathéma. Ils envoyèrent dire à Judas que Timothée cherchait à prendre la place où ils s’étaient réfugiés. Pendant la lecture de ces lettres, d’autres messagers arrivèrent de Galilée, qui lui annoncèrent que les habitants de Ptolémaïs, de Tyr et de Sidon, ainsi que les étrangers en Galilée, s’étaient rassemblés.
2. Judas, considérant ce qu’il convenait de faire compte tenu de la nécessité de ces deux cas, ordonna à son frère Simon de prendre trois mille hommes d’élite et d’aller au secours des Juifs en Galilée, tandis que lui et un autre de ses frères, Jonathan, se hâtaient vers le pays de Galaad avec huit mille soldats. Il laissa Joseph, fils de Zacharie, et Azarias à la tête du reste des forces, et leur recommanda de surveiller la Judée avec la plus grande prudence et de ne livrer bataille à personne jusqu’à son retour. Simon se rendit donc en Galilée, combattit l’ennemi, le mit en fuite et le poursuivit jusqu’aux portes de Ptolémaïs. Il en tua environ trois mille, prit le butin de ceux qui avaient été tués et des Juifs qu’ils avaient faits prisonniers, avec leurs bagages, puis retourna chez lui.
3. Judas Maccabée et son frère Jonathan passèrent le Jourdain. Après trois jours de marche, ils rencontrèrent les Nabatéens. Ceux-ci vinrent à leur rencontre paisiblement. Ils leur racontèrent l’état des affaires de ceux qui étaient en Galaad, combien d’entre eux étaient en détresse et relégués dans des garnisons et dans les villes de Galilée. Ils l’exhortèrent à se hâter d’aller à la rencontre des étrangers et à tenter de sauver ses compatriotes de leurs mains. Judas écouta cette exhortation et retourna au désert. Il se jeta d’abord sur les habitants de Bosor, prit la ville, la battit, tua tous les hommes et tous ceux qui étaient en état de combattre, et la brûla. Il ne s’arrêta pas même à la nuit tombée, mais il se rendit à la garnison où les Juifs étaient alors enfermés, et où Timothée se tenait autour de la place avec son armée. Judas arriva sur la ville au matin, Lorsqu’il vit que l’ennemi attaquait les murailles, que certains d’entre eux apportaient des échelles pour y accéder, et que d’autres des machines pour les écraser, il ordonna au trompettiste de sonner de la trompette, et il encouragea ses soldats à braver les dangers pour leurs frères et leurs proches. Il divisa son armée en trois corps et se jeta sur le dos de leurs ennemis. Mais lorsque les hommes de Timothée comprirent que c’était Maccabée qui les attaquait, dont ils avaient déjà suffisamment fait l’expérience du courage et des succès militaires, ils furent mis en fuite. Judas les poursuivit avec son armée et tua environ huit mille hommes. Il se tourna alors vers une ville étrangère appelée Malle, la prit, tua tous les hommes et brûla la ville elle-même. Il partit ensuite et détruisit Casphom et Bosor, ainsi que plusieurs autres villes du pays de Galaad.
4. Mais peu de temps après, Timothée prépara une grande armée et prit beaucoup d’autres comme auxiliaires. Il incita quelques Arabes, par la promesse de récompenses, à l’accompagner dans cette expédition, et arriva avec son armée au-delà du torrent, en face de la ville de Raphon. Il encouragea ses soldats, en cas de bataille avec les Juifs, à combattre courageusement et à les empêcher de passer le torrent ; car il leur avait dit d’avance que « s’ils le franchissent, nous serons battus ». Et lorsque Judas apprit que Timothée se préparait à combattre, il prit toute son armée et marcha en hâte contre Timothée, son ennemi. Lorsqu’il eut traversé le torrent, il fondit sur ses ennemis, et certains d’entre eux le rencontrèrent, qu’il tua, et d’autres qu’il terrifia tellement qu’il les força à jeter leurs armes et à fuir ; et certains d’entre eux s’échappèrent, mais d’autres s’enfuirent vers ce qu’on appelait le temple de Camaïm, espérant ainsi se sauver ; mais Judas prit la ville, les tua, brûla le temple et utilisa ainsi plusieurs moyens pour détruire ses ennemis.
5. Après avoir fait cela, il rassembla les Juifs avec leurs enfants, leurs femmes et leurs biens, et il allait les ramener en Judée. Mais dès qu’il fut arrivé à une ville appelée Éphron, située sur la route (et comme il ne pouvait aller par un autre chemin, il ne voulait pas revenir en arrière), il envoya des messagers aux habitants pour leur demander d’ouvrir leurs portes et de les laisser traverser la ville ; car ils les avaient bouchées avec des pierres et leur barraient le passage. Les habitants d’Éphron refusant cette proposition, il encouragea ceux qui étaient avec lui, encercla la ville et l’assiégea. Il la prit jour et nuit, la tua tous les hommes, la brûla entièrement et s’ouvrit ainsi un passage. Le nombre de ceux qui furent tués était si grand qu’ils passèrent sur les cadavres. Ils traversèrent le Jourdain et arrivèrent dans la grande plaine, en face de laquelle se trouve la ville de Bethsa, appelée Scythopolis par les Grecs. [19] Partant de là en toute hâte, ils se rendirent en Judée, chantant des psaumes et des hymnes, et se livrant aux réjouissances habituelles des triomphes. Ils offrirent également des sacrifices de reconnaissance pour leur succès et pour la préservation de leur armée, car aucun des Juifs ne fut tué dans ces batailles.[20]
6. Quant à Joseph, fils de Zacharie, et à Azarias, que Judas laissa comme généraux [du reste de ses forces] au moment même où Simon était en Galilée, combattant contre les Ptolémaïs, et où Judas lui-même et son frère Jonathan étaient en Galaad, ces hommes se donnèrent aussi la gloire d’être de courageux généraux à la guerre, si bien qu’ils menèrent l’armée qui était sous leur commandement et arrivèrent à Jamnia. Là, Gorgias, le général des forces de Jamnia, les rencontra ; et, en engageant le combat avec lui, ils perdirent deux mille hommes de leur armée, [21] s’enfuirent et furent poursuivis jusqu’aux frontières de la Judée. Ce malheur leur arriva à cause de leur désobéissance aux injonctions de Judas, de ne combattre personne avant son retour. Car, outre les autres conseils avisés de Judas, on peut s’étonner du malheur qui frappa les forces commandées par Joseph et Azarias, malheur qu’il savait devoir arriver s’ils violaient les ordres qu’il leur avait donnés. Judas et ses frères ne cessèrent pas de combattre les Iduméens, les pressèrent de tous côtés, leur prirent Hébron, démolirent toutes ses fortifications, incendièrent toutes ses tours, incendièrent le pays des étrangers et Marissa. Ils arrivèrent aussi à Asdod, la prirent, la dévastèrent, emportèrent une grande partie du butin et du butin qui s’y trouvaient, et retournèrent en Judée.
CONCERNANT LA MORT D’ANTIOCHUS ÉPIPHANE. COMMENT ANTIOCHUS EUPATOR COMBATIT JUDA ET L’ASSIÉGEA DANS LE TEMPLE, PUIS FAIT LA PAIX AVEC LUI ET S’EN RETIRE. D’ALCIME ET D’ONIAS.
1. Vers cette époque, le roi Antiochus, traversant les hautes terres, apprit qu’il y avait en Perse une ville très riche, appelée Élymaïs. On y trouvait un temple de Diane, richement décoré, et rempli de toutes sortes de dons qui lui étaient consacrés. Il y avait aussi des armes et des cuirasses, qu’il découvrit, après enquête, laissées là par Alexandre, fils de Philippe, roi de Macédoine. Poussé par ces motifs, il se rendit en hâte à Élymaïs, l’attaqua et l’assiégea. Mais comme ceux qui s’y trouvaient ne furent pas effrayés par son assaut ni par son siège, mais lui résistèrent avec beaucoup de courage, il fut découragé dans ses espoirs ; ils le chassèrent de la ville, partirent à sa poursuite et s’enfuirent jusqu’à Babylone, perdant une grande partie de son armée. Alors qu’il était affligé de cette déception, certains lui parlèrent de la défaite de ses généraux, qu’il avait laissés combattre contre la Judée, et de la force déjà acquise par les Juifs. L’inquiétude qu’il ressentait s’ajoutant à la précédente, il fut confondu et, par l’anxiété qu’il ressentait, il tomba dans une maladie qui, comme elle dura longtemps et que ses souffrances s’accrurent, il comprit enfin qu’il allait mourir bientôt. Il appela donc ses amis et leur dit que sa maladie le touchait cruellement ; il avoua en outre que ce malheur lui était destiné à cause des malheurs qu’il avait infligés à la nation juive, en pillant son temple et en méprisant son Dieu ; et, après avoir dit cela, il rendit l’âme. D’où l’étonnement de Polybe de Mégalopolis, qui, bien qu’homme de bien par ailleurs, dit pourtant qu’« Antiochus est mort parce qu’il avait l’intention de piller le temple de Diane en Perse » ; Car vouloir faire une chose, [22] sans la faire réellement, ne mérite pas de châtiment. Or, si Polybe a pu penser qu’Antiochus a perdu la vie pour cette raison, il est bien plus probable que ce roi soit mort à cause de son sacrilège sacrilège du temple de Jérusalem. Mais nous ne contesterons pas ce point avec ceux qui pourraient penser que la cause invoquée par ce Polybe de Mégalopolis est plus proche de la vérité que la nôtre.
2. Cependant, Antiochus, avant de mourir, appela Philippe, qui était l’un de ses compagnons, et le nomma gardien de son royaume ; il lui donna son diadème, son vêtement et son anneau, et le chargea de les porter et de les remettre à son fils Antiochus ; et le pria de prendre soin de son éducation et de lui conserver le royaume. [23] Cet Antiochus mourut dans la cent quarante-neuvième année ; mais ce fut Lysias qui annonça sa mort à la multitude, et nomma roi son fils Antiochus (dont il avait alors la garde), et le nomma Eupator.
3. À cette époque, la garnison de la citadelle de Jérusalem, avec les fugitifs juifs, causa de graves dommages aux Juifs. Les soldats de cette garnison se précipitèrent à l’improviste et tuèrent ceux qui montaient au Temple pour offrir des sacrifices, car la citadelle était attenante au Temple et la surplombait. Ces malheurs leur étant souvent arrivés, Judas résolut de détruire cette garnison ; il rassembla alors tout le peuple et assiégea vigoureusement ceux qui se trouvaient dans la citadelle. C’était en la cent cinquantième année de la domination des Séleucides. Il construisit donc des machines de guerre, éleva des remparts et s’empara de la citadelle avec une grande ardeur. Or, parmi les fugitifs qui se trouvaient sur place, un certain nombre sortirent de nuit dans la campagne. Ils rassemblèrent d’autres hommes méchants comme eux et se rendirent auprès du roi Antiochus. Ils le supplièrent de ne pas les laisser délaisser malgré les grandes souffrances que leur imposaient leurs compatriotes. Leurs souffrances étaient dues à la faute de son père, car ils avaient abandonné le culte de leurs ancêtres et préféraient suivre ce qu’il leur avait ordonné : il y avait un danger que la citadelle et les garnisons que le roi avait désignées pour la garder ne soient prises par Judas et ses compagnons, s’il ne leur envoyait du secours. Antiochus, qui n’était qu’un enfant, apprit cela et fut irrité. Il fit venir ses capitaines et ses amis, et ordonna de rassembler une armée de mercenaires, avec des hommes de son royaume en âge de combattre. En conséquence, une armée fut rassemblée d’environ cent mille fantassins, vingt mille cavaliers et trente-deux éléphants.
4. Le roi prit donc cette armée et quitta précipitamment Antioche, sous la conduite de Lysias, qui commandait toute l’armée. Il se rendit en Idumée, puis monta jusqu’à Bethsarah, ville forte et difficile à prendre. Il encercla la ville et l’assiégea. Les habitants de Bethsarah s’opposèrent courageusement à lui, firent une sortie et brûlèrent ses machines de guerre. Le siège dura longtemps. Apprenant l’arrivée du roi, Judas leva le siège de la citadelle, alla à la rencontre du roi et campa dans un détroit, à un endroit appelé Bethsarah, à soixante-dix stades de l’ennemi. Le roi retira bientôt ses troupes de Bethsarah et les conduisit dans ce détroit. Dès que le jour parut, il rangea ses hommes en bataille et fit suivre ses éléphants par les passages étroits, car ils ne pouvaient être placés côte à côte. Chaque éléphant était entouré de mille fantassins et de cinq cents cavaliers. Les éléphants portaient de hautes tours et des archers. Il fit aussi gravir les montagnes au reste de son armée, et mit ses amis en avant. Il ordonna à l’armée de crier à pleins poumons, et il attaqua l’ennemi. Il dévoila leurs boucliers d’or et d’airain, de sorte qu’ils rayonnaient d’une splendeur éclatante ; et leurs cris retentirent dans les montagnes. Voyant cela, Judas ne fut pas effrayé, mais il accueillit l’ennemi avec un grand courage et tua environ six cents hommes des premiers rangs. Mais lorsque son frère Éléazar, qu’ils appelaient Auran, aperçut le plus grand de tous les éléphants armés de cuirasses royales, et pensa que le roi était sur lui, il l’attaqua avec une grande rapidité et une grande bravoure. Il tua aussi beaucoup de ceux qui entouraient l’éléphant et dispersa les autres, puis se glissa sous le ventre de l’éléphant, le frappa et le tua. L’éléphant tomba sur Éléazar et l’écrasa sous son poids. C’est ainsi que cet homme périt, après avoir courageusement détruit nombre de ses ennemis.
5. Judas, voyant la force de l’ennemi, se retira à Jérusalem et se prépara à soutenir un siège. Antiochus, quant à lui, envoya une partie de son armée à Bethsura pour l’assiéger, et avec le reste de son armée, il marcha contre Jérusalem. Mais les habitants de Bethsura furent terrifiés par sa force ; et voyant leurs provisions se raréfier, ils se livrèrent sous serment de ne pas subir de mauvais traitements de la part du roi. Et lorsqu’Antiochus eut ainsi pris la ville, il ne leur fit d’autre mal que de les faire sortir nus. Il y plaça aussi sa propre garnison. Quant au temple de Jérusalem, il le maintint longtemps assiégé, tandis que les habitants de l’intérieur le défendaient vaillamment ; car, quelles que soient les machines que le roi leur lançait, ils en faisaient de nouvelles pour les combattre. Mais alors, leurs provisions leur manquaient, et ils furent bientôt dévorés. Les fruits du sol qu’ils avaient amassés furent dépensés, et la terre, non labourée cette année-là, resta sans semailles, car c’était la septième année, année où, selon nos lois, nous sommes obligés de la laisser en friche. De plus, un si grand nombre d’assiégés s’enfuirent, faute de vivres nécessaires, qu’il n’en resta que quelques-uns dans le temple.
6. Telle était la situation des assiégés du temple. Mais Lysias, le général de l’armée, et le roi Antiochus, ayant été informés que Philippe arrivait de Perse et cherchait à s’approprier la direction des affaires publiques, ils décidèrent de lever le siège et de se hâter d’aller attaquer Philippe. Cependant, ils résolurent de n’en informer ni les soldats ni les officiers. Le roi ordonna à Lysias de parler ouvertement aux soldats et aux officiers, sans dire un mot des affaires de Philippe, et de leur faire comprendre que le siège serait très long ; que la place était très forte ; qu’ils manquaient déjà de vivres ; que de nombreuses affaires du royaume manquaient de règlement ; et qu’il valait bien mieux conclure une alliance avec les assiégés et se lier d’amitié avec toute leur nation, en leur permettant d’observer les lois de leurs pères, tandis qu’ils se lançaient dans cette guerre uniquement parce qu’ils en étaient privés, et qu’ils devaient donc rentrer chez eux. Après que Lysias leur eut ainsi parlé, l’armée et les officiers furent satisfaits de cette résolution.
7. Le roi envoya donc des messagers à Judas et à ceux qui étaient assiégés avec eux, et leur promit la paix et la permission d’observer et de vivre selon les lois de leurs pères. Ils reçurent ses propositions avec joie ; et, après avoir obtenu une garantie sous serment, ils sortirent du temple. Mais Antiochus, entrant dans le temple et constatant la force de la place, rompit ses serments et ordonna à son armée de démolir les murs ; après quoi il retourna à Antioche. Il emmena aussi avec lui le grand prêtre Onias, aussi appelé Ménélas. Lysias conseillait au roi de tuer Ménélas s’il voulait que les Juifs se taisent et ne le troublent plus, car cet homme était à l’origine de tous les maux que les Juifs leur avaient causés, en persuadant son père de les contraindre à abandonner la religion de leurs pères. Le roi envoya Ménélas à Bérée, ville de Syrie, et le fit mettre à mort, après dix ans de grand prêtre. C’était un homme méchant et impie ; pour s’emparer du pouvoir, il avait contraint sa nation à transgresser ses propres lois. Après la mort de Ménélas, Alcimus, aussi appelé Jacimus, fut nommé grand prêtre. Mais, lorsque le roi Antiochus apprit que Philippe s’était déjà emparé du pouvoir, il lui fit la guerre, le soumit, le prit et le tua. Quant à Onias, fils du grand prêtre, qui, comme nous vous l’avons déjà dit, était resté enfant à la mort de son père, lorsqu’il vit que le roi avait tué son oncle Ménélas et donné le grand prêtre à Alcimus, qui n’était pas de la lignée des grands prêtres, mais qui avait été incité par Lysias à transférer cette dignité de sa famille à une autre maison, il s’enfuit chez Ptolémée, roi d’Égypte. et lorsqu’il se vit en grande estime auprès de lui et de sa femme Cléopâtre, il désira et obtint une place dans le nomus d’Héliopolis, où il construisit un temple semblable à celui de Jérusalem ; dont nous rendrons compte plus tard, dans un lieu plus approprié.
Comment Bacchidès, général de l’armée de Démétrius, fit une expédition contre la Judée et revint sans succès ; et comment Nikanor fut envoyé peu après contre Judas et périt avec son armée ; ainsi que de la mort d’Alcimus et de la succession de Judas.
1. Vers la même époque, Démétrius, fils de Séleucus, s’enfuit de Rome, prit Tripoli, ville de Syrie, et se mit le diadème sur la tête. Il rassembla aussi des soldats mercenaires et entra dans son royaume. Il fut accueilli avec joie par tous ceux qui se livrèrent à lui. Après avoir pris le roi Autiochus et Lysias, ils les lui amenèrent vivants. Ils furent tous deux mis à mort sur l’ordre de Démétrius, alors qu’Antiochus avait régné deux ans, comme nous l’avons déjà rapporté ailleurs. Or, de nombreux Juifs errants et méchants se rassemblèrent auprès de lui, et avec eux, le grand prêtre Alcime, qui accusait toute la nation, et particulièrement Judas et ses frères, et disait qu’ils avaient tué tous ses amis, et que ceux de son royaume qui étaient de son parti et attendaient son retour avaient été mis à mort par eux. que ces hommes les avaient chassés de leur propre pays et les avaient obligés à vivre dans un pays étranger ; et ils désiraient qu’il envoie quelqu’un de ses amis et qu’il sache de lui quel mal le parti de Judas avait fait.
2. Démétrius, très irrité, envoya Bacchidès, ami d’Antiochus Épiphane, [24] homme de bien, chargé de toute la Mésopotamie. Il lui donna une armée et lui confia Alcime, le grand prêtre, avec mission de tuer Judas et ceux qui l’accompagnaient. Bacchidès se hâta donc de quitter Antioche avec son armée. Arrivé en Judée, il envoya des messagers vers Judas et ses frères pour discuter avec eux d’une alliance et de la paix, car il voulait le capturer par trahison. Mais Judas ne lui accorda aucun crédit, car il voyait qu’il venait avec une armée si nombreuse qu’on n’en amène pas pour faire la paix, mais pour faire la guerre. Cependant, une partie du peuple accepta ce que Bacchidès fit proclamer ; et, pensant qu’ils ne subiraient pas de préjudice important de la part d’Alcime, leur compatriote, ils passèrent à eux. Après avoir reçu de tous deux le serment qu’ils ne subiraient aucun mal, ni eux-mêmes ni ceux qui partageaient leurs sentiments, ils se les confièrent. Bacchidès, sans se soucier de ses serments, tua soixante d’entre eux. Cependant, en ne tenant pas parole envers les premiers, il dissuada tous ceux qui avaient l’intention de se joindre à lui. Sorti de Jérusalem, il arriva au village de Bethsétho. Il envoya des troupes, arrêta un grand nombre de déserteurs et une partie du peuple, et les tua tous. Il ordonna à tous les habitants du pays de se soumettre à Alcime. Il le laissa donc là avec une partie de l’armée, afin qu’il ait de quoi maintenir le pays dans l’obéissance, et retourna à Antioche auprès du roi Démétrius.
3. Alcime désirait s’assurer plus fermement la domination. Comprenant que s’il parvenait à gagner l’amitié de la multitude, il gouvernerait avec plus de sécurité, il leur adressa à tous des paroles bienveillantes et s’entretint avec chacun d’eux d’une manière agréable et plaisante. Il s’assura ainsi rapidement d’un grand nombre d’hommes et d’une armée, bien que la plupart fussent des méchants et des déserteurs. Avec eux, qu’il utilisait comme serviteurs et soldats, il parcourut le pays et massacra tous les partisans de Judas qu’il trouva. Judas, voyant qu’Alcime était déjà devenu grand et avait détruit beaucoup d’hommes bons et saints du pays, parcourut à son tour le pays et extermina ceux de l’autre parti. Mais, voyant qu’il ne pouvait résister à Judas et qu’il n’était pas à sa hauteur en force, Alcime résolut de s’adresser au roi Démétrius pour obtenir son aide. Il vint donc à Antioche, l’irrita contre Judas et l’accusa, alléguant qu’il avait subi beaucoup de misères par son moyen, et qu’il ferait encore plus de mal s’il n’était pas empêché et puni, ce qui devait être fait en envoyant une force puissante contre lui.
4. Démétrius, estimant déjà que négliger Judas, devenu si important, lui serait préjudiciable, envoya contre lui Nicanor, le plus bon et le plus fidèle de tous ses amis ; c’est lui qui s’était enfui avec lui de Rome. Il lui donna aussi les forces qu’il jugeait suffisantes pour vaincre Judas, et lui recommanda de n’épargner aucunement la nation. Arrivé à Jérusalem, Nicanor ne résolut pas de combattre Judas immédiatement, mais jugea préférable de le conquérir par la trahison. Il lui envoya donc un message de paix, lui disant qu’il n’était nullement nécessaire de se battre et de se risquer ; et qu’il lui ferait serment de ne lui faire aucun mal, car il n’était venu qu’avec quelques amis, afin de lui faire connaître les intentions du roi Démétrius et l’opinion qu’il avait de leur nation. Lorsque Nicanor eut transmis ce message, Judas et ses frères obéirent à ses ordres. Ne soupçonnant aucune tromperie, ils lui offrirent des assurances d’amitié et reçurent Nicanor et son armée. Mais, tandis qu’il saluait Judas et qu’ils conversaient ensemble, il fit un signe à ses propres soldats pour qu’ils se saisissent de Judas. Mais il s’aperçut de la trahison, courut rejoindre ses soldats et s’enfuit avec eux. Ainsi, après avoir découvert son dessein et les pièges tendus à Judas, Nicanor résolut de lui faire la guerre ouverte, rassembla son armée et se prépara à le combattre. Après lui avoir livré bataille dans un certain village appelé Capharsalama, il battit Judas [25] et le força à fuir vers la citadelle de Jérusalem.
5. Lorsque Nicanor descendit de la citadelle au temple, quelques-uns des prêtres et des anciens vinrent à sa rencontre et le saluèrent. Ils lui montrèrent les sacrifices qu’ils offraient à Dieu pour le roi. Sur quoi il blasphéma et les menaça que si le peuple ne lui livrait pas Judas, à son retour il détruirait leur temple. Après ces menaces, il quitta Jérusalem. Les prêtres, attristés par ses paroles, fondirent en larmes et supplièrent Dieu de les délivrer de leurs ennemis. Nicanor, sorti de Jérusalem, se trouva dans un village appelé Béthoron. Il y campa, une autre armée venue de Syrie l’ayant rejoint. Judas campa à Adasa, un autre village, à trente stades de Béthoron, et n’avait pas plus de mille soldats. Et après les avoir encouragés à ne pas se laisser effrayer par la multitude de leurs ennemis, ni à considérer combien ils étaient contre ceux contre qui ils allaient combattre, mais à considérer qui ils étaient eux-mêmes, et pour quelles grandes récompenses ils se risquaient, et à attaquer l’ennemi avec courage, il les mena au combat, et engageant un combat avec Nicanor, qui s’avéra être un combat acharné, il vainquit l’ennemi et en tua beaucoup. Enfin, Nicanor lui-même, alors qu’il combattait glorieusement, tomba : - sur la chute duquel l’armée ne s’arrêta pas ; mais lorsqu’ils eurent perdu leur général, ils furent mis en fuite et jetèrent leurs armes. Judas aussi les poursuivit et les tua, et annonça au son des trompettes aux villages voisins qu’il avait vaincu l’ennemi. Français Lorsque les habitants entendirent cela, ils revêtirent leurs armes à la hâte, et affrontèrent leurs ennemis en fuite, et les tuèrent, de sorte qu’aucun d’entre eux n’échappa à cette bataille, alors qu’ils étaient au nombre de neuf mille. Cette victoire tomba le treizième jour de ce mois qui est appelé Adar par les Juifs et Dystrus par les Macédoniens ; et les Juifs célèbrent cette victoire chaque année et la considèrent comme un jour de fête. Après quoi, la nation juive fut, pour un temps, à l’abri des guerres et jouit de la paix ; mais ensuite, ils retournèrent à leur ancien état de guerres et de dangers.
6. Or, comme le grand prêtre Alcime résolut d’abattre le mur du sanctuaire, qui existait depuis longtemps et avait été construit par les saints prophètes, il fut frappé subitement par Dieu et tomba. [26] Ce coup le fit tomber à terre, muet ; et, après avoir souffert de nombreux jours, il mourut enfin, après quatre ans de grand prêtre. Après sa mort, le peuple conféra le sacerdoce à Judas. Celui-ci, apprenant la puissance des Romains, qu’ils avaient conquis la Galatie, l’Ibérie, Carthage et la Libye, et qu’ils avaient soumis la Grèce et leurs rois Persée, Philippe et Antiochus le Grand, résolut de conclure une alliance avec eux. Il envoya donc à Rome quelques-uns de ses amis, Eupolème, fils de Jean, et Jason, fils d’Éléazar, et par leur intermédiaire, il pria les Romains de les aider, de devenir leurs amis et d’écrire à Démétrius qu’il ne combattrait pas les Juifs. Le Sénat reçut donc les ambassadeurs venus de Judas à Rome, s’entretint avec eux de leur mission, puis leur accorda une alliance. Ils promulguèrent également un décret à ce sujet, et en envoyèrent une copie en Judée. Ce décret fut également conservé au Capitole et gravé sur du bronze. Le décret lui-même était le suivant : « Décret du Sénat concernant une alliance d’assistance et d’amitié avec la nation juive. Il ne sera pas permis à quiconque est soumis aux Romains de faire la guerre à la nation juive, ni de secourir ceux qui le font, que ce soit en leur envoyant du blé, des navires ou de l’argent ; et si une attaque est lancée contre les Juifs, les Romains les assisteront dans la mesure de leurs moyens ; et de même, si une attaque est lancée contre les Romains, les Juifs les assisteront. Et si les Juifs souhaitent ajouter ou retrancher quoi que ce soit à cette alliance d’assistance, cela se fera d’un commun accord avec les Romains. Et tout ajout ainsi apporté sera exécutoire. » Ce décret fut rédigé par Eupolème, fils de Jean, et par Jason, fils d’Éléazar, [27] alors que Judas était grand prêtre de la nation et que Simon, son frère, était général de l’armée. Ce fut la première alliance que les Romains conclurent avec les Juifs, et elle fut gérée de cette manière.
Que Bacchidès fut de nouveau envoyé contre Judas ; et comment Judas tomba alors qu’il combattait avec courage.
1. Mais Démétrius, informé de la mort de Nicanor et de la destruction de l’armée qui l’accompagnait, envoya de nouveau Bacchidès avec une armée en Judée. Bacchidès sortit d’Antioche, entra en Judée et campa à Arbèles, ville de Galilée. Après avoir assiégé et capturé ceux qui s’y trouvaient dans des cavernes (car beaucoup de gens s’y réfugiaient), il se retirait et se hâtait vers Jérusalem. Apprenant que Judas avait campé dans un village nommé Beth-Zétho, il mena contre lui son armée : vingt mille fantassins et deux mille cavaliers. Judas n’avait pas plus de mille soldats. [28] Voyant la multitude des hommes de Bacchidès, ils prirent peur, quittèrent leur camp et prirent tous la fuite, à l’exception de huit cents. Alors que Judas fut abandonné par ses propres soldats et que l’ennemi le pressait sans lui laisser le temps de rassembler son armée, il était disposé à combattre avec l’armée de Bacchidès, bien qu’il n’ait que huit cents hommes avec lui. Il exhorta donc ces hommes à braver le danger avec courage et les encouragea à attaquer l’ennemi. Lorsqu’ils dirent qu’ils n’étaient pas en nombre suffisant pour combattre une armée aussi nombreuse, et leur conseillèrent de se retirer immédiatement pour se sauver, et qu’une fois les siens rassemblés, il attaquerait l’ennemi ensuite, sa réponse fut la suivante : « Que le soleil ne voie jamais une chose pareille, que je tourne le dos à l’ennemi ! Même si c’est le moment de ma mort et que je doive mourir dans cette bataille, je préfère résister courageusement et supporter tout ce qui m’arrivera, plutôt que de fuir maintenant, de jeter le discrédit sur mes hauts faits d’armes passés ou de ternir leur gloire. » Tel fut le discours qu’il adressa à ceux qui étaient restés avec lui, les encourageant à attaquer l’ennemi.
2. Bacchus fit sortir son armée du camp et la rangea en bataille. Il plaça la cavalerie sur les deux ailes, et les soldats légers et les archers devant toute l’armée, mais lui-même était à l’aile droite. Ayant ainsi disposé son armée en bataille, et s’apprêtant à livrer bataille à l’ennemi, il ordonna au sonneur de trompette de donner le signal de bataille, et à l’armée de pousser un cri de guerre et de fondre sur l’ennemi. Judas, après avoir fait de même, engagea le combat avec eux. et comme les deux camps combattaient vaillamment, et que la bataille continuait jusqu’au coucher du soleil, Judas vit que Bacéhidès et la plus forte partie de l’armée étaient dans l’aile droite, et alors il prit les hommes les plus courageux avec lui, et courut sur cette partie de l’armée, et tomba sur ceux qui étaient là, et rompit leurs rangs, et les repoussa au milieu, et les força à fuir, et les poursuivit jusqu’à une montagne appelée Aza. Mais quand ceux de l’aile gauche virent que l’aile droite était en fuite, ils encerclèrent Judas, et le poursuivirent, et vinrent par derrière, et le conduisirent au milieu de leur armée. Ne pouvant ainsi fuir, mais entouré d’ennemis tout autour, il s’arrêta, et lui et ceux qui étaient avec lui combattirent. Et après avoir tué un grand nombre de ceux qui venaient contre lui, il fut finalement lui-même blessé, et tomba et rendit l’âme, et mourut d’une manière semblable à ses actions célèbres précédentes. Lorsque Judas fut mort, ceux qui étaient avec lui n’avaient personne qu’ils pouvaient considérer comme leur commandant; Mais, se voyant privés d’un tel général, ils prirent la fuite. Simon et Jonathan, frères de Judas, reçurent son corps mort par traité de l’ennemi et le transportèrent au village de Modin, où leur père avait été enterré, et l’y ensevelirent. La multitude le pleura pendant de longs jours et célébra les rites funéraires d’usage. Telle fut la fin de Judas. Homme de valeur et grand guerrier, il était respectueux des ordres de leur père Matrathins ; il avait supporté toutes les difficultés, tant par ses actions que par ses souffrances, pour la liberté de ses compatriotes. Et, grâce à son excellente réputation [de son vivant], il laissa derrière lui une gloire et un souvenir glorieux, en libérant sa nation et en la libérant de l’esclavage des Macédoniens. Après avoir exercé la fonction de grand prêtre pendant trois ans, il mourut.
Livre XI — De la première année de Cyrus à la mort d'Alexandre le Grand | Page de titre | Livre XIII — De la mort de Judas Maccabée à la mort de la reine Alexandra |
12.1a Ici, Josèphe utilise le mot même koinopltagia, « manger des choses souillées », pour « manger des choses impures » ; comme le fait notre Nouveau Testament, Actes 10:14, 15, 28 ; 11:8, 9 ; Romains 14:14, ↩︎
12.3a De la traduction des autres parties de l’Ancien Testament par soixante-dix Juifs égyptiens, sous les règnes de Ptolémée, fils de Lagus, et de Philadelphe ; ainsi que de la traduction du Pentateuque par soixante-douze Juifs de Jérusalem, dans la septième année de Philadelphe à Alexandrie, telle que nous en a donné le récit par Aristée, et de là par Philon et Josèphe, avec une justification de l’histoire d’Aristée ; voir l’Appendice au Lit. Accorap. de Proph. en général, p. 117-152. ↩︎
12.4a Bien que ce nombre de cent vingt drachmes [d’Alexandrie, ou soixante sicles juifs] soit ici répété trois fois, et cela dans toutes les copies de Josèphe, grecques et latines; cependant, puisque toutes les copies d’Aristée, d’où Josèphe a pris sa relation, ont cette somme plusieurs fois, et toujours pas plus de vingt drachmes, ou dix sicles juifs; et puisque la somme des talents, à établir maintenant, qui est un peu plus de quatre cent soixante, pour un peu plus de cent mille esclaves, et est presque la même chez Josèphe et Aristée, s’accorde mieux à vingt qu’à cent vingt drachmes; et puisque la valeur d’un esclave d’autrefois n’était au plus que de trente sicles, ou soixante drachmes; voir Exode 21:32; tandis que dans la situation actuelle de ces esclaves juifs, et de ceux qui étaient si nombreux, Philadelphe préférait les racheter à un prix inférieur à un prix plus élevé; — il y a de bonnes raisons de préférer ici les copies d’Aristée à celles de Josèphe. ↩︎
12.5a Nous avons un très grand éloge de ce Simon le Juste, fils d’Onias, dans le cinquantième chapitre de l’Ecclésiastique, tout au long du chapitre. Il n’est pas inopportun de consulter ce chapitre lui-même à cette occasion. ↩︎
12.6a Lorsque nous avons ici et maintenant mentionné la reine et sœur de Philadelphe, Arsinoé, nous devons nous rappeler, avec Spanheim, qu’Arsinoé était à la fois sa sœur et son épouse, selon la vieille coutume de la Perse et de l’Égypte à cette même époque ; bien plus, des Assyriens longtemps après. Voir Antiq. B. XX. ch. 2. sect. 1. D’où nous avons, sur les monnaies de Philadelphe, cette inscription connue : « Le frère et la sœur divins. » ↩︎
12.7a Les Talmudistes disent qu’il n’est pas permis d’écrire la loi en lettres d’or, contrairement à cet exemple certain et très ancien. Voir les notes de Hudson et Reland ici. ↩︎
12.8a Ceci est l’exemple le plus ancien que j’aie rencontré d’une grâce, ou courte prière, ou action de grâce avant le repas ; qui, comme elle est habituellement dite par un prêtre païen, était maintenant dite par Éléazar, un prêtre juif, qui était l’un de ces soixante-douze interprètes. L’exemple suivant que j’ai rencontré est celui des Esséniens, (De la Guerre, B. II. ch. 8. sect. 5), à la fois avant et après elle ; ceux de notre Sauveur avant elle, Marc 8:6 ; Jean 6:11, 23 ; et saint Paul, Actes 27:35 ; et une forme d’une telle grâce ou prière pour les chrétiens, à la fin du cinquième livre des Constitutions apostoliques, qui semble avoir été destinée aux deux moments, à la fois avant et après le repas. ↩︎
12.9a Il s’agissait plutôt de questions et de réponses politiques, tendant au bon et religieux gouvernement de l’humanité. ↩︎
12.10a Cette purification des interprètes, par le lavage dans la mer, avant qu’ils prient Dieu chaque matin, et avant qu’ils ne se mettent à traduire, peut être comparée à la pratique similaire de l’apôtre Pierre, dans les Reconnaissances de Clément, B. IV. ch. 3., et BV ch. 36., et avec les lieux du Proseuchre, ou de prière, qui étaient parfois construits près de la mer ou des rivières aussi; à ce sujet, voir Antiq. B. XIV. ch. 10. sect. 9,3; Actes 16:13. 16. ↩︎
12.11a L’usage de l’huile était bien plus répandu, et les dons bien plus précieux, en Judée et dans les pays voisins, que chez nous. À l’époque de Josèphe, il était également considéré comme illégal pour les Juifs d’utiliser de l’huile préparée par des païens, peut-être en raison de certaines superstitions liées à sa préparation par ces derniers. C’est pourquoi, lorsque les païens leur faisaient don d’huile, ils leur versaient de l’argent. Voir De la Guerre, B. II. ch. 21, sect. 2 ; la Vie de Josèphe, sect. 13 ; et la note de Hudson sur le passage qui nous occupe. ↩︎
12.12a Ceci, et d’autres grands et justes caractères semblables de la justice, de l’équité et de la générosité des anciens Romains, tant envers les Juifs qu’envers les autres nations conquises, nous fournit une très bonne raison pour laquelle Dieu Tout-Puissant, après le rejet des Juifs pour leur méchanceté, les a choisis pour son peuple et a établi le premier le christianisme dans cet empire ; sur ce sujet, voir Josèphe ici, sect. 2 ; ainsi que Antiq. B. XIV. ch. 10. sect. 22, 23 ; B. XVI. ch. 2. sect. 4. ↩︎
12.13a Le nom de ce lieu, Phicol, est exactement le même que celui du capitaine en chef de l’armée d’Abimélec, à l’époque d’Abraham, Genèse 21:22, et pourrait peut-être être le lieu de la naissance ou de la demeure de ce Phicol, car il semble avoir été dans la partie sud de la Palestine, comme c’était le cas. ↩︎
12.14a D’où vient que ces Lacédémoniens se déclarent ici parents des Juifs, comme descendants du même ancêtre, Abraham, je ne peux le dire, à moins que, comme le suppose Grotius, ils ne descendent des Dorès, qui descendaient des Pélasges. Ceux-ci sont appelés Barbares par Hérodote, et étaient peut-être issus des Syriens et des Arabes, la postérité d’Abraham par Ketura. Voir Antiq. B. XIV. ch. 10. sect. 22 ; et De la Guerre, BI ch. 26. sect. 1 ; et Grot. sur 1 Macc. 12:7. Nous pouvons en outre observer, d’après les Reconnaissances de Clément, qu’Éliézer, de Damas, le serviteur d’Abraham, Genèse 15:2 ; 24., était autrefois pris par certains pour son fils. Ainsi, si les Lacédémoniens étaient issus de lui, ils pourraient se considérer comme descendants d’Abraham, au même titre que les Juifs, issus d’Isaac. Et peut-être cet Éliézer de Damas est-il ce même Damas que Trogus Pompée, résumé par Justin, fait du fondateur de la nation juive elle-même, bien qu’il commette ensuite une erreur en faisant d’Azélus, d’Adorès, d’Abraham et d’Israël les rois de Judée et successeurs de ce Damas. Il n’est peut-être pas inopportun de remarquer que Moïse Chorenensis, dans son histoire des Arméniens, nous informe que la nation des Parthes descend également d’Abraham par Ketura et ses enfants. ↩︎
12.15a Ce mot « Gymnase » désigne proprement un endroit où les exercices étaient exécutés nus, ce qui, parce que cela distinguerait naturellement les Juifs circoncis des Gentils incirconcis, ces apostats juifs s’efforçaient de paraître incirconcis, au moyen d’une opération chirurgicale, suggérée par saint Paul, 1 Corinthiens 7:18, et décrite par Celse, B. VII. ch. 25., comme le Dr Hudson nous l’informe ici. ↩︎
12.16a C’est ici que Josèphe commence à suivre le Premier Livre des Maccabées, une histoire très excellente et très authentique ; et en conséquence, elle est ici, avec une grande fidélité et exactitude, abrégée par lui ; entre les copies actuelles desquelles il semble y avoir moins de variations que dans n’importe quel autre livre hébreu sacré de l’Ancien Testament (car ce livre a également été écrit à l’origine en hébreu), ce qui est très naturel, car il a été écrit beaucoup plus près de l’époque de Josèphe que les autres. ↩︎
12.17a Cette citadelle, dont nous avons si souvent mention dans l’histoire suivante, à la fois dans les Maccabées et dans Josèphe, semble avoir été un château construit sur une colline, plus basse que le mont Sion, bien que sur ses flancs, et plus haute que le mont Moriah, mais entre les deux ; colline dont les ennemis des Juifs prirent alors possession, et construisirent dessus cette citadelle, et la fortifièrent, jusqu’à ce que, bien longtemps après, les Juifs la reprennent, la démolissent, et nivellent la colline elle-même avec le terrain communal, afin que leurs ennemis ne puissent plus la récupérer, et puissent de là dominer le temple lui-même, et leur faire le mal qu’ils en avaient longtemps subi, Antiq. B. XIII. ch. 6. sect. 6. ↩︎
12.18a Cette allégation des Samaritains est remarquable : bien qu’ils ne fussent pas Juifs, ils observaient pourtant depuis les temps anciens le jour du sabbat et, comme ils le prétendent ailleurs, l’année sabbatique également, Antiq. B. XI. ch. 8. sect. 6. ↩︎
12.19a Que cette appellation de Maccabée ne fut pas d’abord donnée à Judas Maccabée, ni ne dérivait d’aucune des lettres initiales des mots hébreux sur sa bannière, « Mi Kamoka Be Elire, Jéhovah ? » (« Qui est comme toi parmi les dieux, ô Jéhovah ? ») Exode 15:11 comme le prétendent vainement les rabbins modernes, voir Authent. Rec. Partie I. p. 205, 206. Seulement nous pouvons noter, en passant, que le nom original de ces Maccabées, et de leur postérité, était Asamonéens ; qui dérivait d’Asamonée, l’arrière-grand-père de Mattathias, comme Josèphe nous l’informe ici. ↩︎
12.20a La raison pour laquelle Bethshah fut appelée Scythopolis est bien connue d’après Hérodote, BI p. 105, et Syncellus, p. 214, selon laquelle les Scythes, lorsqu’ils envahirent l’Asie, à l’époque de Josias, s’emparèrent de cette ville et la conservèrent aussi longtemps qu’ils restèrent en Asie, date à laquelle elle conserva le nom de Scythopolis, ou la Cité des Scythes. ↩︎
12.21a Cette préservation très providentielle de tous les Juifs religieux dans cette expédition, qui était selon la volonté de Dieu, est souvent observable parmi le peuple de Dieu, les Juifs ; et quelque peu semblable dans les changements des quatre monarchies, qui furent également providentiels. Voir Prideaux aux années 331, 333 et 334. ↩︎
12.22a Voici un autre grand exemple de la Providence, lorsque, au moment même où Simon, Judas et Jonathan furent si miraculeusement préservés et bénis, dans la juste défense de leurs lois et de leur religion, ces autres généraux des Juifs, qui allèrent combattre pour l’honneur d’une manière vaine et glorieuse, et sans aucune commission de Dieu, ou de la famille qu’il avait suscitée pour les délivrer, furent misérablement déçus et vaincus. Voir 1 Macc. 5:61, 62. ↩︎
12.23a Puisque saint Paul, un pharisien, confesse qu’il n’aurait pas connu la concupiscence, ou les désirs, comme un péché, si le dixième commandement n’avait pas dit : « Tu ne convoiteras point », Romains 7:7, il semble que ce soit à peu près la même chose pour notre Josèphe, qui était de la même secte, qu’il n’avait pas un sens profond de la gravité des péchés qui n’allaient pas au-delà de l’intention. Cependant, puisque Josèphe parle ici à juste titre de la peine de mort, qui n’est prévue par aucune loi, ni de Dieu ni des hommes, pour la simple intention, ses mots n’ont pas besoin d’être forcés pour signifier que les péchés prévus, mais non exécutés, n’étaient pas des péchés du tout. ↩︎
12.24a Il n’est pas étonnant que Josèphe décrive ici Antiochus Eupator comme jeune et manquant d’instruction lorsqu’il monta sur la couronne, puisque Appien nous informe (Syriac. p. 177) qu’il n’avait alors que neuf ans. ↩︎
12.25a Il n’est pas du tout probable que Josèphe ait appelé Bacchidoa, cet ennemi acharné et sanglant des Juifs, comme le disent nos copies actuelles, un homme bon, ou aimable, et doux. Ce que l’auteur du Premier Livre des Maccabées, que Josèphe suit ici, au lieu de ce caractère, dit de lui, c’est qu’il était un grand homme dans le royaume, et fidèle à son roi ; ce qui était très probablement aussi le sens de Josèphe. ↩︎
12.26a Les copies de Josèphe doivent avoir été corrompues lorsqu’elles donnent ici la victoire à Nicanor, contrairement aux mots suivants, qui impliquent que celui qui a été battu s’est enfui dans la citadelle, qui appartenait certainement à la cité de David, ou au mont Sion, et était en possession de la garnison de Nicanor, et non de Judas. De même, cela est contraire aux mots explicites de l’auteur original de Josèphe, 1 Macc. 7:32, qui dit que Nicanor a perdu environ cinq mille hommes et s’est enfui dans la cité de David. ↩︎
12.27a Ce récit de la mort misérable d’Alcimus, ou Jacmus, le méchant grand prêtre (le premier qui ne fût pas de la famille des grands prêtres, et nommé par un vil païen, Lysias), avant la mort de Judas, et de la succession de Judas comme grand prêtre, ici et à la fin de ce livre, contredit directement 1 Macc. 9:54-57, qui place sa mort après celle de Judas, et ne dit pas un mot du grand prêtre de Judas. L’exactitude avec laquelle les histoires romaines concordent avec ce récit des conquêtes et de la puissance des Romains à cette époque est illustrée par les notes de l’édition de Havercamp ; seul le fait que le nombre des sénateurs de Rome était alors de trois cent vingt, n’est connu, je pense, que par 1 Macc. 8:15. ↩︎
12.28a Cette souscription manque 1 Macc. 8:17, 29, et doit être les mots de Josèphe, qui par erreur pensait, comme nous venons de le voir, que Judas était à cette époque grand prêtre, et en conséquence considérait alors son frère Jonathan comme le général de l’armée, ce qu’il ne semble pourtant pas avoir été avant la mort de Judas. ↩︎
12.29a Que cette copie de Josèphe, telle qu’il l’a écrite, n’en ait pas ici mille, mais trois mille, avec 1 Macc 9:5, c’est très clair, car bien que la majeure partie se soit enfuie au début, même chez Josèphe, ainsi que dans 1 Macc. 9:6, pourtant, comme là, ainsi ici, huit cents seraient restés avec Judas, ce qui serait absurde, si le nombre total n’avait pas été supérieur à mille. ↩︎