© 1998 Jeanmarie Chaise
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Le coté merveilleux de la vie qui nous est offerte, c’est que nous soyons libres de nous unir comme de nous désunir, et de toujours nous apercevoir que, finalement, parce que l’organisation cosmique de Dieu est pyramidale, tout ce qui est union tend vers le Créateur, vers le Père, vers le sommet, alors que tout ce qui est désunion implique la nécessité de nouveaux efforts futurs pour nous unir à nouveau ou nous démettre définitivement du projet divin. Il semble, en effet, que nous ne puissions jamais parvenir à progresser spirituellement si nous laissons derrière nous des inimitiés fondamentales sur lesquels nous ne sachions revenir. Jésus nous a invités à aimer même nos ennemis, n’ayant, en vérité, aucun mérite à n’aimer que ceux qui nous aiment. L’exemple magistral de ceci nous est donné dans le Livre d’Urantia.
Quant un père, qui a cru pendant longtemps son fils définitivement perdu, le voit revenir, que fait-il ? Il court à sa rencontre et crie de joie. Or le fils est un voyou. Va-t-il lui faire des reproches ? Il lui fait fête, à lui qui a dilapidé son héritage ; il n’a pas les mêmes attentions pour l’autre fils qui, lui, s’est montré irréprochable, mais qui, durant toute l’absence de son frère, a bénéficié de la présence du père et de tous les bienfaits de la sécurité au sein du cocon familial. Histoire exemplaire qui domine la Bonne Nouvelle ! Elle situe d’emblée l’amour à sa vraie et juste place.
Ce ne sont plus tout à fait les règles de la justice, de la morale ni de la raison humaine courante qui sont là appliquées ; on se retrouve dans un domaine tout différent, dans un autre ordre, qui ignore, qui annihile les lois habituelles. La main de ce père sur l’épaule du garçon en guenilles, agenouillé à ses pieds, rejette d’un coup la société, avec sa logique et ses valeurs. Elle y introduit une autre évidence, l’évidence du cœur ; elle transfigure l’image du divin en mettant au foyer de ce monde non un juge, mais une main paternelle. L’ordre ancien est renversé, ses lois dépassées, l’amour règne et conduit tout… Or, nous comprenons ce geste du père, nous comprenons cela avec cette sorte d’intelligence du cœur que le discours de Jésus a le don de mobiliser et qui constitue sa différence.
Or, ce qui est accompli ici par le père, c’est l’action conseillée à tous les fils ; ce qui est diligemment montré par Dieu est vivement et affectueusement conseillé à l’homme. Ce qu’un père pardonne à un fils, pourquoi un frère ne le pardonnerait-il pas à un frère avec autant d’amour et de joie manifestée ? C’est comprendre le sens unique de l’évolution vers le spirituel que de saisir et d’appliquer cette intelligence du cœur qui révèle à tous les hommes qu’ils sont frères irrémédiablement.
La parabole du fils égaré suffit à démontrer l’immense bonté de Dieu. Les hommes les meilleurs s’en sont de tout temps inspiré. Je citerai ce fervent adepte de l’intelligence du cœur qui écrivit : «Mon cour sait accueillir. Il est un pâturage pour la gazelle, un couvent pour les moines chrétiens, un temple pour les idoles, la casbah du pèlerin, la table de la Thora et le livre du Coran. Je me laisse guider par la religion de l’amour, quelle que soit la route que prennent ses chameaux.» (Mohieddin Ibn Arabi)
L’intelligence du cœur est donc synonyme d’ouverture d’esprit, de regard porté sur l’autre en essayant de toujours davantage le comprendre sans jamais le condamner à priori. C’est naturellement encore Jésus enseignant ses apôtres, qui nous explique le mieux, par une image saisissante, ce qu’il faut entendre par ouverture d’esprit grâce à l’intelligence du cœur, ce qu’il faut entendre par tolérance grâce à l’effort de comprendre l’autre.
« Essayez de voir par la pensée l’image d’un de vos ancêtres primitifs à l’âge des cavernes — un lourdaud, petit, mal bâti, sale, hargneux, se tenant les jambes écartées, la massue levée, respirant la haine et l’animosité tandis qu’il regarde férocement droit devant lui — Une telle image ne décrit guère la divine dignité de l’homme. Mais élargissons le tableau. Devant cet homme en action, un tigre machérode se prépare à bondir. Derrière lui se tiennent une femme et deux enfants. Vous reconnaissez immédiatement que l’image représente les débuts de beaucoup de beaux et nobles caractères de la race humaine, et pourtant l’homme est le même dans les deux tableaux. Seulement, dans le second, vous êtes favorisés par un élargissement d’horizon, vous discernez le mobile de ce mortel en évolution. Son attitude devient digne de louange parce que vous le comprenez. Si vous pouviez seulement sonder les motifs de vos compagnons, combien mieux vous les comprendriez ! Si seulement vous pouviez connaître vos semblables, vous en tomberiez finalement amoureux. » (LU 100:4.5)
Y a-t-il des limites à l’intelligence du cœur ? Force est de répondre par la négative, car, si c’est par l’amour seulement que tout peut commencer, c’est aussi par l’amour que tout pourra s’éterniser.
Telle est l’émergence primordiale à laquelle Jésus nous a tous invité à joyeusement participer. Que tous ceux des hommes et des femmes de ce monde que j’ai pu fâcher pardonnent les travers qu’ils ont pu remarquer en moi et qui leur ont déplu. Je demeure leur serviteur bien intentionné.
Jeanmarie Chaise
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