© 1996 Anne-Marie Ronfet
© 1996 Association Francophone des Lecteurs du Livre d'Urantia
L'Ajusteur selon C.G. Jung | Le Lien Urantien — Numéro 1 — Été 1996 — Table des matières | Urantia sur Internet |
« Aimer son prochain comme soi-même ».
Parole bien difficile à appliquer… Les préceptes les plus élémentaires du christianisme paraissent à beaucoup d’un idéalisme utopique presque ridicule. Et les sceptiques de sourire d’un air narquois sur le fait de tendre l’autre joue si la première est frappée… Nous vivons dans un monde totalement à l’opposé des préceptes du Christ.
Où l’amour se cache-t-il en nos coeurs hésitants ? La plupart du temps, nous avons peur du lendemain, de la maladie sournoise, du chômage menaçant et de la mort qui apparaît comme un gouffre, comme un vide, comme une non existence si l’on a pas la foi.
Et pourtant un petit quelque chose descend parfois sur nous comme une source de fraîcheur, un apaisement. On essaye de comprendre ce qui se passe. On se dit « Tiens, il y a Quelque chose qui me fait du bien. Ce Quelque chose est-il extérieur, intérieur ? En tous cas je me sens plus serein… »
Il me semble que Jung. dans « Ma Vie » a bien exprimé cela. Il raconte que dans sa jeunesse, il avait été accusé à tord par son maître d’avoir copié une de ses rédactions. Furieux, indigné, il protesta violemment. « Ma tristesse et ma fureur menaçaient de dépasser la mesure. Mais alors se produisit quelque chose que j’avais déjà plusieurs fois observé : un silence se fait soudain en moi, comme si l’on avait fermé une porte insonorisée, m’isolant d’une enceinte bruyante ; une froide curiosité se faisait jour en moi… »…Il dit plus loin : « …il existait toujours à l’arrière plan, le sentiment d’une participation de quelque chose qui n’était pas moi, un peu comme si j’avais été touché par un souffle venu de l’univers astral et des espaces infinis ou comme si un esprit invisible était entré dans la chambre ; un esprit disparu depuis longtemps mais qui serait continuellement présent dans l’intemporel et jusque dans un lointain avenir… »
La peur nous étreint. La colère aussi et cela souvent, avouons-le. Nous ne comprenons pas ce qui se passe en nous même ou chez les autres, et réagissons avec force, comme pour une survie
Un peu de conscience nous rend plus paisible. Parce que nous comprenons mieux ce qui ce passe en nous même et chez les autres. Nous prenons par l’intermédiaire d’une pensée plus élevée conscience de la violence de nos réactions. Un recul un peu froid se fait qui met une distance entre notre coeur et l’objet de nos angoisses. Et cette distance est provoquée par la force d’une idée, par un nouveau sentiment…qui arrive sur nous comme un éclair, ou comme une légère vague croissante… Tout dépend de notre fonctionnement intérieur. … Qu’est-ce qui agit ainsi en nous ? L’Ajusteur, le don du Père nous apaise. Ou une forme d’Esprit travaillant de façon plus extérieure ? Comment le savoir précisément? Mais Cela agit.
La conscience effusée à petite dose en nous par l’Esprit nous aide à construire notre connaissance de nous même et des autres. « Connais-toi toi-même » disaient les Sages… Et quand on se connaît un peu, on comprend plus l’être humain que nous sommes tous. Et l’on devient un peu plus tolérant, compatissant… On apprend chaque jour au fil de nos vies, à nous « voir », comme si un autre regard grandissait lentement en nous. Nous sommes aidés par le Père, qui parfois nous protège du pire comme on le fait avec un enfant, et parfois nous pousse en avant, nous aiguillonne. Nécessité oblige. Et tout cela baigne dans la Sollicitude. Nous avons juste ce dont nous avons besoin pour avancer.
Alors quand nous comprenons enfin que la paix nous est offerte à la fois comme un havre apaisant et une force à conquérir, nous avons parfois un élan de gratitude pour celui qui nous y sollicite si instamment…
Anne-Marie Ronfet
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