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De ce qui précède, il ressort clairement que l’unité organique en religion n’implique pas plus l’uniformité des croyances, du culte ou du gouvernement de l’Église, que l’unité politique organique des États-Unis n’implique l’uniformité des statuts, des droits ou des coutumes. Dans les deux cas, l’existence de diversités est aussi essentielle que dans le cas de l’arbre avec ses branches, ses rameaux et ses feuilles. La dernière chose que les croyants d’une communauté de croyances désirent est une religion uniforme dans laquelle tous les traits distinctifs, précieux et utiles aux religions historiques, auraient été effacés. L’effacement des religions séparées elles-mêmes est encore moins souhaitable pour l’unité. Les treize colonies ne se sont pas effacées lorsqu’elles ont accepté de s’unir dans la nouvelle nation des États-Unis. Les religions historiques ne s’effaceront pas non plus lorsque l’heure de leur union organique sera arrivée. Un sectaire [ p. 80 ] la mort chacun d’eux doit mourir, par nécessité, mais en substance spirituelle ils survivront tous.
« Une religion pour tous » est assurément une attente superficielle et vaine. D’un autre côté, il est raisonnable de croire que l’accord sur les questions religieuses controversées progressera progressivement, tout comme dans le domaine des sciences naturelles, l’unanimité a déjà été atteinte sur de nombreux points controversés. Grâce aux divergences d’opinions entre esprits gouvernés par le respect de la méthode scientifique, un corpus de vérités acceptées s’est établi parmi les hommes de science. Et lorsque les théologiens auront atteint le rang d’hommes de science, alors la théologie, science de la religion, occupera parmi les sciences une place qu’elle n’occupait jusqu’ici qu’en théorie. Mais nul n’a à craindre l’uniformité universelle, même alors, car quel que soit le degré d’unanimité atteint, il subsistera toujours, dans un monde en pleine expansion, un résidu, en théologie comme en physique, sur lequel un accord reste à établir. Il est certain qu’un être fini vivant dans un univers infini ne peut jamais espérer avoir le dernier mot sur aucun sujet.