© 2005 André Chappuis
© 2005 Association Francophone des Lecteurs du Livre d'Urantia
Dieu l'absolu | Le Lien Urantien — Numéro 34 — Été 2005 — Table des matières | L'impossible dialogue avec des fondamentalistes |
Réponse à la question de Jeanmarie Chaise parue dans le Lien Nº 11[^1], et à la deuxième partie de « Jugement hâtif » par Jean Royer du Lien Nº 32.
J’estime que dans son article, Jean Royer ne donne pas LA solution, mais une explication. A deux reprises, l’auteur affirme que « Pentecôte c’est 50 jours après la Pâque. » Il en est toujours ainsi maintenant, mais pas à l’époque du Temple. Il ne faut pas utiliser des règles en vigueur de nos jours pour expliquer des faits qui se sont déroulés il y a 1975 ans, mais rechercher celles sur lesquelles on se basait en ces temps-là. C’est un peu comme si pour justifier les guerres de Jules César on prenait des articles de la constitution italienne. Monsieur Royer pose aussi les questions suivantes: « était-ce une erreur de frappe ? Etait-ce une méconnaissance des auteurs?» Je pense que par-là, il soupçonne les médians qui ont transmis la quatrième partie du L.U. de s’être trompés. Comme, dans les fascicules 172 à 194, les dates, les jours de la semaine et la différence de 40 jours s’accordent, il ne s’agit ni d’une erreur de frappe ni d’une erreur des médians. Comment ceux-ci auraient-ils pu se tromper, puisque, en plus de leurs souvenirs, ils ont eu accès aux écrits (perdus) de l’apôtre André, ainsi qu’aux renseignements puisés auprès d’êtres célestes qui se trouvaient sur terre au temps de l’effusion de Micaël (particulièrement son Ajusteur maintenant personnalisé) ? Le médian qui sur toute la page 1343 exprime sa reconnaissance, nous dit que lorsque les renseignements planétaires firent défaut, il a eu recours à des archives suprahumaines. Je pense qu’on ne peut pas mettre celles-ci en doute. J’aurai plutôt tendance à dire que s’il y a méconnaissance, elle est chez ceux qui veulent à tout prix que 50 jours séparent la Pâque et la Pentecôte de l’an 30.
Dans le calendrier juif, les jours de la semaine n’ont pas de nom, mais un numéro correspondant à leur emplacement : dimanche = 1; lundi = 2; mardi 3 ; mercredi = 4; jeudi = 5; vendredi = 6. Seul le jour correspondant à notre samedi a un nom : sabbat qui signifie repos, ceci à cause de genèse 1.1 à 2.3 plus exode 31.15 et 35.2. Mais, lorsqu’une fête tombe sur un jour ouvrable, ce jour-là est aussi appelé sabbat puisqu’on ne travaille pas. On en trouve un exemple à Le 29 à 31 : … au septième mois, le dixième jour du mois, vous humilierez vos âmes, vous ne ferez aucun ouvrage… ce sera pour vous un sabbat, un jour de repos… Cela correspond à la fête de Yom Kippour, en français Jour du Grand Pardon, qui a lieu le 10 tichri (nom du septième mois du calendrier juif). Selon les règles actuelles, cette fête peut tomber un samedi, mais aussi un lundi, mercredi, jeudi ou vendredi; et d’après Le 16.31, ces jours de la semaine sont aussi appelés sabbat.
Pendant environ 3 siècles, les chrétiens ont célébré la fête de Pâques en même temps que la Pâque juive, qui pouvait aussi bien tomber un dimanche, un mardi qu’un samedi. C’est en 325, au premier concile de Nicée, que les chrétiens décidèrent que Pâques serait un dimanche, jour de la résurrection de Jésus. On établit une formule qui permettait de fixer le jour de Pâques au premier dimanche suivant la première pleine lune du printemps dont l’équinoxe tombait à ce moment-là le 21 mars. Jules César avait fixé l’équinoxe au 25 mars, mais l’inexactitude du calendrier julien avait, en 370, ans fait dériver l’équinoxe de 4 jours. Puisque à ses débuts, le christianisme fêtait Pâques le même jour que la Pâque juive, il en allait de même pour la Pentecôte, qui comme nous allons le voir n’était pas à cette époque liée à la Pâque, mais à la maturité des céréales.
Pour obtenir une solution à ce problème du nombre de jours séparant les deux fêtes, en l’an 30, il faut bien lire Lévitique 23 : 15 et 16 qui indiquent la façon de compter ces fameux 50 jours, mais aussi prendre en compte les autres versets et règles qui parlent de cette fête de Pentecôte que les Juifs appellent Chavouoth. On trouve des règles concernant le calendrier et les fêtes juives dans les ouvrages suivants : La signification spirituelle des fêtes juives par A. Boulagnon, Viens et vois, mai 1985. Le calendrier par Paul Couderc, Que sais-je ? N 203, 1981. Astronomie, l’encyclopédie ATLAS du ciel, chapitre le calendrier, p. 1604 à 1617, éd. Atlas, 1984. Encyclopédie Astronomie p. 194, éd. Fabbri, 1991 à 1995.
A la fête de Chavouoth, on offrait les produits mentionnés à Deutéronome 8:8. Ils devaient être de première qualité, il fallait qu’ils soient récoltés sur le territoire d’Israël et ils étaient offerts au Temple à Jérusalem. Les prescriptions bibliques ne concernent que les propriétaires du sol.
La diversité des fruits énumérés permettait aux agriculteurs des montagnes de Galilée, où le climat est un peu rude, d’avoir au moins un des fruit de la liste qui soit bien mur au moment de la fête, alors qu’à Jéricho, ville qui a la plus basse altitude de la planète, on pouvait probablement tous les obtenir ce jour-là.
Avec un calendrier luni-solaire, comme celui qu’utilisent les juifs, les dates (donc les fêtes aussi) se déplacent par rapport aux saisons, mais, il y a en plus le fait que les récoltes ne se fassent pas chaque année à la même date. Par exemple, aux environs de Lausanne, sur une durée de 60 ans, j’ai vu des vendanges commencer un 15 septembre et d’autres se terminer un 15 novembre, soit deux mois plus tard. Il n’était donc pas toujours possible d’avoir sur l’ensemble du territoire d’Israël des fruits qui répondent aux conditions exactement 51 jours après la Pâque, c’est pourquoi Moïse n’a pas déterminé la date de la Pentecôte d’après celle de la Pâque, mais en fonction de la maturité des céréales.
La date de la Pâque est clairement située à Lévitique 23.5, soit le quatorzième jour du premier mois, ce qui correspond à la première pleine lune du printemps.
Selon André Boulagnon, qui s’est peut-être laisser influencer par la tradition, l’offrande de la première gerbe devait avoir lieu le lendemain de la Pâque. Mais, on s’aperçoit qu’à Lé. 23: 10-11, il est écrit que le prêtre balancera cette gerbe le lendemain du sabbat. Au lieu de « lendemain du sabbat », on trouve dans d’autres traductions « lendemain de la fête ». Ici, il n’est pas question de la Pâque.
Tout travail étant interdit le septième jour de la semaine, soit le jour appelé sabbat, il n’était pas possible de moissonner ce jour-là, ni d’apporter une gerbe des prémices au prêtre, ce qui aurait aussi été considéré comme un travail ; d’autre part, le déplacement d’un agriculteur de son champ ou de son domicile jusqu’au temple, était pour la quasitotalité de ceux-ci, supérieure à un chemin de sabbat. Cette distance varie selon les auteurs, mais, elle est probablement de 1100 mètres environ. Celui qui aurait apporté ses prémices ce jour-là, aurait violé deux lois. Cette gerbe était donc obligatoirement apportée au cours d’un jour ouvrable, et celui-ci était appelé fête ou sabbat.
Quand le blé (ou le froment ou l’orge, suivant les traductions), De. 8: 8, était mur, il fallait moissonner et apporter la première gerbe au prêtre. Le jour de l’apport de cette gerbe était déclaré jour de sabbat, quelle que soit sa position dans la semaine. Le lendemain de ce sabbat, le prêtre balançait cette gerbe (Le. 23.12), et c’est à partir de là qu’il fallait compter les 50 jours (Le. 23.15). Dans ce passage, il n’y a pas non plus de liaison avec la Pâque. On appelait Omer l’offrande de cette première gerbe.
C’est le sanhédrin qui réglait les problèmes que présentait le calendrier. C’est donc cette assemblée qui fixait le jour où cette première gerbe serait apportée et par conséquent, la date de la Pentecôte. Cela a fonctionné ainsi jusqu’à la destruction du Temple en l’an 70 de notre ère.
Depuis la destruction du Temple et la dispersion du peuple d’Israël dans l’empire romain, il n’était plus possible de respecter les prescriptions bibliques décrites 8 paragraphes plus haut, alors, ce rite est devenu un mémorial. On n’a plus tenu compte de la maturité des céréales ou des fruits. Il était ainsi devenu possible d’avoir une liaison rigide entre les fêtes de la Pâque et Chavouoth, cette dernière, à une époque difficile à préciser, fut mise en relation avec le don de la Torah, car les rabbins alléguèrent un rapport, dont l’A. T. ne parle pas, entre la date de la promulgation de la Loi sur le Sinaï et celle de la fête de Pentecôte. Mais on ne peut pas prouver que la Loi mosaïque ait été donnée exactement 50 jours après la sortie d’Egypte.
En 359 de notre ère, le Patriarche Hillel II réforma les règles et instaura un calendrier perpétuel. Celui-ci tient compte, pour l’ajout du 13ème mois, du cycle de Méton selon lequel tous les 19 ans la lune se présente presque sous une même phase pour une date donnée ; alors qu’auparavant, l’ajout de ce 13eme mois se faisait en observant le décalage par rapport aux saisons. Les calendriers juifs antérieurs à l’an 359 de notre ère établis selon le cycle de Méton ne sont donc pas fiables.
Actuellement, lorsque les juifs font leur compte, le lendemain de la Pâque est le premier jour et le cinquantième est la Pentecôte. Les chrétiens comptent Pâques comme premier jour et le cinquantième est Pentecôte. Ainsi, conformément au Concile de Nicée, ces deux fêtes ont lieu un dimanche. Mais, le système de comptage chrétien n’est plus en accord avec Le 23.15 et 16. Cela a pour effet que lorsque Pâques et la Pâque juive tombent sur un même jour, la fête chrétienne de Pentecôte a lieu un jour avant la célébration de la Pentecôte juive. Par exemple, en 1954, Pâques et la Pâque juive étaient toutes deux le 18 avril, et Pentecôte était le dimanche 6 juin, mais la Pentecôte juive a été fêtée le lundi 7 juin. Le nom de Pentecôte (du grec pentêkostê, cinquantième jour) est approprié pour l’espace de temps séparant les deux fêtes juives, mais pas en ce qui concerne les deux fêtes chrétiennes, puisque Pentecôte est le 49ème jour après Pâques. L’Eglise Orthodoxe ne fête pas toujours Pâques en même temps que l’ Eglises Catholique Romaine et les Eglises Réformées, car, la première suit le calendrier julien et non le calendrier grégorien.
Le L.U. indique au début du fascicule 172 que le groupe apostolique est arrivé à Béthanie le vendredi 31 mars de l’an 30. La première phrase de la page 1929 nous dit que le jeudi (de la semaine suivante, soit le 6 avril), Jésus à vécu son dernier jour de liberté sur terre. A LU 179:0.1, on voit que le souper de la Pâque a lieu le vendredi soir (= le 7 avril.) Autrefois, les jours du calendrier juif commençaient au coucher du soleil et se terminaient le lendemain aussi au coucher du soleil. A cause de ce système, la durée des jours n’était pas d’exactement 24 heures. A notre époque, on a remédié à cet inconvénient en faisant débuter chaque jour à 18 heures. La Pâque de l’an 30 a donc eu lieu du vendredi soir 7 au samedi soir 8 avril. A partir de LU 193:3.1, le L.U. nous relate ce qui s’est passé 40 jours plus tard, le jeudi 18 mai. Le chapitre 5 nous décrit l’ascension de Jésus qui s’est réalisée peu après 7 heures 30 . Dans son dernier discours, Jésus dit à ses apôtres que « bientôt, très bientôt, nous enverrons l’Esprit de Vérité dans ce monde… ». Pour Jésus, ce bientôt, très bientôt, voulait dire : cet aprèsmidi. Mais, à ce moment-là, il ne voulait probablement pas préciser à ses apôtres quand cela se passerait. L’introduction du fascicule 194 nous apprend que ce même jour, vers 13 heures, a eu lieu l’effusion de l’Esprit de Vérité. Cela signifie que les chrétiens devraient fêter la Pentecôte le même jour que l’Ascension.
C’est à partir du samedi matin 8 avril, vers 2 heures 30 (LU 183:4.2, dernière phrase), que les apôtres se sont cachés pour 40 jours (LU 183:4.3 et LU 194:1.1). A cette dernière référence, il est aussi précisé que « Ce jour (le 18 mai), se trouvait être la fête juive de la Pentecôte ». Nous avons ici la preuve que seulement 40 jours ont séparé La Pâque et la Pentecôte de l’an 30. Pendant ces 40 jours, les apôtres se sont cachés par rapport aux autorités religieuses juives, mais, il est probable qu’en Galilée, où ils se trouvaient pendant ce temps-là, ils vivaient au grand jour.
Cette année-là, la date où furent balancées les premières gerbes offertes en sacrifice, tombant 50 jours avant Chavouoth, est le mercredi 29 mars. Le mardi 28 mars a donc été désigné « sabbat ».
En cette année 30, probablement vers le 20 mars, après avoir observé le degré de maturité des céréales, le Sanhédrin avait décidé que le mardi 28 de ce mois serait le sabbat où il faudrait apporter la première gerbe au Temple. C’est au moyen de feuxsignaux et de pigeons voyageurs qu’il a fait connaître aux juifs répartis sur les terres qui étaient alors connues, à quelle date aurait lieu, cette année-là, l’apport de cette gerbe et par conséquent la Pentecôte.
Lorsque nous lisons les versets cités plus haut, il faut se souvenir que le L. U. nous dit que les textes bibliques ont été remaniés à plusieurs reprises. Il est possible que ce soit le cas pour les versets concernant la Pentecôte. Il serait intéressant de pouvoir lire ces versets dans les manuscrits de la Mer Morte qui sont les plus anciens documents bibliques connus. Ils ont été découverts en 1947. Depuis plusieurs dizaines d’années, on nous annonce régulièrement que leur publication en français est imminente… et rien ne parait. Tout se passe comme s’il y avait une conspiration empêchant cette publication.
Moi aussi, je pense avoir bien lu les fascicules 172 à 194 ainsi que les documents dont je dispose sur les fêtes et l’histoire du calendrier juif. C’est pourquoi, suite aux explications données ci-dessus, je déclare que la Pentecôte de l’an 30 a eu lieu 40 jours après la Pâque.
Concernant la première partie de l’article de Monsieur Royer, 5000 ans est une erreur de la nouvelle traduction de juin 1994; La Cosmogonie D’Urantia, éditions de 1961 et 1971 indiquait 500000 ans. Idem pour le Livre D’URANTIA en un volume, non daté, paru au cours des années 80 .
André Chappuis
Dieu l'absolu | Le Lien Urantien — Numéro 34 — Été 2005 — Table des matières | L'impossible dialogue avec des fondamentalistes |