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Nous devrions donc arriver au terme de notre septuple périple Havonien autour de l’Île centrale du Paradis avec une forte conceptualisation du temps et de l’espace, tellement forte que nous serons finalement aptes à « l’assoupissement final du temps, dans le sommeil du transit d’éternité vers le but du Paradis. » Sur ces planètes merveilleuses de Havona, nous parviendrons à complètement nous affranchir du temps et de l’espace, car « au Paradis, on ne compte pas le temps; la séquence des événements successifs est inhérente au concept des natifs de l’Île centrale. » [LU 22:9.8] Au contact des natifs de Havona nous deviendrons presque parfaits pour un espace sans temps et un temps sans espace, car « Le mental du Paradis dépasse la compréhension humaine ; il est existentiel, non spatial et non temporel. » [LU 42:10.7] Nos jugements sur tous les actes deviendront immédiats, car « Du point de vue du Paradis, le jugement est concomitant avec l’acte. » [LU 54:5.13] Nous deviendrons de plus en plus à la ressemblance de Dieu, sans jamais devenir Dieu; nous ne serons pas Dieu mais nous serons divins. Nous aurons fait toute l’expérience temporelle et spatiale de gravir les étapes de la transcendance dans l’immanence, et nous serons prêts pour entamer notre mission dans les espaces extraordinaires des galaxies extérieures. Nous participerons alors à la carrière de service destinée à faire comprendre comment Dieu le Père « proclame la fin depuis le commencement » [LU 2:2.1], le but de l’absolu. Et tout ceci ne pourra se faire que par la gouverne de l’Esprit Infini.
Mais touchant les finalités du domaine spirituel, nous avons encore à déterminer quelles sont les options de notre devenir. Et, justement, il semble que notre devenir éternel est encore à déterminer, alors que nous en sommes à passer d’un monde à l’autre sur les circuits du milliard de mondes de Havona. Voyons ce qu’il en est :
Dans un de ses derniers appendices, W.S.Sadler Jr., à propos de l’existence d’une « fin » hypothétique à la croissance éternelle, pose cette question: « Le concept d’une « fin » est-il simplement une ‘faiblesse de la pensée’ résultant des limitations d’espace-temps du mental humain ?» A une telle question et nonobstant la faiblesse de notre mental, ainsi qu’au vu de tout ce qui nous est révélé du déploiement de la création divine, ne pouvons-nous pas nous poser cette autre question corollaire et qui ne va pas manquer de surprendre : Mais est-ce que les réalités spatiales et temporelles sont autre chose que la simple manifestation quantitative de la matière-énergie ? Voici ma question qui tente de répondre en même temps à celle De W.S. Sadler Jr. : Est-ce que la Trinité existentielle du Paradis aurait pu mettre en chantier une création éternellement croissante et infinie sans tenir compte nécessairement des lois arithmétiques qu’offre le simple énoncé de la numération avec ses particularismes incontournables ? Autrement dit, est-ce que l’absonité n’apparaît pas d’une certaine manière comme la transcendance de ce qui crée le temps et l’espace, c’est-à-dire, une transcendance du quantifiable, c’està-dire encore une transcendance des lois du nombre dans ses aspects quantifiants comme qualifiants ? Nous devons répondre à cette question, et nous verrons qu’elle était loin d’être innocente.
De fait, qu’est-ce que absonite, sinon, comme on ne cesse pas de nous le dire, la transcendance des paramètres de temps et d’espace, moyennant quoi l’Ultimité peut se présenter comme survenant finalement (eventuating), c’est-à-dire s’absonitisant pour entamer l’éternelle quête de l’absoluité, de l’infinité? Il faut penser, ici comme nous l’avons vu plus haut, que le mot « absonite » exprime un stade intermédiaire entre, d’une part le stade de la création finie, spatiale et temporelle, et comme telle sujette aux lois du nombre, et d’autre part le stade pré-temporel et préspatial. Nous sommes dans Havona et nous avons à considérer que « La Trinité du Paradis prend en considération les niveaux d’existence qui sont plus que finis mais moins qu’absolus et cette relation est parfois dénommée la Trinité de l’Ultimité. » [LU 10:5.5]
Réfléchissons encore. Poser la question de l’incontournable suite 1, 2, 3, … etc., n’est-ce pas déjà poser la question de l’infinité quantifiable et qualifiable ? Par ailleurs, « s’ériger en Dieu événementiel du supertemps et de l’espace transcendé, (eventuating God of supertime and transcended space) comme le fait l’Ultime, [LU 0:2.17] n’est-ce pas se présenter en marge de la spatio-temporalité, en marge de cette suite nombrante qui qualifie et décrit partout l’espace-temps ? Le Livre d’Urantia établit distinctement les rôles respectifs de Dieu le Suprême et de Dieu l’Ultime. Le second transcende l’espace-temps, alors que le premier étend toute son action dans l’espace et le temps suivant le nombre: « Le grand univers est le triple domaine de Déité de la Trinité de Suprématie, de Dieu le Septuple et de l’Être Suprême. » [LU 0:8.10] Sa composante centrale est le Dieu Septuple, composante éminemment numérale. Cette action du Dieu Septuple nous concerne directement car elle établit pour nous tous les jalons de notre carrière expérientielle. « Cet-te personnalisation septuple de la Dété dans le temps et l’espace et pour les sept superunivers, rend l’homme mortel capable d’atteindre la présence de Dieu, qui est esprit. Cette Déité septuple qui, pour les créatures de l’espace-temps fini, personnalisant en son temps le pouvoir dans l’Être Suprême, est la Déité fonctionnelle des créatures mortelles évolutionnaires de la carrière d’ascension du Paradis. Une telle carrière de découverte expérientielle de réalisation de Dieu commence par la reconnaissance de la divinité du Fils Créateur de l’univers local, s’élève par la reconnaissance des Anciens des Jours du superunivers et de la personne de l’un des Sept Maîtres Esprits et va jusqu’à l’aboutissement de la découverte et de la reconnaissance de la divine personnalité du Père Universel du Paradis. » [LU 0:8.9]
Ainsi, tandis que Dieu le Suprême par l’intermédiaire de Dieu le septuple organise notre carrière selon le nombre, comme disait Platon, Dieu l’Ultime transcende le quantifiable et tout ce qu’il comporte d’existence personnalisée et spiritualisée sans avoir recours aux lois unitaire, ternaire, septénaire, dénaire, etc. Dès lors, si la voie du Suprême s’est organisée spatio-temporellement à partir de l’action des 28.011 Maîtres Architectes du maître univers, il faut bien admettre qu’au-delà, c’est-à-dire en abordant le domaine de Dieu l’Ultime, doit se profiler une résolution de l’infinité devant confiner à l’absoluité sans plus qu’intervienne le secours du quantifiable. Mais il n’appartient ni à l’un ni à l’autre de parvenir à une telle résolution : « Ni l’Ultime ni le Suprême ne représentent totalement la Trinité du Paradis, mais, dans un sens restrictif et pour leurs niveaux respectifs, chacun paraît représenter la Trinité durant les époques pré-personnelle où se développe le pouvoir expérientiel. » [LU 10:3.8]
Ainsi, dans le projet divin, à l’instar de la créativité du Suprême, l’absonité de l’Ultime est un moyen et non une fin. Seule l’absoluité acquise pourra compléter l’unification expérientielle de tous les potentiels. Mais même nos Révélateurs et les philosophes des univers, dont ils se réclament, ignorent comment pourrait s’accomplir une telle unification finale dans un contexte d’infinité. Néanmoins et pour revenir à la distinction qu’il convient de faire entre créativité et absonité, nous pouvons ici faire une hypothèse. En effet, il nous faut reconnaître qu’au-delà de notre condition d’ascendeurs de l’espace-temps, nos efforts tendus vers le Père se solderont sans doute pour certains d’entre nous par au moins deux catégories majeures de la destinée. Voici pourquoi :
Certains d’entre nous (la première catégorie d’ascendeurs) deviendront des Finalitaires et leurs missions futures semblent devoir être distribuées dans les milliards de formations des niveaux de créations extérieures, moyennant quoi, ils n’échapperont pas au quantifiable, c’est-à-dire à l’espace et au temps, et ces missions seront encore conditionnées par le modus vivendi nombré et nombrant. (Rappelons ici que la somme globale des agrégats de l’ensemble des formations extérieures se monte selon un calcul simple à 28 millions, soit la somme : 70 000 + 490 000 + 3 343 000 + 24 010 000. Et si nous considérons que chacune de ces formations sera plus vaste que l’un des sept superunivers, je laisse à d’autres le soin de compter ou d’imaginer le nombre de personnalités qui seront susceptibles d’occuper cette immensité.) Tel sera sans doute le travail des ascendeurs de la première catégorie ; ils auront à accomplir le travail de conduire vers le Père ces populations auxquelles, en tant que Finalitaires, ils auront sans doute la tâche d’enseigner expérientialité.
Par le ministère des Ajusteurs intérieurs les finalitaires sont mis à même de trouver le Père Universel, mais c’est par ces techniques de l’expérience qu’ils parviennent réellement à connaître l’Etre Suprême, et ils sont destinés à aller dans les futurs univers de l’espace extérieur pour y servir et révéler cette Déité suprême. [LU 56:8.2]
D’autres ascendeurs, (la seconde catégorie) bien qu’opérant aussi dans les univers de l’espace et du temps, agiront sur un niveau transcendant l’espace-temps, rejoignant ainsi dans une certaine mesure la condition absonitaire. C’est, semble-til, ce qui doit arriver à tous ceux des ascendeurs qui sauront dépasser le stade du quantifiable ; ils semblent dès lors être devenus dignes d’être embrassés par la Trinité et demeurent, comme tels, « consacrés et affectés pour toujours à son service. » [LU 22:1.1]
Ces ascendeurs, parce qu’ils ont, à leur manière, transcendé le temps et l’espace, deviennent dépourvus de nom et de nombre, et il nous est dit d’eux qu’ils « constituent le troisième et dernier groupe des Fils d’aboutissement Trinitisés. Ils sont les âmes ascendantes qui ont développé une aptitude à l’adoration dépassant en habileté celle de tous les fils et filles des races évolutionnaires des mondes du temps et de l’espace. Ils ont acquis un concept spirituel du dessein éternel du Père Universel d’une manière qui, par comparaison, transcende la compréhension des créatures évolutionnaires ayant un nom et un nombre; c’est pourquoi on les appelle les Dépourvus de Nom et de Nombre. Une traduction plus stricte de leur appellation serait Ceux qui ont transcendé le Nom et le Nombre. » [LU 22:4.1]
Que nos progrès dans notre éternité future nous réservent un sort de Finalitaires ou de Dépourvus de Nom et de Nombre, il semble que dans un cas comme dans l’autre nous ayons à découvrir par nous-mêmes l’importance éternelle du nombre, c’est-àdire l’importance du temps et de l’espace ; et si nous sommes à la recherche d’une symbolique spatio-temporelle décrivant les aspirations de la Déité quant à son projet expérientialité, n’est-ce pas dans les nombres que nous devons chercher ?
A partir d’une telle démarche intellectuelle, il est possible de décrire la manifestation expérientielle comme assujettie volontairement par la Déité aux lois numérales, le temps et l’espace se présentant comme une sorte d’abscisses et d’ordonnées d’une construction cosmique qui ne pourra être dépassée que par l’aboutissement de l’absolu. Et toute cette capacité nombrante est inscrite à l’intérieur des dix symboles numériques. Cet ensemble, avec ses fonctions symbolisantes uniques et ainsi symbolisantes, constitue sans doute ce que les révélateurs nomment « les prémathématiques de la force, de l’énergie et du pouvoir. » [LU 104:3.2], bases incontournables de la création expérientielle de temps et d’espace.
Jeanmarie Chaise
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