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Une morphologie longiligne mais musclée travaillée de longue date + un long travail pour développer ce gabarit « balèze, mais délié»»…
Avec son 100m en 9"58, Usain Bolt ne cesse de repousser les frontières du possible, ravivant l’éternel débat sur les limites de la performance humaine.
Et pourtant, les spécialistes affirment que l’homme le plus rapide du monde n’a pas encore atteint le maximum de son potentiel.
Jacques Pacienta, ancien entraîneur de Marie-José Pérec, a analysé ses courses au ralenti et en accéléré, en avant et en arrière…: dans les starting-blocks, Usain Bolt a une position particulière, proche de celle des coureurs du 110 m haies. « Les fesses hautes et la jambe très tendue avec un angle jambe-cuisse plus ouvert, ce qui favorise un départ en fréquence d’appui.
Et malgré cette option, il parvient à être à la même hauteur que ses adversaires aux 10 m et devant eux aux 20m… Plus que sa longueur de jambes, c’est sa force d’impulsion qui lui confère cette vélocité. « A l’entraînement, il cherche à diminuer l’amplitude segmentaire [écart entre les cuisses] pour obtenir une plus grande fréquence gestuelle associée à une meilleure impulsion et donc une foulée puissante. C’est une technique particulière qui lui est possible grâce à une musculature harmonieuse…
Une tête qui culmine à 1,96 m. Des pieds qui chaussent du 47 . Des deltoïdes proéminents. A sprinter hors norme, gabarit hors norme. Physiquement, Usain Bolt est un bijou de la biomécanique. Un statut qui éloigne les soupçons que pourraient légitimement réveiller ses performances d’extra-terrestre. Même Jacques Rogge, président du CIO et chantre de la lutte anti-dopage, estime que la fusée jamaïquaine est propre. « Il est l’un des athlètes les plus ciblés, il a été contrôlé des dizaines de fois, et a toujours été négatif. »
Sur une piste, Usain Bolt s’éclate. Le phénoménal Jamaïcain renvoie la performance sportive à la notion de plaisir ludique. Pour lui, courir est un jeu: « J’ai du plaisir et j’aime montrer aux autres que j’en prends. » Alors, pour ne surtout pas altérer cette jouissance enfantine, son coach, Glen Mills, se pose en génie de la créativité. « A l’entraînement, je varie mes programmes pour éviter la monotonie. » a philosophie consiste à enseigner le fait que le voyage est tout aussi important que la destination. » Le mentor insiste, le mental est crucial: « La tête est puissante. C’est elle qui dirige le corps. Ma philosophie consiste à enseigner le fait que le voyage est tout aussi important que la destination. »
Un voyage qui, pour cette combinaison gagnante Bolt-Mills, est passé par l’apprentissage de la décontraction mentale et du relâchement musculaire, dans une démarche globale de recherche de plaisir et de geste parfait.
Cela commence avant la course, avec ce show devenu marque de fabrique. « Généralement, les athlètes répètent des composants culturellement ancrés », explique un psychologue du sport à l’INSEP. « Mais Bolt est atypique. » Les mimiques qu’il fait avant le départ participent de cette stratégie de quête ludique et se posent en témoin d’une insondable solidité mentale. « Pouvoir être aussi décontracté jusqu’au dernier moment et ensuite mobiliser sa concentration à l’instant « T » est la preuve d’une grande force psychique. » « Bolt est d’autant plus relâché et expressif au départ qu’il se sent en confiance et invincible »…
La force de Bolt, c’est d’être lui-même : « Il n’est pas dirigé, dans sa manière d’être, par un exemple extérieur ou un modèle. Il s’est construit sa propre règle qui lui correspond et qui marche avant tout pour lui. En revanche, il est copié par d’autres dans son approche de précompétition. » …
Une fois en course, Usain Bolt parachève sa quête de plénitude par un relâchement musculaire sans précédent chez un sprinter.
« Le relâchement, c’est la capacité à donner une intensité maximale en procurant l’impression de ne pas le faire, c’est sentir que tout est facile, naturel »… L’effort renvoyé à la notion de plaisir.
La majorité des athlètes donnent une contre-information à leurs muscles, alors que le mouvement n’est pas terminé. Le fait d’aller au bout donne cette image de fluidité chez Bolt. Un aboutissement du geste que l’on retrouve chez Roger Federer. »
(ndlr)
Bref, un nouveau style d’athlétisme qui tend à faire des émules. La puissance et la musculature détrônée par le mental, l’assurance de soi, une réelle confiance dans son coach et en ses propres possibilités, une approche globale et humoristique…
Et nous, lecteurs du LU ? N’avons-nous pas les meilleurs coachs qui soient, le meilleur enseignement et le plus bel exemple de tous les temps pour faire de notre incarnation terrestre une heureuse performance? Soyons nous-mêmes, intègres et décontractés!
Guy de Viron
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