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Après la mort violente de Simon, son fils Jean Hyrcan, gouverneur de Gazara, fut nommé successeur. Ptolémée, qui avait assassiné le père de Jean et ses deux frères, tenta également de s’emparer de Jean. Mais Hyrcan, informé de cette intention, se rendit aussitôt à Jérusalem et s’y fortifia. Ptolémée s’enferma dans la forteresse de Dok, près de Jéricho. Sa seule protection contre la vengeance d’Hyrcan résidait dans la détention de sa mère, qu’il menaçait de tuer si Hyrcan attaquait. Ptolémée finit par s’enfuir en Égypte.
Hyrcan resta maître de la Judée, mais il dut affronter dès le début une invasion syrienne. Antiochus VII assiégea Jérusalem. Une ambassade juive s’était rendue à Rome pour demander la restitution des villes que la Syrie avait prises à la Judée. C’est probablement par crainte de Rome qu’Antiochus fut persuadé de conclure un traité avec Hyrcan. Les termes de l’accord prévoyaient que les Juifs seraient soumis à un tribut régulier, fourniraient des otages et paieraient une indemnité de cinq cents talents. Les murs de Jérusalem furent renversés et Antiochus se retira.
Les premières années du règne d’Hyrcan témoignent une fois de plus du fait que la Judée ne put conserver son indépendance que lorsque l’intervention romaine ou la guerre civile syrienne soulagèrent la pression immédiate exercée sur les Juifs. Le petit État juif subit sans doute les affres de Tantale qui, selon une vieille légende, fut condamné à rester dans l’eau jusqu’au menton [ p. 35 ] et à souffrir continuellement de la soif.
La soumission d’Hyrcan à Antiochus est attestée par sa participation à l’expédition de Syrie contre les Parthes (129 av. J.-C.). Il semble cependant avoir échappé au désastre qui s’abattit sur Antiochus lors de cette campagne. La mort d’Antiochus (128 av. J.-C.) donna un nouveau tournant aux luttes entre les prétendants au trône de Syrie. Démétrius II, désormais libéré par les Parthes, se tourna vers Hyrcan pour obtenir de l’aide.
Plyrcan profita de l’occasion pour étendre son pouvoir dans les régions avoisinantes de Judée. Il lui fallut six mois pour soumettre Madaba. Il se tourna ensuite vers la Samarie, s’emparant de Sichem et du mont Garizim et détruisant le temple. Il marcha ensuite contre l’Idumée, au sud. Là, il imposa la loi juive, y compris la circoncision, et les Iduméens furent désormais considérés comme au moins à moitié juifs. Hérode le Grand, qui devint plus tard roi de Judée et qui régnait à l’époque de la naissance de Jésus, était Iduméen.
Une discussion sur les complexités de la guerre civile en Syrie n’est pas pertinente pour notre propos. Cependant, la Syrie était tellement absorbée par ses propres troubles que les Juifs bénéficièrent d’un répit et le règne d’Hyrcan fut considéré par l’historien Josèphe comme très prospère. Les impôts prélevés sur la Judée ne furent pas payés après la mort d’Antiochus en 128 av. J.-C. La ville de Samarie, qui résista longtemps après la reddition de Sichem, demanda de l’aide à la Syrie, mais sans grand succès. Samarie tomba après un siège d’un an.
Il est regrettable que Josèphe ne nous ait pas fourni de récit plus détaillé de l’époque d’Hyrcan. Ce fut une période de croissance rapide du pouvoir. Hyrcan se qualifiait lui-même de grand prêtre, comme l’indiquent ses pièces de monnaie. Il fut le premier souverain juif à apposer son nom sur ses pièces. L’inscription se lit comme suit : « Jean, le grand prêtre, chef de la congrégation des Juifs. » Politiquement, la principale signification de son règne réside dans l’extension [ p. 36 ] de la domination juive à l’est, au nord et au sud, ainsi que dans l’exonération du tribut à la Syrie.
Le fossé grandissant entre la maison des Maccabées et le parti des Pharisiens est remarquable. Les Pharisiens étaient de fidèles observateurs de la loi mosaïque. La révolte de Mattathias et de ses fils s’inscrivait dans ce respect de la loi. Les Maccabées étaient en harmonie avec les Pharisiens jusqu’à ce que les dirigeants maccabéens commencent à nourrir des aspirations politiques. Une suspicion et une hostilité mutuelles surgirent alors. L’attitude qui, au départ, unissait les Maccabées et les Pharisiens religieux se transforma progressivement. Les rumeurs mettant en doute la paternité d’Hyrcan (Josèphe, Antiquités XIII : x : 5-6) trouvaient leur véritable origine historique dans les relations tendues qui se développaient entre les Pharisiens et Hyrcan. Les ambitions politiques de ce dernier l’entraînèrent peu à peu à s’allier aux Sadducéens, plus politisés et aristocrates. Pendant les quarante années qui suivirent, ce conflit entre Pharisiens et Sadducéens allait s’intensifier.
Dans son testament, Hyrcan légua la haute prêtrise à son fils aîné, Aristobule. Il laissa les autres affaires du gouvernement à son épouse. La haute prêtrise ne pouvait être exercée par une femme. Aristobule ne comprit pas la justice de cet arrangement. Il fit emprisonner sa mère et ses trois frères. Seul Antigone resta en liberté. Il lui céda une part du gouvernement. Cela offrit à des comploteurs ambitieux l’occasion d’attiser les soupçons entre les frères. Aristobule envoya un message à Antigone pour lui demander de venir à lui sans armes. Les ennemis d’Antigone modifièrent le message pour qu’il se présente vêtu de sa plus belle armure. Aristobule ordonna que si Antigone venait armé, il serait tué. Antigone revêtit son armure et, à son approche du palais, fut mis à mort par les gardes.
Josèphe nous dit que la brièveté du règne d’Aristobule [ p. 37 ] était due en grande partie à un cœur brisé et au découragement suscité par ses relations familiales. Les histoires cruelles à son sujet provenaient probablement d’inventions des pharisiens, qui s’éloignaient de plus en plus de lui.
Aristobule privilégiait la culture grecque. Il était considéré comme un ami des Grecs. Ses relations avec les Sadducéens étaient donc très étroites et empreintes de sympathie. Il est également fort probable que Josèphe ait raison lorsqu’il affirme qu’il prit le titre de roi (Josèphe, Antiquités XIII : n : i), bien que Strabon (Géographie XVI : 40) affirme qu’Alexandre, son successeur, fut le premier roi. Il est probable que Strabon néglige le règne d’Aristobule en raison de sa brièveté. Aristobule fut le premier à assumer la position purement politique qu’Alexandre, son successeur, adopta.
Après la mort d’Aristobule, sa veuve, Alexandra, accéda au pouvoir. Les frères d’Aristobule furent libérés de prison. L’aîné, Alexandre Jannjeus, épousa Alexandra et devint roi et grand prêtre. Son règne, bien que tumultueux, apporta une période de prospérité au judaïsme politique. Par des conquêtes incessantes, il étendit les frontières de la Judée jusqu’à ce qu’elles atteignent presque celles de l’empire du roi David.
Il attaqua d’abord Ptolémaïs. Il aurait pris la ville si ses habitants n’avaient pas appelé Ptolémée l’Égyptien à leur secours. Ptolémée, chassé d’Égypte par sa mère Cléopâtre, se réjouissait de cette occasion d’accroître son pouvoir. À son approche, Alexandre abandonna sa tentative de prise de Ptolémaïs et conclut un traité. Ce traité fut brièvement respecté des deux côtés, mais bientôt Alexandre appela secrètement Cléopâtre à son secours. Avant que Cléopâtre ne puisse arriver, Ptolémée apprit la trahison et lança une campagne de destruction active. L’armée de Ptolémée et celle d’Alexandre se rencontrèrent au Jourdain, à « Asophon ». L’armée égyptienne, par une attaque concentrée contre une partie de l’armée d’Alexandre, jeta la confusion parmi [ p. 38 ] les Juifs. Les Égyptiens exploitèrent sans pitié leur avantage. Josèphe dit que trente mille hommes furent tués.
« Après cette victoire, Ptolémée envahit tout le pays » (Josèphe, Antiquités XIII : 12 : 6). Cléopâtre arriva finalement et le chassa. Elle projetait de soumettre les Juifs, mais son général juif lui conseilla de faire la paix avec Alexandre.
Alexandre lança ensuite des expéditions dans les contrées environnantes de la Judée afin d’étendre et de consolider son empire. Il traversa le Jourdain et s’empara de Gadara (cf. Lc 8, 26) et d’Amathonte, au nord du Yabbok. Il envahit ensuite la plaine philistine. Il prit Raphia, Anthedan et Gaza ; il soumit cette dernière ville en 96 av. J.-C., après un siège d’au moins un an.
Les problèmes intérieurs d’Alexandre accaparèrent alors toute son attention. Une guerre civile éclata, qui dura six ans et fit au moins cinquante mille victimes juives. L’origine de ces troubles civils résidait dans l’antagonisme entre le roi et les pharisiens. Un héros militaire n’était guère apte, par son tempérament, à la routine sacerdotale inhérente à l’exercice de la fonction de grand prêtre. Un jour, Alexandre se montra si grossier dans l’accomplissement de ses devoirs sacrés que les Juifs, furieux, lui jetèrent les citrons qu’ils portaient comme emblèmes de fête. Alexandre fut si furieux qu’il ordonna à ses troupes de massacrer les Juifs. Six mille d’entre eux furent tués. Il est difficile de mesurer le dégoût qu’une telle démonstration de cruauté gratuite suscita dans l’esprit du peuple juif. Les massacres avaient leurs horreurs, mais lorsque des Juifs pieux, insistant sur le respect scrupuleux de leurs convictions religieuses, furent massacrés par des étrangers à gages, l’effet sur leur fierté nationale et religieuse fut profond et durable. Malgré les efforts acharnés d’Alexandre pour réprimer la rébellion pendant six ans, le carnage et la révolte continuèrent. À un moment donné, au cours de cette lutte sanglante, lorsqu’Alexandre proposa de conclure un traité avec le peuple selon ses propres conditions, celui-ci répondit : « Notre seule condition de paix est que vous vous suicidiez. »
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Le peuple fit appel à la Syrie et, en 88 av. J.-C., Démétrius mena son armée en Palestine. Le parti national populaire, avec l’aide de Démétrius, vainquit Alexandre et massacra tous ses mercenaires. Une telle victoire dépassa les espérances du peuple. Elle le prit par surprise. Il comprit bientôt que la défaite du chef des Maccabées signifiait une nouvelle soumission à la Syrie. Six mille Juifs désertèrent l’armée de Démétrius et rejoignirent celle d’Alexandre. Ces renforts permirent à Alexandre de chasser Démétrius du pays. Les Juifs révoltés livrèrent leur dernier combat à Béthomé (une ville non identifiée). Alexandre prit la ville et conduisit les chefs de la rébellion à Jérusalem. Il y crucifia publiquement huit cents de ces chefs pharisiens. D’autres opposants à Alexandre, horrifiés par la vengeance rapide et terrible des Maccabées, s’enfuirent de la ville. Durant le reste de son règne, aucune guerre civile ne fut signalée.
Ces événements avivèrent l’antagonisme entre les Maccabées et les Pharisiens. La Maison des Maccabées, autrefois championne des pratiques religieuses, était désormais parvenue à un point où son chef pouvait ordonner la crucifixion massive de ceux qui ne désiraient que défendre la loi et la sainteté du temple. Durant les dernières années de son règne, Alexandre poursuivit ses exploits militaires avec une ardeur encore accrue. Il était constamment engagé dans la guerre. Lorsqu’Antiochus XII traversa la Palestine pour attaquer le roi des Arabes, qui aidait Philippe dans sa tentative de conquérir le trône de Syrie, Alexandre Jannsée tenta de l’arrêter en construisant une grande muraille près de Joppé. Antiochus traversa néanmoins la région, brûlant et tuant sur son passage. Mais le roi d’Arabie, Arétas, réussit à tuer Antiochus et, grâce à cette victoire, étendit son domaine jusqu’à Damas. Dès lors, ce ne fut plus la Syrie, mais l’Arabie, qui devint le voisin le plus dangereux de la Judée. Arétas attaqua bientôt Alexandre et le força à se retirer, mais en faisant des concessions, Alexandre l’incita à se retirer à nouveau.
Au cours des trois années suivantes (84-81 av. J.-C.), Alexandre remporta des victoires dans ses campagnes. Il prit Pella, Dium, Gérasa [ p. 40 ] et de nombreuses autres forteresses. En 81, lors de sa réception triomphale à Jérusalem, il tomba malade. Il poursuivit néanmoins ses opérations militaires jusqu’en 78. Il mourut lors du siège de Ragaba après avoir promis à sa femme de garder le secret jusqu’à la chute de la ville.
Le règne d’Alexandre fut le plus martial et le moins religieux de tous les princes maccabéens. On peut difficilement le qualifier d’helléniste, bien que l’hellénisme croissant de l’époque soit attesté par les pièces de monnaie, inscrites non seulement en hébreu, mais aussi en grec. S’il s’opposa aux pharisiens, il força néanmoins les pays qu’il conquit à accepter le judaïsme.
Alexandra (en hébreu, Salomé), veuve de deux monarques successifs, succéda à Alexandre sur le trône des Maccabées. À sa mort, il lui conseilla de s’allier aux Pharisiens. Au cours de son long règne, il prit conscience de leur immense pouvoir. Alexandra nomma donc son fils aîné, Hyrcan, grand prêtre. C’était une femme très compétente et son règne marqua l’ascension des Pharisiens vers la notoriété et l’influence.
Les conseillers du roi Alexandre, à l’instigation desquels les huit cents pharisiens avaient été crucifiés, furent mis à mort. Cela effraya tous les sadducéens, ennemis des pharisiens, qui s’enfuirent aussitôt de Jérusalem. Hormis le carnage, l’époque d’Alexandra fut véritablement prospère pour les pharisiens. Leur pouvoir grandit et, par conséquent, le temple et son culte gagnèrent en respect. Le « demi-sicle » était prélevé sur tous les Juifs adultes du monde entier pour soutenir leur culte national.
Les Sadducéens chassés de Jérusalem se réfugièrent dans les forteresses périphériques. Sachant qu’Alexandra ne vivrait pas longtemps, ils attendirent leur heure. Après avoir goûté au pouvoir sous Alexandre Jannaüs, ils ne pouvaient se satisfaire de voir leurs adversaires pharisiens contrôler les [ p. 41 ] affaires nationales. De son vivant, Alexandra maintint la paix à l’intérieur comme à l’extérieur des frontières de son royaume. À l’âge de soixante-treize ans, elle tomba malade et il était clair que sa mort était proche. Les Sadducéens élaborèrent immédiatement des plans pour reconquérir leur autorité perdue.
Après la mort d’Alexandra, son fils, Hyrcan II, devint roi et grand prêtre. Les chefs sadducéens eurent bientôt l’occasion de reprendre le pouvoir. Aristobule, son cadet, aspirait au trône d’Hyrcan. Il appela les Sadducéens à son secours, ce qui lui permit de destituer facilement Hyrcan et de le pousser à se retirer peu après le début de son règne. Aristobule prit le contrôle des administrations civile et religieuse. Dernier représentant de la maison des Maccabées, il régna jusqu’à la fin de l’indépendance de la Judée, avec la prise de Jérusalem par Pompée en 63 av. J.-C.
L’essor remarquable de la maison d’Antipater est intéressant à ce stade. Antipater, homme puissant et doté d’une grande perspicacité politique, était gouverneur des Iduméens. L’Idumée avait été conquise et judaïsée une cinquantaine d’années plus tôt. Antipater prit alors fait et cause pour Hyrcan. Son objectif était peut-être de prendre le contrôle politique de la Judée en expulsant les deux frères. Quoi qu’il en soit, il comprit qu’en prenant le parti d’Hyrcan, alors retraité, il pourrait s’assurer une place d’influence au sein du gouvernement. Il pouvait mieux utiliser le faible Hyrcan à cette fin que le fort Aristobule.
Ainsi, Antipater persuada Hyrcan que son frère lui avait fait un grave tort. Il lui conseilla de faire appel au roi d’Arabie, Arétas, à Pétra. Il convainquit ensuite les Juifs qu’il était illégal pour le cadet de régner sur l’aîné. Finalement, il persuada Arétas qu’il lui serait très avantageux d’aider Hyrcan. Le génie militaire et les intrigues politiques, caractéristiques de la maison [ p. 42 ] d’Antipater et particulièrement remarquables chez son fils, Hérode le Grand, transparaissent clairement dans cette triple stratégie.
Hyrcan promit de restituer à Arétas le territoire arabe conquis par Alexandre Jannée. En échange, Arétas s’allia à Hyrcan et lui fournit cinquante mille chefs arabes. Grâce à cette aide, Hyrcan put vaincre Aristobule et le forcer à se réfugier à Jérusalem.
L’intervention de Rome empêcha Hyrcan de consolider sa victoire. Le temps était enfin venu où les traités avec Rome allaient porter leurs fruits. Leurs fruits allaient être amers, car tandis que les deux frères se disputaient Jérusalem, Pompée menait une campagne dans le Pont et en Arménie. Il envoya son adjoint Scaurus prendre possession de la Syrie (66 av. J.-C.). Arrivé en Syrie et apprenant la guerre civile en Judée, Scaurus marcha aussitôt contre Jérusalem. Chacun des frères lui envoya une ambassade lui offrant une forte récompense pour toute aide contre l’autre. La politique de Rome était toujours d’aider le camp le plus faible. Aristobule et Scaurus formèrent donc une alliance et mirent en déroute Hyrcan et l’armée arabe. De ce fait, la suprématie de Rome en Judée, bien que non officiellement reconnue, devint un fait acquis.
En 63 av. J.-C., Pompée lui-même se rendit à Damas. Il y fut accueilli par trois ambassades. Hyrcan demanda sa réinstallation sur le trône. Aristobule demanda la reconnaissance de sa position d’occupant de ce trône. La troisième ambassade provenait du peuple de Judée. Il est instructif d’entendre parler de temps à autre du « peuple » des Juifs. Lassés des intrigues politiques et des guerres entre rois, ils aspiraient à la paix et à la possibilité d’observer les rites de leur religion. C’était ce même « peuple » qui avait suivi les fils de Mattathias dans leur quête de paix et de prospérité. C’était le peuple qui ne recherchait ni le pouvoir terrestre, ni les fonctions politiques ni les grandes richesses, qui ne désirait pas être vêtu de pourpre comme Jonathan l’avait été à Ptolémaïs. Ils étaient de ceux qui font la vie de tout [ p. 43 ] pays, qui supportent le poids de la chaleur du jour. Ce sont ces Juifs qui entendirent Jésus prêcher son message d’un royaume d’amour fraternel et promettre la paix et la joie dans le Saint-Esprit.
Le peuple demanda à Pompée de restaurer l’ancienne théocratie. Il lui répondit qu’il souhaitait être soumis non pas à des combattants politiques et militaires, mais à Dieu et à ses prêtres. Pompée, cependant, reporta sa décision jusqu’à ce qu’il ait pu achever sa campagne contre les Nabatéens, à laquelle il participait alors.
Pompée avait gardé Hyrcan et Aristobule avec lui. Aristobule réussit à s’échapper et à se fortifier à Jérusalem contre une attaque. Pompée, constatant une réelle opposition, se tourna sérieusement vers Jérusalem. Le peuple ouvrit les portes à Pompée. Aristobule se rendit personnellement, mais son parti se prépara à une longue résistance, fortifiant le temple et s’y réfugiant. Pompée fut contraint de poursuivre le siège pendant trois mois.
À l’époque de Mattathias, ses partisans avaient été massacrés parce qu’ils refusaient de se défendre le jour du sabbat. Les Maccabées avaient décidé de combattre en cas d’attaque ce jour-là. Une situation nouvelle, mais similaire, se présenta alors. Pompée eut l’ingéniosité d’utiliser le sabbat pour ériger des remblais contre les murs du temple et de la citadelle. Les Juifs ne lanceraient pas d’offensive le jour du sabbat. Pompée employa sabbat après sabbat pendant ces mois pour rapprocher son tertre et ses engins de guerre du mur. Il ne fut pas attaqué le jour du sabbat. Au bout de trois mois, le terrain qu’il avait empilé contre le mur était suffisamment élevé pour lui permettre de charger et d’attaquer la citadelle.
La description que fait Josèphe de l’état d’esprit des prêtres durant ce siège témoigne de la loyauté religieuse des Juifs. Elle s’apparente à celle des premiers chrétiens face à la mort.
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Lorsque les Romains comprirent cela, les jours que nous appelons sabbats, ils ne jetèrent rien sur les Juifs et ne les attaquèrent pas en bataille rangée. Ils élevèrent leurs digues de terre et mirent leurs machines en marche pour pouvoir les exécuter les jours suivants. Chacun peut ainsi comprendre la grande piété que nous manifestons envers Dieu et l’observance de ses lois, puisque les prêtres ne furent nullement empêchés d’accomplir leurs ministères sacrés par la peur pendant ce siège, mais offraient néanmoins leurs sacrifices sur l’autel deux fois par jour, le matin et vers la neuvième heure. Ils ne les omettaient pas non plus, même en cas de malheur causé par les pierres jetées parmi eux. Car bien que la ville ait été prise au troisième mois, le jour de la fête, lors de la cent soixante-dix-neuvième olympiade, alors que Caius Antonius et Marcus Tullius Cicero étaient consuls, et que l’ennemi se soit alors jeté sur eux et ait égorgé ceux qui se trouvaient dans le temple, ceux qui offraient les sacrifices ne pouvaient être contraints de fuir, ni par la crainte pour leur vie, ni par le nombre de ceux déjà tués, pensant qu’il valait mieux souffrir ce qui leur arrivait, sur leurs autels mêmes, que d’omettre quoi que ce soit que leurs lois leur imposaient. Et pour que ceci ne soit pas une simple vantardise, ni un éloge pour manifester un degré de piété qui était faux, mais que ce soit la vérité véritable, j’en appelle à ceux qui ont écrit les actes de Pompée, et parmi eux à Strabon et Nicolas (de Damas) ; et outre ces deux-là, Titus Livius, l’historien romain, qui témoignera de cette chose” (Josèphe, Antiquités XIV: 4: 3).
Pompée révéla sa nature romaine par la sévérité avec laquelle il infligea son châtiment. Lorsqu’il prit le Temple, le massacre des Juifs éclipsa celui des Syriens. Josèphe affirme que douze mille Juifs furent tués. Cependant, lorsque Pompée entra dans le Temple et le Saint des Saints, il ne dérangea pas l’immense trésor qui s’y trouvait. Il conclut rapidement la paix aux conditions suivantes : la Judée serait soumise à Rome. Hyrcan aurait le titre d’ethnarque et de grand prêtre. [ p. 45 ] Les territoires qu’Alexandre Jannsée avait annexés à la Judée devaient être cédés et Rome devait y placer ses propres gouverneurs locaux. Enfin, une garnison romaine devait rester à Jérusalem.
Pompée se retira alors de Palestine, emmenant avec lui Aristobule et ses deux fils, Alexandre et Antigone. Alexandre s’échappa et déclencha plus tard une révolte en Judée. Les autres marchèrent dans le cortège triomphal de Pompée à Rome.
De la conquête de la Judée (63 av. J.-C.) à l’avènement d’Hérode le Grand (40 av. J.-C.), la Judée fut en état de révolte continue. La première rébellion contre la domination romaine fut menée par Alexandre, alors en fuite, qui leva une armée de dix mille hommes. Gabinius, laissé à la tête de la rébellion par Pompée, réprima facilement la rébellion. La puissance des opérations militaires romaines était écrasante et impressionnante. La grandeur du génie militaire romain vainquit aisément des insurrections semblables à celles qui avaient mis à rude épreuve les puissances syriennes. Gabinius fortifia alors les villes autour de Jérusalem et assura sa position autant que possible.
À peine avait-il accompli cela qu’Aristobule II, accompagné de son fils Antigone, arriva en Judée après s’être échappé de Rome et fomenta une seconde révolte. Celle-ci fut à nouveau facilement matée. Aristobule fut repris et renvoyé à Rome. Son fils Antigone resta en liberté.
Alors que Gabinius était occupé par une campagne en Égypte, une troisième révolte éclata sous la conduite d’Alexandre, qui se proclama roi des Juifs et proclama l’indépendance de la Judée. Antipater gagna la faveur de Rome en contribuant à apaiser les troubles. Il rencontra Alexandre au mont Thabor et le vainquit. Antipater devint bientôt le lieutenant de confiance de Gabinius. Ce dernier s’appuya de plus en plus sur lui et l’utilisa pour gouverner la Palestine.
À Rome, le triumvirat fut formé : César, Pompée et Crassus. [ p. 46 ] Lors du partage de l’empire entre ces trois puissances, la Syrie fut attribuée à Crassus. Il se rendit aussitôt en Orient pour une expédition contre la Parthie. En chemin, il s’arrêta à Jérusalem et s’empara du trésor du Temple. Il est difficile de dire ce qui irrita le plus les Juifs : l’entrée de Pompée dans le Saint des Saints ou le pillage du trésor, d’une valeur de 10 000 talents, par Crassus. Alors qu’il était en Parthie, Crassus subit une défaite et fut tué.
Entre-temps, une autre révolte éclata en Judée. Elle fut réprimée par Cassius, qui vainquit les Juifs, exécuta leur chef et vendit trente mille esclaves. L’influence d’Antipater est à nouveau perceptible. C’est lui qui inspira la vente de tant de Juifs comme esclaves. Parmi eux se trouvaient nombre de ceux qu’il considérait comme dangereux pour ses propres ambitions.
En 48 av. J.-C., César vainquit Pompée à la bataille de Pharsale. Pompée s’enfuit en Égypte, où il fut assassiné. Antipater, qui avait soutenu Pompée, changea alors rapidement de loyauté, assurant César de son ami et de son aide. Il lança une expédition en Égypte et apporta une aide matérielle à César dans sa guerre. En retour, César le fit citoyen romain, l’exonéra du tribut et le reconnut comme administrateur sous le grand prêtre Hyrcan. Nombre des restrictions imposées aux Juifs furent assouplies et rendues plus supportables. Ce fut le début de la faveur dont jouirent les Juifs sous l’Empire romain. César les exempta du service militaire. Il leur permit de construire les murailles de Jérusalem et d’autres villes. On comprend aisément pourquoi les Juifs considérèrent toujours César comme un bienfaiteur de leur nation.
Le fait contemporain le plus marquant pour l’histoire ultérieure de la Judée fut la montée en puissance d’Antipater, représentant du pouvoir romain en Judée. Antipater nomma plus tard son fils Phasaël gouverneur de Jérusalem, et Hérode, son autre fils, gouverneur de Galilée.
En 44 av. J.-C., César fut assassiné. Antipater prêta immédiatement allégeance à Cassius. En 43 av. J.-C., Antipater fut empoisonné [ p. 47 ] et son fils Hérode lui succéda. À la même époque, Cassius fut vaincu par Antoine. Hérode entreprit alors de gagner les faveurs d’Antoine, à la manière typiquement iduméenne.
À ce stade, les Parthes, encore invaincus par les armées romaines, profitèrent de la guerre civile qui faisait rage dans l’Empire romain pour marcher vers l’ouest, en direction de la Méditerranée. Ils envahirent la Palestine, emprisonnèrent Phasaël et Hyrcan et installèrent Antigone, fils d’Aristobule, sur le trône. Hérode fut contraint de fuir et de se réfugier dans la petite forteresse rocheuse imprenable de Massada, près de la mer Morte. Mais, malgré de grandes difficultés, Hérode gagna peu à peu la faveur de Rome et de la Judée, jusqu’à devenir l’une des plus grandes figures de l’histoire juive.
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