Livre VI — Depuis la grande extrémité où furent réduits les Juifs jusqu'à la prise de Jérusalem par Titus | Page de titre | Préface aux Antiquités juives |
LES GUERRES DES JUIFS OU L’HISTOIRE DE LA DESTRUCTION DE JÉRUSALEM
LIVRE VII
CONTENANT UN INTERVALLE D’ENVIRON TROIS ANS.
DE LA PRISE DE JÉRUSALEM PAR TITUS À LA SÉDITION DE CYRÈNE
COMMENT TOUTE LA VILLE DE JÉRUSALEM FUT DÉMOLIE, À L’EXCEPTION DE TROIS TOURS ; ET COMMENT TITUS FÉLICITA SES SOLDATS DANS UN DISCOURS QU’IL LEUR ADRESSA, LEUR DISTRIBUA DES RÉCOMPENSES ET ENSUITE LIBÉRA PLUSIEURS D’ENTRE EUX.
1. Dès que l’armée n’eut plus de gens à tuer ni à piller, car il ne restait plus personne pour exciter sa fureur (car elle n’en aurait épargné aucun s’il lui était resté quelque autre travail à accomplir), César ordonna de démolir la ville et le temple tout entiers, mais de laisser debout les tours les plus importantes, à savoir Phasaël, Hippicus et Mariamne, ainsi que la partie de la muraille qui entourait la ville à l’ouest. Cette muraille fut épargnée afin de fournir un camp à ceux qui devaient y tenir garnison, de même que les tours, afin de démontrer à la postérité la grandeur de cette ville et sa bonne défense, vaincue par la valeur romaine. Mais le reste de la muraille fut si bien nivelé par ceux qui la creusèrent jusqu’aux fondations, qu’il ne resta rien qui pût faire croire à ceux qui s’y rendirent qu’elle avait jamais été habitée. Telle fut la fin à laquelle Jérusalem parvint à cause de la folie de ceux qui étaient pour les innovations ; une ville par ailleurs d’une grande magnificence et d’une grande renommée parmi toute l’humanité. [1]
2. César résolut d’y laisser, comme garde, la dixième légion, avec des troupes de cavaliers et des compagnies de fantassins. Ayant donc achevé cette guerre, il désirait féliciter toute son armée pour les hauts faits qu’elle avait accomplis, et décerner des récompenses dignes à ceux qui s’y seraient signalés. Il fit donc dresser un grand tribunal au milieu de la place où il avait campé auparavant, et s’y tint, entouré de ses principaux commandants, et parla de manière à être entendu de toute l’armée, en ces termes : « Il leur rendit de grands remerciements pour la bienveillance qu’ils lui avaient témoignée ; il les félicita de leur obéissance prompte pendant toute cette guerre, obéissance qui s’était manifestée dans les nombreux et grands dangers qu’ils avaient courageusement affrontés ; » Français ainsi que pour le courage dont ils avaient fait preuve, augmentant ainsi la puissance de leur pays, et montrant à tous que ni la multitude de leurs ennemis, ni la force de leurs places, ni la grandeur de leurs villes, ni l’audace téméraire et la rage brutale de leurs adversaires, ne suffisaient à aucun moment à se défaire de la valeur romaine, bien que certains d’entre eux aient pu avoir la fortune à bien des égards de leur côté. Il ajouta qu’il était tout à fait raisonnable pour eux de mettre fin à cette guerre, maintenant qu’elle avait duré si longtemps, car ils n’avaient rien de mieux à souhaiter en s’y engageant ; et que cela leur était d’autant plus favorable, et plus encore pour leur gloire, que tous les Romains avaient volontiers accepté comme gouverneurs et conservateurs de leurs domaines ceux qu’ils avaient choisis et envoyés dans leur propre pays à cette fin, qui restait toujours sous la direction de ceux qu’ils avaient choisis, et leur en étaient reconnaissants. Français En conséquence, bien qu’il les admirât et les considérât tous avec tendresse, parce qu’il savait que chacun d’eux s’était acquitté de sa tâche avec autant de joie que ses capacités et les occasions le lui permettaient, il disait néanmoins qu’il accorderait immédiatement des récompenses et des dignités à ceux qui auraient combattu le plus bravement et avec plus de force, qui auraient signalé leur conduite de la manière la plus glorieuse et qui auraient rendu son armée plus célèbre par leurs nobles exploits ; et que personne qui aurait été disposé à prendre plus de peine qu’un autre ne manquerait d’une juste rétribution pour cela ; car il avait été extrêmement prudent à ce sujet, et cela d’autant plus qu’il préférait de loin récompenser les vertus de ses camarades soldats plutôt que punir ceux qui avaient offensé.
3. Titus ordonna alors à ceux qui avaient la charge de lire la liste de tous ceux qui avaient accompli de grands exploits dans cette guerre. Il les appela par leurs noms, les félicita devant la troupe et s’en réjouit comme on se réjouirait de ses propres exploits. Il mit sur leurs têtes des couronnes d’or, des ornements d’or au cou, leur donna de longues lances d’or et des insignes d’argent, et les éleva à un rang supérieur. De plus, il leur distribua généreusement, sur le butin et le butin qu’ils avaient pris, de l’argent, de l’or et des vêtements. Après avoir reçu tous ces honneurs, selon les instructions qu’il avait données à chacun, et souhaité à toute l’armée tous les bonheurs possibles, il descendit, au milieu des acclamations qui lui étaient adressées, puis il offrit des sacrifices d’action de grâces aux dieux. Il sacrifia aussitôt un grand nombre de bœufs, disposés sur les autels, et les distribua à l’armée pour festin. Après être resté trois jours parmi les principaux commandants et avoir festoyé avec eux, il renvoya le reste de son armée aux endroits où chacun serait le mieux placé ; mais il autorisa la dixième légion à rester comme garde à Jérusalem, et ne la renvoya pas au-delà de l’Euphrate, où elle se trouvait auparavant. Et se souvenant que la douzième légion avait cédé aux Juifs, sous Cestius leur général, il les chassa de toute la Syrie, car ils avaient auparavant campé à Raphaël, et les envoya à un lieu appelé Mélétine, près de l’Euphrate, qui est à la frontière de l’Arménie et de la Cappadoce. Il jugea aussi bon que deux de ces légions restent avec lui jusqu’à son départ pour l’Égypte. Il descendit alors avec son armée à Césarée, qui était au bord de la mer, et y déposa le reste de son butin en grande quantité, et donna l’ordre d’y garder les captifs ; car l’hiver l’empêchait alors de naviguer vers l’Italie.
Comment Titus a présenté toutes sortes de spectacles à Césarée de Philippe. Concernant Simon le Tyran, comment il a été pris et réservé pour le triomphe.
1. Au même moment où Titus César assiégeait Jérusalem, Vespasien monta sur un navire marchand et fit voile d’Alexandrie pour Rhodes. D’où il partit sur des navires à trois rangs de rames. Comme il abordait plusieurs villes sur sa route, il fut accueilli avec joie par toutes. Il passa ainsi de l’Ionie à la Grèce. De là, il fit voile de Corcyre vers le promontoire d’Iapyx, d’où il poursuivit son voyage par terre. Titus, quant à lui, quitta Césarée, située au bord de la mer, et arriva à Césarée de Philippe. Il y séjourna un temps considérable et y fit toutes sortes de spectacles. Là, un grand nombre de captifs furent exterminés, les uns livrés aux bêtes sauvages, les autres contraints de s’entretuer, comme s’ils étaient leurs ennemis. Et c’est là que Titus fut informé de l’arrestation de Simon, fils de Gioras, qui s’était faite de la manière suivante : Ce Simon, pendant le siège de Jérusalem, se trouvait dans la ville haute ; mais lorsque l’armée romaine fut entrée dans les murs et ravagea la ville, il prit alors avec lui ses plus fidèles amis, parmi lesquels des tailleurs de pierre, avec les outils de fer qui appartenaient à leur métier, et une quantité suffisante de provisions pour leur suffire longtemps, et descendit avec tous dans une certaine caverne souterraine qui n’était pas visible au-dessus du sol. Maintenant, aussi loin qu’ils avaient été creusés autrefois, ils la longèrent sans être dérangés ; mais là où ils rencontrèrent de la terre ferme, ils creusèrent une mine sous terre, et cela dans l’espoir de pouvoir aller assez loin pour remonter du sous-sol dans un endroit sûr, et par ce moyen s’échapper. Mais lorsqu’ils en vinrent à faire l’expérience, ils furent déçus ; car les mineurs ne pouvaient faire que peu de progrès, et cela aussi avec difficulté ; de sorte que leurs provisions, bien qu’elles fussent distribuées au compte-gouttes, commencèrent à leur manquer. Alors Simon, pensant pouvoir surprendre et échapper aux Romains, revêtit une robe blanche, boutonna un manteau de pourpre et sortit de terre à l’endroit où se trouvait autrefois le temple. Au début, ceux qui le virent furent très étonnés et restèrent immobiles ; mais ensuite, ils s’approchèrent de lui et lui demandèrent qui il était. Simon ne voulut pas le leur dire, mais leur ordonna d’appeler leur capitaine ; et lorsqu’ils coururent l’appeler, Terentius Rufus [2], resté à la tête de l’armée là-bas, vint à Simon, apprit de lui toute la vérité, le garda enchaîné et fit savoir à César qu’il était pris. Ainsi Dieu fit punir cet homme pour la tyrannie cruelle et féroce qu’il avait exercée contre ses compatriotes par ceux qui étaient ses pires ennemis ; et cela alors qu’il n’a pas été vaincu par la violence, mais s’est volontairement livré à eux pour être puni, et cela à cause même du fait qu’il avait porté de fausses accusations contre de nombreux Juifs,Comme s’ils se soumettaient aux Romains et les avaient cruellement massacrés. Car les mauvaises actions n’échappent pas à la colère divine, et la justice n’est pas trop faible pour punir les coupables. Mais avec le temps, elle rattrape ceux qui transgressent ses lois et inflige ses châtiments aux méchants d’une manière d’autant plus sévère qu’ils s’attendaient à y échapper faute d’être punis immédiatement. [3] Simon s’en rendit compte en tombant sous l’indignation des Romains. Cette remontée hors de terre permit également de découvrir un grand nombre d’autres séditieux de l’époque, qui s’étaient cachés sous terre. Quant à Simon, il fut conduit enchaîné à César, lorsqu’il fut ramené auprès de cette Césarée qui était sur la mer, et qui ordonna qu’il soit gardé pour le triomphe qu’il devait célébrer à Rome à cette occasion.
Comment Titus, lors de la célébration des anniversaires de ses frères et de son père, fit tuer plusieurs Juifs. Concernant le danger dans lequel se trouvaient les Juifs à Antioche, à cause des transgressions et de l’impiété d’un certain Antioche, Juif.
1. Pendant que Titus était à Césarée, il célébra l’anniversaire de son frère Domitien avec faste et infligea aux Juifs une grande partie du châtiment prévu en son honneur. Le nombre de ceux qui furent tués en combattant les bêtes, brûlés et se battirent entre eux dépassa les deux mille cinq cents. Pourtant, tout cela parut aux Romains, après avoir été ainsi détruits par dix mille de diverses manières, un châtiment indigne de leur mérite. Après cela, César se rendit à Béryte, [4] ville de Phénicie et colonie romaine, et y séjourna plus longtemps. Il fit preuve d’une solennité encore plus pompeuse pour l’anniversaire de son père, tant par la magnificence des festivités que par les dépenses considérables qu’il engagea pour y parvenir. De sorte qu’une grande quantité de captifs y furent exterminés de la même manière que précédemment.
2. Il arriva aussi, vers cette époque, que les Juifs restés à Antioche étaient sous le coup d’accusations et en danger de périr à cause des troubles que les Antiochiens soulevaient contre eux ; et cela à cause des calomnies répandues à ce moment-là contre eux, et à cause des farces qu’ils avaient faites peu de temps auparavant ; que je suis obligé de décrire sans faute, quoique brièvement, afin de mieux relier mon récit des actions futures à celles qui ont précédé.
3. Car, de même que la nation juive est largement dispersée sur toute la terre habitable parmi ses habitants, de même elle est très mêlée à la Syrie en raison de son voisinage, et avait les plus grandes multitudes à Antioche en raison de la grandeur de la ville, où les rois, après Antiochus, leur avaient offert une habitation avec la plus grande tranquillité. Car bien qu’Antiochus, qui était appelé Épiphane, ait ravagé Jérusalem et pillé le temple, néanmoins ceux qui lui ont succédé dans le royaume ont restitué toutes les donations d’airain qui avaient été faites aux Juifs d’Antioche et les ont consacrées à leur synagogue, et leur ont accordé la jouissance des mêmes privilèges de citoyens que les Grecs eux-mêmes ; et comme les rois suivants les ont traités de la même manière, ils se sont multipliés en grand nombre et ont orné leur temple glorieusement par de beaux ornements, et avec une grande magnificence, dans l’usage de ce qui leur avait été donné. Ils firent aussi des prosélytes d’un grand nombre de Grecs, les rapprochant ainsi en quelque sorte de leur propre peuple. Mais à cette époque, alors que la guerre éclatait, que Vespasien venait de s’embarquer pour la Syrie et que tous s’étaient pris d’une grande haine contre les Juifs, un certain Antiochus, de la nation juive et très respecté à cause de son père, gouverneur des Juifs à Antioche [5], arriva au théâtre, au moment où le peuple d’Antioche était rassemblé. Il dénonça son père et l’accusa, lui et d’autres, d’avoir résolu de brûler toute la ville en une nuit. Il leur livra également des Juifs étrangers, comme partenaires de leur projet. À cette nouvelle, le peuple ne put contenir sa colère et ordonna qu’on brûlât ceux qui lui étaient livrés. Tous furent donc brûlés immédiatement sur le théâtre. Ils s’abattirent aussi violemment sur la multitude des Juifs, pensant qu’en les punissant subitement ils sauveraient leur ville. Quant à Antiochus, il aggrava leur colère et crut leur donner une démonstration de sa conversion, affermie par sa haine des coutumes juives, en sacrifiant à la manière des Grecs. Il persuada les autres de les contraindre à faire de même, car ils découvriraient ainsi ceux qui avaient comploté contre eux, puisqu’ils refusèrent. Lorsque les habitants d’Antioche tentèrent l’expérience, quelques-uns obéirent, mais ceux qui refusèrent furent tués. Quant à Ailtiochus lui-même, il obtint des soldats du commandant romain et devint un maître sévère envers ses propres citoyens, ne leur permettant pas de se reposer le septième jour, mais les forçant à faire tout ce qu’ils faisaient habituellement les autres jours. Il les réduisit à un tel degré de détresse que le repos du septième jour fut interrompu non seulement à Antioche,mais la même chose qui a pris naissance là s’est produite dans d’autres villes également, de la même manière, pendant un certain temps.
4. Or, après que ces malheurs furent arrivés aux Juifs à Antioche, une seconde calamité leur arriva, dont la description, lorsque nous étions en déplacement, nous avons commencé le récit précédent ; car à la suite de cet accident, par lequel la place du marché carrée fut incendiée ainsi que les archives, le lieu où les archives publiques étaient conservées, et les palais royaux, (et ce ne fut pas sans difficulté que l’incendie fut alors arrêté, qui était susceptible, par la fureur avec laquelle il fut porté, d’avoir gagné toute la ville), Antiochus accusa les Juifs d’être la cause de tous les maux qui furent causés. Français Or, cela porta le peuple d’Antioche, qui était maintenant sous la persuasion immédiate, à cause du désordre dans lequel il se trouvait, que cette calomnie était vraie, et aurait été sous la même persuasion, même s’il n’avait pas porté de rancune aux Juifs auparavant, à croire l’accusation de cet homme, surtout quand ils considéraient ce qui s’était passé auparavant, et cela à un tel degré, qu’ils se jetèrent tous violemment sur les accusés, et cela, comme des fous, dans une rage très furieuse aussi, comme s’ils avaient vu les Juifs mettre le feu à la ville. Et ce ne fut pas sans difficulté qu’un certain Cneius Collegas, le légat, put les persuader de permettre que l’affaire soit portée devant César ; car quant à Cesennius Petus, le président de Syrie, Vespasien l’avait déjà renvoyé ; et il se trouve qu’il n’était pas encore revenu. Mais après une enquête minutieuse, Collegas découvrit la vérité : aucun des Juifs accusés par Antiochus n’y était pour rien, mais tout était l’œuvre de quelques individus vils, lourdement endettés, qui pensaient qu’en mettant le feu à la place publique et en brûlant les archives publiques, ils ne seraient plus poursuivis. Les Juifs étaient donc en proie à un grand désordre et à une grande terreur, dans l’incertitude des conséquences de ces accusations.
Comment Vespasien fut reçu à Rome ; ainsi que les Allemands se révoltèrent contre les Romains, mais furent vaincus. Les Sarmates envahirent la Mysie, mais furent contraints de se retirer dans leur propre pays.
1. Et maintenant Tite César, sur la nouvelle qui lui fut apportée au sujet de son père, que
Sa venue était très désirée par toutes les villes italiennes, et Rome, en particulier, l’accueillit avec une grande joie et une grande splendeur, se livrant à de grandes réjouissances et à de nombreux plaisirs, libéré de la sollicitude dont il avait fait l’objet, de la manière la plus agréable. Car tous les hommes présents en Italie lui témoignèrent leur respect avant son arrivée, comme s’il était déjà arrivé, considérant l’attente même de sa présence comme une présence réelle, en raison du grand désir qu’ils avaient de le voir, et parce que la bienveillance qu’ils lui portaient était entièrement libre et sans contrainte. Il était en effet souhaitable pour le Sénat, qui se souvenait bien des calamités subies lors des derniers changements de gouverneurs, de recevoir un gouverneur orné de la gravité de la vieillesse et d’une grande habileté dans les actions militaires, dont l’avancement ne servirait, comme ils le savaient, qu’à la préservation de ceux qui allaient être gouvernés. De plus, le peuple avait été si accablé par ses misères civiles qu’il désirait encore plus ardemment sa venue immédiate, supposant qu’il serait alors définitivement délivré de ses calamités et qu’il retrouverait alors une tranquillité et une prospérité assurées. Quant aux soldats, ils avaient pour lui la plus grande considération, car ils étaient surtout informés de ses grands exploits militaires. Ayant constaté le manque d’habileté et de courage d’autres chefs, ils désiraient vivement être délivrés de la grande honte qu’ils avaient subie par leur faute, et souhaitaient ardemment recevoir un prince qui puisse leur être une sécurité et un ornement. Et comme cette bienveillance envers Vespasien était universelle, ceux qui jouissaient de dignités remarquables n’eurent pas la patience de rester à Rome, et se hâtèrent d’aller le rencontrer à une très grande distance de Rome. Bien plus, aucun des autres ne put supporter le retard de sa visite. Ils sortirent tous en foule, convaincus qu’il était plus facile et préférable de sortir que d’y rester, si bien que ce fut la première fois que la ville se vit avec joie presque vide de ses habitants ; car ceux qui restaient à l’intérieur étaient moins nombreux que ceux qui sortaient. Mais dès que la nouvelle de sa proximité fut arrivée, et que ceux qui l’avaient rencontré racontèrent avec quelle bonne humeur il accueillait chacun de ceux qui venaient à lui, toute la multitude restée dans la ville, avec femmes et enfants, se retira sur la route et l’attendit. Ceux qu’il croisait poussèrent toutes sortes d’acclamations, à cause de la joie qu’ils avaient de le voir et de la gentillesse de son visage, et le nommèrent leur bienfaiteur et leur sauveur, et le seul digne de gouverner la ville de Rome. Et maintenant la ville était comme un temple, pleine de guirlandes et de douces odeurs ; et il ne lui était pas facile de venir au palais royal,La multitude qui l’entourait, où il accomplit enfin ses sacrifices d’action de grâces aux dieux de sa maison pour son retour sain et sauf à la ville, se livra également à des festins ; ils célébrèrent des festins et des libations par tribus, familles et quartiers, et continuèrent à prier Dieu de permettre à Vespasien, à ses fils et à toute leur postérité de rester longtemps au pouvoir à Rome, et de préserver son empire de toute opposition. C’est ainsi que Rome accueillit Vespasien avec tant de joie, et connut immédiatement une grande prospérité.
2. Mais auparavant, tandis que Vespasien était à Alexandrie et que Titus assiégeait Jérusalem, une grande multitude de Germains s’était soulevée et tendait à la rébellion. Les Gaulois voisins se joignant à eux, ils conspirèrent ensemble, nourrissant ainsi de grands espoirs de succès et de libération de la domination romaine. Les motifs qui poussèrent les Germains à tenter cette révolte et à déclencher la guerre étaient les suivants : d’abord, la nature du peuple, dépourvu de raisonnements justes et prêt à se jeter témérairement dans le danger, avec peu d’espoir ; ensuite, la haine qu’ils portaient à leurs gouvernants, alors que leur nation n’avait jamais eu conscience d’être soumise à personne d’autre qu’aux Romains, et cela seulement par contrainte. Outre ces motifs, c’était l’occasion qui se présentait alors qui, plus que tout autre, les décida à agir ainsi ; Français car lorsqu’ils virent le gouvernement romain dans un grand désordre interne, par les changements continuels de ses dirigeants, et comprirent que chaque partie de la terre habitable sous eux était dans un état instable et chancelant, ils pensèrent que c’était la meilleure occasion qui pouvait se présenter pour eux-mêmes de faire une sédition, alors que l’état des Romains était si mauvais. Classicus [6] aussi, et Vitellius, deux de leurs commandants, les enflèrent de tels espoirs. Ceux-ci avaient depuis longtemps ouvertement désiré une telle innovation, et furent incités par l’occasion présente à risquer la déclaration de leurs sentiments ; la multitude était également prête ; et lorsque ces hommes leur firent part de ce qu’ils avaient l’intention de tenter, cette nouvelle fut accueillie avec joie par eux. Français Ainsi, lorsqu’une grande partie des Germains avaient accepté de se révolter, et que le reste n’était pas mieux disposé, Vespasien, guidé par la divine Providence, envoya des lettres à Petilius Cerealis, qui avait eu auparavant le commandement de la Germanie, par lesquelles il le déclarait avoir la dignité de consul, et lui ordonnait de prendre sur lui le gouvernement de la Bretagne ; ainsi il se rendit où il avait reçu l’ordre d’aller, et quand il fut informé de la révolte des Germains, il fondit sur eux dès qu’ils furent rassemblés, et mit son armée en bataille, et en tua un grand nombre dans le combat, et les força à cesser leur folie, et à devenir plus sages ; bien plus, s’il n’était pas tombé si soudainement sur eux sur place, il n’aurait pas fallu longtemps avant qu’ils aient été amenés au châtiment ; Dès que la nouvelle de leur révolte fut parvenue à Rome et que César Domitien en fut informé, il ne tarda pas, malgré son jeune âge, à entreprendre cette lourde tâche. Il tenait de son père un courage inné et avait fait des progrès plus considérables que ceux d’un tel âge. Aussi marcha-t-il immédiatement contre les barbares ; à la seule nouvelle de son approche, ils furent saisis de crainte et se soumirent à lui.et il trouva heureux qu’ils soient de nouveau soumis à leur ancien joug sans subir de nouveaux maux. Lorsque Domitien eut donc réglé toutes les affaires de la Gaule en si bon ordre qu’il ne serait plus facile de la désorganiser, il revint à Rome avec honneur et gloire, ayant accompli des exploits au-dessus de son âge, mais dignes d’un si grand père.
3. Au même moment que la révolte des Germains, mentionnée plus haut, eut lieu l’audacieuse tentative des Scythes contre les Romains. Ces Scythes, appelés Sarmates, étant un peuple très nombreux, se transportèrent en Mysie, traversant le Danube, sans être aperçus. Après quoi, par leur violence et une attaque totalement inattendue, ils massacrèrent un grand nombre de Romains qui gardaient les frontières. Le légat consulaire Fonteius Agrippa, venu à leur rencontre et les combattant courageusement, fut tué par eux. Ils envahirent alors toute la région qui lui avait été soumise, déchirant et déchirant tout ce qui se trouvait sur leur passage. Mais lorsque Vespasien fut informé de ce qui s’était passé et de la façon dont la Mysie avait été ravagée, il envoya Rubrius Gallus punir ces Sarmates. Nombre d’entre eux périrent dans les combats qu’il leur livra, et ceux qui échappèrent s’enfuirent, effrayés, dans leur patrie. Lorsque ce général eut mis fin à la guerre, il veilla également à la sécurité future du pays ; il y installa des garnisons de plus en plus nombreuses, jusqu’à rendre le passage du fleuve impossible aux barbares. Ainsi prit fin subitement la guerre de Mysie.
CONCERNANT LE FLEUVE SABBATIQUE QUE TITUS VIT LORSQU’IL TRAVERSAIT LA SYRIE ; ET COMMENT LES HOMMES D’ANTIOCHE VENUS AVOIR UNE PÉTITION CONTRE LES JUIFS À TITUS, MAIS ONT ÉTÉ REJETÉS PAR LUI ; AINSI QUE CONCERNANT LE TRIOMPHE DE TITUS ET DE VESPASIEN.
1. Or, Titus César séjourna quelque temps à Béryte, comme nous vous l’avons déjà dit. De là, il se rendit et fit des spectacles magnifiques dans toutes les villes de Syrie qu’il traversa, et se servit des Juifs captifs comme exemples publics de la destruction de cette nation. En chemin, il aperçut un fleuve d’une nature digne d’être mentionnée dans l’histoire ; il coule entre Arcée, qui appartient au royaume d’Agrippa, et Raphanée. Il a quelque chose de très particulier en lui ; lorsqu’il coule, son courant est fort et abondant ; après quoi, ses sources tarissent pendant six jours consécutifs, laissant son lit à sec, comme chacun peut le constater ; après quoi, il coule le septième jour comme auparavant, et comme s’il n’avait subi aucun changement. On a d’ailleurs observé que cet ordre se maintient perpétuellement et exactement ; d’où son nom de fleuve sabbatique [7], ce nom étant tiré du septième jour sacré chez les Juifs.
2. Or, lorsque les Antiochiens apprirent l’approche de Titus, ils en furent si heureux qu’ils ne purent rester dans leurs murs et se hâtèrent d’aller le rencontrer. Ils parcoururent même trente stades et plus dans ce but. Ce n’étaient pas seulement les hommes, mais aussi une multitude de femmes et leurs enfants. Lorsqu’ils le virent s’approcher, ils se tinrent des deux côtés du chemin, étendirent la main droite, le saluèrent et l’acclamèrent de toutes sortes, puis rebroussèrent chemin avec lui. Eux aussi, parmi toutes ces acclamations, le supplièrent tout le long du chemin de chasser les Juifs de leur ville. Titus ne céda pas à leur prière, mais la leur accorda discrètement. Cependant, les Juifs étaient saisis d’une peur terrible, dans l’incertitude de son opinion et de ce qu’il allait leur faire. Titus ne resta pas à Antioche, mais continua immédiatement sa route vers Zeugma, située sur l’Euphrate. Là, des messagers de Vologèse, roi de Parthie, lui apportèrent une couronne d’or pour sa victoire sur les Juifs. Il l’accepta, offrit un festin aux messagers du roi, puis retourna à Antioche. Le sénat et le peuple d’Antioche le supplièrent instamment de se rendre sur leur théâtre, où toute leur multitude était rassemblée et l’attendait. Il accepta avec une grande humanité. Mais comme ils le pressaient avec beaucoup d’insistance et le suppliaient continuellement d’expulser les Juifs de leur ville, il leur fit cette réponse très pertinente : « Comment cela peut-il se faire, puisque leur pays, où les Juifs doivent alors se retirer, est détruit, et qu’aucun autre endroit ne les accueillera ? » Sur quoi, les habitants d’Antioche, après avoir échoué dans leur première requête, lui en adressèrent une seconde ; ils désiraient qu’il ordonne le retrait des tables d’airain sur lesquelles étaient gravées les privilèges des Juifs. Cependant, Titus refusa cela non plus, mais permit aux Juifs d’Antioche de continuer à jouir des mêmes privilèges dans cette ville qu’auparavant, puis il partit pour l’Égypte. Arrivé à Jérusalem en chemin, comparant l’état mélancolique dans lequel il la voyait alors à la gloire antique de la ville, et se rappelant la grandeur de ses ruines actuelles, ainsi que son ancienne splendeur, il ne put que plaindre la destruction de la ville, tant il était loin de s’en vanter. Une ville aussi grande et aussi belle avait été prise par lui de force. Il maudissait même fréquemment ceux qui avaient été les auteurs de leur révolte et qui avaient infligé un tel châtiment à la ville, à tel point qu’il apparaissait clairement qu’il ne souhaitait pas qu’une calamité telle que leur châtiment fût une démonstration de son courage. Pourtant, une grande partie des richesses de cette ville se retrouvait encore parmi ses ruines.Les Romains en ont déterré une grande partie ; mais la plus grande partie a été découverte par ceux qui étaient captifs, et ils l’ont donc emportée ; je veux dire l’or et l’argent, et le reste de ce mobilier très précieux que les Juifs possédaient, et que leurs propriétaires avaient conservé sous terre, en prévision des fortunes incertaines de la guerre.
3. Titus entreprit donc le voyage qu’il projetait en Égypte, traversa le désert à l’improviste et arriva à Alexandrie. Il résolut de rejoindre Rome par mer. Accompagné de deux légions, il les renvoya chacune d’elles à leurs lieux d’origine : la cinquième en Mysie, la quinzième en Pannonie. Quant aux chefs des captifs, Simon et Jean, ainsi que les sept cents autres hommes, qu’il avait choisis parmi les autres pour leur grande taille et leur belle silhouette, il ordonna qu’ils soient bientôt emmenés en Italie, résolu à les représenter à son triomphe. Ainsi, après avoir espéré un voyage heureux, la ville de Rome se conduisit avec lui, et les reçut à distance, comme elle l’avait fait pour son père. Mais ce qui fit le plus éclat aux yeux de Titus, ce fut lorsque son père le rencontra et le reçut. Français mais la multitude des citoyens ressentit une joie immense en les voyant tous trois réunis, [8] comme ils le faisaient alors ; et il ne s’écoula pas beaucoup de jours qu’ils décidèrent de n’avoir qu’un seul triomphe, qui serait commun aux deux, en raison des glorieux exploits qu’ils avaient accomplis, bien que le sénat eût décrété un triomphe séparé pour chacun d’eux. Aussi, après avoir annoncé à l’avance le jour fixé pour cette solennité pompeuse, en raison de leurs victoires, pas un seul de l’immense multitude ne resta dans la ville ; chacun sortit seulement pour gagner un poste où se tenir, et ne laissa que le passage nécessaire à ceux qui devaient être vus pour le parcourir.
4. Toute la troupe marcha en avant, par compagnies, en rangs séparés, sous leurs différents commandants, pendant la nuit, et se tenait près des portes, non pas des palais supérieurs, mais de celles qui se trouvaient près du temple d’Isis ; car c’est là que les empereurs s’étaient reposés la nuit précédente. Dès que le jour parut, Vespasien et Titus sortirent, couronnés de lauriers et revêtus de ces anciens habits de pourpre propres à leur famille, puis se rendirent jusqu’aux Allées d’Octave ; car c’est là que les attendaient le Sénat, les principaux souverains et ceux qui avaient été enregistrés comme appartenant à l’ordre équestre. Un tribunal avait été érigé devant les cloîtres, et des chaises d’ivoire y avaient été placées, lorsqu’ils vinrent s’y asseoir. Sur quoi, la troupe les acclama aussitôt, et tous leur rendirent témoignage de leur valeur. Tandis qu’eux-mêmes étaient sans armes, vêtus seulement de leurs vêtements de soie et couronnés de lauriers, Vespasien accepta leurs acclamations ; mais, comme ils étaient encore disposés à poursuivre leurs acclamations, il leur fit signe de silence. Lorsque tout le monde se tut, il se leva et, se couvrant la majeure partie de la tête de son manteau, il prononça les prières solennelles habituelles ; Titus fit de même. Après ces prières, Vespasien prononça un bref discours devant tout le peuple, puis renvoya les soldats au dîner préparé par les empereurs. Il se retira ensuite à la porte dite de la Pompe, car les spectacles pompeux passent toujours par là. C’est là qu’ils goûtèrent à la nourriture, puis, après avoir revêtu leurs vêtements de triomphe et offert des sacrifices aux dieux placés à la porte, ils lancèrent le triomphe et traversèrent les théâtres, afin d’être mieux vus de la foule.
5. Il est impossible de décrire la multitude des spectacles comme ils le méritent, ni leur magnificence ; on ne pourrait guère imaginer qu’ils aient été réalisés par le travail des ouvriers, par la variété des richesses ou par les raretés de la nature. Car presque toutes les curiosités que les hommes les plus heureux peuvent acquérir par morceaux étaient ici entassées les unes sur les autres, et celles-ci étaient à la fois admirables et précieuses par nature ; et toutes réunies ce jour-là démontraient l’immensité des territoires romains ; on pouvait y voir une immense quantité d’argent, d’or et d’ivoire, confectionnés en toutes sortes d’objets, et qui ne semblaient pas seulement transportés avec pompe, mais, comme on pourrait le dire, coulant comme un fleuve. Certaines parties étaient composées des plus rares tentures de pourpre, et ainsi transportées ; et d’autres représentaient fidèlement ce que les arts babyloniens avaient brodé. Il y avait aussi des pierres précieuses transparentes, certaines serties dans des couronnes d’or, d’autres dans d’autres, selon le choix des ouvriers. On en apporta un si grand nombre que nous ne pûmes nous empêcher de constater combien nous avions eu tort de les considérer comme des raretés. On apporta également des images de dieux, aussi remarquables par leur taille que réalisées avec art et habileté par les ouvriers. Elles étaient toutes faites de matériaux précieux. On apporta également de nombreuses espèces d’animaux, chacun avec ses ornements naturels. Les hommes qui apportèrent chacun de ces spectacles étaient nombreux, vêtus de vêtements de pourpre, entièrement entrelacés d’or ; ceux qui furent choisis pour porter ces fastueuses représentations portaient également des ornements magnifiques, à la fois extraordinaires et surprenants. De plus, on pouvait constater que même le grand nombre de captifs n’était pas sans ornements, la variété de leurs vêtements et la finesse de leur texture dissimulant la difformité de leurs corps. Mais ce qui surprenait le plus, c’était la structure des cortèges portés. Car, en effet, celui qui les rencontrait ne pouvait s’empêcher de craindre que les porteurs ne puissent les soutenir suffisamment, tant leur ampleur était grande. Nombre d’entre eux étaient construits de manière à s’élever sur trois, voire quatre étages, les uns au-dessus des autres. La magnificence de leur structure était à la fois source de plaisir et de surprise : sur nombre d’entre eux étaient posés des tapis d’or. De l’or ouvragé et de l’ivoire étaient également fixés autour d’eux ; de nombreuses ressemblances avec la guerre, de diverses manières et par divers artifices, offraient un portrait des plus vivants. On pouvait y voir un pays heureux dévasté, des escadrons entiers d’ennemis massacrés, certains s’enfuyant, d’autres emmenés en captivité ; des murs d’une hauteur et d’une ampleur considérables étaient renversés et détruits par des machines ; les plus solides fortifications étaient prises.et les murs des villes les plus peuplées, au sommet des collines, furent pris d’assaut, et une armée se déversa à l’intérieur des murs ; ainsi que chaque lieu rempli de massacres et de supplications des ennemis, lorsqu’ils ne purent plus lever les mains pour s’opposer. Le feu envoyé sur les temples était également représenté, et les maisons renversées et s’écroulant sur leurs propriétaires ; les rivières, après leur sortie d’un vaste et triste désert, coulèrent, non pas dans une terre cultivée, ni pour abreuver les hommes ou le bétail, mais à travers une terre encore en feu de tous côtés ; car les Juifs racontèrent qu’ils avaient subi une telle chose pendant cette guerre. Or, la facture de ces représentations était si magnifique et si vivante dans la construction des choses, qu’elle montrait ce qui avait été fait à ceux qui ne le voyaient pas, comme s’ils avaient été réellement présents. Au sommet de chacune de ces reconstitutions était placé le commandant de la ville prise, et la manière dont il avait été pris. De plus, ces reconstitutions étaient suivies d’un grand nombre de navires ; et pour le reste du butin, ils furent emportés en grande quantité. Mais pour ceux qui furent pris dans le temple de Jérusalem, [9] ils firent la plus grande figure de toutes : la table d’or, du poids de plusieurs talents ; le chandelier aussi, qui était en or, bien que sa construction fût maintenant différente de celle que nous utilisions ; car son fût central était fixé sur une base, et les petites branches en sortaient sur une grande longueur, ayant la forme d’un trident dans leur position, et avaient chacune une base en laiton pour une lampe à leur sommet. Ces lampes étaient au nombre de sept, et représentaient la dignité du nombre sept parmi les Juifs ; et le dernier de tout le butin, était emporté la Loi des Juifs. Après ce butin passèrent un grand nombre d’hommes, portant les images de la Victoire, dont la structure était entièrement soit d’ivoire, soit d’or. Après quoi Vespasien marcha en premier, et Titus le suivit ; Domitien les accompagnait également, et il fit une apparition glorieuse, et montait un cheval digne d’admiration.Au sommet de chacune de ces processions était placé le commandant de la ville prise et la manière dont il l’avait été. De plus, un grand nombre de navires suivaient ces processions ; et le reste du butin, emporté en grande quantité. Mais pour ceux qui furent capturés dans le temple de Jérusalem, [9:1] ils fabriquèrent la plus grande figure de toutes : la table d’or, pesant plusieurs talents ; le chandelier, également en or, bien que sa construction fût différente de celle que nous utilisions. Son fût central était fixé sur un socle, et les petites branches en sortaient sur une grande longueur, ressemblant à un trident, et chacune avait une base en laiton pour une lampe à son sommet. Ces lampes étaient au nombre de sept et représentaient la dignité du nombre sept parmi les Juifs ; et le dernier butin était la Loi des Juifs. Après ce butin passaient un grand nombre d’hommes, portant les images de la Victoire, dont la structure était entièrement en ivoire ou en or. Après quoi Vespasien marcha le premier, et Titus le suivit ; Domitien aussi chevaucha avec eux, et fit une apparition glorieuse, et monta un cheval digne d’admiration.Au sommet de chacune de ces processions était placé le commandant de la ville prise et la manière dont il l’avait été. De plus, un grand nombre de navires suivaient ces processions ; et le reste du butin, emporté en grande quantité. Mais pour ceux qui furent capturés dans le temple de Jérusalem, [9:2] ils fabriquèrent la plus grande figure de toutes : la table d’or, pesant plusieurs talents ; le chandelier, également en or, bien que sa construction fût différente de celle que nous utilisions. Son fût central était fixé sur un socle, et les petites branches en sortaient sur une grande longueur, ressemblant à un trident, et chacune avait une base en laiton pour une lampe à son sommet. Ces lampes étaient au nombre de sept et représentaient la dignité du nombre sept parmi les Juifs ; et le dernier butin était la Loi des Juifs. Après ce butin passaient un grand nombre d’hommes, portant les images de la Victoire, dont la structure était entièrement en ivoire ou en or. Après quoi Vespasien marcha le premier, et Titus le suivit ; Domitien aussi chevaucha avec eux, et fit une apparition glorieuse, et monta un cheval digne d’admiration.
6. La dernière partie de ce fastueux spectacle eut lieu au temple de Jupiter Capitolin. À leur arrivée, ils s’y arrêtèrent. Car c’était une ancienne coutume romaine de rester jusqu’à ce que quelqu’un apporte la nouvelle de la mort du général ennemi. Ce général était Simon, fils de Gioras, qui avait alors été conduit lors de ce triomphe parmi les captifs. On lui avait aussi passé une corde sur la tête, et il avait été traîné dans un lieu approprié du forum, où il avait été tourmenté par ceux qui l’entraînaient. Or, la loi romaine exigeait que les malfaiteurs condamnés à mort y soient mis à mort. Aussi, lorsqu’on annonça sa fin, et que tout le peuple eut poussé des cris de joie, ils commencèrent à offrir les sacrifices qu’ils avaient consacrés, dans les prières de ces solennités. Après cela, ils se retirèrent au palais. Quant à certains spectateurs, les empereurs les reçurent à leur propre festin. et pour tout le reste, de nobles préparatifs furent faits pour festoyer à la maison ; car c’était un jour de fête pour la ville de Rome, célébré pour la victoire obtenue par son armée sur ses ennemis, pour la fin qui était maintenant mise à ses misères civiles, et pour le début de ses espoirs de prospérité et de bonheur futurs.
7. Après ces triomphes et une fois les affaires des Romains établies sur les bases les plus solides, Vespasien résolut de construire un temple à la Paix. Ce temple fut achevé en si peu de temps et d’une manière si glorieuse qu’il dépassa toute attente et toute opinion humaines. Disposant désormais, par la Providence, d’immenses richesses, outre celles qu’il avait acquises auparavant par ses autres exploits, il fit orner ce temple de tableaux et de statues. En effet, ce temple rassemblait et déposait toutes les raretés que les hommes avaient l’habitude de parcourir le monde habité pour admirer, lorsqu’ils en avaient envie. Il y déposa également les vases et instruments d’or emportés du temple juif, comme insignes de sa gloire. Il ordonna néanmoins qu’ils déposent leur Loi et les voiles de pourpre du lieu saint dans le palais royal et les y conservent.
CONCERNANT MACHERUS, ET COMMENT LUCILIUS BASSUS A PRIS CETTE CITADELLE ET D’AUTRES ENDROITS.
1. Lucilius Bassus fut envoyé comme légat en Judée. Là, il reçut l’armée de Cerealis Vitellianus et prit la citadelle d’Hérodion avec la garnison qui s’y trouvait. Après quoi, il rassembla toute la troupe qui s’y trouvait (un corps nombreux, mais dispersé en plusieurs partis), avec la dixième légion, et résolut de faire la guerre à Macherus. Il était en effet indispensable de démolir cette citadelle, de peur qu’elle ne serve, par sa force, à entraîner de nombreuses personnes dans la rébellion. La nature de la place offrait en effet de très sûrs espoirs de sécurité à ceux qui la possédaient, ainsi que des délais et de la peur à ceux qui l’attaqueraient. En effet, ce qui était entouré de murs était lui-même une colline très rocheuse, élevée à une très grande hauteur ; cette circonstance seule la rendait très difficile à soumettre. De plus, elle était si bien conçue par la nature qu’elle ne pouvait être facilement escaladée ; Elle est, pour ainsi dire, creusée de fossés de tous côtés, et d’une telle profondeur que l’œil ne peut en atteindre le fond, et qu’il est difficile de la franchir, voire impossible de la combler. La vallée qui la coupe à l’ouest s’étend sur soixante stades et ne se termine qu’au lac Asphaltite ; c’est aussi de ce côté que Macherus avait le plus haut sommet de sa colline, élevé au-dessus des autres. Quant aux vallées situées au nord et au sud, bien que moins vastes que celle déjà décrite, il est tout aussi impossible de les franchir ; et celle située à l’est a une profondeur d’au moins cent coudées. Elle s’étend jusqu’à une montagne qui fait face à Macherus, avec laquelle elle est limitée.
2. Alexandre [Janné], roi des Juifs, observa la nature de ce lieu et y construisit le premier une citadelle. Celle-ci fut ensuite démolie par Gabinius, lors de sa guerre contre Aristobule. Mais, lorsqu’Hérode devint roi, il jugea ce lieu digne de la plus grande considération et d’une construction solide, notamment en raison de sa proximité avec l’Arabie ; il jouit ainsi d’une situation avantageuse et d’une vue imprenable sur cette région. Il entoura donc un vaste territoire de murs et de tours, et y bâtit une ville. De cette ville partait un chemin qui menait à la citadelle elle-même, au sommet de la montagne. Mieux encore, il éleva un mur autour de ce sommet et érigea des tours aux angles, hautes de cent soixante coudées. Au milieu de ce lieu, il construisit un palais d’une grande magnificence, abritant de grands et beaux édifices. Il construisit également de nombreux réservoirs d’eau, afin d’en disposer en abondance pour tous les usages, et ce, aux endroits les plus appropriés. Il s’adapta ainsi à la nature du lieu, cherchant à surpasser sa force et sa sécurité naturelles (qui pourtant le rendaient difficile à prendre) par des fortifications construites de main d’homme. De plus, il y installa une grande quantité de fléchettes et autres engins de guerre, et s’efforça d’y amener tout ce qui pouvait contribuer à la sécurité de ses habitants, même en cas de siège le plus long possible.
3. Or, à cet endroit poussait une sorte de rue [10] qui mérite notre étonnement par sa grandeur, car elle n’était en rien inférieure à n’importe quel figuier, ni en hauteur ni en épaisseur ; et on raconte qu’elle avait persisté depuis l’époque d’Hérode, et aurait probablement duré bien plus longtemps si elle n’avait pas été abattue par les Juifs qui prirent possession du lieu par la suite. Mais encore, dans la vallée qui entoure la ville du côté nord, il y a un certain lieu appelé Baaras, qui produit une racine du même nom [11] ; sa couleur est semblable à celle d’une flamme, et vers le soir, elle lance un certain rayon comme un éclair. Elle n’est pas facile à prendre par ceux qui la voudraient, mais s’éloigne de leurs mains et ne se laisse pas prendre tranquillement, jusqu’à ce que l’urine d’une femme, ou son sang menstruel, soit versé dessus ; Même dans ce cas, la mort est assurée pour ceux qui la touchent, à moins que quelqu’un ne la prenne, ne la suspende à sa main et ne l’emporte. On peut aussi emprunter une autre voie, sans danger : on creuse une tranchée tout autour, jusqu’à ce que la partie cachée de la racine soit très petite, on y attache ensuite un chien, et lorsque le chien s’efforce de suivre celui qui l’attache, la racine est facilement arrachée, mais le chien meurt aussitôt, comme s’il remplaçait l’homme qui voulait emporter la plante ; après cela, personne n’a plus à craindre de la prendre. Pourtant, après tant de peine pour l’obtenir, elle n’a de valeur que pour une vertu : si on l’apporte aux malades, elle chasse rapidement ces « démons », qui ne sont autres que les esprits des méchants, qui entrent dans les hommes vivants et les tuent, à moins qu’on ne puisse obtenir de secours contre eux. On trouve aussi ici des fontaines d’eau chaude, qui jaillissent de cet endroit, et qui ont un goût très différent les unes des autres. Certaines sont amères, d’autres sont tout simplement douces. On y trouve aussi de nombreuses éruptions d’eaux froides, non seulement dans les endroits plus bas, où les sources sont proches les unes des autres, mais, ce qui est encore plus merveilleux, on peut voir une grotte toute proche, dont la cavité n’est pas profonde, mais recouverte d’un rocher proéminent. Au-dessus de ce rocher se dressent deux sortes de collines, légèrement distantes l’une de l’autre, dont l’une fait jaillir une source très froide, l’autre une source très chaude. Ces eaux, mêlées, forment un bain des plus agréables ; elles sont certes médicinales pour d’autres maladies, mais particulièrement efficaces pour fortifier les nerfs. Cet endroit abrite également des mines de soufre et d’alun.
4. Bassus, ayant pleinement examiné la place, résolut de l’assiéger en comblant la vallée qui s’étendait à l’est. Il se mit donc au travail et s’efforça de relever ses digues au plus vite, rendant ainsi le siège plus facile. Quant aux Juifs capturés, ils se séparèrent des étrangers qui les accompagnaient et les forcèrent, comme une multitude inutile par ailleurs, à rester dans la partie basse de la ville et à subir les principaux dangers, tandis qu’eux-mêmes s’emparaient de la citadelle supérieure et la tenaient, tant pour sa force que pour assurer leur propre sécurité. Ils pensaient également pouvoir obtenir leur pardon s’ils rendaient enfin la citadelle. Cependant, ils étaient disposés à vérifier, d’abord, si l’espoir qu’ils avaient d’éviter un siège se réaliserait ; c’est dans cet esprit qu’ils firent des sorties quotidiennes et combattirent ceux qui les rencontraient. Au cours de ces combats, ils furent nombreux à périr, tout comme ils tuèrent de nombreux Romains. Mais ce furent surtout les occasions qui se présentèrent qui procurèrent leurs victoires aux deux camps : les Juifs, lorsqu’ils tombèrent sur les Romains, pris au dépourvu ; et les Romains, lorsqu’ils prévirent leur arrivée lors des sorties des autres contre leurs rives, et les reçurent avec optimisme. La conclusion de ce siège ne dépendit pas de ces querelles ; mais un accident surprenant, lié à ce qui se passa lors de ce siège, força les Juifs à rendre la citadelle. Parmi les assiégés se trouvait un jeune homme, d’une grande audace et d’une grande agilité, nommé Éléazar. Il se signala lors de ces sorties et encouragea les Juifs à sortir en grand nombre pour empêcher la levée des digues, et causa beaucoup de tort aux Romains lorsqu’ils en vinrent au combat. Il s’arrangea de telle sorte que ceux qui sortaient attaquaient facilement et revenaient sans danger, gardant lui-même l’arrière-garde. Or, un jour, le combat terminé, les deux camps séparés et rentrés chez eux, Éléazar, par mépris pour l’ennemi et pensant qu’aucun d’eux ne reprendrait le combat à ce moment-là, resta hors des portes et conversa avec ceux qui étaient sur la muraille, absorbé par leurs paroles. Or, un homme du camp romain, dont Rufus, boiteux de naissance égyptienne, se précipita sur lui, sans que personne ne s’y attende, et l’enleva avec son armure. Cependant, ceux qui l’avaient vu depuis la muraille furent si stupéfaits que Rufus les empêcha de les aider et emmena Éléazar au camp romain. Le général romain ordonna alors qu’il soit emmené nu, exposé devant la ville et sévèrement fouetté sous leurs yeux.À la suite de ce triste accident, les Juifs furent profondément déconcertés. La ville, d’une seule voix, le pleura amèrement. Le deuil fut plus grand qu’on ne pouvait l’imaginer pour le malheur d’une seule personne. Bassus, s’en étant aperçu, songea à user d’un stratagème contre l’ennemi et voulut aggraver leur chagrin afin de les convaincre de livrer la ville pour la sauvegarde de cet homme. Il ne faillit pas à son espoir ; il ordonna d’ériger une croix, comme s’il allait y pendre Éléazar sur-le-champ. Cette vue causa une profonde tristesse parmi ceux qui se trouvaient dans la citadelle. Ils gémirent avec véhémence et s’écrièrent qu’ils ne pouvaient supporter de le voir ainsi détruit. Éléazar les supplia de ne pas le négliger, car il allait subir une mort atroce. Il les exhorta à se sauver en cédant à la puissance et à la fortune romaines, puisque tous les autres peuples étaient désormais vaincus. Ces hommes furent profondément touchés par ses paroles, et de nombreux habitants de la ville intercédèrent pour lui, car il était issu d’une famille éminente et nombreuse. Ils cédèrent donc à leur compassion, contrairement à leur habitude. Ils envoyèrent donc immédiatement des messagers et négocièrent avec les Romains afin qu’ils leur rendent la citadelle. Ils demandèrent qu’on leur permette de partir et d’emmener Éléazar avec eux. Les Romains et leur général acceptèrent ces conditions. La multitude d’étrangers qui se trouvaient dans la partie basse de la ville, apprenant l’accord conclu par les Juifs pour eux seuls, résolut de s’enfuir secrètement pendant la nuit. Mais dès qu’ils eurent ouvert leurs portes, ceux qui avaient conclu un accord avec Bassus le lui rapportèrent. On ne sait pas s’ils enviaient la délivrance des autres, ou s’ils agissaient par crainte de se voir reprocher une occasion de fuite. Les plus courageux, donc, parmi ceux qui sortirent, prévinrent l’ennemi, s’enfuirent et s’enfuirent ; mais ceux qui furent pris à l’intérieur,Il allait maintenant subir une mort atroce et les exhorta à se sauver en cédant à la puissance et à la fortune romaines, puisque tous les autres peuples étaient désormais vaincus. Ces hommes furent profondément touchés par ses paroles, et de nombreux habitants de la ville intercédèrent pour lui, car il était issu d’une famille éminente et nombreuse. Ils cédèrent donc à leur compassion, contrairement à leur habitude. Ils envoyèrent donc immédiatement des messagers et négocièrent avec les Romains afin qu’ils leur rendent la citadelle. Ils demandèrent qu’on leur permette de partir et d’emmener Éléazar avec eux. Les Romains et leur général acceptèrent ces conditions. La multitude d’étrangers qui se trouvaient dans la partie basse de la ville, apprenant l’accord conclu par les Juifs pour eux seuls, résolut de s’enfuir secrètement pendant la nuit. Mais dès qu’ils eurent ouvert leurs portes, ceux qui avaient conclu un accord avec Bassus le lui rapportèrent. On ne sait pas s’ils enviaient la délivrance des autres, ou s’ils agissaient par crainte de se voir reprocher une occasion de fuite. Les plus courageux, donc, parmi ceux qui sortirent, prévinrent l’ennemi, s’enfuirent et s’enfuirent ; mais ceux qui furent pris à l’intérieur,Il allait maintenant subir une mort atroce et les exhorta à se sauver en cédant à la puissance et à la fortune romaines, puisque tous les autres peuples étaient désormais vaincus. Ces hommes furent profondément touchés par ses paroles, et de nombreux habitants de la ville intercédèrent pour lui, car il était issu d’une famille éminente et nombreuse. Ils cédèrent donc à leur compassion, contrairement à leur habitude. Ils envoyèrent donc immédiatement des messagers et négocièrent avec les Romains afin qu’ils leur rendent la citadelle. Ils demandèrent qu’on leur permette de partir et d’emmener Éléazar avec eux. Les Romains et leur général acceptèrent ces conditions. La multitude d’étrangers qui se trouvaient dans la partie basse de la ville, apprenant l’accord conclu par les Juifs pour eux seuls, résolut de s’enfuir secrètement pendant la nuit. Mais dès qu’ils eurent ouvert leurs portes, ceux qui avaient conclu un accord avec Bassus le lui rapportèrent. On ne sait pas s’ils enviaient la délivrance des autres, ou s’ils agissaient par crainte de se voir reprocher une occasion de fuite. Les plus courageux, donc, parmi ceux qui sortirent, prévinrent l’ennemi, s’enfuirent et s’enfuirent ; mais ceux qui furent pris à l’intérieur,
5. Bassus ayant réglé ces affaires, il marcha en hâte vers la forêt de Jarden, comme on l’appelle ; car il avait entendu dire qu’un grand nombre de ceux qui avaient fui Jérusalem et Macherus s’y étaient rassemblés. Arrivé sur place et comprenant que la nouvelle précédente n’était pas fausse, il commença par encercler toute la place avec ses cavaliers, afin que les Juifs qui auraient l’audace de tenter une percée n’aient aucun moyen de s’échapper, compte tenu de la situation de ces cavaliers ; et, quant aux fantassins, il leur ordonna d’abattre les arbres qui se trouvaient dans le bois où ils s’étaient réfugiés. Les Juifs se trouvèrent donc dans l’obligation d’accomplir quelque exploit glorieux et de s’exposer au combat, car ils pourraient peut-être ainsi s’échapper. Ils lancèrent donc une attaque générale et, avec de grands cris, fondirent sur ceux qui les encerclaient, qui les reçurent avec un grand courage ; ainsi, tandis que les uns combattaient avec acharnement et que les autres refusaient de céder, le combat se prolongea. Mais le résultat de la bataille ne répondit pas à l’attente des assaillants ; car il arriva que pas plus de douze hommes ne tombèrent du côté romain, avec quelques blessés ; mais aucun des Juifs n’échappa à cette bataille, mais ils furent tous tués, étant au total au moins trois mille, avec Judas, le fils de Jaïrus, leur général, dont nous avons déjà dit qu’il avait été capitaine d’une certaine bande au siège de Jérusalem, et qu’en descendant dans une certaine voûte souterraine, il s’était échappé secrètement.
6. Vers la même époque, César envoya une lettre à Bassus et à Liberius Maximus, procurateur de Judée, ordonnant que toute la Judée fût mise en vente [12], car il n’y avait fondé aucune ville, mais s’était réservé le pays. Cependant, il assigna un lieu pour huit cents hommes seulement, qu’il avait renvoyés de son armée, et il leur donna comme habitation ; ce lieu s’appelle Emmaüs [13], et est distant de Jérusalem de soixante stades. Il imposa également un tribut aux Juifs, où qu’ils se trouvèrent, et ordonna à chacun d’apporter chaque année deux drachmes au Capitole, comme ils avaient coutume de les verser au Temple de Jérusalem. Tel était l’état des affaires juives à cette époque.
Concernant la calamité qui frappa Antiochus, roi de Commagène. Ainsi que les Alains et les graves méfaits qu’ils infligèrent aux Mèdes et aux Arméniens.
1. Or, la quatrième année du règne de Vespasien, Antiochus, roi de Commagène, et toute sa famille, furent confrontés à de graves calamités. La raison en était la suivante : Césennius Petus, alors président de Syrie, soit par respect pour la vérité, soit par haine envers Antiochus (dont le véritable motif n’a jamais été complètement élucidé), envoya une lettre à César, dans laquelle il lui annonçait qu’Antiochus et son fils Épiphane avaient résolu de se rebeller contre les Romains et avaient conclu une alliance avec le roi de Parthie à cet effet ; qu’il était donc opportun de les en empêcher, de peur qu’ils ne nous en empêchent et ne déclenchent une guerre qui pourrait provoquer un trouble général dans l’empire romain. Or, César était disposé à prendre des mesures à cet égard, puisque cette découverte avait été faite ; car la proximité des royaumes rendait cette affaire digne d’une plus grande considération. Samosète, capitale de la Commagène, se trouve sur l’Euphrate. Un tel projet permettrait aux Parthes de la traverser facilement et de les accueillir en toute sécurité. Pétus fut donc cru et autorisé à agir comme il le jugerait opportun. Il s’y mit donc sans délai et fondit sur la Commagène avant même qu’Antiochus et son peuple ne s’attendent à sa venue. Il avait avec lui la dixième légion, ainsi que des cohortes et des troupes de cavaliers. Les rois suivants vinrent également à son secours : Aristobule, roi du pays appelé Chalcidène, et Sohémus, appelé roi d’Émèse. Ses troupes ne rencontrèrent aucune résistance lors de leur entrée dans le royaume, car personne dans ce pays ne voulut même lever la main sur elles. Lorsqu’Antiochus apprit cette nouvelle inattendue, il ne songea pas le moins du monde à faire la guerre aux Romains. Il résolut de laisser tout son royaume dans l’état où il se trouvait et de se retirer discrètement avec sa femme et ses enfants, pensant ainsi prouver aux Romains son innocence quant à l’accusation portée contre lui. Il s’éloigna donc de cette ville, à cent vingt stades, dans la plaine, et y dressa ses tentes.
2. Pétus envoya alors quelques-uns de ses hommes s’emparer de Samosate et, grâce à eux, s’empara de cette ville. Il alla lui-même attaquer Antiochus avec le reste de son armée. Cependant, la détresse dans laquelle il se trouvait ne le décida pas à entreprendre quoi que ce soit contre les Romains ; il déplora son sort et supporta avec patience ce qu’il ne put empêcher. Mais ses fils, jeunes et inexpérimentés, mais robustes, ne se laissèrent pas facilement convaincre de supporter cette calamité sans combattre. Épiphane et Callinicus recoururent donc à la force militaire ; et comme la bataille fut rude et dura toute la journée, ils firent preuve d’une valeur remarquable, et seule l’approche de la nuit mit un terme à cette épreuve, sans que leurs forces en pâtissent. Cependant, une fois le combat terminé, Antiochus refusa de poursuivre sa route. Il prit sa femme et ses filles et s’enfuit avec elles en Cilicie, ce qui découragea profondément ses soldats. Désespérés de le voir conserver le royaume, ils se révoltèrent et passèrent aux Romains. Sa situation était considérée par tous comme désespérée. Il était donc nécessaire qu’Épiphane et ses soldats se débarrassent de leurs ennemis avant d’être entièrement privés de leurs alliés. Il n’était accompagné que de dix cavaliers, qui traversèrent l’Euphrate avec lui, d’où ils se rendirent sans encombre chez Vologèse, roi de Parthie. Là, ils ne furent pas considérés comme des fugitifs, mais reçurent le même respect que s’ils avaient conservé leur ancienne prospérité.
3. Lorsqu’Antiochus fut arrivé à Tarse en Cilicie, Petus ordonna à un centurion d’aller le trouver et de l’envoyer lié à Rome. Vespasien, cependant, ne supporta pas qu’on lui amène un roi de cette manière, préférant préserver l’ancienne amitié qui les unissait plutôt que de nourrir une colère inexorable sous prétexte de cette guerre. Il ordonna donc qu’on lui ôtât ses liens pendant qu’il était encore en route, et qu’il ne vienne pas à Rome, mais qu’il aille vivre à Lacédémone. Il lui accorda également de larges revenus, afin qu’il puisse non seulement vivre dans l’abondance, mais aussi comme un roi. Lorsque Épiphane, qui auparavant craignait beaucoup pour son père, fut informé de cela, ils furent apaisés de cette grande et incurable inquiétude qui les rongeait. Il espérait également que César se réconcilierait avec eux, grâce à l’intercession de Vologèse. Car, bien qu’il ait vécu dans l’abondance, il ne supportait pas de vivre hors de l’Empire romain. César lui accorda donc la permission, avec obligeance, et il vint à Rome. Son père étant rapidement venu le rejoindre de Lacédémone, il y reçut toutes sortes de respects, et il y resta.
4. Or, il y avait une nation d’Alains, dont nous avons déjà parlé comme étant Scythe et habitant le lac Méotis. Cette nation projetait, vers cette époque, de s’abattre sur la Médie et ses environs pour les piller. C’est dans ce but qu’elle traita avec le roi d’Hyrcanie, maître du passage que le roi Alexandre le Grand avait fermé par des portes de fer. Ce roi leur permit de les franchir. Ils arrivèrent donc en grand nombre, attaquèrent les Mèdes à l’improviste et pillèrent leur pays, qu’ils trouvèrent peuplé et riche en bétail, sans que personne n’ose leur résister. Car Paéorus, le roi du pays, s’était enfui par peur dans des endroits où ils ne pouvaient pas l’atteindre facilement, leur avait cédé tout ce qu’il possédait, et n’avait sauvé sa femme et ses concubines qu’avec difficulté, après leur captivité, en leur donnant cent talents pour leur rançon. Les Alains pillèrent donc le pays sans opposition et avec une grande facilité, et avancèrent jusqu’en Arménie, ravageant tout devant eux. Tiridate, roi de ce pays, les rencontra et les combattit, mais il aurait failli être pris vivant au combat ; car un homme jeta un filet sur lui de loin et l’aurait bientôt attiré à lui, s’il n’avait pas immédiatement coupé le cordon avec son épée, pris la fuite et empêché l’attaque. Les Alains, encore plus irrités par ce spectacle, ravageèrent le pays et chassèrent avec eux une grande multitude d’hommes et une grande quantité du butin qu’ils avaient pris des deux royaumes, puis se retirèrent dans leur pays.
Concernant Massada et les Sicarii qui la gardaient ; et comment Silva se mit à former le siège de cette citadelle. Discours d’Éléazar aux assiégés.
1. Bassus étant mort en Judée, Flavius Silva lui succéda comme procurateur. Voyant que tout le reste du pays était soumis à la guerre et qu’il ne restait qu’une seule place forte encore en rébellion, il rassembla toute son armée, dispersée en divers endroits, et lança une expédition contre elle. Cette forteresse s’appelait Massada. C’était un certain Éléazar, homme puissant et commandant des Sicaires, qui s’en était emparé. Il était descendant de ce Judas qui avait persuadé un grand nombre de Juifs, comme nous l’avons déjà raconté, de ne pas se soumettre à l’impôt lorsque Cyrénius fut envoyé en Judée pour en établir un. C’est alors que les Sicaires se liguèrent contre ceux qui voulaient se soumettre aux Romains et les traitèrent en tous points comme s’ils avaient été leurs ennemis, en les pillant de leurs biens, en emportant leur bétail et en incendiant leurs maisons. Car ils disaient ne pas se distinguer des étrangers en trahissant si lâchement cette liberté que les Juifs jugeaient digne d’être défendue au plus haut point, et en avouant qu’ils préféraient l’esclavage sous les Romains à une telle dispute. Or, ce n’était en réalité qu’un prétexte et un voile pour la barbarie dont ils se servaient, et pour masquer leur propre avarice, qu’ils montrèrent ensuite par leurs propres actes. Car ceux qui étaient leurs complices dans leur rébellion se joignirent également à eux dans la guerre contre les Romains, et les accompagnèrent plus loin dans leurs entreprises impudentes contre eux. Et lorsqu’ils furent de nouveau convaincus de dissimulation dans leurs prétentions, ils injurièrent encore davantage ceux qui les reprochaient à juste titre leur méchanceté. Et en effet, c’était une époque très fertile en toutes sortes de pratiques criminelles, à tel point qu’aucune sorte de méchanceté ne fut alors négligée. Personne ne pouvait même imaginer une chose mauvaise et nouvelle, tant ils étaient tous profondément infectés et se disputaient les uns les autres, individuellement et au sein de leurs communautés, pour savoir qui irait le plus loin dans l’impiété envers Dieu et dans des actes injustes envers son prochain ; les puissants opprimaient la multitude, et la multitude s’efforçait avec ardeur de détruire les puissants. Les uns désiraient tyranniser les autres, les autres, faire violence aux autres et piller les plus riches. Ce sont les Sicaires qui, les premiers, commencèrent ces transgressions, devinrent les premiers barbares envers leurs alliés, et ne laissèrent aucun reproche sans réplique, ni aucune œuvre de perdition sans tenter, afin de détruire ceux que leurs machinations affectaient. Pourtant, Jean démontra par ses actes que ces Sicaires étaient plus modérés que lui, car il ne se contenta pas de tuer tous ceux qui lui donnèrent de bons conseils.Ce qui était juste, mais il les traitait plus que tout, comme ses ennemis les plus acharnés parmi les citoyens ; il remplissait même son pays de mille exemples de méchanceté, comme le ferait naturellement un homme déjà suffisamment endurci dans son impiété envers Dieu ; car la nourriture servie sur sa table était illégale, et il rejetait les purifications prescrites par la loi de son pays ; il n’était donc plus étonnant que lui, si fou dans son impiété envers Dieu, n’observât aucune règle de douceur et d’affection commune envers les hommes. De plus, quel mal y avait-il que Simon, fils de Gioras, ne commettait pas ? Ou de quels abus s’abstenait-il envers ces hommes libres qui l’avaient érigé en tyran ? Quelle amitié, quelle parenté ne le rendaient pas plus audacieux dans ses meurtres quotidiens ? Car ils considéraient le mal fait aux étrangers comme une œuvre indigne de leur courage, mais pensaient que leur barbarie envers leurs proches en serait une glorieuse démonstration. Français Les Iduméens luttèrent aussi avec ces hommes qui seraient coupables de la plus grande folie ! Car ils [tous], vils misérables qu’ils étaient, égorgeaient les grands prêtres, afin qu’aucune partie d’un respect religieux pour Dieu ne puisse être préservée ; ils entreprirent de détruire complètement les moindres vestiges d’un gouvernement politique, et introduisirent la scène la plus complète d’iniquité dans tous les cas qui étaient praticables ; sous cette scène se développa ce genre de personnes que l’on appelait zélotes, et qui correspondaient en effet à ce nom ; car ils imitaient toutes les mauvaises œuvres ; et, si leur mémoire suggérait une chose mauvaise qui avait été faite auparavant, ils n’évitaient pas de la poursuivre avec zèle ; et bien qu’ils se soient donné ce nom par zèle pour le bien, il ne leur convenait que par voie d’ironie à cause de ceux qu’ils avaient injustement traités par leur tempérament sauvage et brutal, ou parce qu’ils pensaient que les plus grands maux étaient le plus grand bien. Ainsi, ils subirent tous le châtiment que Dieu leur avait réservé ; car tous les malheurs que la nature humaine est capable de supporter leur ont été infligés jusqu’à la fin de leur vie, et jusqu’à ce que la mort les frappe par divers tourments. Pourtant, on pourrait dire avec raison qu’ils souffrirent moins, car il était impossible qu’ils fussent punis à leur juste valeur. Mais se lamenter sur le mérite de ceux qui succombèrent à la barbarie de ces hommes n’est pas le lieu ici ; je reviens donc à la suite de ce récit.
2. C’est alors que le général romain arriva et mena son armée contre Éléazar et les Sicaires qui tenaient avec lui la forteresse de Massada. Il s’empara aussitôt de tout le pays avoisinant et y plaça des garnisons aux endroits les plus appropriés. Il construisit également un mur tout autour de la forteresse, afin qu’aucun des assiégés ne puisse facilement s’échapper. Il en confia la garde à ses hommes. Il établit son camp dans un endroit agréable, celui qu’il avait choisi pour le siège. C’est là que le rocher de la forteresse se rapprochait le plus de la montagne voisine, pourtant difficile à ravitailler. Car il ne fallait pas seulement apporter de la nourriture de très loin, ce qui était très pénible pour les Juifs désignés à cet effet, mais aussi de l’eau, car l’endroit ne possédait aucune source à proximité. Silva, ayant donc ordonné ces choses à l’avance, se mit à assiéger la place. Ce siège allait probablement nécessiter beaucoup d’habileté et de peine, en raison de la force de la forteresse, dont je vais maintenant décrire la nature.
3. Il y avait un rocher, assez grand en circonférence, et très haut. Il était entouré de vallées si profondes que l’œil ne pouvait en atteindre le fond ; elles étaient abruptes, et aucun animal ne pouvait y marcher, sauf à deux endroits où le rocher s’affaissait pour permettre l’ascension, non sans difficulté. Or, parmi les chemins qui y mènent, l’un part du lac Asphaltiris, vers le soleil levant, et un autre à l’ouest, où l’ascension est plus facile. L’un de ces chemins est appelé le Serpent, car il ressemble à cet animal par son étroitesse et ses perpétuels méandres ; car il se brise aux précipices saillants du rocher, et se replie fréquemment sur lui-même, et s’allongeant peu à peu, il a beaucoup de mal à avancer ; et celui qui veut le parcourir doit d’abord marcher sur une jambe, puis sur l’autre ; et il n’y a que la destruction, si vos pieds glissent. Français car de chaque côté il y a un gouffre et un précipice d’une profondeur immense, suffisants pour abattre le courage de chacun par la terreur qu’ils insufflent à l’esprit. Lorsqu’un homme a donc parcouru trente stades sur ce chemin, le reste n’est que le sommet de la colline - ne se terminant pas en un petit point, mais n’est rien d’autre qu’une plaine sur la partie la plus élevée de la montagne. Sur ce sommet de la colline, Jonathan le grand prêtre construisit d’abord une forteresse, et la nomma Massada. Après quoi la reconstruction de ce lieu occupa une grande partie des soins du roi Hérode. Il construisit également un mur tout autour du sommet de la colline, long de sept stades ; il était composé de pierres blanches ; sa hauteur était de douze coudées et sa largeur de huit coudées ; il y avait aussi érigées sur ce mur trente-huit tours, chacune haute de cinquante coudées ; d’où l’on pouvait passer dans des édifices plus petits, qui étaient construits à l’intérieur, tout autour du mur ; Le roi réserva à l’agriculture le sommet de la colline, dont le sol était fertile et le meilleur terrain que n’importe quelle vallée, afin que ceux qui s’y consacraient pour leur sécurité ne soient pas complètement démunis de nourriture, même s’ils venaient à en manquer. Il y construisit également un palais sur la pente ouest ; il se trouvait à l’intérieur et sous les murs de la citadelle, mais incliné vers le nord. Le mur de ce palais était très haut et solide, et comportait à ses quatre angles des tours de soixante coudées de haut. Le mobilier des édifices, des cloîtres et des thermes était également très varié et très coûteux ; ces bâtiments étaient soutenus par des piliers de pierres simples de chaque côté ; les murs et les sols des édifices étaient pavés de pierres de différentes couleurs. Il fit également creuser de nombreux et grands puits, servant de réservoirs d’eau, dans le rocher, à chaque endroit habité, au-dessus et autour du palais, et devant le mur. et par ce stratagème il s’efforça d’avoir de l’eau pour plusieurs usages, comme s’il y avait eu des fontaines là.Français Il y avait aussi une route creusée depuis le palais et menant au sommet de la montagne, qui pourtant ne pouvait pas être vue par ceux qui étaient hors des murs ; et en effet, les ennemis ne pouvaient pas facilement utiliser les routes simples ; car la route du côté est, comme nous l’avons déjà remarqué, ne pouvait pas être empruntée, en raison de sa nature ; et pour la route ouest, il construisit une grande tour à son endroit le plus étroit, à une distance d’au moins mille coudées du sommet de la colline ; cette tour ne pouvait pas être contournée, ni être facilement prise ; et en effet, ceux qui la parcouraient sans aucune crainte (tel était son artifice) ne pouvaient pas facilement en atteindre le bout ; et de cette manière cette citadelle fut fortifiée, à la fois par la nature et par les mains des hommes, afin de déjouer les attaques des ennemis.
4. Quant au mobilier de cette forteresse, il était encore plus remarquable par sa splendeur et sa longévité. On y entreposait du blé en grande quantité, suffisant pour assurer la subsistance des hommes pendant longtemps ; on y trouvait aussi du vin et de l’huile en abondance, ainsi que toutes sortes de légumes secs et de dattes amassés ensemble ; tout cela fut trouvé par Éléazar lorsqu’il prit possession de la forteresse par trahison avec ses sicaires. Ces fruits étaient également frais et mûrs, et ne différaient en rien de ceux fraîchement déposés, bien qu’il se soit écoulé près de cent ans [14] entre le dépôt de ces provisions [par Hérode] et la prise de la place par les Romains ; en effet, lorsque les Romains prirent possession des fruits restés, ils ne les trouvèrent pas corrompus pendant tout ce temps ; et il ne faut pas se tromper en supposant que l’air ait été la cause de leur si longue conservation, cette forteresse étant si élevée et si exempte de tout mélange de terrain et de particules boueuses. On y trouva aussi une grande quantité d’armes de guerre de toutes sortes, que ce roi avait amassées précieusement et qui suffisaient à dix mille hommes ; du fer, du laiton et de l’étain, preuve qu’il avait pris grand soin de tout préparer pour les grandes occasions. On raconte en effet qu’Hérode avait ainsi préparé cette forteresse pour son propre compte, comme refuge contre deux sortes de dangers : l’un par crainte de la multitude des Juifs, qui craignaient qu’ils ne le déposent et ne rétablissent leurs anciens rois dans le pouvoir ; l’autre danger, plus grand et plus terrible, provenait de Cléopâtre, reine d’Égypte. Celle-ci ne cacha pas ses intentions, mais parla souvent à Antoine, le priant de tuer Hérode et le suppliant de lui conférer le royaume de Judée. Il est certes étonnant qu’Antoine n’ait jamais obtempéré à ses ordres sur ce point, tant il était esclave de sa passion pour elle ; et personne n’aurait été surpris qu’elle ait été satisfaite de sa requête. La crainte de ces dangers poussa Hérode à reconstruire Massada, la laissant ainsi pour le coup de grâce des Romains dans cette guerre juive.
5. Puisque le commandant romain Silva avait construit un mur extérieur tout autour de la place, comme nous l’avons déjà dit, et avait ainsi pris des dispositions très précises pour empêcher quiconque des assiégés de s’enfuir, il entreprit le siège lui-même, bien qu’il ne trouva qu’un seul endroit où les digues qu’il devait élever pouvaient être posées. Car derrière la tour qui bloquait la route menant au palais et au sommet de la colline par l’ouest, se trouvait une éminence rocheuse, très large et très proéminente, à trois cents coudées au-dessous de la partie la plus élevée de Massada ; on l’appelait le Promontoire Blanc. Il monta donc sur cette partie du rocher et ordonna à l’armée d’apporter de la terre ; et lorsqu’ils s’y attelèrent avec empressement et en abondance, la digue fut élevée et devint solide sur deux cents coudées de hauteur. Cependant, cette digue n’était pas jugée suffisamment haute pour l’utilisation des machines qui devaient y être posées ; un autre ouvrage surélevé de grosses pierres compactées fut élevé sur cette digue ; Elle mesurait cinquante coudées de largeur et de hauteur. Les autres machines préparées étaient semblables à celles conçues par Vespasien, puis par Titus, pour les sièges. Il y avait aussi une tour de soixante coudées de hauteur, entièrement revêtue de fer, d’où les Romains lançaient des fléchettes et des pierres avec les machines, obligeant bientôt ceux qui combattaient depuis les remparts à se retirer, les empêchant de lever la tête au-dessus des ouvrages. Au même moment, Silva ordonna d’y amener le grand bélier qu’il avait fabriqué, de le placer contre le mur et d’y déployer de fréquentes batteries, ce qui, non sans difficulté, en détruisit une partie et le renversa complètement. Cependant, les Sicaires se hâtèrent et construisirent immédiatement un autre mur à l’intérieur, qui ne serait pas exposé aux mêmes dommages causés par les machines que l’autre ; il était souple et flexible, et pouvait ainsi résister aux terribles coups qui l’atteignaient. Le mur fut construit de la manière suivante : ils disposèrent de grandes poutres de bois dans le sens de la longueur, l’une à l’extrémité de l’autre, de la même manière qu’elles avaient été taillées. Deux rangées étaient parallèles, espacées de la largeur du mur, et de la terre était déposée entre elles. Afin que la terre ne s’effondre pas lors de l’élévation de ce talus, ils posèrent d’autres poutres transversales, reliant ainsi entre elles celles qui étaient posées dans le sens de la longueur. Cet ouvrage ressemblait à un véritable édifice ; sous l’effet des machines, les coups étaient affaiblis par sa déformation ; et, à mesure que les matériaux étaient rapprochés par cette secousse, le tas devenait plus solide. Lorsque Silva vit cela,Il jugea préférable de tenter de prendre ce mur en y mettant le feu. Il ordonna donc aux soldats d’y jeter un grand nombre de torches enflammées. Comme il était principalement fait de bois, il prit rapidement feu. Une fois enflammé, sa cavité transforma le feu en une puissante flamme. Au tout début de cet incendie, un vent du nord qui soufflait alors se révéla terrible pour les Romains. En ramenant la flamme vers le bas, il la dirigea sur eux, et ils désespérèrent presque de réussir, craignant que leurs machines ne brûlent. Mais après cela, soudain, le vent tourna au sud, comme par la Providence divine, et souffla fort en sens inverse, emportant la flamme et la projetant contre le mur, qui était maintenant en feu dans toute son épaisseur. Les Romains, bénéficiant alors de l’aide de Dieu, retournèrent donc à leur camp avec joie et résolurent d’attaquer leurs ennemis dès le lendemain. à cette occasion, ils resserrèrent leur surveillance cette nuit-là, de peur que l’un des Juifs ne s’enfuie sans être découvert.
6. Cependant, Éléazar ne songea pas une seule fois à s’enfuir, et il ne permit à personne de le faire ; mais quand il vit leur muraille brûlée par le feu, et qu’il ne put imaginer d’autre moyen de s’échapper, ni de place pour leur courage supplémentaire, et mettant sous leurs yeux ce que les Romains leur feraient, à eux, à leurs enfants et à leurs femmes, s’ils les mettaient en leur pouvoir, il délibéra pour les faire tous tuer. Or, jugeant que c’était la meilleure chose à faire dans leur situation actuelle, il rassembla les plus courageux de ses compagnons et les encouragea à suivre cette voie par un discours [15] qu’il leur adressa ainsi : « Puisque nous, mes généreux amis, avons résolu depuis longtemps de ne jamais servir les Romains, ni personne d’autre que Dieu lui-même, qui seul est le vrai et juste Seigneur des hommes, le temps est venu de mettre cette résolution en pratique. Et ne nous attirons pas aujourd’hui le reproche de nous contredire, alors que nous refusions autrefois l’esclavage, même sans danger, mais que nous devons maintenant, avec l’esclavage, choisir des châtiments intolérables ; je dis cela en supposant que les Romains nous aient un jour soumis à leur domination de notre vivant. Nous avons été les premiers à nous révolter contre eux, et nous sommes les derniers à les combattre ; et je ne peux que considérer comme une faveur de Dieu qu’il nous soit encore possible de mourir. Avec courage et liberté, ce qui n’a pas été le cas pour d’autres vaincus inopinément. Il est évident que nous serons capturés d’ici un jour ; mais il est encore possible de mourir glorieusement, aux côtés de nos amis les plus chers. Nos ennemis eux-mêmes ne peuvent en aucun cas nous empêcher de le faire, bien qu’ils désirent ardemment nous capturer vivants. Nous ne pouvons plus nous proposer de les combattre et de les vaincre. Il aurait été juste, en effet, de notre part d’avoir deviné le dessein de Dieu bien plus tôt, et dès le début, lorsque nous étions si désireux de défendre notre liberté, et que nous subissions de si cruels traitements les uns des autres, et des traitements encore plus cruels de la part de nos ennemis, et d’avoir compris que le même Dieu, qui avait autrefois accueilli la nation juive en sa faveur, la condamnait maintenant à la destruction. Car s’il était resté favorable ou s’il avait été, à un degré moindre, mécontent de nous, il n’aurait pas négligé la destruction de tant d’hommes, ni livré sa très sainte cité à l’incendie et à la démolition de nos ennemis. Certes, nous espérions faiblement nous préserver, nous seuls, en liberté, comme si nous n’avions commis aucun péché contre Dieu, ni été complices de ceux des autres ; nous avions aussi appris aux autres à préserver leur liberté. C’est pourquoi, considérez comment Dieu nous a convaincus de la vanité de nos espoirs, en nous infligeant une telle détresse dans l’état désespéré où nous nous trouvons actuellement.et qui dépasse toutes nos espérances ; car la nature de cette forteresse, qui était en elle-même invincible, ne s’est pas avérée un moyen de notre délivrance ; et même si nous avons encore une grande abondance de nourriture, une grande quantité d’armes, et d’autres nécessités plus que nécessaire, nous sommes ouvertement privés par Dieu lui-même de tout espoir de délivrance ; car le feu qui a été allumé sur nos ennemis ne s’est pas retourné de lui-même sur le mur que nous avions construit ; c’était l’effet de la colère de Dieu contre nous pour nos multiples péchés, dont nous nous sommes rendus coupables de la manière la plus insolente et extravagante à l’égard de nos propres compatriotes ; ne recevons pas les châtiments pour lesquels nous les avons exécutés de la main des Romains, mais de Dieu lui-même ; car ceux-ci seront plus modérés que les autres. Que nos femmes meurent avant d’être maltraitées, et nos enfants avant d’avoir goûté à l’esclavage ; Après les avoir tués, accordons-nous mutuellement ce glorieux bienfait et préservons-nous dans la liberté, comme un magnifique monument funéraire. Mais d’abord, brûlons notre argent et la forteresse ; car je suis certain que ce sera un grand chagrin pour les Romains, de ne pouvoir s’emparer de nos corps et de perdre nos richesses. Et n’épargnons rien, si ce n’est nos provisions ; elles témoigneront, après notre mort, que nous n’avons pas été vaincus par manque de choses nécessaires, mais que, conformément à notre résolution initiale, nous avons préféré la mort à l’esclavage.
7. Tel fut le discours d’Éléazar. Cependant, tous les auditeurs n’y adhérèrent pas. Bien que certains d’entre eux fussent très zélés pour mettre ses conseils en pratique, en étaient remplis de joie et considéraient la mort comme une bonne chose, les plus efféminés éprouvaient de la compassion pour leurs femmes et leurs familles. Particulièrement émus par la perspective de leur propre mort certaine, ces hommes se regardèrent avec nostalgie et, par les larmes qui coulaient de leurs yeux, exprimèrent leur désaccord avec son opinion. Voyant ces gens si effrayés et leurs âmes abattues par une proposition aussi prodigieuse, Éléazar craignit que ces personnes efféminées, par leurs lamentations et leurs larmes, n’affaiblissent ceux qui entendaient courageusement ce qu’il avait dit. Il ne cessa donc pas de les exhorter, mais se ressaisit et, se rappelant des arguments propres à leur remonter le moral, il entreprit de leur parler plus vivement et plus longuement, notamment de l’immortalité de l’âme. Il poussa alors un gémissement lamentable et, fixant intensément ceux qui pleuraient, il dit : « 1 $ ».
COMMENT LES GENS QUI ÉTAIENT DANS LA FORTERESSE ONT ÉTÉ PRISES PAR LES PAROLES D’ÉLÉAZAR, À L’EXCEPTION DE DEUX FEMMES ET DE CINQ ENFANTS, TOUS SOUMIS À ÊTRE TUÉS LES UNS PAR LES AUTRES.
1. Tandis qu’Éléazar poursuivait son exhortation, ils l’interrompirent tous et se hâtèrent d’accomplir l’œuvre, animés d’une ardeur invincible et d’une fureur démoniaque. Ils s’en allèrent donc, s’efforçant toujours d’être devant les autres, pensant que cet empressement démontrerait leur courage et leur bonne conduite s’ils pouvaient éviter de figurer dans la dernière classe ; tant était grand leur zèle à tuer leurs femmes, leurs enfants et eux-mêmes ! Et, lorsqu’ils arrivèrent à l’œuvre elle-même, leur courage ne les abandonna pas, comme on aurait pu l’imaginer ; mais ils gardèrent alors la même résolution, sans vaciller, qu’ils avaient prise en entendant le discours d’Éléazar, tout en conservant leur amour naturel pour eux-mêmes et pour leurs familles, car le raisonnement qu’ils suivaient leur semblait très juste, même à l’égard de ceux qui leur étaient les plus chers. Les maris embrassèrent tendrement leurs femmes, prirent leurs enfants dans leurs bras et leur donnèrent de longs baisers d’adieu, les larmes aux yeux. Pourtant, ils accomplirent ce qu’ils avaient résolu, comme s’ils avaient été exécutés par des inconnus ; et ils n’avaient d’autre réconfort que la nécessité de procéder à cette exécution, pour éviter la perspective des souffrances que leurs ennemis leur infligeraient. Aucun de ces hommes ne se montra scrupuleux à participer à cette terrible exécution, mais chacun se débarrassa de ses proches. Misérables qu’ils étaient ! Leur détresse les força à tuer femmes et enfants de leurs propres mains, comme le plus léger des maux qui les attendaient. Incapables de supporter plus longtemps le chagrin qu’ils éprouvaient pour ce qu’ils avaient fait, et considérant comme un tort à ceux qu’ils avaient tués de survivre, même le plus court laps de temps après eux, ils mirent aussitôt tout ce qu’ils possédaient en tas et y mirent le feu. Ils tirèrent alors au sort dix hommes parmi eux pour tuer tous les autres. Chacun d’eux se coucha à terre, près de sa femme et de ses enfants, les entoura de ses bras et offrit sa tête aux coups de ceux qui, par tirage au sort, exécutaient ce triste office. Lorsque ces dix hommes les eurent tous tués sans crainte, ils établirent la même règle pour leur propre tirage au sort : celui qui était tiré au sort tuerait le premier les neuf autres, puis se tuerait lui-même. Tous avaient donc suffisamment de courage pour ne pas être en reste les uns par rapport aux autres dans leurs actions et leurs souffrances. En conclusion, les neuf hommes offrirent leur tête au bourreau, et celui qui était le dernier de tous examina tous les autres corps, de peur que l’un d’eux, parmi tant d’autres, n’ait besoin de son aide pour être complètement éliminé. Lorsqu’il vit qu’ils étaient tous tués, il mit le feu au palais.Et, de la force de sa main, il se transperça de son épée et tomba mort près de ses proches. Ces gens moururent donc avec l’intention de ne laisser en vie aucune âme parmi eux, soumise aux Romains. Pourtant, il y avait une femme âgée, et une autre, parente d’Éléazar, supérieure à la plupart des femmes par sa prudence et son savoir, avec cinq enfants, qui s’étaient cachés dans des cavernes souterraines, y avaient apporté de l’eau pour leur boisson, et s’y étaient cachés pendant que les autres s’entretuaient. Ces autres étaient au nombre de neuf cent soixante, femmes et enfants compris dans ce décompte. Ce massacre calamiteux eut lieu le quinzième jour du mois de Xanthicus (Nisan).
2. Quant aux Romains, ils s’attendaient à être combattus au matin. Ils revêtirent donc leurs armes et posèrent des ponts de planches sur leurs échelles depuis leurs rives, pour attaquer la forteresse, ce qu’ils firent. Mais ils ne virent aucun ennemi, mais une terrible solitude de tous côtés, un incendie à l’intérieur et un silence complet. Ils ne savaient donc pas ce qui s’était passé. Finalement, ils poussèrent un cri, comme sous un coup de bélier, pour voir s’ils pourraient faire sortir quelqu’un de l’intérieur. Les femmes entendirent ce bruit et sortirent de leur caverne souterraine, et racontèrent aux Romains ce qui s’était passé, comme cela s’était passé. La seconde d’entre elles décrivit clairement tout ce qui avait été dit et ce qui s’était passé, ainsi que la manière dont cela s’était passé. Cependant, elles ne prêtèrent pas facilement attention à une entreprise aussi désespérée et ne crurent pas que cela puisse se passer comme elles le disaient. Ils tentèrent également d’éteindre l’incendie et, se frayant rapidement un chemin à travers, ils entrèrent dans le palais et rencontrèrent la multitude des morts. Mais ils ne purent s’en réjouir, même s’ils s’adressaient à leurs ennemis. Ils ne purent que s’émerveiller du courage de leur résolution et du mépris inébranlable de la mort dont un si grand nombre d’entre eux avaient fait preuve en commettant une telle action.
Que beaucoup de sicaires se sont également enfuis à Alexandrie et que les dangers qu’ils y couraient étaient tels que le temple qui avait été construit auparavant par Onias, le grand prêtre, a été détruit.
1. Après la prise de Massada, le général laissa une garnison dans la forteresse pour la garder, et se rendit lui-même à Césarée ; car il n’y avait plus d’ennemis dans le pays, mais tout était détruit par une si longue guerre. Pourtant, cette guerre provoqua des troubles et des désordres dangereux, même dans des endroits très éloignés de la Judée ; car il arriva que de nombreux Juifs furent massacrés à Alexandrie, en Égypte. Tous les Sicaires qui purent s’y réfugier, fuyant les guerres séditieuses en Judée, ne se contentèrent pas d’avoir survécu, mais durent entreprendre de nouveaux troubles, et persuadèrent nombre de ceux qui les recevaient de revendiquer leur liberté, de ne pas considérer les Romains comme supérieurs à eux-mêmes et de considérer Dieu comme leur seul Seigneur et Maître. Mais lorsqu’une partie des Juifs de renom s’opposa à eux, ils en tuèrent certains, et avec les autres, ils exhortèrent avec insistance à se révolter contre les Romains. Mais lorsque les principaux du sénat virent à quelle folie ils étaient tombés, ils crurent qu’il n’était plus prudent pour eux de les ignorer. Ils rassemblèrent donc tous les Juifs en assemblée, accusèrent la folie des Sicaires et démontrèrent qu’ils étaient les auteurs de tous les maux qui les avaient frappés. Ils dirent aussi que « ces hommes, maintenant qu’ils ont été chassés de Judée, n’ayant aucun espoir certain d’échapper, car dès qu’ils seront connus, ils seront bientôt détruits par les Romains, ils viennent ici et nous comblent de leurs malheurs, alors que nous n’avons participé à aucun de leurs péchés. » En conséquence, ils exhortèrent la multitude à prendre garde d’être entraînée dans leur destruction, et à présenter leurs excuses aux Romains pour ce qui avait été fait, en leur livrant ces hommes. Ceux-ci, ainsi informés de l’ampleur du danger qu’ils couraient, obéirent à ce qui était proposé et se précipitèrent avec une grande violence sur les Sicaires et s’en emparèrent. Six cents d’entre eux furent pris sur-le-champ. Quant à tous ceux qui s’étaient enfuis en Égypte et à Thèbes, en Égypte, ils furent bientôt rattrapés et ramenés. Leur courage, ou plutôt leur folie ou leur hardiesse, étonna tout le monde. Car, malgré tous les tourments et les vexations corporelles imaginables, ils ne purent convaincre aucun d’entre eux d’avouer, ou de paraître avouer, que César était leur maître. Mais ils conservèrent leur opinion, malgré toute la détresse à laquelle ils étaient soumis, comme s’ils avaient reçu ces tourments et le feu lui-même avec un corps insensible à la douleur et une âme qui, en quelque sorte, s’en réjouissait. Mais ce qui étonnait le plus les spectateurs, c’était le courage des enfants ; car aucun d’entre eux ne fut vaincu par ces tourments au point de nommer César leur maître.Jusqu’à présent, la force du courage [de l’âme] l’emporte sur la faiblesse du corps.
2. Or, Loup gouvernait alors Alexandrie, et César envoya aussitôt un message à César concernant cette commotion. Celui-ci, soupçonnant l’esprit inquiet des Juifs d’innover, et craignant qu’ils ne se réunissent de nouveau et ne persuadent d’autres de se joindre à eux, donna l’ordre à Loup de démolir ce temple juif qui était dans la région appelée Oignon, [16] et qui était en Égypte, qui avait été construit et avait sa dénomination à la suite de l’événement suivant : Onias, fils de Simon, l’un des grands prêtres juifs, s’enfuit d’Antiochus, roi de Syrie, alors qu’il faisait la guerre aux Juifs, et vint à Alexandrie ; et comme Ptolémée le reçut très bien, à cause de sa haine pour Antiochus, il l’assura que s’il acceptait sa proposition, il amènerait tous les Juifs à son secours ; et lorsque le roi accepta de le faire dans la mesure de ses moyens, il le pria de lui donner la permission de construire un temple quelque part en Égypte, et d’adorer Dieu selon les coutumes de son propre pays ; car les Juifs seraient alors d’autant plus disposés à combattre contre Antiochus qui avait ravagé le temple de Jérusalem, et qu’ils viendraient alors à lui avec plus de bonne volonté ; et qu’en leur accordant la liberté de conscience, un très grand nombre d’entre eux passeraient à lui.
3. Ptolémée accepta donc ses propositions et lui donna un lieu à cent quatre-vingts stades de Memphis. [17] Ce nomos fut appelé le nomos d’Hellopolls, où Onias construisit une forteresse et un temple, non pas semblable à celui de Jérusalem, mais ressemblant à une tour. Il le construisit en grosses pierres, d’une hauteur de soixante coudées ; il fit imiter la structure de l’autel par celle de notre pays, et le décora de la même manière, à l’exception du chandelier. Car il ne fit pas de chandelier, mais fit forger une lampe unique en or, qui illuminait le lieu de ses rayons, et qu’il suspendit à une chaîne d’or. Le temple tout entier était entouré d’un mur de briques cuites, bien que ses portes soient en pierre. Le roi lui donna aussi un vaste territoire en échange d’argent, afin que les prêtres puissent disposer de provisions abondantes et que Dieu ait en abondance les choses nécessaires à son culte. Cependant, Onias n’agissait pas ainsi par sobriété ; il avait l’intention de lutter contre les Juifs de Jérusalem et ne pouvait oublier l’indignation qu’il ressentait d’en avoir été banni. Aussi, pensait-il, en construisant ce temple, attirerait-il à lui un grand nombre de Juifs. Une ancienne prédiction, faite par un prophète nommé Isaïe, environ six cents ans auparavant, annonçait que ce temple serait construit par un Juif d’Égypte. Voici l’histoire de la construction de ce temple.
4. Or, Loup, gouverneur d’Alexandrie, après avoir reçu la lettre de César, se rendit au temple, en emporta une partie des offrandes qui y avaient été consacrées et ferma le temple lui-même. Peu après la mort de Loup, Paulin lui succéda. Cet homme ne laissa rien de ces offrandes et menaça sévèrement les prêtres s’ils ne les emportaient pas toutes. Il ne permit même pas à ceux qui désiraient y adorer Dieu de s’approcher du lieu sacré. Mais, après en avoir fermé les portes, il le rendit totalement inaccessible, de sorte qu’il ne subsista plus la moindre trace de culte divin. Or, la durée entre la construction de ce temple et sa fermeture fut de trois cent quarante-trois ans.
CONCERNANT JONATHAN, L’UN DES SICAIRES, QUI A PROVOQUÉ UNE SÉDITION À CYRÈNE ET ÉTAIT UN FAUX ACCUSATEUR [DES INNOCENTS].
1. La folie des Sicaires, telle une maladie, s’étendit jusqu’aux villes de Cyrène. Un certain Jonathan, homme vil, tisserand de métier, y arriva et obtint l’attention d’un grand nombre de pauvres. Il les conduisit aussi dans le désert, en leur promettant des signes et des apparitions. Quant aux autres Juifs de Cyrène, il leur cacha sa fourberie et les trompa. Mais les plus illustres d’entre eux informèrent Catulle, gouverneur de la Pentapole libyenne, de sa marche dans le désert et des préparatifs qu’il avait faits. Il envoya donc à sa poursuite cavaliers et fantassins, et les vainquit facilement, car ils étaient sans armes. Beaucoup d’entre eux furent tués dans le combat, mais quelques-uns furent capturés vivants et amenés à Catulle. Quant à Jonathan, chef de ce complot, il s’enfuit à ce moment-là. Mais après de longues et assidues recherches, menées dans tout le pays, il fut finalement arrêté. Conduit devant Catulle, il imagina un moyen d’échapper à la punition et de donner à Catulle l’occasion de commettre de nombreux méfaits. Il accusa faussement les Juifs les plus riches, les accusant de l’avoir mis dans le pétrin.
2. Catulle admit facilement ses calomnies, envenima grandement la situation et lança des exclamations tragiques, afin de laisser supposer qu’il avait contribué à la fin de la guerre des Juifs. Mais, plus difficile encore, non seulement il prêta trop facilement foi à ses récits, mais il apprit aux Sicaires à accuser faussement les autres. Il ordonna donc à Jonathan de nommer un certain Alexandre, un Juif (avec lequel il avait eu une dispute et avait ouvertement avoué sa haine) ; il lui fit aussi nommer sa femme Bérénice, comme ayant des liens avec lui. Catulle ordonna d’exécuter ces deux-là en premier lieu ; après eux, il fit tuer tous les Juifs riches et fortunés, au nombre de trois mille au total. Il pensait pouvoir le faire en toute sécurité, car il confisqua leurs biens et les ajouta aux revenus de César.
3. De peur que des Juifs vivant ailleurs ne le condamnent pour sa méchanceté, il étendit ses fausses accusations et persuada Jonathan, ainsi que certains autres qui furent surpris avec lui, de porter une accusation de tentatives d’innovation contre les Juifs les plus honnêtes, tant à Alexandrie qu’à Rome. Parmi ceux-ci, Josèphe, l’auteur de ces livres, était visé par cette accusation perfide. Cependant, ce complot, ainsi ourdi par Catulle, ne réussit pas comme il l’espérait. Car, bien qu’il soit venu lui-même à Rome, emmenant Jonathan et ses compagnons enchaînés, et qu’il ait pensé ne pas devoir faire l’objet d’une enquête plus approfondie sur les mensonges forgés sous son gouvernement ou par son intermédiaire, Vespasien, soupçonnant l’affaire, chercha à savoir si elle était vraie. Lorsqu’il comprit que l’accusation portée contre les Juifs était injuste, il les absout des crimes qui leur étaient reprochés, grâce à l’inquiétude de Titus, et infligea à Jonathan un châtiment mérité. car il fut d’abord tourmenté, puis brûlé vif.
4. Quant à Catulle, les empereurs furent si cléments envers lui qu’il ne subit aucune condamnation sévère à ce moment-là. Pourtant, il ne tarda pas à tomber dans une maladie compliquée et presque incurable, et à mourir misérablement. Non seulement il était atteint physiquement, mais son malaise mental était plus lourd que le précédent ; car il était terriblement perturbé et criait sans cesse qu’il voyait les fantômes de ceux qu’il avait tués se tenir devant lui. Sur quoi, incapable de se contenir, il sauta hors de son lit, comme si on lui apportait tourments et feu. Son mal s’aggrava de plus en plus, et ses entrailles furent si rongées qu’elles tombèrent de son corps, et c’est dans cet état qu’il mourut. Il devint ainsi un exemple plus important que jamais de la Providence divine, et démontra que Dieu punit les méchants.
5. Nous concluons ici notre histoire, dans laquelle nous avions promis de la livrer avec la plus grande exactitude à ceux qui désireraient comprendre comment fut menée cette guerre entre les Romains et les Juifs. Quant à la qualité du style de cette histoire, il appartient aux lecteurs d’en juger ; quant à sa concordance avec les faits, je n’hésiterai pas à dire, et avec audace, que la vérité a été mon seul objectif tout au long de sa rédaction.
Livre VI — Depuis la grande extrémité où furent réduits les Juifs jusqu'à la prise de Jérusalem par Titus | Page de titre | Préface aux Antiquités juives |
Guerre 7.1a Pourquoi le grand Bochart dit-il (De Phoenic. Colon. B. II. ch. iv.) qu’« il y a dans cette clause de Josèphe autant d’erreurs que de mots », je ne comprends en aucun cas. Josèphe pensait que Melchisédek avait d’abord construit, ou plutôt reconstruit et orné, cette ville, et qu’elle s’appelait alors Salem, comme le Psaume 76:2 ; qu’elle fut ensuite appelée Jérusalem ; et que Melchisédek, étant prêtre aussi bien que roi, y construisit au vrai Dieu un temple, ou un lieu de culte divin public et de sacrifice ; tout cela peut être très vrai pour autant que nous sachions le contraire. Et pour le mot, ou temple, comme s’il devait nécessairement appartenir au grand temple construit par Salomon longtemps après, Josèphe lui-même utilise, pour le petit tabernacle de Moïse, Antiq. B. III. ch. 6. sect. 4 ; voir aussi Antiq. B. lit. ch. 6. sect. 1 ; comme il l’utilise ici, pour une grande et splendide synagogue des Juifs à Antioche, B. VII. ch. 3. sect. 3. ↩︎
Guerre 7.2a Ce Tereutius Rufus, comme Reland l’observe en partie ici, est la même personne que les Talmudistes appellent Turnus Rufus ; de qui ils racontent qu’il « laboura Sion comme un champ, et fit de Jérusalem comme des monceaux de pierres, et de la montagne de la maison comme les hautes Idaces d’une forêt » ; ce qui avait été prédit bien avant par le prophète Michée, ch. 3:12, et cité de lui dans les prophéties de Jérémie, ch. 26:18. ↩︎
Guerre 7.3a Voir Ecclésiaste 8:11. ↩︎
Guerre 7.4a Cette Béryte était certainement une colonie romaine, et des pièces de monnaie subsistent qui en témoignent, comme nous l’apprennent Hudson et Spanheim. Voir la note sur Antiq. B. XVI : ch. 11. sect. 1. ↩︎
Guerre 7.5a Les Juifs d’Antioche et d’Alexandrie, les deux principales villes de tout l’Orient, avaient reçu, des Macédoniens, puis des Romains, un gouverneur qui leur était propre, exempt de la juridiction des autres gouverneurs civils. On l’appelait parfois simplement « gouverneur », parfois « ethnarque », et [à Alexandrie] « alabarque », comme le Dr Hudson le remarque à ce sujet dans les Mélanges de Fuller. Ils avaient reçu un ou plusieurs gouverneurs similaires à Babylone pendant leur captivité, comme le suggère l’histoire de Suzanne. ↩︎
Guerre 7.6a Ce Classicus, et Civilis, et Cerealis sont des noms bien connus chez Tacite ; les deux premiers comme fomentant la sédition contre les Romains, et le dernier comme envoyé pour les réprimer par Vespasien, tout comme ils sont décrits ici chez Josèphe ; ce qui est le cas aussi de Fontellis Agrippa et Rubrius Gallup, i, sect. 3. Mais quant au récit très favorable donné maintenant de Domitien, particulièrement quant à ses desseins dans cette expédition gauloise et germanique, il n’est pas peu contraire à celui de Suétone, Vesp. sect. 7. Les raisons qui pourraient occasionner cette grande diversité ne sont pas non plus obscures : Domitien était l’un des protecteurs de Josèphe, et lorsqu’il publia ces livres sur la guerre des Juifs, il était très jeune, et avait à peine commencé ces pratiques méchantes qui le rendirent si infâme par la suite ; tandis que Suétone semble avoir été trop jeune, et trop bas dans la vie, pour recevoir de lui des faveurs remarquables ; comme Domitien était certainement très obscène et cruel, et généralement détesté, lorsque Puétone a écrit à son sujet. ↩︎
Guerre 7.7a Puisque dans ces derniers âges ce fleuve sabbatique, autrefois si célèbre, qui, d’après le récit de Josèphe ici, coulait tous les sept jours et se reposait six, mais selon Pline, Nat. Hist. 31. II, coulait perpétuellement pendant six jours et se reposait tous les sept, (bien qu’il n’apparaisse en aucune façon dans aucun de leurs récits que le septième jour de ce fleuve était le septième jour ou sabbat juif), a complètement disparu, je n’en ajouterai pas plus à ce sujet : voir seulement la note du Dr Hudson. Dans la Géographie de Varenius, i, 17, le lecteur trouvera plusieurs exemples de telles fontaines et rivières périodiques, bien qu’aucune de leurs périodes ne fût celle d’une semaine juste comme cela semble avoir été le cas autrefois. ↩︎
Guerre 7.8a Vespasien et ses deux fils, Titus et Domitien. ↩︎
Guerre 7.9a Voyez les représentations de ces vases juifs tels qu’ils se trouvent encore sur l’arc de triomphe de Titus à Rome, dans le très curieux livre de Reland, de Spoliis Ternpli, tout au long. Mais les choses principales à noter sont celles-ci : (1.) Que Josèphe dit que le chandelier porté ici dans ce triomphe n’était pas tout à fait comme celui qui était utilisé dans le temple, ce qui apparaît dans le nombre de petits boutons et de fleurs sur celui de l’arc de triomphe ne concordant pas bien avec la description de Moïse, Exode 25:31-36. (2.) La petitesse des branches chez Josèphe comparée à l’épaisseur de celles de cet arc. (3.) Que la Loi ou Pentateuque n’apparaît pas du tout sur cet arc, bien que Josèphe, un témoin oculaire, nous assure qu’il était porté dans cette procession. Tous ces points méritent l’attention du lecteur curieux. ↩︎ ↩︎ ↩︎
Guerre 7.10a Spanheim observe ici qu’à Graceia Major et en Sicile ils avaient des rues prodigieusement grandes et durables, comme cette rue à Macherus, ↩︎
Guerre 7.11a Ce récit étrange du lieu et de la racine Baaras semble avoir été tiré des magiciens, et la racine aurait été utilisée à l’époque de Josèphe, dans cette manière superstitieuse de chasser les démons, qu’il supposait provenir du roi Salomon ; dont nous avons déjà vu qu’il avait une grande opinion, Antiq. B. VIII. ch. 2. sect. 5. Nous pouvons également apprendre de là la véritable notion que Josèphe avait des démons et des démoniaques, exactement comme celle des Juifs et des chrétiens dans le Nouveau Testament et les quatre premiers siècles. Voir Antiq. BI ch. 8. sect. 2 ; B. XI, ch. 2. sect. 3. ↩︎
Guerre 7.12a Il est très remarquable que Titus n’ait pas peuplé ce pays de Judée, aujourd’hui désolé, mais ait ordonné qu’il soit entièrement vendu ; il n’est d’ailleurs pas correctement peuplé à ce jour, mais il est prêt à accueillir ses anciens habitants, les Juifs, lors de leur future restauration. Voir Accomplissement littéral des prophéties, p. 77. ↩︎
Guerre 7.13a Que la ville d’Emmaüs, ou Areindus, selon Josèphe et d’autres, qui était le siège du gouvernement de Jules l’Africain, ait été massacrée au nombre de mille sept cents, ainsi que les femmes et les enfants réduits en esclavage. Mais comme Bassus pensait devoir respecter l’alliance qu’il avait conclue avec ceux qui avaient rendu la citadelle, il les laissa partir et leur rendit Éléazar, au début du IIIe siècle, qu’il fit ensuite reconstruire, et après cette reconstruction, elle fut appelée Nicopolis, est entièrement différente de cet Emmaüs mentionné par saint Luc 24;13 ; voir Reland’s Paleestina, lib. II. p. 429, et également sous le nom d’Ammaus. Mais il pense à juste titre que ce qui est décrit dans saint Luc pourrait bien être le même que celui d’Ammaüs, d’autant plus que les copies grecques situent généralement cette ville à soixante stades de Jérusalem, comme le fait saint Luc, alors que les copies latines n’en indiquent que trente. L’emplacement prévu pour ces huit cents soldats, comme pour une garnison romaine, en ce lieu, ne serait naturellement pas aussi éloigné de Jérusalem que l’était l’autre Emmaüs, ou Nicopolis. ↩︎
Guerre 7.14a Pline et d’autres confirment cet étrange paradoxe, que les provisions constituées en prévision des sièges resteront valables pendant cent ans, comme le note Spanheim à cet endroit. ↩︎
Guerre 7.15a Les discours de cette section et de la suivante, tels qu’ils ont été introduits sous la personne de cet Éléazar, sont extrêmement remarquables et abordent les sujets les plus nobles, le mépris de la mort, la dignité et l’immortalité de l’âme ; et cela non seulement parmi les Juifs, mais aussi parmi les Indiens eux-mêmes ; et méritent grandement la lecture de tous les curieux. Il semble que cette dame philosophe qui a survécu, ch. 9. sect. 1, 2, se souvienne de la substance de ces discours, tels que prononcés par Éléazar, et que Josèphe les ait donc revêtus de ses propres mots : au plus bas, ils contiennent les notions juives sur ces points, telles que comprises alors par notre Josèphe, et ne peuvent que mériter une considération appropriée de notre part. ↩︎
Guerre 7.19a De ce temple construit par Onias en Égypte, voir les notes sur Antiq. B. XIII. ch. 3. sect. 1. Mais alors qu’il est dit ailleurs, à la fois dans la Guerre, BI ch. 1. sect. 1, et dans les Antiquités telles que citées maintenant, que ce temple était semblable à celui de Jérusalem, et ici qu’il n’était pas semblable à celui-ci, mais comme une tour, sect. 3, il y a quelque raison de suspecter la lecture ici, et que soit la particule négative doit être ici effacée, soit le mot entièrement ajouté. ↩︎
Guerre 7.20a Nous devons observer que Josèphe parle ici d’Antiochus qui a profané le temple comme étant maintenant vivant, quand Onias a reçu la permission de Philométreur de construire son temple ; alors qu’il ne semble pas avoir été réellement construit avant environ quinze ans plus tard. Pourtant, parce qu’il est dit dans les Antiquités qu’Onias est allé chez Philométreur, B. XII. ch. 9. sect. 7, pendant la vie de cet Antiochus, il est probable qu’il a demandé, et peut-être obtenu sa permission alors, bien qu’il n’ait été réellement construit ou terminé que quinze ans plus tard. ↩︎