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Le Bahaïsme | Le Lien Urantien — Numéro 51 — Été 2010 — Table des matières | Quiz maxien n°2 Les questions |
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Ce qui est en question, c’est de savoir si l’on pense que c’est vraiment toujours la volonté de Dieu qui s’accomplit sur cette Terre ou non. Pour ceux qui le pensent, comme les musulmans, ou même comme le pensait Calvin, cette demande peut signifier que nous sachions accepter la volonté de Dieu, qu’il nous soit donné de nous soumettre à elle, puisque de toute façon cette volonté divine doit s’accomplir. Mais on peut penser que tout ce qui arrive n’est pas précisément la volonté de Dieu, et que là est bien l’explication de l’existence du mal : c’est ce qui s’écarte du projet divin. On peut penser que Dieu ne peut que vouloir le bien, et qu’il est à l’oeuvre pour que progressivement ce soit sa volonté, son plan créateur qui s’accomplisse. Là alors peut être trouvé un rôle essentiel à l’homme, sa vocation, d’accepter de prendre part à la création de Dieu en accomplissant sa volonté, dans le monde en général, et en lui-même en particulier. Il n’y a pas de résignation stoïque dans l’Évangile, tout au contraire, une coopération de l’homme au plan de Dieu. Ce peut donc bien être une demande qui prolonge la précédente : « que je sois capable d’accomplir Ta volonté sur cette terre… et non la mienne ».
Ainsi cette demande, comme toute prière, n’est pas une manière de tout attendre de Dieu pour que nous n’ayons plus rien à faire nous-mêmes, mais bien une demande qui nous engage nous aussi, et là plus particulièrement dans l’accomplissement de sa volonté.
C’est d’ailleurs bien cela l’enjeu : le Ciel, symboliquement et le lieu de l’habitation de Dieu, et dans son domaine, Dieu est le seul acteur en jeu. Le monde spirituel, évidemment, est le lieu même de l’accomplissement de la volonté de Dieu, puisque rien ne s’y oppose. Dans le domaine du terrestre, là au contraire, il y a de nombreuses forces en présences, dont beaucoup sont hétérogènes à Dieu, puisque nous sommes dans le lieu de la création matérielle. Et précisément dans ce domaine, de nombreuses choses arrivent qui ne sont pas la volonté de Dieu… Le mieux que nous puissions faire ainsi, est de mettre notre propre capacité d’action dans ce monde au service de la volonté de Dieu pour que ce monde terrestre puisse devenir une image du Ciel qui est le seul lieu où Dieu règne véritablement et totalement.
De quel pain s’agit-il en effet, du pain matériel, ou seulement du pain spirituel ?
La question de savoir si l’on peut demander des choses matérielles à Dieu est fortement controversée dans le Christianisme. Certains pensent que Dieu étant tout puissant, il est évidemment dans ses attributions de donner ou de ne pas donner des choses matérielles, d’intervenir dans un sens ou dans un autre dans le cours des événements. D’autres pensent qu’à court terme, Dieu ne peut agir que selon sa nature, c’est-à-dire dans le domaine de l’esprit, de l’amour, du pardon, de la vie etc.
Pour pouvoir trancher, il faut voir dans l’ensemble du Nouveau Testament ce qui semble le plus probable. Or il apparaît, qu’il y a en fait fort peu de passages permettant de fonder la pratique de demandes matérielles à Dieu. Certes, il y a ce passage de Philippiens 4 6.7: Ne vous inquiétez de rien; mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces, mais la promesse de réponse n’est certes pas matérielle: Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus-Christ, il s’agit bien d’une action spirituelle.
Le deuxième rôle essentiel du père est de donner la loi. Il est en quelque sorte l’éducateur, celui De même dans le grand passage sur l’efficacité de la prière dans Luc 11, avec la parabole de l’ami importun qui demande sans cesse et qui finit par avoir satisfaction, le Christ conclue en disant: Quel est parmi vous le père qui donnera une pierre à son fils, s’il lui demande du pain? Ou, s’il demande un poisson, lui donnera-t-il un serpent au lieu d’un poisson? Ou, s’il demande un œuf, lui donnera-t-il un scorpion? Si donc, méchants comme vous l’êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il… et là, coup de théâtre, le Christ ne dit pas que Dieu donnera tout ce qui peut passer par notre tête de lui demander, mais il dit qu’il donnera : le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent. Et le Saint-Esprit n’est certainement pas n’importe quoi. En fait on peut penser raisonnablement que la clé de cette question se trouve dans ce verset souvent cité du Nouveau Testament : « Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai (Jean 14.13)», ou alors: « Tout ce que vous demanderez avec foi par la prière, vous le recevrez. (Matt 21.22). Dans les deux cas, il ne s’agit pas de demander n’importe comment, mais « dans la foi », ou « en mon nom ». Cela aussi a été compris de différentes manières, on a pensé qu’il fallait avoir beaucoup de foi pour que Dieu se soumette à notre volonté (alors que ce n’est pas à lui de se soumettre à notre volonté mais plutôt nous à nous soumettre à la sienne !), ou qu’il suffisait de rajouter à la fin d’une prière de demande : « au nom du Seigneur Jésus-Christ » pour que l’on soit sûr de son exaucement. Mais on peut au contraire comprendre que tout ce que l’on demande qui n’est pas en rapport avec le nom du Christ c’està-dire sa personne ou ce qu’il représente n’a pas plus de chance d’être exaucé que ce qui est demandé en dehors de la foi qui est le domaine des vérités spirituelles.
De même la célèbre parole du Christ : Je vous le dis en vérité, si vous aviez la foi et que vous ne doutiez point, non seulement vous feriez ce qui a été fait à ce figuier, mais quand vous diriez à cette montagne: Ôte-toi de là et jette-toi dans la mer, cela se ferait (Mat. 21.21) ne peut se comprendre que dans un sens spirituel. On a en effet vu beaucoup de grands mystiques depuis les temps anciens, et l’on a vu ou cru voir beaucoup de miracles, mais jamais personne n’a transporté de montagne réellement, pas même le Christ, et d’ailleurs ce serait un acte de peu d’intérêt. Par contre, il n’est pas insensé de croire que si l’on a une grande foi, alors même au fond de la mer qui est le lieu de la mort, de l’épreuve et du désespoir, on peut y trouver la montagne de la révélation, la montagne de la présence de Dieu. Et cela, certes, peut être l’objet de la demande de notre prière.
La même ambiguïté se trouve dans notre demande du Notre Père qui peut être comprise dans les deux sens. Même si on ne veut pas a priori rejeter le sens d’une demande matérielle, il faut néanmoins être conscient des extrêmes difficultés théologiques auxquelles une telle interprétation mène inévitablement. Si en effet on demande à Dieu de faire en sorte que nous ayons à manger matériellement, c’est qu’on suppose qu’il est de son ressort de faire en sorte que l’on ait effectivement à manger. Que penser alors des gens, ou des peuples qui meurent de faim ? Doit-on y voir là l’effet d’une volonté divine ? Pense-t-on vraiment qu’il soit dans le pouvoir de Dieu, ou conforme à sa nature, que de faire en sorte qu’il en soit autrement et ces peuples éprouvés trouvent subitement à manger pour tous? Et alors pourquoi ne le fait-il pas ? Est-ce parce qu’ils n’ont pas assez prié le Notre Père, et ne devrait-on pas alors remplacer toute l’aide humanitaire aux pays du Tiers monde par la distribution de papiers contenant le texte de cette prière à réciter?
Il semble que l’on puisse légitimement refuser de répondre par l’affirmative à ce genre de questions. A moins d’avoir une théologie comme pouvait en avoir un Calvin avec une conception extrêmement forte de la souveraineté divine, pensant que tout ce qui arrive est de toute façon la volonté de Dieu, qui peut faire vivre ou mourir, qui peut sauver ou perdre qui il veut, sans avoir de comptes à rendre à qui que ce soit, et sans que nous ayons même à comprendre son dessein éternel.
Il y a là donc une option fondamentale en théologie, option qui touche de très près le problème du mal (Dieu pourrait-il faire en sorte qu’il n’y ait pas de mal ou de souffrance sur la Terre ?), et il faut juste être conscient des implications inévitables de choix qui peuvent sembler anodins au départ. Oui, pourquoi ne pourrions-nous pas remercier Dieu pour le fait que nous ayons à manger aujourd’hui ? C’est vrai, cela part d’un bon sentiment… mais c’est supposer que cela dépend de lui… et que dirions-nous donc si nous n’avions rien à manger aujourd’hui ?
De toute façon, on ne peut entendre parler de « pain » dans la bouche du Christ sans que l’on pense essentiellement au pain spirituel dont il est question à plusieurs reprises dans sa bouche. En particulier, l’Évangile de Jean a ce si beau chapitre 6 consacré au « pain de vie ». Là, Jésus dit: (v. 35) Je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim, et celui qui croit en moi n’aura jamais soif. Il ne s’agit évidemment pas là de pain matériel dans ce qui est promis par le Christ. Et dans le même sens, il est encore plus connu qu’à la fin de sa vie, Jésus conviant ses disciples à un dernier repas leur tendit du pain à manger… non pour nourrir leurs corps mais en disant: ceci est mon corps livré pour vous, mangez en tous… C’est bien de ce pain-là que nous avons besoin, le pain spirituel de la Parole du Christ, de sa présence, de sa personne même qui peut nous nourrir pour l’éternité et nous donner la force qui vient de Dieu. L’homme en effet ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sortira de la bouche de l’Éternel c’est une parole du Deutéronome (8.4), citée par le Christ lui-même lors de ses tentations (Matt. 4.4), lorsque le Diable lui souffle qu’il pourrait demander à Dieu de le nourrir matériellement, et que celui-ci précisément refuse en citant ce verset.
La plus grosse difficulté de traduction se trouve au sujet du mot que l’on traduit habituellement par « quotidien » ou « de ce jour »… Le mot en question est : epiousion, et la difficulté avec ce mot est qu’il est non seulement rare et d’un sens peu évident, mais en plus qu’il s’agit d’un « hapax » : mot qui n’est utilisé qu’une seule et unique fois dans tout le Nouveau Testament, et nous n’avons donc aucun élément de contexte pour inférer un sens… Nous pouvons toujours avoir recours à l’étymologie, qui, elle, est limpide: epiousion est formé de deux mots que l’on connaît bien: epi qui signifie: « au dessus », et ousia qui désigne l’essence, la substance, l’existence. Ainsi, epiousion désigne tout simplement ce qui est au-dessus de la substance. Et d’ailleurs certaines vieilles versions latines du Nouveau Testament traduisent par « super-substantialem ». Le sens le plus simple de notre mot n’a donc en fait rien de mystérieux et correspond bien au sens que l’on trouve en maints endroits dans l’Évangile : nous demandons à Dieu de nous donner cette nourriture dont nous avons besoin quotidiennement, ce pain qui est au-dessus de la substance concrète et matérielle, le pain spirituel.
Dans le grec classique, epiousion a pu signifier aussi dans ses très rares apparitions : « de demain », on comprend d’ailleurs facilement pourquoi, car en effet, le pain de demain est celui qui n’est pas encore, celui dont on parle mais qui est au delà de l’existence concrète immédiate. Ce sens peut être, d’une certaine manière, possible pour notre prière. Certes, le « donne-nous aujourd’hui notre pain de demain » qu’avaient certaines traductions est insensé s’il s’agit de don matériel, ce serait même se moquer de Dieu que de lui demander une sorte d’avance sur salaire, de nous donner dès maintenant ce qui ne nous serait nécessaire que demain… mais si l’on entend dans le « demain » une allusion à un futur eschatologique, un demain qui ne concerne pas ce temps terrestre, mais le demain du Royaume de Dieu, alors nous retrouvons d’une certaine manière le même sens que nous avions juste trouvé, de nous donner ici bas sur terre les dons spirituels qui sont propres à son Royaume éternel, et dont nous avons besoin pour vivre comme enfants de Dieu.
Et il est vrai que l’on peut demander à Dieu de nous donner chaque jour, le pain spirituel dont nous avons besoin pour avancer sur notre route, nous nourrir quotidiennement de sa présence, de son esprit, de sa force et de sa parole.
Il n’est pas étonnant que la prière modèle donnée par le Christ fasse mention du pardon, point central de sa prédication et part importante de la bonne nouvelle de son Évangile. Il y a en effet ces deux dimensions dans le message de Jésus, d’une part que nous sommes pardonnés par Dieu, selon un effet de sa grâce, et d’autre part qu’il nous invite à nous pardonner les uns les autres. On pourrait en ce sens considérer que la formulation de Paul: « De même que le Christ vous a pardonné, pardonnez vous aussi… (Col. 3.13) est une de celles qui dit l’essentiel en peu de mots. Ici de même, nous avons le pardon de Dieu et le pardon que nous sommes invités à donner aux autres. La difficulté réside dans le « comme » … Certains ont voulu y voir une proposition exprimant une condition : « pardonne-nous nos offenses… dans la même mesure que nous avons pardonné… » Mais on peut trouver que ce type de théologie pèche par un manque de confiance dans la grâce première de Dieu, ce serait là, en effet, le pardon de l’homme qui serait premier, et non le pardon de Dieu. Or plus que nombreux sont les textes montrant que c’est le contraire qui est le sens même de l’Évangile, c’est parce que Dieu nous aime que nous pouvons aimer, c’est parce qu’il nous a pardonné que nous pouvons aimer, et pardonner à notre tour. […]
On peut néanmoins penser que la deuxième partie de la demande : « comme nous aussi nous pardonnons… » indique la partie active de la demande, en ce qui concerne l’homme. En effet, toutes les autres demandes jusqu’à présent impliquaient une participation de l’homme, avec l’aide de Dieu. Ici, le risque serait de penser que le pardon a pour seul sujet Dieu, et que l’homme dans cette dém arche n’est qu’un objet. Or, il n’en est rien, l’homme aussi a un rôle à jouer, et il est rappelé là : il peut lui aussi pardonner, c’est à la fois un devoir… et un pouvoir qui sont donnés. Que l’homme ait le pouvoir de pardonner, c’est plus important qu’il n’y paraisse, parce que d’après plusieurs passages de l’Évangile, ce pouvoir est un véritable pouvoir. Ainsi qu’on le voit en Jean 20:23 : « Tous ceux à qui vous pardonnerez, il leur sera pardonné. » (comme en Matt. 16:19, 18.18), cela semble vouloir dire que le pardon que nous pouvons offrir à l’un de nos semblables peut, en quelque sorte, conditionner le pardon même de Dieu. Si moi je pardonne, alors Dieu aussi pardonne.
Quoi qu’il en soit, ce pouvoir, selon Matthieu, n’est pas donné qu’aux seuls apôtres, ou à leurs successeurs, mais bien à tous les croyants, et on peut penser que dans le « Notre Père », il en est de même. Ainsi, nous n’avons pas à demander à Dieu de pardonner aux autres, si nous ne faisons rien dans ce sens. Considérant les autres, je n’ai qu’une chose à faire : essayer de pardonner, et demander à Dieu son aide pour que j’y arrive. Mais pour moi-même, je ne peux me pardonner à moi-même, alors je demande à Dieu de me donner ce pardon dont j’ai tellement besoin.
Ce qui est en définitive important, c’est de remarquer que quel que soit le lien logique entre les deux propositions, le pardon reçu est nécessairement lié au pardon offert. On ne peut vraiment pardonner que si l’on se sait pardonné, et de même on ne peut se sentir vraiment libéré de tout sentiment de culpabilité que si soi-même on cesse d’être exigent et jugeur vis-à-vis des autres. Pardonner et être pardonné est en fait un même mouvement, c’est finalement croire et vouloir vivre le pardon en soi dans toutes ses dimensions.
La traduction laisse entendre que Dieu pourrait volontairement nous envoyer du mal pour nous tenter, nous mettre à l’épreuve. La demande serait alors de le supplier de ne pas nous envoyer d’épreuve supplémentaire…
Il n’y a pas unanimité dans la Bible, mais il est certain que l’évolution constante que l’on trouve dans la théologie biblique est de rendre Dieu de plus en plus indépendant du mal qui arrive sur la Terre, ou qui nous arrive à nous tout simplement. Ainsi, dans les textes les plus anciens voiton Dieu source du bien comme du mal, là où les textes plus récents font intervenir l’action du « diable » pour désigner l’origine du mal, de façon à ce que Dieu ne puisse y être mêlé. Le Nouveau Testament va évidemment dans ce sens, et les « tentations » du Christ n’ont jamais, dans aucun des Évangiles, Dieu pour auteur…
Certes la tentation peut être une mise à l’épreuve, mais on peut aussi dire que dans toute épreuve il y a une tentation : celle de baisser les bras, de s’avouer vaincu par cette épreuve et de cesser de lutter contre elle. Et là encore, s’il s’agit de lutter contre une épreuve, il va de soi que celle-ci ne peut venir de Dieu, nous n’avons en aucun cas à lutter contre quoi que ce soit qui nous soit donné par Dieu.
Ensuite, la traduction « soumettre » est certainement mauvaise pour rendre le verbe eisenegkein qui, lui, n’est pas un verbe difficile, et qui ne comporte aucune notion de soumission. Ce mot signifie tout simplement « faire entrer quelque part ». C’est en particulier le verbe qui est utilisé dans l’Évangile pour désigner l’action des amis du paralytique qui le font « entrer » dans la maison pour que Jésus le guérisse (Luc 5.19). Quant à la forme verbale utilisée, elle peut désigner indifféremment une action venant de Dieu lui-même qu’une action que Dieu laisserait faire. Il faudrait donc plutôt traduire : « Ne nous laisse pas entrer dans l’épreuve », ou encore, « fais que nous ne soyons pas introduits dans l’épreuve comme enfermés dans une maison, ou dans une cellule. » Cela, nous pouvons bien le demander à Dieu : qu’il nous donne une porte de sortie, qu’il nous libère, qu’il ouvre devant nous un passage, comme il a libéré le peuple d’Égypte, lui ouvrant un passage dans la Mer Rouge.
On pourrait même alors réhabiliter la traduction habituelle que nous critiquions tout à l’heure : ce que nous demandons à Dieu c’est que nous ne soyons pas « soumis » dans l’épreuve, que nous ne soyons pas irrémédiablement vaincus, perdant notre autonomie, notre propre souveraineté, mais que nous puissions recouvrer une certaine liberté et une dignité. Que nous puissions relever la tête sans perdre toute espérance, sans être perdus, anéantis par l’épreuve. Une des anciennes traductions qui disait: « ne nous laisse pas succomber dans l’épreuve » était certainement loin du texte original quant à la littéralité, mais dans le fond restituait bien le sens de cette demande.
La suite de la demande dit elle-même le plus précisément possible ce que nous avions tout juste trouvé. Elle ajoute cependant une précision essentielle : : on peut en effet remarquer que la demande du Notre Père concernant ce mal qui pourrait nous arriver exprime une conviction bien particulière : il ne s’agit en aucun cas de demander qu’il ne nous arrive pas de mal, mais que Dieu nous en libère. L’action de Dieu n’est pas vue comme intervenant sur le mal lui-même, mais sur le croyant.
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