© 2013 Karuna Leys
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Les Sept Réalités Fondamentales VII | Le Lien Urantien — Numéro 64 — Automne 2013 — Table des matières | Éveillé à la plénitude de la vie |
L’aptitude d’abstraction (la raison) nous permet également d’imaginer des choses dans le futur, dans un temps qui n’existe pas encore ! C’est pourquoi, nous les hommes, nous pouvons être préoccupés par le sort des générations qui vont vivre après nous, et nous pouvons entreprendre des choses dont le résultat s’effectuera dans un temps lointain. Les animaux ne peuvent pas faire cela. Seul un être à qui est donné la raison, peut réfléchir sur quelque chose qui va se passer bien avant que cela se passe. Il peut imaginer différents scénarios et réfléchir sur les différents moyens pour atteindre son but. Il peut également réfléchir sur la valeur de ce but. Est-ce que le but a vraiment une valeur ? Est-ce que cela vaut la peine ? II peut donc réfléchir sur l’utilité. Est-ce que cela servira à quelque chose ? Quand un homme ne réfléchit pas sur le but et l’utilité des ses efforts, il vit au niveau des animaux.
C’est donc la raison qui nous permet de saisir le présent, le passé et le futur. La raison fait de ces trois une totalité. Elle nous permet de saisir le ‘temps’. Par le moyen de la raison l’être humain peut réfléchir sur le passé et le présent, et projeter des choses ou des événements dans le futur. Un moyen puissant ! Mais cela signifie également que les êtres humains sont conscients de l’inévitabilité de la mort. Les animaux ne le sont pas. Par conséquent les hommes peuvent craindre la mort, même s’il n’y a aucune raison physique et qu’il n’y a aucune menace. L’homme peut imaginer sa propre mort. Il peut imaginer une vie après la mort. Il peut réfléchir là-dessus et en parler avec d’autres.
Nous avons pu constater qu’à un corps vivant, cinq adjuvats, ou esprits de conscience, peuvent être ajoutés. C’est la vie animale. Puis est ajoutée la raison qui rend possible de pouvoir réfléchir avec des idées, des concepts abstraits et des mots, et de reproduire tout cela en sons audibles, c’est ce qu’on appelle le langage. Quand on crée un être auquel on donnera la raison, on devra donc planifier et concevoir un corps avec un organe de parole très précis et très complexe qui pourra produire facilement toute la variation des sons et toutes les combinaisons des sons, un organe donc avec de très fins muscles dans la langue, dans les joues, dans les lèvres, avec des cordes vocales particulières et un larynx spécial, et avec une forme de pharynx et de cavité buccale bien réfléchies. Tout cela est nécessaire pour que toutes les idées puissent être exprimées en mots audibles. L’homme possède effectivement un tel organe de parole. N’est-t-il pas étonnant que vers l’age de 2 ans le larynx commence à descendre, permettant une différentiation de sons, et que ce processus sera fini vers l’âge de 6 ans quand l’enfant aura développé une langue à part entière ? Nous voyons bien le rapport entre le corps et la raison. Ce corps avec son organe de parole spécialisé permet de rendre la raison perceptible. Quand il n’y avait pas encore d’hommes sur Terre, il n’y avait pas moyen de percevoir l’existence de la raison, du logos.
Il y a encore un autre et dernier aspect qui est lié à l’aptitude d’abstraction. Cette aptitude d’abstraction fait également naître en l’homme la moralité, ou la conscience du bien et du mal. Comment?
Un être vivant et conscient sent ce qui fait du bien et ce qui fait du mal à son corps. Les animaux sentent ça aussi. Mais, quand la raison est ajoutée à la conscience d’un être — soit l’aptitude d’abstraction — cet être devient capable de s’imaginer, et donc de savoir, que chez un autre être la même chose fera du bien ou fera du mal. Quand un enfant tombe et se fait mal, alors il est capable d’être conscient du fait que, quand un autre enfant tombe, ou tombera, il aura également mal. La raison qui est présente dans son être lui permet de savoir cela. Un animal ne peut pas s’imaginer cela. Vers l’âge de 4 à 5 ans nous pouvons constater chez les enfants qu’à un certain moment, ils sont devenus capables de — consciemment, intentionnellement et voulu — faire quelque chose qui fait du bien à une autre personne, ou qui lui fait même du mal. La notion du bien et du mal s’installe dans leur conscience et ils peuvent choisir soit pour l’un soit pour l’autre. L’exercice de ce choix, c’est ce que nous appelons le libre arbitre, la volonté. Jusque là c’était toujours un drame quand un autre enfant prenait ses jouets ; maintenant il peut partager son jouet avec l’autre et donner à l’autre le plaisir d’en profiter aussi. Le libre arbitre est donc une force, une réalité, qui nous permet de choisir le bien ou le mal. Le choix de faire le bien pour soi-même ou pour une autre personne, c’est la moralité. Un homme moral est un être qui choisit d’être le bien, et de faire le bien à autrui.
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La raison ou le logos (l’intellect ou l’aptitude d’abstraction) (1), la conscience-de-soi (2), la volonté ou libre arbitre (3), et la moralité (4) sont donc un tout, fonctionnent comme un tout. Ce tout créatif fonctionne dans chaque être humain de façon unique. Ce tout unique c’est ce que nous appelons « la personnalité humaine ». Chaque personnalité humaine est unique. Et cela est vrai depuis le tout début de l’existence de l’homme sur Terre — des milliards et milliards d’êtres humains avec chacun une personnalité unique. Nous sommes de nouveau — comme avec les adjuvats — devant quelque chose qui semble être inépuisable : à chaque fois une autre personne unique, et cela semblablement sans fin.
Alors, ce n’est pas difficile de comprendre que notre ‘personnalité’ est une réalité qui vient directement de la Source de notre vie. La notion « je suis, j’existe » vient directement de la Source, de Dieu. C’est une partie de Son Être qu’ll n’a pas partagé avec les animaux, mais qu’ll nous donne à nous les êtres humains. Pour ceux qui connaissent un peu la Bible ils se rappellent probablement l’histoire de Moïse qui vit un buisson en feu qui ne fut pas consommé par le feu mais d’où sortait la voix de Dieu. Je vous lis un petit passage : « Moïse dit a Dieu: J’irai donc vers les enfants d’Israël, et je leur dirai ‘Le Dieu de vos pères m’envoie vers vous’. Mais s’ils me demandent quel est son nom, que leur répondrai-je ? Dieu dit à Moïse « Je suis celui qui suis ». Et il ajouta « C’est ainsi que tu répondras : celui qui s’appelle ‘je suis’ m’a envoyé vers vous ».
Nous sommes tous des petits « je suis » issue de l’Unique JE SUIS. Il donne des parties de Lui-même, constamment et sans cesse. Pourtant l’Unique JE SUIS n’en devient pas plus petit, pas moins. Le JE SUIS est inépuisable.
Quand notre enfant commence à exercer et à expérimenter sa volonté libre, son libre arbitre, en fait nous devrions être remplis d’égard et de respect au lieu d’être frustrés et impatients. Car à ce moment-là une partie de la nature de l’être divin est donnée à notre enfant. Cette prise de conscience de se trouver devant une réalité divine nous permet de jouer avec notre enfant, de manière intelligente et sereine, le jeu d’exercer sa volonté. Ainsi cette période dans l’éducation devient une période sacrée dans laquelle nous observons avec grande attention et curiosité comment la conscience-de-soi, son sentiment de "je », se révèle, et l’amène ensuite — à un moment donné — à vouloir faire du bien à quelqu’un. Ce moment-là c’est le signe pour les parents que la personnalité s’est maintenant ‘installée’ complètement. Notre enfant devient maintenant un être moral, un être unique. Il est unique, non seulement au niveau physique, car petit à petit la force motrice intérieure ainsi que les qualités uniques de sa personnalité deviendront visibles. Et plus tard, quand il s’engagera dans des relations complexes, il pourra s’imaginer ce qui est bien ou pas bien pour l’ensemble de plusieurs êtres humains, pour un groupe. Le plus grand bien pour le plus grand nombre, c’est ce que nous appelons l’éthique. Il apprend cela en premier lieu dans la famille. Dans la famille l’enfant devient d’abord un être moral et puis également un être éthique. Cette conscience éthique, quand elle se développe pleinement, peut même vouloir le bien pour l’humanité entière.
Karuna Leys
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