© 1995 Pekka Markus
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Méditation | Journal — Septembre 1995 — Table des matières | La matière des leptoquarks, ou la gestion de la matière par le Suprême |
Par Pekka Markus
Oulu, Finlande
L’idée selon laquelle l’évolution a un but, même un but supertemporel, n’est pas nouvelle pour l’humanité. Parmi ceux qui ont élaboré cette idée, on peut peut-être citer le scientifique et mystique français Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955). Selon lui, l’évolution est un processus auto-spirituel qui concerne le cosmos tout entier. Il considérait l’évolution comme un axe sur lequel le « flot ascendant de la conscience » entre en contact et est finalement embrassé par le « flot descendant de la révélation ». Dans l’évolution, Dieu devient cosmique et l’évolution elle-même devient personnelle.
En Occident, il y a eu une tendance générale à séparer l’évolution terrestre de l’évolution spirituelle. Ce n’était pas le cas chez Teilhard ; selon lui, les deux ne font en réalité qu’un. Il glorifie passionnément la matière, alors qu’il la voit à chaque étape imprégnée d’esprit. La manifestation extérieure de la croissance de la conscience, selon Teilhard, est une matière en train de s’organiser structurellement et de se complexifier sans cesse. Le point terminal de l’évolution est ce qu’il appelle le point Omega, qui est par conséquent le point où l’évolution devient une chose du passé. Le point Oméga est un centre exerçant une influence indépendante, et sous cette influence la personnalisation de l’univers et les personnalisations de ses parties composantes atteignent leur point culminant. Étant chrétien, Teilhard identifie le point Oméga avec le Christ Total.
Il se peut que les idées de Teilhard aient servi à certains lecteurs du Livre d’URANTIA une sorte de cours propédeutique aux idées sur le Suprême, à la manière dont ces idées sont présentées dans le livre. L’approche de Teilhard envers le Total est, d’une certaine manière, d’en haut, tandis que l’approche du Livre d’URANTIA est plutôt d’en haut. La première prémisse pour tester ces concepts et descriptions est la foi, car par la foi nous comprenons que le monde a été créé par la parole de Dieu ; le visible est sorti de l’invisible. Héb. 11:3.
Le Livre d’URANTIA utilise des concepts comme existentiel et expérientiel pour décrire la réalité. Le premier est applicable lorsqu’il est question de l’Infini ; ce dernier a à voir avec le fini. Un effort pour déterminer les limites entre ces deux concepts nous mènera à des visions étonnantes en matière de croissance et nous amènera à découvrir un niveau et une phase complètement nouveaux de la réalité, à savoir. celui de l’absonité.
Là où le Livre d’URANTIA décrit la technique par laquelle l’Infini devient partiellement manifesté, il recourt à un concept de Déité double, ou de combinaisons de Déité (par exemple LU 106:8.12). On nous dit que le partenariat Père-Fils donne naissance au partenariat Fils-Esprit, puis au partenariat Esprit-Suprême, au Suprême-Ultime et enfin aux partenariats Ultime-Absolu. Le cycle de la réalité est au-delà de toutes les éternités futures, mais serait consommé et complété par le partenariat de l’Absolu et du Père-Infini. Le travail pionnier de chacun des partenariats est unifié et consolidé par une Trinité respective : au niveau absolu par la Trinité du Paradis, et ensuite par les Trinités expérientielles. Actuellement, nous vivons et vivons l’ère de l’émergence du Suprême, de l’Être Suprême.
Comment en sommes-nous arrivés à ce concept, le concept du Suprême ? Quelle est cette réalité cosmique qui est alternativement appelée l’Être Suprême, le Dieu Suprême, Dieu le Suprême ou le Tout-Puissant Suprême ?
D’emblée, nous devons préciser que le concept de Suprême n’est utilisé ici que dans la mesure où il se rapporte au fini. Le Suprême représente notre compréhension maximale de Dieu ; le Suprême est ce que nous, êtres finis, sommes capables de percevoir à propos de la Divinité. Mais cela ne doit pas nous décourager, car, selon les mots de l’avant-propos, il est probable que seuls le Fils éternel et l’Esprit infini connaissent le Père comme un infini. LU 0:3.25.
Le Livre URANTIA discute de ces concepts de nombreuses manières différentes. Une vue s’ouvre au début hypothétique du grand schéma des choses : la Source et Centre Premier, la Force-Père se manifeste dans deux expressions opposées, mais également parfaites, le Fils Éternel et l’Île du Paradis. Le premier acte du Père et du Fils, l’Esprit Infini, troisième composante de la Trinité du Paradis, unit la nature spirituelle du Fils aux énergies du Paradis. Et à ce moment-là, apparaît Havona, le noyau et le modèle de tous les univers ultérieurs. À Havona, l’énergie-matière et l’esprit constituent un tout harmonieux. Toutes ces transactions appartiennent au niveau existentiel et, par conséquent, elles n’ont pas de début dans le temps.
C’était la volonté du Père qu’il y ait un abîme entre l’énergie-matière et l’esprit lors de la première répercussion de ces événements d’éternité, c’est-à-dire dans les sept univers finis. Cet abîme doit être comblé grâce à une croissance évolutive.
Mais même avant la création des univers, il existait à Havona le noyau spirituel de la finitude, une personnalité spirituelle : Dieu le Suprême. Son origine se trouve dans la Trinité du Paradis, et c’est devenu sa mission et sa fonction – lui-même étant impliqué tout au long – de rassembler dans une grande synthèse et un résumé l’ensemble de l’expérience évolutive qui transpirera au niveau du grand univers. L’atteinte de la perfection, qui est le but et l’objectif de toute lutte et effort fini, se produit aux niveaux intellectuel et spirituel, mais pas seulement là-bas, et nous faisons bien de le noter, mais aussi au niveau physique de l’énergie-matière. Au niveau fini, l’esprit en présence de la personnalité travaille, à travers l’esprit et en présence de la personnalité, à saisir et à prendre le contrôle du niveau physique de l’énergie-matière. Cette saisie, qui nécessite du pouvoir et la coordination du contrôle avec l’esprit personnel à travers l’Esprit Suprême, constitue l’actualisation du pouvoir de Dieu le Suprême en tant que Tout-Puissant Suprême. Le résultat final de ce développement sera une Déité une, unifiée et personnelle, l’Être Suprême.
Cette gigantesque synthèse se produit à cause de la Trinité du Paradis et en conséquence des succès remportés par la progéniture créatrice de cette même Trinité. Dieu le Suprême, qui était au départ dépourvu de toute prérogative d’autorité, acquiert ces prérogatives par les réalisations. C’est comme si le Suprême avait jeté un filet, l’Esprit Suprême, qui pénètre toute la finitude et qui retiendra comme capture les réalisations de toutes les personnes qui s’efforcent d’atteindre la perfection et l’accomplissement spirituel. Mais ce n’est pas une vue d’ensemble. Dieu le Suprême contrôle encore aujourd’hui, par ses actes et par l’Esprit Suprême, les superunivers.
Nous pouvons considérer le grand univers comme un mécanisme vivant, activé par l’Esprit Suprême et en train d’être coordonné par un esprit personnel. Si nous considérons le Tout-Puissant Suprême comme une personne, nous devons en même temps considérer Dieu le Suprême comme la personne de pouvoir, la personnalité puissante. Pourquoi avons-nous alors besoin du concept du Tout-Puissant Suprême ? Le concept du Suprême doit permettre de reconnaitre différentiellement la personne spirituelle, le pouvoir évolutionnaire et la synthèse pouvoir- personnalité — l’unification du pouvoir évolutionnaire avec la personnalité spirituelle et la domination du premier par la deuxième.. LU 106:2.2
La compréhension du concept du Tout-Puissant semble être liée à une compréhension de la nature et des fonctions de la Trinité, car …si nous désirons envisager la Trinité comme un seul Dieu, et si nous limitons ce concept au présent grand univers connu et organisé, nous découvrons que l’Être Suprême en évolution est la réplique partielle de la Trinité du Paradis. LU 118:10.3
La Trinité n’est pas une personne, même si elle implique et inclut des personnes coordonnées. Une personne a des qualités et des attributs, mais la Trinité se caractérise plutôt par des fonctions, telles que le contrôle cosmique, l’administration de la justice et la coordination des activités. La relation entre les lois immuables et justes de la Divinité et la miséricorde divine devient compréhensible grâce au concept de la Trinité.
L’Être Suprême n’est pas exclusivement une personnalisation finie, mais plutôt une focalisation du pouvoir et de la personnalité. Notre relation avec Dieu le Suprême, telle qu’elle se réalisera un jour, est une relation de personnalité. Le Tout-Puissant Suprême en tant que manifestation impersonnelle de la Déité nous invite à prêter attention à l’ensemble. Mais à l’heure actuelle, le Tout-Puissant est toujours « la forme de ce qui n’est pas encore formé, le modèle de ce qui n’est pas encore créé ». LU 117:6.1
Lorsque finalement, par la foi, l’homme fait l’expérience de l’amour du Père, il peut avoir tendance à oublier le monde matériel qui l’entoure et à l’embrasser comme un cosmos d’une étendue incompréhensible ; ce sur quoi sa foi semble n’avoir aucune influence ni aucune portée. : Si le comportement d’un croyant est ainsi, il est sur le point de tourner le dos au Suprême, même si les actes de foi du croyant devraient manifester explicitement le Suprême. La présence du Père que nous découvrons en nous-mêmes ; le Suprême doit être recherché hors de nous-mêmes.
Plus nous progressons dans la réalisation des objectifs du grand univers, plus Dieu le Suprême se manifeste comme un unificateur significatif. Et enfin, il représentera, en tant qu’Être Suprême, le point culminant divin de l’évolution du grand univers. Lorsque nous, par la voie du Christ Michel, nous éloignons de notre univers local jusqu’à l’étreinte du Père, nous trouverons la cause de notre ascension. Lorsque nous trouverons enfin le Suprême, nous aurons découvert la conséquence même de cette ascension, et ce sera comme rentrer à la maison. LU 117:6.1. Alors nous nous retrouverons au seuil d’un nouvel âge universel : en quête du Père dans l’Ultime et en tant qu’Ultime.
Avant de terminer, je présente une image de ce à quoi pourrait ressembler la quête de l’Infini ; pour cela j’emprunte une parabole présentée par Bill Sadler, mais la modifie un peu : Quand enfin Dieu l’Ultime sera doté des pleins pouvoirs, apparaîtront deux frères, tous deux équipés d’énormes maillets, la somme totale de l’expérience avec les niveaux finis et transcendantaux. Ils seront face à un mur avec une seule inscription : Infini. Ils savent qu’ils sont incapables de démolir le mur, mais ils sont également sûrs de pouvoir y faire un trou. Encore une fois, un nouveau départ.
La question demeure :
L’Être Suprême a-t-il même une chance d’accéder au niveau des Absolus ?
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