© 2016 Dominic Ronfet
© 2016 Association Francophone des Lecteurs du Livre d'Urantia
Témoignage de Côte d'Ivoire | Le Lien Urantien — Numéro 76 — Décembre 2016 — Table des matières | Implication du Libre Arbitre Dans Le Cosmos |
Traduction: Comment vivre en étant ouvert à l’Esprit
Il y a une vingtaine d’années je cherchais, dans mon insatiable curiosité, un livre dont l’édition était épuisée.
(Non, il ne s’agissait pas du Livre d’Urantia que je lisais déjà, d’ailleurs le sujet du livre importe peu.)
Mes recherches m’amenèrent à contacter par téléphone une dame qui avait connu l’auteur.
Cette personne que je ne connaissais pas du tout me proposa sans plus de fioritures de m’en envoyer une copie. Et en effet, je fus surpris de recevoir, quelques jours plus tard, une copie de ce livre de près de 400 pages, en format A3, relié. Et tout cela sans avoir un déboursé le moindre sou.
Accompagnant ce document au poids impressionnant se trouvait une petite carte avec ce texte curieux:
« Je suis Celui qui est issu de Celui qui est l’ouvert ».
Ce souvenir m’est revenu alors que je « réfléchissais »au thème que je souhaitais aborder dans cet article: que signifie être ouvert à l’Esprit, que je rapprochais de l’expression populaire « comment avoir l’esprit ouvert »? (Évidemment le lecteur du Livre d’Urantia aura traduit l’expression populaire par « Comment avoir le mental ouvert à l’Esprit » ?)
Ce même lecteur mettra ce qu’il veut, ou plutôt ce qu’il peut derrière le mot Esprit (adjuvat, Esprit de Vérité etc…), mais cela aussi n’est pas très important.
Je préviens tout de suite: je n’ai pas de recettes, et cet article ne cherche pas à démontrer une thèse mais à poser le lecteur en état d’écoute et d’ouverture intellectuelle, d’interrogation.
Si jamais j’atteignais ce but chez certains alors cet article n’aura pas été inutile.
Mais d’abord prenons en toile de fond la situation du lectorat des Fascicules, français, celui que je connais le mieux, mais aussi plus globalement tel qu’il ressort des expériences internationales: réunions, écoles Ubis, groupes d’études.
Beaucoup de lecteurs recherchent et s’interrogent
Yeshoua Jésus sur la finalité de ces écrits.
Devons-nous devenir des missionnaires actifs, afin de suivre un « Plan de Michael », si évident pour certains? Bref, le lectorat doute, le lectorat s’épuise, le lectorat vieillit (surtout en France), mais aussi pour contrebalancer ce phénomène certains s’engagent plus ouvertement et ne doutent pas que leurs efforts prosélytes ou autres seront récompensés. Je n’apporterai aucune critique aux efforts courageux et louables de ceux qui par leur travail intense proposent ici des cours, là des séminaires etc…
Mon propos est de nous replacer, individus, en situation d’avoir une philosophie de vie ouverte mentalement à une réalité supérieure, puisqu’il semble bien que cela soit le sens de l’évolution biologique.
Une première citation pour placer notre perspective:
« Jésus savait que tous les hommes étaient différents, et il l’enseigna à ses apôtres. Il les exhortait constamment à s’abstenir de toute tentative pour former les disciples et les croyants selon un modèle préétabli. Il cherchait à permettre à chaque âme de se développer à sa propre manière, à titre individuel, en se perfectionnant au regard de Dieu. En réponse à l’une des nombreuses questions de Pierre, le Maitre dit: « Je veux libérer les hommes de manière qu’ils puissent repartir comme de petits enfants dans une vie nouvelle et meilleure. » Jésus insistait toujours sur le fait que la vraie bonté doit être inconsciente, et qu’en faisant la charité, on ne doit pas permettre à la main gauche de savoir ce que fait la droite. LU 140:8.26.
Si nous essayons d’intégrer cette perspective, cette ouverture mentale vers un nouvel espace de liberté nous risquons d’être pris de vertige, et afin de ne pas nous mettre à parler de multiples langues mortes tels que l’araméen, très vite nous retourner vers nos vieux réflexes: nous mettre à… réfléchir comme nous savons si bien le faire. La réflexion, l’étude sont importantes, mais sans doute moins à cause du sujet abordé fut-il « suprêmement ultime », que par l’effort sympathique que nous faisons dans notre cage dorée.
Mais écoutons ce qu’Edward de Bono, un médecin qui s’est spécialisé dans les études comportementales, nous dit:
À quoi sert la réflexion?
Elle sert principalement à abolir la réflexion. Le cerveau travaille à rendre intelligible ce qui est confusion et incertitude, à reconnaitre dans le monde extérieur des structures qui lui sont familières. Dès que le cerveau reconnait une structure, il s’y engage et la suit — toute réflexion supplémentaire étant abolie. Cela ressemble à la conduite d’une voiture. Une fois arrivé sur une route connue, vous n’avez plus besoin d’utiliser carte ou boussole, de demander votre direction et de lire les panneaux de signalisation. En un sens, la réflexion, c’est un peu la recherche permanente d’une route familière qui rendrait la réflexion superflue. »
« Le principal but du cerveau est d’être brillamment « non créatif ». Et c’est dans l’ordre des choses. Mais, de temps en temps, un changement de structures s’impose. C’est difficile, car nous ne disposons pas vraiment de mécanismes appropriés. En politique, nous avons le système extraordinairement peu rentable et inefficace de l’« affrontement ». Faute de mieux, nous faisons de même dans les démarches intellectuelles et scientifiques.
En médecine, la plupart des grandes découvertes ont vu le jour grâce au hasard, à un accident ou à une erreur. Ce n’est guère étonnant, car, dans un système aussi complexe que le corps humain, des recherches systématiques sont impossibles. Aussitôt une percée réalisée, la méthode scientifique peut suivre et intervenir avec son arsenal d’outils d’analyse et de production.
En ce qui concerne le cerveau, les mécanismes pour changer de structures sont l’erreur, l’accident et l’humour. On voit difficilement d’autres mécanismes possibles. Travailler à l’intérieur des structures existantes ne produira jamais, en soi, de nouvelles structures. dward de Bono. « Réfléchir vite et bien. e partage tout à fait l’analyse de De Bono, qui rejoint d’ailleurs ceux de maitres zen ou soufis, avec la nuance qu’en tant que lecteur des fascicules je crois que mes efforts peuvent être récompensés par une influence supérieure.
Mais encore faut-il que ces efforts ne soient pas dans le renforcement de mes propres barrières, croyances et préjugés.
Il faut à minima, qu’une partie de moi soit à l’écoute, soit dans une certaine mesure déstabilisée pour qu’une intuition libératrice puisse venir éclairer une facette du réel avec une signification forte, non intellectuelle: réellement signifiante pour moi.
Ce rapport à cette autre réalité, que nous nommerons plus largement « esprit », est compliqué car il ne peut passer que par notre « mental », c’est-àdire dans cet espace où nous « pensons, ressentons et percevons, consciemment et inconsciemment » (0.5.8.8).
C’est dans cet aquarium que se construit notre rapport au monde, que nous élaborons tous les filtres culturels et autres afin que nous puissions vivre avec un cadre mental stable et sûr, fut-il passager.
Notre mental est ici à la fois notre passerelle et notre prison.
Si nous cultivons à l’extrême notre petit film intérieur, toujours le même, même si nous l’enrobons de terminologie cosmique alors nous ne changerons jamais.
Par contre, si nous arrivons par moments, « par erreur, par accidents ou par l’humour » comme le dit de BONO, alors nous permettons à un nouvel éclairage d’apparaitre.
Pour cela il est capital que nous ne limitions pas notre effort mental à notre effort cérébral.
Nous devons ressentir, par notre corps, notre capacité à bien penser.
Mais quel est donc cet Esprit qui, sous l’expression d’Esprit de Vérité, cherche à unifier l’humanité?
« La Pentecôte était destinée à diminuer l’outrecuidance d’individus, de groupes, de nations et de races — cet esprit d’outrecuidance dont la tension croit au point qu’il se déchaine périodiquement en guerres dévastatrices. Seule une approche spirituelle peut unifier l’humanité, et l’Esprit de Vérité est une influence mondiale universelle. » LU 194:3.18
L’outrecuidance est une forme assez répandue d’expression de puissance et de domination d’une population sur une autre, d’un individu sur un autre.
Toute notre histoire est construite autour de ces batailles qui partent finalement d’individus mal construits, et persuadés de comprendre le sens de ce qui leur arrive alors que nous sommes comme des aveugles guidant de force d’autres aveugles.
« Le jour de la Pentecôte, la religion de Jésus rompit toutes les restrictions nationales et entraves raciales. Il est éternellement vrai que "là où se trouve l’esprit du Seigneur, là est la liberté. ». LU 194:3.5
Alors pourquoi sommes-nous si peu à l’écoute de l’autre? Pourquoi avons-nous encore ces réflexes d’outrecuidances, à croire nos certitudes comme étant des vérités d’expériences à imposer, absolument.
Les Fascicules semblent se terminer sur ce message. :
« Ok, vous avez les dotations nécessaires, vous avez maintenant l’explication par l’histoire, que votre évolution est en effet graduelle. Alors ne recommencez pas les mêmes erreurs !!, Vivez, apprenez, aimez et croissez.»
Ma libre interprétation invite tout simplement chacun à avoir un comportement ouvert, à reconnaitre que, non, quoique nous fassions, l’Esprit n’est pas dans la recherche du déjà connu, mais bien dans un effort créateur de dépasser ce que nous croyons être exact, car notre mental est terriblement trompeur et ne souhaite pas que nous soyons libérés.
Le Livre nous invite à être libre, responsable et créateur de notre vie.
Une image me vient souvent: mettons le Livre d’Urantia sous nos pieds, il nous élèvera, mettons-le sur la tête (remplissons notre cerveau à l’extrême de son contenu) il nous aplatira.
Voilà, j’arrive au bout de la petite promenade que je voulais vous proposer.
Beaucoup seront peut-être déçus: aucune étude démonstrative.
Juste une balade dans un jardin que certains trouveront décousu et déroutant. Bien loin du jardin à la française que beaucoup affectionnent.
J’espère que d’autres s’y retrouveront et que cela les invitera aussi à cultiver leurs propres arômes. À rester en interrogation face au monde.
Et n’oublions pas que quoique nous fassions, quelque soit l’activité effectuée l’échanges entre personnes reste le terrain privilégié pour sortir de notre enfermement naturel.
Pour finir je citerais le poète pakistanais Mohamed Iqbal, dans l’introduction de son livre Le Livre de l’Eternité:
Heureux l’homme dont l’âme ignore le repos:
Il est le cavalier du coursier du temps;
La robe de la vie est faite à sa mesure,
Car il est le dernier-né de la création,
et devant lui s’ouvrent les âges.
Dominique Ronfet.
Témoignage de Côte d'Ivoire | Le Lien Urantien — Numéro 76 — Décembre 2016 — Table des matières | Implication du Libre Arbitre Dans Le Cosmos |