© 2006 Jan Herca (license Creative Commons Attribution-ShareAlike 4.0)
Machaerus ou Machaerus est le nom d’une forteresse habitée par Hérode Antipas où Jean-Baptiste fut emprisonné et où il fut décapité.
Près du site des ruines actuelles se trouve un village appelé Mukawer, nom donné par les Arabes aux vestiges romano-byzantins existants. À côté de ce village, au sommet d’une colline isolée et aride, se dressent les ruines de ce qui devait être la forteresse. Le nom donné au site par les Arabes est Qalaat al-Mishnaqa.
Cette forteresse était l’une des enclaves défensives les plus stratégiques de l’État juif dans la région de Pérée, à la frontière avec le royaume nabatéen. Le site a été érigé par l’Hasmonéen Alexandre Jannée en 90 av. J.-C. (BJ VII 6:2). En 57 av. J.-C., elle fut détruite pour la première fois par le gouverneur de Syrie, Gabinius, envoyé par Pompée pour réprimer une révolte de l’Asmonéen Aristobule II. Le bâtiment a été rasé jusqu’au niveau du sol.
Le palais fut reconstruit par Hérode le Grand à partir de 30 av. J.-C. (BJ VII 6:2-3). Après la mort d’Hérode, son fils Antipas en hérita comme partie de la région de Pérée. C’est dans la forteresse que Jean-Baptiste fut emprisonné et tué (AJ XVIII 5:1-2,18:109-119; Mt 14:1-12; Mc 6:14-29; Lc 9:7-9; LU 135:12.1). Après la mort du roi Agrippa Ier (44 après J.-C.), la forteresse tomba sous l’administration directe de la préfecture romaine.
Lorsque la révolte juive éclata (66 après J.-C.), les Romains abandonnèrent le fort aux rebelles (BJ II 18:6), qui y restèrent jusqu’en 72 après J.-C., lorsque Machaerus fut détruit par les Romains après un long siège. La première partie du siège fut dirigée par le général Cereale, puis le commandement passa à Lucilio Basso. Lorsque les légions eurent terminé le mur (vallus) et la rampe d’attaque (agger), certains Zélotes trahirent leurs camarades et livrèrent la forteresse aux Romains (BJ VII 6).
Les sources bibliographiques byzantines ultérieures ne mentionnent qu’un petit village appelé Maccaberi (Georgii Cyprii Descriptio, n. 1082 ; Cyrilli Vita Sabae, 82).
La colline isolée sur laquelle se dresse la forteresse est située à 700 m au-dessus du niveau de la mer et se trouve à l’extrémité d’un éperon entre le wadi Zerqa Ma’in au nord et le wadi Heidan-Mujib (la rivière Arnon) au sud. La montagne, isolée par de profonds ravins, forme deux collines au sud-est et au nord-ouest. On peut y accéder depuis la mer Morte à l’ouest ou depuis la région de Madaba à l’est.
Les fouilles archéologiques menées dans la région ont permis de clarifier la distinction faite par Josèphe entre la ville haute et la ville basse, cette dernière étant située sur les pentes nord. Dans la ville haute se trouvait le palais royal défendu par quatre tours dont seulement trois ont été identifiées. Les vestiges du palais sont tellement détruits qu’il est difficile de distinguer ce qui appartient à chaque période. La structure principale supérieure (probablement de l’époque d’Hérode le Grand) était divisée en deux ailes principales avec un couloir pavé allant du nord au sud. L’aile est longeait les côtés d’une cour pavée recouvrant une citerne avec des bains au sud et des pièces allongées au nord. L’aile ouest avait un péristyle au nord, construit sur une citerne, et relié à un triclinium au sud. Au fond de la citerne ont été retrouvés des stucs, des fragments de colonnes et de chapiteaux ainsi que des bases ioniques et doriques.
Dans sa période finale, un mur défensif polygonal fut construit sur tout le périmètre de la ville haute pour protéger les rebelles de la révolte juive. Des vestiges de la présence des Zélotes ont été découverts sur le site, tels que deux fours dans le sol en mosaïque de l’apoditerium et un mur mal travaillé sur le côté ouest du triclinium.
Dans la ville basse, seules quelques maisons ont été fouillées à l’intérieur du mur nord. Le mur était défendu des deux côtés par une tour. À l’intérieur de la tour nord-ouest, on pouvait accéder à une ouverture protégée donnant sur une grande citerne.
Les villes haute et basse étaient accessibles depuis l’est par un pont de 15 m de haut reliant la forteresse à la plaine. Il servait également d’aqueduc qui transportait l’eau de pluie jusqu’aux citernes creusées dans le versant nord de la montagne. Un aqueduc inférieur servait également au même usage pour les citernes situées à une altitude inférieure.
Rapport sur les fouilles de la campagne 2016-2017 (en anglais)
Centre de publication du Département jordanien des antiquités
Flavius Josephus, Œuvres complètes, Antiquités juives (AJ) et guerres juives (BJ), Maison d’édition culturelle Acervo, 1961.